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Les progrès remarquables qui ont été réalisés depuis une cinquantaine d’années dans la lutte contre la mortalité et la maladie chez les jeunes constituent l’une des pages les plus glorieuses de l’histoire de la médecine.

Les enfants nés vers le début du présent siècle ne pouvaient compter que sur une durée de vie moyenne de moins de 50 ans, alors que les garçons qui verront le jour en 1969 peuvent s’attendre à une moyenne de 68 ans et les filles, de 74 ans.

Des maladies réputées invincibles il y a dix ou vingt ans cèdent maintenant devant le perfectionnement des traitements chimiques, chirurgicaux ou autres. Aujourd’hui, les parents espèrent avec raison que leurs enfants atteindront l’âge adulte ; il n’y a que cent cinquante ans, Napoléon écrivait que chaque famille devrait avoir six enfants, « étant donné qu’en moyenne trois étaient sûrs de succomber ».

La vie offre certes beaucoup moins de périls qu’autrefois pour les enfants, mais il n’est guère juste de dire que le taux de mortalité de telle ou telle maladie en particulier a « baissé » ou « diminué ». Il a été, pour ainsi dire, comprimé par les progrès de la science, par les efforts admirables de la médecine, ainsi que par la collaboration et le bon sens éclairés des parents.

« Pour les enfants d’aujourd’hui, écrit la directrice adjointe de la Ligue canadienne de santé, les perspectives de santé sont des plus rassurantes. Les maladies contagieuses ont pour la plupart été vaincues ; la prévention de la carie dentaire par la fluorisation de l’eau assurera une meilleure hygiène dentaire pendant toute la vie à la génération naissante ; la bonne alimentation, sur laquelle les mères sont de mieux en mieux renseignées, le diagnostic précoce des troubles cardiaques congénitaux, le dépistage au stade initial des défauts de l’ouïe et de la vue, tout cela représente quelque chose de vraiment merveilleux en ce qui touche la santé des enfants. »

Pourtant, le nombre des décès chez les enfants demeure élevé et résulte en très grande partie de causes que l’on peut combattre. En 1965, année la plus récente pour laquelle existent des statistiques, près de 14,000 jeunes de moins de 15 ans sont morts au Canada, et sur ce nombre 9,862 n’avaient pas encore un an.

La protection complète de la santé

La protection de la santé des enfants et la prévention de leur mort prématurée commencent avant la naissance. Aux soins prénataux, doivent s’ajouter le dépistage immédiat des affections de naissance, une bonne alimentation dès les premiers jours, la lutte contre les maladies contagieuses et infectieuses, le soin des dents et des autres organes, les précautions contre les accidents et la formation aux bonnes habitudes hygiéniques aussitôt que l’enfant commence à comprendre.

La façon idéale d’élever les enfants ne peut être une question d’ouï-dire ou d’à-peu-près. La bonne volonté et les bonnes intentions ne sauraient remplacer la compétence et le savoir-faire. Ce n’est pas avec des belles paroles que l’on assainira l’eau que nous buvons ou que l’on détruit les redoutables bacilles du lait infecté.

La tâche pratique d’assurer aux enfants un milieu salubre et une formation suffisante exige une action éclairée de la part des parents, des enseignants et de tous ceux qui sont au service des collectivités, des provinces et du pays.

La négligence en matière de santé infantile a des conséquences très graves. Ces paroles d’un éducateur devraient nous faire réfléchir : « Tout le chemin de la vie d’un homme faible de corps est bordé de stèles érigées par la mémoire pour marquer les lieux où ont péri de nobles projets faute de la vigueur physique nécessaire pour les incarner dans les faits. »

Quel est donc le but à atteindre ? Voici comment l’a énoncé l’Organisation mondiale de la santé des Nations Unies : « La santé est un état complet de bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. »

À en juger par un seul critère, celui de la conservation de la vie, le Canada, pays des plus riches du monde, se situe encore à un rang assez bas dans le palmarès international. Il est vrai qu’en 1965 la mortalité infantile n’a été que de 23.6 pour 1,000 naissances vivantes par rapport à près de 70 il y a trente ans, mais le taux n’est que de 13 et 14 dans d’autres pays. En fait, douze pays ont un taux de mortalité infantile inférieur à celui du Canada.

Il est consolant de dire que « pour chaque enfant qui meurt dans les circonstances actuelles, quatre seraient décédés si les circonstances du début du siècle étaient restées les mêmes », mais c’est là un faible réconfort pour les mères des quelque 14,000 jeunes qui meurent chaque année.

L’immunisation

Si elles ne sont pas enrayées, les maladies infantiles peuvent être dangereuses. Les techniques modernes sont un peu plus compliquées que celles du temps jadis, où la bande de flanelle et la graisse d’oie jouaient un rôle de premier plan dans le soin des enfants. À cette époque, moins de 800 nouveau-nés sur 1000 vivaient jusqu’à leur vingtième anniversaire. Ce nombre est passé aujourd’hui à 950 environ, grâce à la lutte préventive contre les maladies.

L’immunité est presque toujours un état acquis dans lequel l’organisme devient réfractaire à la maladie. Les probabilités de contracter une infection contre laquelle on est immunisé sont habituellement à peu près nulles, mais dans le cas d’une maladie en particulier, la coqueluche, la protection n’est que partielle chez certains enfants.

Au Canada, comme dans les autres pays où les services de santé et d’hygiène publique sont très développés, l’enrayement de nombreuses maladies par l’immunisation est aujourd’hui un procédé largement répandu, sûr et efficace. C’est, à l’heure actuelle, un moyen de protection courant contre cinq maladies : la variole, la diphtérie, la coqueluche, le tétanos et la poliomyélite.

C’est peut-être la campagne contre la diphtérie qui démontre le mieux ce que peut accomplir l’effort Organisé en faveur de la santé infantile. En 1924, on dénombrait 9,507 cas de diphtérie au Canada et 1,281 décès. En 1930, l’efficacité de l’immunisation contre cette maladie avait été établie de façon probante, mais un grand nombre d’enfants demeuraient sans protection.

La Ligue canadienne de santé entreprit alors une campagne intensive d’éducation, à laquelle beaucoup de médecins et d’hygiénistes publics apportèrent leur appui. Voici l’éloquent tableau des succès remportés :

Cas de diphtérie décès
1943 2,804 287
1947 1,550 139
1951 253 37
1955 139 15
1959 38 aucun
1963 76 7
1966 37 aucun

Même si la diphtérie est de plus en plus rare, ce n’est pas une raison pour négliger la vaccination. Les décès dus à cette maladie sont aujourd’hui doublement déplorables, étant donné qu’il existe un moyen sûr, efficace et facile de les prévenir.

Un programme permanent

Ne soyons pas trop sûrs de nous. Il ne suffit pas de savoir que la sauvegarde existe au cas où une épidémie se déclarerait. Il faut, par exemple, plusieurs semaines pour que la vaccination assure l’immunisation contre la diphtérie, mais il ne s’écoule que cinq à sept jours entre la contagion et l’invasion de l’infection. La protection véritable des enfants suppose la vaccination systématique avant qu’il y ait épidémie ou danger de contagion.

Les enfants devraient être soumis à des examens périodiques chez le médecin ou le pédiatre de famille afin qu’ils reçoivent leurs injections en temps voulu. Une bonne règle à suivre pour tous les parents consiste à demander à leur médecin quels sont les moyens d’immunisation qui existent et à quel moment il convient de les administrer à chacun de leurs enfants ; à faire pratiquer la vaccination à l’âge prescrit ; à tenir un calendrier complet de toutes les vaccinations et de leurs dates ; à noter tout cela dans un carnet, de même que les dates où doivent avoir lieu les injections de rappel.

Comme le disait, en décembre, le Dr Gordon Bates, vice-président et directeur général de la Ligue canadienne de santé : « Nous croyons qu’une once de médecine préventive vaut mieux qu’une livre de médecine curative… et notre Ligue exhorte chaque citoyen à profiter de toutes les mesures de précaution possibles, pour lui-même comme pour ses enfants. »

La fibrose kystique, qui n’est reconnue comme une maladie que depuis une trentaine d’années, serait la cause d’un décès sur cinquante chez les enfants. Une brochure signale qu’elle frappe un sur mille des bébés qui naissent au Canada. La Fondation canadienne de la fibrose kystique, qui compte 23 sections, s’emploie à encourager les recherches visant à découvrir la cause de cette maladie, à trouver un moyen de l’enrayer et à renseigner les parents à son sujet.

Alimentation et exercice

La mauvaise hygiène alimentaire se rencontre dans les foyers des riches comme dans ceux des pauvres. La vérité est que, même lorsqu’une famille est parvenue au point où elle peut s’offrir un vaste choix d’aliments, rien ne peut en empêcher les membres de manger ce qui ne convient pas.

Les enfants d’aujourd’hui l’emportent par la taille et par le poids sur ceux d’il y a deux générations. Ils atteignent la stature adulte à un âge moins avancé que par le passé, et la taille définitive des adultes a augmenté graduellement. Ces faits, qui sont importants du point de vue de la nutrition, sont attestés par des études faites aux États-Unis, en Grande-Bretagne et dans d’autres pays du Commonwealth.

La bonne alimentation ne consiste ni à ajouter des calories au régime ni à doubler la dose de vitamines. Elle exige des repas appétissants, suffisants et à heures régulières. La mère poussée par le besoin de joindre les deux bouts, qui refuse un second sandwich à son garçonnet ou à sa fillette débordant d’activité, à l’heure du déjeuner, compromet la santé de son enfant. Les économies doivent se faire autrement qu’aux dépens de l’alimentation des enfants.

Pendant l’adolescence, les garçons et les filles passent par une période de croissance rapide au cours de laquelle leur organisme demande une quantité supplémentaire d’aliments riches en protéines, en calcium, en fer et en vitamines. Les parents doivent alors éviter de se laisser entraîner, par les cajoleries ou les pressions de leurs enfants, à leur servir des repas composés surtout d’hydrates de carbone et de matières grasses.

En même temps que d’une bonne alimentation, chacun a besoin d’exercice. L’un des buts de l’éducation physique et des programmes 5BX est de favoriser le développement d’un corps vigoureux dans lequel les muscles, en raison de leur activité quotidienne, exercent convenablement leurs fonctions en apportant leur appui aux organes vitaux.

Personne ne tient à revenir aux conditions inhumaines du siècle dernier, où les enfants commençaient à travailler à l’âge de neuf ans et où l’on accueillit comme un immense progrès, en Angleterre, le Factory Act de 1819 qui limitait le travail des enfants de cet âge à 12 heures par jour. Il reste cependant que, dans l’intérêt de leur santé, les enfants doivent faire suffisamment d’exercice pour lutter contre l’influence débilitante de notre civilisation presse-bouton.

Le repos du corps et de l’esprit est aussi un important facteur de bonne santé. Nous sommes portés à déployer une activité fébrile, peut-être tout simplement pour échapper au vertige du calme. Nos oreilles sont assourdies par les tourne-disques à sous, la radio et la télévision qui claironnent à coeur de jour les mêmes ritournelles. Il importe que les adultes montrent, par leur exemple, aux enfants que la tranquillité et le silence ne sont pas des choses mauvaises, mais qu’ils contribuent au contraire à la santé physique et à la paix de l’âme.

L’âme et le corps

Le philosophe du XVIIe siècle, John Locke, commence ainsi son traité sur l’éducation : « Une âme saine dans un corps sain, voilà une description brève mais complète d’une situation favorable dans ce monde. »

L’idée de la maladie purement mentale ou purement physique est un mythe. Une maladie du corps qui n’influe pas sur l’esprit, cela n’existe pas, et bien des malaises physiques ont leur origine dans nos pensées.

Cette question a été traitée en détail dans notre bulletin d’août 1964, intitulé Importance croissante de la santé mentale, mais il est bon de nous rappeler que la condamnation la plus radicale de notre société et de notre culture est qu’un bébé sur dix entrera dans un hôpital psychiatrique ou devra subir des traitements psychiques au cours de son existence.

Ici non plus, comme dans le cas de la santé physique, il n’est pas nécessaire d’attendre qu’il y ait dépression pour consulter. Les enfants agités ont droit aux soins d’un spécialiste. Le psychiatre tentera d’aérer l’esprit de l’enfant en lui fournissant l’occasion d’extérioriser ses sentiments et en l’amenant à dominer ses émotions, à se connaître et à se libérer de ses troubles émotionnels. Quoi qu’il en soit, la santé de l’esprit et de l’âme ne doit jamais être négligée.

La crise de l’adolescence

Les premières années de l’adolescence sont des années de crise. La vie est un phénomène d’émancipation. À la suite de l’état de dépendance absolue qui précède la naissance, les jeunes ont connu douze ans de protection totale ou partielle. Or voici qu’ils doivent maintenant affronter le monde avec tous ses dangers et ses perplexités, d’autant plus effrayants qu’ils sont pour la plupart inconnus.

Ceux qui abordent cette phase importante après y avoir été préparés par la vie familiale et la formation scolaire n’éprouvent pas de craintes. Ils savent tenir en main leur désir d’indépendance, de réussite, de sécurité émotive, d’acceptation sociale et d’estime de soi. Leurs parents ont veillé à ce qu’ils vieillissent en acceptant comme normale la nécessité de choisir des manières de vivre en rapport avec leurs besoins en tant que personnes en voie de formation. Les enfants ont grandi dans une atmosphère de respect de leur personnalité, et ils se comportent avec fierté et dignité.

Quel rapport cela a-t-il avec la santé ? Le directeur médical des écoles de Saskatoon a répondu à cette question dans un article écrit il y a vingt ans et ayant pour titre « Que la paix règne dans notre maison » : « Si la maturité émotive, dit-il, consiste pour l’individu à savoir faire face seul et avec succès aux assauts de la vie, l’acquisition de cette maturité aura pour effet de réduire d’un tiers la somme de travail actuelle du médecin. »

Penser à l’avenir

Il est certes difficile de convaincre les gens de la nécessité de prévoir et de faire des plans, mais le bien de leurs enfants devrait être un motif amplement suffisant pour les persuader que, même s’ils négligent leur santé à eux, ils ont le devoir et la responsabilité de préparer dès aujourd’hui leurs enfants à se bien porter dans la vie.

Le but des parents doit consister à assurer un haut niveau de santé à leurs enfants et ne pas se borner simplement à la prévention et au traitement des maladies et des déficiences physiques. Aussi veilleront-ils à noter tout symptôme ou changement important dans leur comportement ou leur mine.

Le philosophe juif Maïmonide nous dit que les symptômes sont de bienfaisants messagers qui nous préviennent de l’approche du danger et nous incitent à l’éviter. La maladie débute ordinairement sous forme de légère altération des fonctions normales, et plus tôt nous dépistons cette anomalie, plus nos chances sont grandes de pouvoir en prévenir l’aggravation.

Les jeunes progressent plus rapidement qu’autrefois vers la maturité, et les parents doivent accélérer le rythme de leur propre développement afin de comprendre les besoins de leurs enfants. Quelles que soient les notions d’hygiène qu’il apprend ailleurs, l’enfant ne peut appliquer à la maison que ce qui est permis au foyer et accepté par la famille.

Il demeure incontestable que l’exemple des adultes en matière d’hygiène et de prudence peut être le facteur déterminant qui décidera de la survie ou de la mort de leurs adolescents.

Le rôle de la médecine

Le corps médical se rend compte de la nouvelle tâche qui l’attend. Jusqu’à ces dernières années, les problèmes étaient plus apparents, plus clairs et mieux définis. Aujourd’hui, la science a réduit la mortalité due à la maladie dans tous les domaines sauf les plus difficiles. Les problèmes de santé qu’il reste à résoudre sont compliqués et de grande envergure.

C’est avec Hippocrate, le père de la médecine, que la civilisation devait, grâce aux Grecs, s’engager dans la voie d’un vaste humanitarisme. Nous nous efforçons encore aujourd’hui d’en accroître la portée et l’utilité, et le jour où l’on écrira l’histoire dans une optique plus claire que celle où nous semblons nous placer actuellement, on constatera que si quelqu’un a amélioré le monde c’est plutôt le médecin que l’homme politique et le soldat auxquels nous élevons des statues dans nos lieux publics.

La recherche et la science médicales sont devenues les facteurs dominants du déclin sans précédent des taux de mortalité et de l’augmentation correspondante de l’espérance de vie, et elles poursuivent activement leur oeuvre. Dans son mémoire à la Commission royale d’enquête sur les services de santé, en 1962, l’Association médicale canadienne avait inséré cet alinéa : « Les progrès de la médecine thérapeutique ont été si spectaculaires pendant le dernier quart de siècle qu’il convient maintenant que le corps médical accorde plus d’importance à la médecine préventive. »

La médecine est l’art de comprendre les maladies et de les prévenir, ou de les guérir ou les soulager si c’est possible. L’exercice de cette profession suppose non seulement des connaissances acquises, une affinité avec le milieu en mutation et l’adaptation au changement, mais par-dessus tout un profond attachement pour les malades. La satisfaction personnelle que ressent intérieurement le médecin se fonde sur les services qu’il rend à des êtres humains.

D’autre part, ceux qui bénéficient des services du médecin ont des devoirs envers lui, notamment de le consulter à temps pour qu’il puisse faire de son mieux ; de lui faire confiance en lui disant la vérité sur les symptômes de leur mal ; d’accomplir ce qu’il leur dit de faire dans leur intérêt.

Une prière du médecin, attribuée à Maïmonide, renferme cette demande : « Faites que mes malades aient confiance en moi et dans mon art, et qu’ils suivent mes directives et mes conseils. »

La collectivité

Toute collectivité, que ce soit un petit village ou une grande ville, a le devoir inéluctable d’assurer certaines choses qui sont nécessaires pour que sa population vive en bonne santé.

L’hygiène publique est la science et l’art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et d’améliorer la santé et les potentialités physiques et mentales grâce aux efforts organisés de la collectivité. C’est là un idéal élevé, qui passe souvent la portée des services de santé locaux et provinciaux, et il arrive malheureusement que certaines collectivités ne s’acquittent pas de toutes leurs obligations essentielles en matière d’immunisation, d’hygiène, de lutte contre la pollution et de contrôle de l’eau et du lait.

Dans notre société cossue, les enfants ont droit à tous les avantages offerts par la science et à tous les services établis par l’hygiène publique, et rien de moins ne saurait suffire.

Allons de l’avant

Maintenant que nous avons pour ainsi dire éliminé les maladies qui emportaient autrefois tant de jeunes vies, nous devons nous occuper des mesures de protection et d’éducation qui préserveront les enfants des maladies et des habitudes susceptibles de se révéler préjudiciables dans leurs années ultérieures, et nous devons les préparer à envisager le monde de telle façon que leur longévité accrue soit heureuse.

La maladie n’est pas causée uniquement par les mauvais génies, les microbes et les virus. Nous pouvons l’éviter dans une certaine mesure en renonçant à notre insouciance et en agissant de façon positive. Les seules limites de notre action sont celles qui nous sont imposées par les progrès de la science, le consentement des autorités compétentes à adopter les idées modernes et l’empressement du public à jouer son rôle d’une façon intelligente.

Il y a eu en 1957 une Année géophysique internationale à laquelle ont participé 66 pays désireux de trouver des réponses aux questions qui se posent dans une douzaine de disciplines géologiques. Une Décennie hydrologique internationale est actuellement en cours, où près de 60 pays s’emploient à rechercher des solutions aux problèmes de la conservation de l’eau, la plus essentielle de nos ressources naturelles. Nous avons organisé, en 1968, une Année internationale des droits de l’homme destinée à favoriser la liberté individuelle et le sens civique.

Pourquoi n’y aurait-il pas une année ou une décennie pendant laquelle tous les pays seraient appelés à collaborer activement à l’organisation d’une société où il vaudrait vraiment la peine pour nos enfants de vivre longuement ?