La civilisation semble ainsi faite que plus elle se développe, plus les rapports deviennent difficiles entre les hommes.
Mais nous commençons à nous apercevoir que la terre serait un bien piètre lieu de séjour si la mécanisation de l’existence devait nous priver des contacts que nous vaut la fréquentation volontaire de nos semblables. Son Excellence le gouverneur général du Canada, le major-général Georges Vanier, disait, il y a quelques années, aux membres d’une conférence du Conseil canadien du bien-être social réunissant des chefs de groupe de toutes les parties du Canada : « À mesure que notre société devient plus compliquée et individualiste, la nécessité du travail bénévole se révèle chaque jour plus grande, car il est essentiel de maintenir un certain équilibre entre la complexité et la conscience. »
Il ne s’agit pas de se faire une conception exaltée ou romanesque du dévouement personnel, mais tout simplement de se rappeler que la collaboration spontanée des particuliers et des groupements est la véritable base de la société démocratique, et que c’est là l’un des principaux moyens qui nous permettent de rester humains en dépit des progrès de la mécanisation et de l’automation.
La société dont il est question dans le présent Bulletin désigne le genre de vie qui existe dans les collectivités organisées, où tous ont des buts et des intérêts communs. Quant au mot « social », il est employé ici dans son sens le plus large de tout ce qui concerne ou favorise la vie en société.
Le travail bénévole profite non seulement à la société, mais aussi à celui qui l’accomplit. Le « volontaire » se rend bien compte de la précieuse expérience qu’il peut acquérir en échangeant des idées et en travaillant avec les autres à la réalisation d’une ouvre particulière ou commune.
Nos raisons de collaborer avec autrui n’ont pas beaucoup d’importance. Suivant la règle du Talmud, « un homme doit faire une bonne action, même s’il ne la fait que pour des motifs secrets, car il apprendra ainsi à aimer le bien pour lui-même ».
Vous voulez éprouver le sentiment du devoir accompli, tenter quelque chose de nouveau, rompre avec la monotonie d’un monde prosaïque, exprimer votre personnalité ou simplement pratiquer la solidarité ? Il n’y a pas de meilleure façon de chasser les idées noires ni de meilleur antidote contre le poison des crises mondiales que de participer attentivement à un travail avec et pour d’autres. Le résultat final est l’épanouissement personnel, qui se situe à un niveau plus élevé que l’intérêt personnel.
Il n’existe pas de recette toute faite pour être altruiste. Dans une société libre, chaque citoyen peut contribuer selon ses possibilités à façonner le milieu où il vit ; c’est ce qui le distingue des membres d’une société asservie. Il a des idées, des opinions, des goûts et des talents à communiquer.
Rendre service sans ostentation ni fla-fla, voilà le trait caractéristique du bon citoyen. Dickens a brossé le portrait du poseur dans La Petite Dorrit. Il s’agit de M. Casby, qui paraissait toujours débordant de bonté, mais dont la bienveillance ne se traduisait jamais par des actes.
C’est par notre action que nous nous intégrons dans notre entourage et que nous participons aux affaires de la vie. Si nous voulons devenir des citoyens vraiment actifs et utiles, nous devons nous efforcer de découvrir les besoins sociaux de notre milieu et offrir l’aide que nous sommes en mesure de prêter. « Donne ce que tu as, dit Longfellow. Pour quelqu’un, cela vaut peut-être mieux encore que tu n’oserais le croire. »
La nature de la société
Ceux qui étudient l’anthropologie et l’archéologie s’étonnent avec raison en considérant le bref intervalle – à peine un moment du temps qui s’est écoulé depuis la création du monde – qu’il a fallu à l’humanité pour édifier la société et la civilisation actuelles.
Pris dans son sens large d’intérêt véritable pour le bien-être des autres, le service social est aussi ancien que la civilisation elle-même, mais le temps est peut-être venu d’en réaffirmer le but.
À une époque où nous nous préoccupons tellement de la défense, il importe de nous demander ce que nous voulons défendre. Nous ne devons pas nous contenter de formuler de grandes théories sur la paix universelle. Il n’est que trop facile de les proclamer et d’en faire parade sans sacrifier la moindre parcelle de temps ou d’effort. Ce qui est essentiel, c’est de montrer d’une façon concrète que nous tenons à voir survivre notre société, tant pour ce qu’elle nous donne que pour ce que nous lui donnons. Ainsi qu’on l’a écrit dans le Rapport de la Commission royale d’enquête sur l’avancement des arts, lettres et sciences au Canada. « Ce serait un paradoxe que de nous apprêter à défendre une richesse que nous ne voudrions ni accroître ni faire fructifier, et que nous laisserions, au contraire, se désintégrer. »
En aidant à subvenir à une catégorie de besoins, que ce soit dans le domaine de la bienfaisance ou de la culture, ou dans celui de la délinquance ou de la santé, le travailleur bénévole favorise et protège le bien-être de toute la collectivité.
L’homme indépendant et replié sur lui-même n’a plus cours dans la civilisation moderne. C’est un principe fondamental en démocratie que les citoyens n’ont pas besoin d’être tous d’accord ; mais ils doivent fournir leur apport. Nul ne peut se considérer comme isolé, ni dans ses origines ni dans son existence.
Quant à savoir exactement quels groupes et quelles institutions sociales serviront de véhicules à notre dévouement, cela dépendra de notre formation, de nos préférences et des occasions qui s’offriront à nous dans notre milieu. Il est sage de prêter son concours dans plusieurs domaines différents. Les hommes dont les noms sont passés à l’histoire avaient plus d’une corde à leur arc, et leurs biographies nous montrent qu’ils ont vraiment joui de la vie.
Une vie plus riche
Le travail bénévole est une source d’enrichissement pour ceux qui s’y adonnent. Il est le propre des êtres désireux d’élargir le cadre dans lequel ils peuvent exercer une action féconde.
Les femmes ne sont plus uniquement mères et maîtresses de maison. Elles trouvent, dans la société, la possibilité d’exercer leurs talents de création et d’innovation. Elles participent plus pleinement au service social, où elles développent leurs dons sur un pied d’égalité avec les hommes.
Quels que soient nos talents, notre fortune ou notre joie, ils se trouveront accrus, souvent même à l’infini, si nous les partageons avec les autres. Nos moments tes plus profitables et les plus heureux sont ceux où nous travaillons avec nos semblables en vue d’atteindre un but commun. La survie elle-même n’est possible qu’au prix d’un effort concerté.
Si le monde nous paraît triste et banal, nous devons avouer en toute franchise que c’est parce que nous sommes si absorbés par notre petit intérêt personnel que nous résistons même aux tentatives que font parfois les autres pour nous confier leurs problèmes. En conseillant au malheureux jeune homme riche de « vendre tous ses biens et d’en donner le produit aux pauvres », le Maître ne songeait pas au soulagement des miséreux, mais à l’âme du jeune homme.
Chacun de nous a en soi des vérités à communiquer, des connaissances à faire valoir, des sentiments à exprimer. Lorsque ceux-ci viennent combler un besoin dans la vie de quelqu’un, ne serait-ce que pendant un instant fugitif, il y a plus de bonheur sur la terre. Il faut naturellement nous spécialiser dans les domaines pour lesquels nous avons des aptitudes particulières, sans oublier cependant les notes d’agrément que sont la compréhension, la sympathie et l’humour.
Quoi que nous fassions, il importe de le faire pour de bon et à plein coeur. C’est le seul moyen de faire jaillir les élans et les qualités qu’étouffent en nous le train-train de la vie quotidienne. L’un des grands avantages du service bénévole est de nous donner une impression de renouvellement, de maîtrise de notre destinée, car il ne s’agit pas d’une chose que nous accomplissons par nécessité, pour gagner notre vie ou conserver notre rang, mais d’une oeuvre que nous choisissons de faire par un acte de notre liberté afin d’apporter notre contribution au bien de la société.
Les associations bénévoles
Les organisations bénévoles constituent l’une des meilleures écoles de formation idéologique au mode de vie démocratique. La tendance de plus en plus prononcée des gouvernements et de la civilisation vers le sécularisme et le totalitarisme doit nous avertir qu’il importe de créer des normes morales, des normes de service, des normes de civisme. Or, ces normes ne peuvent être établies qu’en collaboration par des gens qui partagent les mêmes idées et les mêmes sentiments.
Les associations bénévoles sont celles dont on est libre de faire partie, selon son gré. Elles sont ouvertes aux personnes qui ont des intérêts ou un but communs. Elles élaborent elles-mêmes leur programme et dirigent leurs propres activités. Leur principale mission est d’éveiller l’attention, l’intérêt et le sens du devoir du public. Elles ont ordinairement pour objet d’instruire, d’enseigner ou de rendre service.
Quelles sont les principales fonctions des sociétés bénévoles ? Tout d’abord, elles fournissent à ceux qui en font partie la possibilité de se dévouer en donnant de leur temps, de leur travail ou de leur argent. Mais les cotisations et les dons ne sont pas ce qu’il y a de plus important pour les membres d’une société de ce genre.
Ce qui compte vraiment, c’est la libre union des efforts en vue d’explorer et de jalonner des voies que la collectivité ou les gouvernants pourront ensuite suivre et améliorer au besoin ; de contribuer à l’équilibre du pouvoir social ; de collaborer avec les autorités gouvernementales ; de vivifier l’intérêt des conseils municipaux ; de stimuler toutes les initiatives fondées sur la collaboration de la collectivité ou de ses institutions ; de créer une opinion publique éclairée et d’en orienter utilement l’influence.
Ce n’est pas là une besogne facile. Les tâches de cette nature sont plus astreignantes que jamais, et l’on exige de plus en plus des ressources disponibles. La qualité du travail à accomplir est supérieure à celle qu’on demandait autrefois, et les membres des sociétés bénévoles, doivent être en mesure d’étudier et d’adopter les nouvelles méthodes qui se révèlent meilleures que les anciennes.
Les activités culturelles
Mais les associations bénévoles ne sont pas toutes destinées au soulagement de la misère, au soin des malades ou à la protection des abandonnés. Certaines d’entre elles sont de caractère littéraire ou artistique.
L’une des rançons de la mécanisation a consisté à réduire les contacts culturels entre les hommes. Le divertissement mécanisé et si commode que nous apporte la télévision prend la place des réunions familiales et paroissiales, où l’on se rencontrait pour causer et discuter. On n’a encore rien trouvé pour remplacer l’excellent moyen de formation que représentaient autrefois les cercles locaux, non seulement pour les acteurs et les chefs, mais aussi pour leurs amis qui venaient les critiquer ou les applaudir.
Personne ne peut mettre en doute l’importance de la contribution apportée par les sociétés bénévoles à la vie culturelle du Canada. On en trouve des preuves dans tous les chapitres du Rapport de la Commission royale d’enquête sur l’avancement des arts, lettres et sciences au Canada. Dans les domaines du ballet, de la musique et des autres arts, de la littérature et du théâtre, les groupements bénévoles s’appliquent à encourager et à développer les talents de chez nous, tout en contribuant, dans le domaine de l’éducation, à former une opinion publique éclairée, ouvre nécessaire entre toutes dans une démocratie. Parmi les centaines de mémoires présentés à la Commission, les plus nombreux ont été de loin ceux des sociétés bénévoles.
Comme les gouvernements se sont montrés plus lents à assumer leurs responsabilités en matière d’activités culturelles qu’en matière d’hygiène publique et de besoins économiques, c’est sur l’effort bénévole qu’il faut compter pour combler cette lacune. D’après une enquête faite par le Bureau fédéral de la statistique, environ une personne sur vingt-cinq a suivi un cours pour adultes pendant une période de référence de neuf mois. Or, près de trente pour cent des cours en question ont été donnés par des organismes et des associations de caractère privé.
L’État et l’effort bénévole
La contribution de l’État au bien-être social et à la vie culturelle du pays ne diminue en rien la portée, l’importance et la valeur du travail professionnel qui s’accomplit dans les organismes privés, pas plus qu’elle ne supprime le besoin des services que rendent les groupements bénévoles. Même si les gouvernements dépensent chaque année des millions pour le bien-être social de la population – allocations familiales, assurance-chômage, pensions de vieillesse, allocations aux mères nécessiteuses, pensions aux aveugles, aide aux infirmes – il y a toujours des problèmes et des situations qui débordent le champ d’activité des gouvernements.
L’assistance publique assure l’indispensable et procure les nécessités de l’existence. Les services bénévoles, eux, pourvoient d’une façon générale à des besoins spéciaux et confèrent pour ainsi dire une âme à l’aide matérielle.
Le véritable service social ne se dispense pas en série. Malgré tous les efforts déployés par les gouvernements, leurs services et leurs organismes de toutes sortes, les contacts humains et l’effort individuel demeureront une nécessité à laquelle des programmes élaborés à la chaîne ne sauraient répondre de façon satisfaisante à l’heure actuelle.
L’assistance sociale bénévole telle qu’on l’entend aujourd’hui vise à assurer le véritable bien-être des chargés de famille et de leurs enfants. Elle ne se limite pas à les maintenir en vie et à les tirer d’embarras. Son but n’est pas seulement de traiter et panser les plaies, mais de les guérir. On est de plus en plus convaincu que la réadaptation vaut mieux que les secours, les conseils mieux que les avis et la prévention mieux que l’amélioration.
Il y a en ce monde des centaines de choses qui sont bonnes, mais sur lesquelles on ne peut légiférer, des choses qui ne se feront jamais si personne ne s’offre à les faire. Selon les termes du gouverneur général, « le service bénévole est un enrichissement pour l’individu et un bienfait pour la collectivité ».
Les organismes spécialisés
La recherche séculaire de l’adaptation à la vie et de la paix de l’âme peut maintenant compter sur l’apport des méthodes scientifiques du service social, et les travailleurs bénévoles doivent savoir où leur mission se termine et où celle des travailleurs professionnels commence.
Il n’y a pas si longtemps encore les services de bien-être social étaient assurés exclusivement par des auxiliaires bénévoles, mais avec la complexité croissante de l’existence, il devint nécessaire de recourir à des agents à temps complet et spécialement formés. Une profession nouvelle et des plus importantes des temps modernes fut donc mise sur pied dans le but spécial de soulager la misère. La première école de service social du Canada ouvrit ses portes à l’Université de Toronto en 1914, et en 1918 une deuxième était créée à l’Université McGill. Au milieu de l’année 1962, il y avait huit écoles de ce genre dans notre pays.
Le travail social spécialisé est une noble profession, dans laquelle des hommes et des femmes trouvent leur récompense, non pas tant dans l’argent qu’ils y gagnent que dans l’amour de leur travail, dans le sentiment de sa dignité et de son importance, dans la certitude de contribuer d’une façon appréciable au bonheur de l’humanité.
Mais ces spécialistes ont besoin, dans leur travail, de l’aide des auxiliaires bénévoles. Un bon programme de bien-être local doit être conçu par les habitants de la localité, puis mis en oeuvre grâce aux efforts communs du travailleur professionnel et du travailleur bénévole. Et il est très important que le spécialiste se garde de considérer ses collaborateurs bénévoles tout simplement comme des aides non rémunérés.
Dans un monde aussi changeant que le nôtre, il importe de pouvoir s’appuyer sur la bienveillance active du public et le profond dévouement du travailleur bénévole. Pour cela le travailleur professionnel doit donner l’impression qu’il est indubitablement le meilleur intermédiaire pour exécuter la tâche et qu’il sait comment s’y prendre. Mais son rôle ne s’arrête pas là. Il lui incombe en outre d’analyser le travail à faire afin de trouver la place qui peut être remplie à la plus grande satisfaction du travailleur volontaire et au plus grand avantage des clients de la société d’assistance sociale.
Les commissions et les comités
Une grande partie du travail des organismes bénévoles se fait en commission ou en comité.
Un bon groupe de travail ne se compose pas de gens qui ont été nommés en raison de leur rang, de leur influence ou de leur fortune, mais de personnes que l’on a choisies à cause de leur désir de travailler pour le bien de l’organisation et de l’intelligence, de l’énergie et de la bonne volonté avec lesquelles elles s’acquitteront de leur tâche.
On ne se réunit pas en comité pour causer, même le plus sérieusement du monde. Il est facile de discourir savamment et avec fatuité de la délinquance juvénile, par exemple, mais avec moins de fruit que n’en aurait la moindre petite action. Un comité sérieux ne pose pas, ne verse pas dans la vaine rhétorique ; il s’empresse au contraire de trouver le meilleur moyen d’atteindre son but. Il évite les discussions sur les formalités et s’attaque directement à l’essence même de sa mission : les besoins humains.
La raison pour laquelle on convoque des comités et des réunions est qu’il arrive rarement qu’une seule personne connaisse tous les points ou tous les aspects d’une question. Un échange d’opinions est nécessaire pour faire jaillir la lumière… et la bonne solution. Pour bien remplir sa charge, celui qui fait partie d’un comité doit étudier chaque problème, afin de pouvoir parler en connaissance de cause et jouer un rôle vraiment utile.
Le concours des hommes d’affaires est particulièrement précieux pour les commissions et les comités d’assistance sociale, à cause de la façon spéciale dont ils envisagent les choses. Il est bon de pouvoir compter sur leur expérience pour localiser un problème, le rattacher à un groupe, entreprendre des recherches, recueillir des renseignements, examiner les divers moyens de résoudre le problème et prendre une décision.
Ces hommes ne regrettent pas un seul instant du temps qu’ils consacrent aux associations bénévoles, mais ils tiennent à ce que les réunions soient bien organisées et conduites avec compétence.
Autres temps autres problèmes
L’un des devoirs de la démocratie est de veiller à empêcher les citoyens d’être submergés par le flot montant de la civilisation nouvelle et de céder au sentiment de la futilité.
Certains de leurs problèmes sont imputables à la société elle-même, d’autres à l’entêtement naturel des humains, d’autres encore au milieu matériel, d’autres enfin aux changements suscités par l’industrialisation et l’automation.
Nous ne pouvons rattacher avec certitude les divers besoins d’assistance à telle ou telle cause isolée. Les choses se passent un peu comme dans Les voyages de Gulliver, où ce n’était pas un fil de lilliputiens en particulier qui retenait le géant enchaîné au sol, mais les milliers de brins dont les diligents petits hommes entourèrent de toutes parts le corps de leur prisonnier.
Nous devons reconnaître que, dans une société aussi vaste et aussi complexe que celle qui existe actuellement, certaines personnes auront à souffrir sans que ce soit précisément de leur faute. Une multitude de gens ont besoin de secours, non pas à cause des incendies, des inondations et de la guerre, mais en raison de l’hérédité, de leur formation et de leur milieu social. De lourds fardeaux échoient parfois à des hommes ou des femmes qui ne sont ni physiquement ni mentalement préparés à les porter.
Les dispositions d’esprit du travailleur
Ce que nous demandons au bon travailleur bénévole, ce n’est pas de s’accommoder de l’état actuel des choses, mais de s’aventurer avec ardeur et d’une façon positive dans le domaine de ce qui pourrait être. S’il est vrai, comme l’a dit Galilée, que l’on ne peut rien enseigner à un homme, mais seulement l’aider à découvrir les connaissances en lui-même, le travail bénévole pour les oeuvres sociales peut être le plus grand bien que l’on puisse se faire à soi-même.
Le travailleur bénévole ne se contente pas d’évoluer avec le monde qui l’entoure. Il veut être à l’avant-garde des mouvements d’amélioration. Il tient à atteindre sa plénitude d’homme en montrant le chemin à suivre pour créer de bonnes relations entre les citoyens.
Malgré les nuages atomiques qui planent à l’horizon, il importe de ne pas se laisser aller au pessimisme. Il reste toujours possible de redécouvrir les fondements de notre humanité, si obscurcis qu’ils puissent nous paraître en ce moment. Les hommes peuvent vaincre la solitude, la séparation, l’isolement que leur imposent des événements qu’ils ne comprennent qu’imparfaitement, en retrouvant le sens de leurs responsabilités envers la société et en contribuant à pourvoir aux besoins sociaux.
Étienne de Grellet nous a proposé, il y a plus d’un siècle, ce pressant mobile d’action :
Je ne passerai qu’une seule fois dans ce monde. Par conséquent, tout bien que je puis faire, toute bonté que je puis manifester à un être humain, que ce soit tout de suite. Que je ne tarde ni n’omette de le faire, car je ne repasserai pas par ce chemin.