La loi du travail n’a jamais été abolie, mais elle est en voie de modification. Depuis la vie obscure des organes internes du corps humain jusqu’à la construction des fusées de débarquement sur la lune, le travail reste une des conditions de l’existence, mais nous devons nous adapter aux changements que subit cet impératif tant dans sa forme que dans son importance.
Tout travail est une activité à but déterminé exigeant une dépense d’énergie et un certain renoncement aux loisirs.
Le célèbre professeur William Osier, dont l’ouvrage Principes et exercice de la médecine est toujours utilisé comme manuel d’enseignement après 82 ans, considérait le mot « travail » comme le maître mot de la vie active. C’est, ajoutait-il, la pierre de touche du progrès, la jauge du succès et la source de l’espérance ; on lui est directement redevable de toutes les découvertes de la médecine et la technique.
Mais tout le monde n’est pas heureux dans son travail. L’insatisfaction professionnelle est de plus en plus fréquente. Les travailleurs sont gagnés par un malaise dont la propagation met en question nos théories du travail et nous force à élaborer de nouvelles définitions des emplois.
Ce malaise et la confusion qui en découle tiennent en partie au fait que nous ne sommes plus stimulés, comme nos pères, par l’aiguillon pressant de la nécessité. Il leur fallait travailler ferme pour survivre ; nous avons des sûretés de diverses sortes qui nous garantissent de ne pas mourir de faim.
Lorsque des personnes intelligentes parlent de la nécessité du travail, il n’est pas question dans leur esprit de revenir à l’emploi, douze heures par jour, du pic et de la pelle, de la brouette ou de la pelle à chevaux au lieu de la pelle mécanique, du bulldozer et du tracteur.
Jeunes et vieux sont prêts à consacrer leur énergie au travail, mais ils exigent en retour une plus grande somme de satisfaction.
Les travailleurs mécontents de leurs emplois ne sont pas un phénomène nouveau. Ce qui est nouveau c’est la variété de leurs doléances et leur ferme détermination de faire quelque chose pour en supprimer la cause.
L’instauration d’un respect nouveau pour le travail et l’encouragement d’une meilleure compréhension entre ceux qui font le travail et ceux qui les emploient devient rapidement l’un des objectifs suprêmes de la science de l’employeur.
Certains directeurs d’entreprise en sont venus à la conclusion que c’est le travail, et non les travailleurs, qui doit changer, et cela les pousse à recourir au grand remède qu’est la restructuration des tâches.
On ne peut considérer tous les changements apportés par le progrès économique et mécanique comme contraires aux intérêts des travailleurs. Si la technique de la production a transformé l’homme en un simple complément de l’outil et de la machine et amoindri sa fierté et son autonomie de travailleur, elle n’en a pas moins mis à sa portée le prix des automobiles, des machines à laver, des appareils photographiques et des réfrigérateurs.
Un code de valeurs
La morale du travail, le code de valeurs qui dit « tu dois travailler » a sa racine dans le rigorisme puritain. Les pèlerins qui débarquèrent en Amérique au XVIIe siècle bourrèrent l’esprit de leurs enfants de maximes banales selon lesquelles le démon se charge d’occuper les mains oisives. Ils le firent pour l’excellente raison qu’à l’époque des pionniers le travail pénible et continuel était nécessaire pour empêcher les parents et les enfants de périr. L’ambition d’améliorer leur niveau de vie qui animait les immigrants donnait plus de force encore à ce besoin pressant de travailler.
La morale du travail ne s’arrête pas là. Une morale est un ensemble de principes qui règle le cours de la vie d’une personne. La morale du travail soutient que le travail est bon en soi ; que l’action de travailler permet à l’homme et à la femme non seulement de contribuer au bien de la société, mais aussi de devenir meilleur.
Il faut travailler de nos mains, sinon personne ne pourrait vivre ; il faut travailler de notre intelligence, sinon la vie que nous vivons serait sans agrément. L’homme ne participe au processus de la vie qu’en faisant quelque chose.
Mais on peut travailler sans porter un tablier ou des salopettes. L’artiste et l’écrivain accomplissent un travail comme le maçon et le machiniste. Même s’ils ont exigé un effort intellectuel bien plus que physique, les calculs de Kepler sur le mouvement des planètes, les méditations de Newton sur la loi de l’attraction universelle et la notion révolutionnaire du stress découverte par Selye n’en sont pas moins du travail.
L’un des motifs qui poussent les hommes à travailler est le désir d’atteindre une fin souhaitable. Aucune tâche au monde n’est assez morne pour ne pas offrir d’aspects attrayants pour celui que son résultat intéresse.
Un chercheur scientifique a constaté que les mobiles humains étaient par ordre ascendant : l’avancement, la responsabilité, le travail lui-même, la considération et l’ambition de réussir. Mais les personnes bien équilibrées n’ont souvent d’autre but que la satisfaction du travail bien fait. Tel tailleur de pierre se sentira extrêmement malheureux à cause de la monotonie de son travail, alors que son voisin dira avec orgueil qu’il bâtit une cathédrale.
Un monde nouveau
Avec le concours de la chimie et de la biologie, les machines ont apporté à une population énormément accrue une abondance et une variété de produits et de commodités, ainsi qu’un allégement du travail pénible, tels que nos ancêtres n’auraient pu l’imaginer même dans leurs prévisions les plus optimistes.
Au fur et à mesure que les sociétés ont fait des progrès dans la fabrication et l’acquisition des bonnes choses, les aspirations de leur population ont grandi, à tel point que beaucoup à l’heure actuelle éprouvent un sentiment de rareté et de privation. C’est pourquoi ils sont plus exigeants sur le contenu de leurs emplois.
Ce serait de l’entêtement de soutenir que la plénitude de vie qui est à la portée de la majorité des hommes civilisés d’aujourd’hui pourrait exister sans l’imposant attirail mécanique utilisé par l’industrie et la science. Il serait également inexact de nier que dans le processus de simplification, de coordination, d’intégration et d’adaptation du travail industriel à la machine, le travail est devenu rien de moins que complètement vide de sens et de valeur psychologique pour le travailleur.
Il semble que les emplois ont été taillés à la scie à découper pour répondre aux besoins des procédés nouveaux. On les a décomposés selon les possibilités de la machine, et les fragments résiduels ainsi que le soin des machines ont été confiés à l’ouvrier.
On ne peut éluder la loi de la vie selon laquelle la consommation suppose la production. Sans les machines, la productivité n’aurait jamais pu atteindre ses niveaux actuels. Sans ce développement, il n’y aurait pas eu d’augmentation marquée de revenus, pas de diminution appréciable des heures de travail et pas assez de marchandises pour subvenir à la demande.
Le passage de la méthode artisanale de travail à la fabrication mécanique, changement auquel les esprits étaient mal préparés, a provoqué des perturbations de toutes sortes. Un employé méticuleux et consciencieux est exposé à la dépression nerveuse si on l’affecte à des emplois répétitifs exigeant qu’il travaille à des vitesses supérieures à son rythme naturel et ne faisant appel qu’à une partie restreinte de ses facultés mentales.
Le genre d’union à réaliser entre les nouveaux emplois et les travailleurs est le problème qui trouble en ce moment le patronat comme les syndicats. On pense tout de suite aux incitations financières, mais les preuves ne manquent pas qui indiquent que l’enveloppe de paye bien garnie n’est pas une solution à tous les besoins.
Des aspirations secrètes
Les travailleurs peuvent bien porter des pancartes pour faire connaître leurs revendications de salaires, de loisirs et de commodités accrus ; ce ne sont là que des indices extérieurs de lancinantes aspirations secrètes. Les hommes désirent de plus en plus des emplois capables de satisfaire leurs besoins créateurs comme de leur assurer le vivre et le couvert.
Les aspirations profondes du travailleur sont liées à son désir de considération. L’être humain a besoin de sentir qu’il a de la valeur et que son travail a de la valeur. Ce qu’il souhaite, c’est qu’on lui témoigne de l’intérêt et que sa vie ait un sens.
L’emploi qu’il considère comme idéal serait celui qui lui donnerait un but dans la vie et l’intégrerait à une société mondiale des travailleurs. Un travail dont il serait fier, où il aurait la chance de développer et de manifester ses meilleurs talents ; où la variété des tâches stimulerait son intérêt et ses aptitudes ; où il aurait la liberté de prendre des décisions.
Accroître le pouvoir de décision d’un travailleur, c’est satisfaire un besoin profond de sa personnalité. Une entreprise qui avait autorisé ses vendeurs à fixer eux-mêmes leurs normes de travail et leurs objectifs a vu leurs ventes augmenter de 116 p. 100 par rapport aux services privés de cette liberté.
La possibilité d’exprimer sa personnalité est aussi un voeu du travailleur. Le travail sous toutes ses formes, manuel ou intellectuel, peut être un moyen d’expression personnelle. S’il n’a pas l’occasion de faire valoir pleinement ses ressources le travailleur se recroqueville et s’étiole. Il perd sa dignité d’individu.
Pour satisfaire ces aspirations
Tout en gardant à l’esprit le lien nécessaire qui existe entre le travail et sa récompense, on ne peut nier la possibilité d’adopter certaines lignes d’action pour satisfaire les aspirations profondes du travailleur.
La rotation des employés signifie qu’un salarié passe d’un poste à un poste connexe au sein de son groupe. L’élargissement du travail permet à l’ouvrier d’occuper plusieurs tâches connexes. L’enrichissement des fonctions utilise une plus grande partie des possibilités de l’employé et le laisse assumer la responsabilité d’organiser son travail. Il valorise la personnalité du travailleur en ajoutant les fonctions de direction que sont la planification et le contrôle à l’exécution même du travail.
Faire une brouette peut constituer un travail qui satisfait, à condition que la part du travailleur à l’opération ne consiste pas seulement à contrôler les roulements à billes. Fabriquer en entier une poterie de ses mains, c’est revivre une victoire exaltante de l’humanité naissante. L’auteur d’un pareil travail accède plus ou moins consciemment à l’action créatrice : il maîtrise des matériaux difficiles à travailler et des forces résistantes.
Selon une étude sur le moral des ouvriers effectuée en 1955, une grande entreprise modifia les emplois de ses ouvrières en amplifiant leur responsabilité de façon à leur permettre de faire des recherches, de rédiger et de signer des lettres sans les soumettre à un supérieur. Ce changement eut pour effet de réduire le taux de roulement du personnel de 27 p. 100, le nombre de commis nécessaire de 46 à 24 et les frais de main-d’oeuvre de $558,000 en dix-huit mois.
La direction démocratique
Pour la plupart des chefs modernes, l’enrichissement des tâches est une nécessité évidente : ce qu’ils recherchent ce sont les moyens de mettre cette idée en pratique. Certains cadres ont trouvé la clef du problème : dans leur organisation chaque ouvrier est responsable de quelque chose et éprouve ainsi un sentiment de fierté dans tout ce qu’il fait.
Un chef peut créer les conditions qui activeront le désir de l’employé d’accomplir quelque chose. Il peut supprimer les obstacles qui empêchent les ouvriers de tirer de la satisfaction de leur travail. Cela ne signifie pas qu’il doive être accommodant ou mou, ou encore abdiquer son autorité. Il doit se donner un style de direction démocratique qui encourage les employés à participer à la planification et à l’organisation de leur travail. S’il s’acquitte bien de cette mission, les travailleurs atteindront leurs buts personnels dans les efforts mêmes qu’ils feront pour réaliser les objectifs de l’entreprise.
Les directeurs avisés sont de plus en plus conscients du rôle irremplaçable de la démocratie comme structure idéale pour la bonne santé de la société et de l’importance de leur devoir de l’appuyer. Grâce à elle, les chefs immédiats sont plus que des robots exécutant les ordres de la direction. Leurs fonctions se trouvent enrichies, et on les considère plus comme des spécialistes et des coordonnateurs que comme de simples surveillants.
La jeunesse a son mot à dire
Les employeurs travaillent aujourd’hui avec une main-d’oeuvre plus mobile et plus instruite que jamais auparavant. Les jeunes qui entrent au service d’une entreprise sont de façon générale plus indépendants que leurs aînés, plus habitués au confort, moins respectueux des règles de l’habillement, du langage et de l’apparence personnelle, et plus directs dans l’expression de leurs opinions.
Ils veulent non seulement savoir ce qu’on attend d’eux et quelles sont les normes auxquelles ils doivent satisfaire, mais aussi être pour quelque chose dans l’établissement de ces normes. Un texte de Time disait même que certains d’entre eux sont peut-être trop instruits, trop exigeants et trop adversaires de l’autorité pour un grand nombre des emplois que leur offre l’économie actuelle.
L’apparition de ces jeunes éléments au sein de la population active est une réalité avec laquelle il faut compter. Ils réclament des emplois intéressants dès le début de leur carrière. Ils espèrent beaucoup sur le plan de la satisfaction professionnelle. Leurs pères, marqués de cicatrices de la grande crise économique qui provoquent encore des élancements, attachent une très grande valeur à la stabilité d’emploi, alors que pour eux le travail doit être plus qu’une assurance de faire ses trois repas par jour.
Au cours de la première moitié du siècle, il n’était pas rare de voir des municipalités désireuses d’attirer des industries annoncer « une grande abondance de main-d’oeuvre bon marché ». Elles avouaient par le fait même que leurs travailleurs n’avaient reçu que l’instruction nécessaire pour exécuter des tâches courantes et grossières. Aujourd’hui, tout le monde est instruit grâce non seulement aux écoles et aux universités, mais aussi aux journaux, aux revues, aux livres, à la télévision et à la radio. Des cours sur toutes sortes de métiers et d’arts sont à la disposition de tous les adultes qui veulent consacrer leurs soirées à s’améliorer.
La tâche des employeurs est de s’appliquer à adapter les emplois aux exigences de ce nouvel ordre des choses.
La responsabilité du travailleur
La responsabilité ne repose pas entièrement sur l’employeur. Chaque employé a des obligations envers lui-même et envers son patron.
Le travail est quelque chose de personnel, même si on l’accomplit au sein d’une équipe ou d’un groupe ou sur une chaîne de production. Chacun en est maître et libre de le bien ou mal faire, de l’améliorer ou de l’avilir.
Un employé désireux de se perfectionner est tout le contraire de celui qui s’en remet à la chance, à son syndicat ou à la séduction pour obtenir ce qu’il attend de la vie. Les gens de cette espèce sont rarement de bons collaborateurs.
Il y a des vérités de base que tout travailleur ou futur travailleur devrait connaître, même si elles semblent parfois éclipsées par les événements actuels.
Il faut savoir ce que notre travail exige de nous et quelle est notre position par rapport à lui. Nous devons nous conformer au rythme de l’usine ou du bureau : par exemple, celui qui fait partie d’une équipe de rameurs ne peut afficher une individualité farouche dans sa façon d’enfoncer sa rame même s’il est convaincu que sa technique permettra à l’embarcation d’aller plus vite. Un employé n’a le droit d’occuper son emploi que s’il l’exerce de façon efficace.
Il y a intérêt à utiliser toutes nos ressources et à acquérir de nouvelles compétences, afin que notre travail soit captivant et passionnant. La vie devrait être une longue progression et une longue manifestation d’intérêt.
Si votre intérêt vacille, faites un peu d’analyse personnelle. Vous êtes-vous tenu au courant afin de rester capable d’accomplir votre tâche avec efficacité ? Votre instruction est-elle suffisante pour vous permettre de faire face à des situations nouvelles et complexes ? Votre personnalité se prête-t-elle bien au travail en équipe ? Etes-vous convaincu que vos fonctions sont utiles à la société ?
Au soin que nous déployons pour relever notre niveau de vie devrait s’ajouter un effort pour relever notre niveau de réflexion. Personne ne peut nier que certains emplois sont plus intéressants que d’autres ; mais il n’en est pas moins vrai que certains esprits témoignent d’un plus grand intérêt et ont un niveau de pensée plus élevé que d’autres.
La partie animale de la nature humaine pousse l’homme à éviter les difficultés, à suivre la ligne de moindre résistance, à se contenter d’exister ; mais tout être humain qui a de la maturité éprouve le besoin de se torturer les méninges, de meubler son intelligence et de substituer à ses bas instincts un comportement responsable.
Être spécialiste dans son métier
Le spécialiste est celui qui connaît bien son métier. Tout travail, si humble qu’en soit le niveau, peut être agréable s’il est exécuté avec adresse. Même s’il ne s’agit que de clouer des planches, le seul fait de frapper le clou sur la tête est déjà un motif de satisfaction.
Le souci du travail bien fait est la qualité principale de l’homme qui connaît son métier. En respectant son travail, il se respecte lui-même, et ce respect ajoute à la dignité de sa vie.
L’application que l’on met à accomplir un travail a parfois des effets qui confinent au génie. Invité à faire « quelques remarques de circonstance » lors de la dédicace du Cimetière national de Gettysburg, le président Abraham Lincoln, toujours épris de perfection, prépara avec soin une brève allocution de 265 mots. Au lieu de débiter un texte banal et officiel, il donna au monde, à cette occasion, un chef-d’oeuvre du genre.
Le désir conscient d’exceller aboutit à un résultat qui fait la satisfaction et la fierté du travailleur. Quel que soit son métier, le spécialiste devrait se souvenir de la prière du médecin qui demandait de ne jamais devenir assez négligent ou indifférent dans l’exercice de sa profession pour prendre l’habitude de prescrire « le même traitement qu’auparavant ».
Il serait ridicule de prétendre qu’il est possible de débarrasser le travail de tout ce qu’il a de pénible. Mais on peut l’améliorer. Le travail est ce que nous le faisons : il peut être digne et satisfaisant qu’il consiste à poser des écrous sur des boulons, à construire une maison, à diriger une entreprise, à peindre un portrait, à effectuer des recherches ou à exercer une profession.
Certaines personnes marquent si bien leur travail de leur empreinte particulière qu’il devient uniquement leur. Un groupe de balayeurs de rues s’entretenaient d’un de leur camarade qui venait de mourir. « Ce qui me frappait, disait l’un d’eux, c’était son souci de faire du bon travail ; voyez comme il s’appliquait à bien balayer autour des poteaux d’éclairage. On pouvait toujours reconnaître le poteau où Charlot avait passé le balai. »
Analysez vos succès, si modestes soient-ils, afin de vous rendre compte ou de vous convaincre de vos talents et de vos satisfactions. Celui qui n’est pas satisfait de son travail, mais néglige de rechercher les possibilités que lui offre la vie dans le travail, ou qui est trop indolent pour essayer d’améliorer sa situation est comparable à un joueur qui tente de marquer un but à un jeu qu’il déteste.
La chance ne vient pas en dormant
Lorsqu’une occasion d’avancement ou de perfectionnement dans notre métier frappe à notre porte elle est ordinairement en salopette de travail. La poursuite du bonheur suppose le travail ; la liberté exige la volonté de travailler pour avoir ce qu’on veut ; l’indépendance consiste à voler de ses propres ailes sans compter sur la générosité des autres ; la fierté est la récompense de ceux qui ont mérité ce qu’ils ont par leur travail.
L’homme doit travailler parce que le travail est une nécessité économique (à moins qu’on ne se contente de vivre au crochet de l’assurance-chômage) ; parce que c’est une obligation sociale (à moins qu’on ne se contente d’être mis au rang de la bête) ; et parce que c’est un droit fondamental de l’homme (s’il veut connaître le sentiment de l’épanouissement personnel).
La valeur du travail est quelque chose de subjectif. Ce que nous faisons n’a peut-être qu’une faible importance dans l’histoire du monde, mais il est très important pour nous d’avoir du travail à faire. Autrement, une grande partie de la vie nous échapperait.
Il n’est guère de pays dans tout l’univers où puisse se trouver un monument plus impressionnant en l’honneur du travail ardu, allié à la perspicacité, à l’économie et au courage, que la civilisation qui fleurit à l’heure actuelle au Canada.