Skip to main content
Download the PDF Version

Formatage PDF

La liberté que possède l’individu de diriger sa conduite personnelle est le bien précieux entre tous dont il jouit dans une démocratie. On ne peut en entraver l’exercice que si la chose se révèle nécessaire pour sauvegarder les libertés et les droits des autres individus ou protéger la société.

L’individu cherche à découvrir une signification, un sentiment de responsabilité dans son existence, mais il a souvent l’impression, même dans une société démocratique, de perdre en grande partie son identité à notre époque de communications de masse, de production de masse, de culture de masse et d’activités de masse de toutes sortes.

Comme beaucoup d’autres pays, le Canada est entré dans une ère où la majorité de ses citoyens en sont arrivés à entretenir des espérances nouvelles tant en ce qui concerne les choses qu’ils devraient avoir la chance de faire que la place qu’ils devraient légitimement occuper dans l’aménagement de leur société.

Ainsi que l’écrit Edith Hamilton dans The Greek Way to Western Civilization, nous pénétrons dans un monde de type nouveau, où « ce n’est pas la cupidité des hommes, ni leur ambition, ni non plus leurs machines, ni même la disparition de leurs anciens points de repère, qui remplissent notre société actuelle de trouble et de dissension, mais notre nouvelle conception des revendications de l’individu face à celles de la collectivité ».

Il n’y a que quelques siècles encore – la chose s’est même vue dans les sociétés totalitaires de notre siècle – l’individu ne possédait absolument aucun droit en cas de conflit avec un but commun ou un objectif politique.

Puis, une nouvelle idée se fit jour, selon laquelle tout être humain a des droits. Depuis lors, chaque génération a tenté à sa manière d’adapter le monde intérieur de l’individu au cadre toujours changeant du monde extérieur, mais la chose est difficile.

Chaque personne est un être unique

À l’origine de toute action, de tout grand mouvement se retrouve un individu, une personne existant, comme le dit le dictionnaire, « en tant qu’entité distincte et indivisible ». Il s’agit d’un être unique en son genre, d’un modèle inimitable, ayant une manière d’agir et de sentir qui lui est propre. C’est une créature qui a décidé un jour de voler de ses propres ailes, de travailler de Ses propres mains et de penser avec sa propre intelligence.

Nous atteignons l’individualité pratique lorsque nous disposons de la plus grande liberté de choix et d’action personnels compatible avec les exigences de la vie en société avec les autres. Le journaliste et romancier anglais H. G. Wells nous le dit en termes clairs : « Nous ne sommes pas uniquement nous-mêmes ; nous faisons aussi partie de l’expérience et de la pensée humaines. »

Bien qu’il vive dans un monde de trois milliards et trois quarts d’habitants, l’individu désire connaître sa place distinctive dans son milieu, étudier, raisonner et décider par lui-même où il en est dans tous les domaines qui touchent sa vie et ses activités.

Le Canada offre un vaste panorama

Le Canada, qui célèbre cette année son 108e anniversaire en tant qu’État fédéré, offre l’avantage à tout citoyen d’avoir une vaste vue d’ensemble des possibilités qu’il fournit à chacun d’atteindre l’épanouissement optimal de sa personnalité.

Un État n’est pas une masse statistique d’individus, mais une union de citoyens assez étroite pour répondre aux besoins de la vie.

La vie individuelle et la vie en société ne sont pas incompatibles, mais elles exigent une certaine souplesse d’adaptation. Notre civilisation est fondée sur l’idée de la personne au sein de la société. Cette notion s’oppose à la fois à l’individualisme et au collectivisme absolus.

Jadis, du temps de ce que l’on considère parfois comme l’âge d’or, il a peut-être existé une époque où les hommes et les femmes étaient entièrement indépendants, responsables envers nul autre qu’eux-mêmes. Pourtant, l’être humain qui se suffit à lui-même, qui peut se passer de l’aide et de l’appui des autres, convaincu que ses opinions et ses actions ne concernent personne d’autre est un concept sans valeur dans notre civilisation actuelle.

L’individu du XXe siècle doit parfois taire ses désirs personnels afin de collaborer avec d’autres à des fins communes et de mettre son activité ou ses qualités particulières au service de la société. Darwin remarque que l’assistance mutuelle est ce qui favorise souvent le plus le succès dans le jeu de la vie, et donc dans la survie.

Nous sommes non seulement des individus, mais aussi des animaux sociaux en ce sens que nous ne pouvons même pas exister sans être en relation d’ordre social les uns avec les autres. Une société, dit Toynbee, est la résultante des relations entre les individus.

La vie en société nous fait perdre une partie de notre indépendance, mais il y a une différence entre l’accord volontaire de comportement et l’accord forcé de pensée. En offrant de notre propre gré le concours de nos idées pour trouver une solution aux problèmes de notre collectivité, nous associons nos esprits à ceux des autres par des liens de respect et de confiance.

Un homme peut conserver son identité en tant qu’individu tout en étant citoyen du monde. Que d’occasions l’individu n’a-t-il pas de dire : « Je suis important du fait de mon appartenance à ma famille, à mon église, à mon université, à mon association, à mon pays. »

L’individu qui veut apporter sa contribution à la société s’aperçoit qu’il est entouré d’organismes de taille et de complexité considérables. Nous vivons dans un monde de gouvernements et d’entreprises qui semblent entièrement préoccupés d’expansion et de consolidation. Nul, de l’ouvrier au président de la compagnie, n’est un travailleur isolé. Chacun fait partie d’une organisation, s’acquitte de sa tâche, donne ou reçoit des instructions, travaille avec d’autres.

Société et personne humaine

La primauté de l’individu est une réalité incontestée dans une société vraiment démocratique. La conviction sous-jacente aux idéaux de la démocratie est que la valeur de toutes les institutions humaines doit se mesurer à ce qu’elles font pour enrichir la vie de l’individu.

Cependant, la population du Canada est d’environ vingt-trois millions d’habitants, et vingt-trois millions d’individualistes pourraient créer beaucoup de désorganisation. Aussi est-il nécessaire d’assurer une certaine orientation aux individus, afin que la force de leur individualité s’articule avec les ambitions constructives de la nation.

Ce dont nous avons besoin dans un pays démocratique, c’est d’individus qui vivent de façon sensée avec leurs semblables tout en suivant les normes qu’ils se sont fixées.

Il y a en tout être humain des aptitudes uniques qu’il faut éviter de fondre dans le creuset collectiviste d’une société dirigée. Organisés en un seul et même groupe gouverné par un état-major général siégeant à Ottawa ou en un ensemble de petits groupes placés sous la surveillance de responsables établis dans les capitales provinciales, les Canadiens acquerraient un complexe de grégarité. L’État monolithique n’est peut-être un refuge salutaire que pour les faibles et les incompétents.

Malgré des divergences d’opinions sur plus d’un sujet, il existe dans notre culture des questions sur lesquelles tous les membres de notre société sont d’accord. Celles-ci forment le cadre culturel où peuvent s’épanouir les individus. Elles sont le toit sous lequel chaque citoyen a la faculté de poursuivre son but dans la paix, la sécurité et l’harmonie.

Il est vain de faire appel aux gouvernements pour rendre les gens heureux. Tout ce que l’État peut faire c’est de réaliser les conditions qui permettront aux individus de trouver le bonheur. L’individu a besoin qu’un gouvernement stable lui assure les structures économiques et juridiques nécessaires pour qu’il puisse effectivement apporter sa contribution maximale à la société. Quant au gouvernement, il a besoin de l’initiative, des connaissances et de l’appui intelligent de l’individu s’il veut répondre aux aspirations croissantes de la population dont il est au service.

Les qualités de la personnalité

Même si nous vivons dans les conditions les plus favorables à l’individualisme démocratique, nous ne devons pas nous attendre que tout le monde éprouve pour nous la tendre affection et le profond respect que nous nous portons à nous-mêmes.

L’ego de chacun est l’élément de son appareil psychique qui, en découvrant le monde extérieur et en réagissant à son action, sert de médiateur entre ses tendances primitives et les exigences du milieu social. Il faut plaindre les personnes qui contractent l’habitude de tout évaluer en fonction de leur intérêt personnel.

Rien n’est plus morne que de s’enfermer dans sa coquille. Celui qui ne vit que pour lui-même court le risque de mourir d’ennui à toujours rabâcher ses vues et ses intérêts personnels. Par contre, l’homme capable de reporter ses pensées et ses espoirs sur quelque chose qui transcende son moi peut élargir ses horizons et trouver ainsi de nouveaux centres d’intérêt.

Sigmund Freud, considéré comme l’inventeur de la psychanalyse, soutient que l’enfant apporte avec lui en naissant une mentalité confuse et non organisée, appelée le id, dont l’unique but est d’assurer la satisfaction de tous ses besoins : apaisement de la faim, conservation de soi-même et de l’espèce, amour, etc. À mesure que l’enfant grandit, la partie du id qui entre en contact avec le milieu ambiant par les sens apprend à connaître l’inexorable réalité du monde extérieur et se transforme en ce que Freud dénomme l’ego.

Ce contact de la personnalité intérieure avec le monde extérieur est indispensable pour bien vivre sa vie.

Il n’y a aucun mal à se prendre pour le centre de l’univers à condition de ne pas oublier qu’il existe autant d’autres centres qu’il y a d’hommes, de femmes, d’enfants et d’autres êtres pensants, et que tous sont en droit de réussir leur vie le mieux possible.

Il faut laisser de la place pour les pensées et les opinions des autres. Un pays qui, comme le Canada, veut être une terre dont la population dispose de l’espace nécessaire non seulement à la vie physique, mais à la vie de l’esprit a besoin de citoyens capables de travailler à côté d’autres personnes aux façons de faire ou de dire inhabituelles.

Il est des gens qui écartent les paroles de sagesse d’un interlocuteur uniquement parce qu’il ne partage pas leurs croyances politiques ou religieuses. L’individu qui aspire à la grandeur d’âme aime ce qui est bien sans en considérer l’auteur. Il examine les propositions des autres, en discute avec eux, les compare avec ses idées à lui, en choisit une qui est pratique et souhaitable et la met à exécution avec ardeur et prudence.

Qui suis-je ?

L’un des plus tristes symptômes qui accompagnent le sentiment du manque de personnalité est l’impression de la perte de son identité. Certaines personnes sensibles éprouvent même de l’angoisse parce qu’elles ne savent pas très bien ce qu’elles sont, pourquoi elles sont sur la terre, où elles vont, ni ce qu’elles pourraient bien faire à la situation.

L’individu doit avoir le courage et la force d’être ce qu’il est. Le Connais-toi toi-même, gravé au fronton du temple de Delphes, est aussi valable aujourd’hui qu’il l’était dans l’ancienne Grèce.

Il est souhaitable que chacun connaisse ses talents, ce à quoi il est le plus apte, ses limites et ses aspirations. C’est le meilleur moyen de s’apprécier à sa juste valeur. Rien ne contribue davantage à nous aider dans la vie et à nous protéger contre les malheurs que la connaissance de nos points forts et de nos points faibles.

L’individu dynamique choisit ses objectifs, prépare son avenir et veille à l’unité et à la cohérence de sa vie. Tout le monde, ou à peu près, désire se distinguer d’une façon ou d’une autre. Chacun a tendance à espérer, puis à croire que la nature l’a gratifié de dons bien particuliers. Il aspire à émerger de la foule en tant que personne.

Certains se donnent bien du mal pour affirmer leur identité en face de grandes difficultés. James Smithson était le fils illégitime de parents issus de sang royal. Devant le mépris de la grande société, il écrivait : « Mon nom survivra encore dans la mémoire des hommes alors que les titres des Northumberlands et des Percys n’existeront plus et seront oubliés. » Il légua un demi-million de dollars aux États-Unis pour la création d’un centre de réunion et de diffusion universel du savoir. Sa volonté a été fidèlement respectée par la Smithsonian Institution de Washington.

Personne ne peut se ranger dans une catégorie unique : l’homme d’affaires est un peu poète, sinon il ne jouirait guère de la vie ; le poète a un peu le sens des affaires, autrement il ne gagnerait pas de quoi vivre.

C’est indubitablement le milieu qui décide dans une large mesure si les capacités d’un homme ou d’une femme pourront se développer, mais le milieu à lui seul ne crée pas les capacités. L’incitation et l’impulsion naissent et grandissent à l’intérieur de l’individu, qui doit par-dessus tout avoir le sens de l’orientation.

S’il veut surmonter les difficultés et dominer les idées perverses, il lui faut adopter une attitude résolue. Un empereur-philosophe donne ce conseil à ceux qui désirent acquérir une saine personnalité : « Dès l’aurore, dis-toi d’avance : je rencontrerai un indiscret, un ingrat, un insolent, un fourbe, un envieux, un égoïste. Tous ces vices ont été causés en eux par l’ignorance des biens et des maux. Mais moi, ayant observé que la nature du bien c’est le beau et que la nature du mal c’est le honteux, je ne puis subir un dommage d’aucun d’eux, car il ne saurait me couvrir de honte. »

C’est peu que d’être contre quelque chose. Il ne vaut guère la peine d’avoir une individualité si celle-ci n’est pas axée sur une fin positive. Bien des gens sont toujours en mouvement, mais ils ne savent pas où ils vont. Certains ont même la malencontreuse idée que c’est manifester de la personnalité que de rouler dans la mauvaise direction dans une rue à sens unique.

Dépendance et liberté

À mesure que la population augmente et que le rythme de la vie s’accélère, chacun dépend d’un nombre toujours croissant de personnes dans des domaines de plus en plus compliqués. Cela n’est pas sans susciter des pensées troublantes sur notre déficience individuelle.

L’expression « Je n’y peux rien qui vaille » est une réaction à éviter de la part de tout individu. Être indépendant ne veut pas dire être indifférent ou neutre à l’égard des questions d’intérêt public ou privé. Tout mouvement qui a acquis de l’ampleur et tout progrès accompli par la civilisation ont été amorcés par un individu et menés ensuite à terme par des individus innombrables exprimant leur personnalité dans une action de coopération.

La neutralité, entendue au sens de ne pencher ni d’un côté ni de l’autre, n’est pas nécessairement une qualité. Si quelqu’un s’abstient alors qu’il devrait s’intéresser activement à la question en jeu, sa neutralité est injuste envers lui-même comme envers la société. Il y a un temps pour se lever, pour prendre parti, pour se faire entendre, pour exercer son influence et pour faire quelque chose.

L’individu a des instincts qui le poussent à lutter contre l’oubli. Il désire être avantageusement connu pendant sa vie et laisser après lui un souvenir agréable. Pour y parvenir, il recherche les occasions de manifester ses talents, mais il doit être prêt à souffrir certains inconvénients en cours de route.

Tout individu, quelle que soit sa condition, n’est qu’un fétu emporté par le flot de l’histoire, mais il se trouve qu’à certains moments critiques certains individus contribuent de façon décisive à imprimer une nouvelle direction à ce flot.

Le bonheur individuel

Le bonheur individuel se fonde sur la satisfaction qui ne peut provenir que du plein épanouissement et de l’utilisation complète des dons de chacun. L’individu accroît et raffine sans cesse ses idées en apprenant à affronter les situations normales et extraordinaires de sa vie.

La personnalité présuppose la maturité. Elle se manifeste par la responsabilité et l’indépendance, la disposition à donner plutôt qu’à recevoir, l’esprit de collaboration, la douceur, la bienveillance, la souplesse et l’adaptabilité. Elle comporte la réalisation d’un certain équilibre entre les exigences de l’individu et celles de la société, ainsi que la phase de maturation par laquelle l’idéalisme de l’adolescence fait place aux devoirs du civisme adulte.

La maturité suppose la capacité de voler de ses propres ailes, avec assez de confiance en soi pour courir des risques s’ils paraissent, après mûre réflexion, valoir la peine d’être courus. L’individu qui vit pleinement est parvenu à sortir des bras protecteurs de sa mère et se fraie un chemin dans la société. Il est entré sciemment dans la grande entreprise humaine.

La mesure dans laquelle il réussira à vivre heureux et fructueusement dépendra du succès avec lequel il saura employer son intelligence. C’est son imagination de ce qui pourrait être qui lui servira d’incitation au progrès.

N’enviez pas le poète à cause de toutes les choses merveilleuses qu’il a vécues, mais efforcez-vous d’imiter sa capacité d’imagination qui lui a permis de transformer en beauté des impressions somme toute assez courantes. Don Quichotte symbolise l’imagination par opposition à la réalité : il représente l’éternel conflit entre la médiocrité et la supériorité. Mais ses aventures nous enseignent que l’imagination doit fonctionner dans les limites des données et du sens commun.

Avoir de l’individualité, cela signifie être différent de ceux qui restent là à attendre pour voir ce qui va leur arriver. L’individu sait qu’il peut lui-même faire en sorte que certaines choses se produisent.

L’idée qu’aucun véritable changement en mieux ne peut avoir lieu dans sa vie ou dans la société avant que des millions de personnes ne l’aient sanctionné par un référendum national est un faux raisonnement cher aux esprits paresseux. Le premier pas vers un idéal est un acte individuel, comme celui de l’homme qui eut l’idée de frotter deux morceaux de bois pour faire du feu.

L’initiative individuelle est basée sur le sentiment qu’il faut faire quelque chose et s’exprime dans l’expérimentation et l’action réelle.

L’individu vraiment compétent a la dignité qu’engendre la fierté. Il est modeste dans l’expression de son opinion et aimable par son respect de celle des autres. Il fait sciemment un effort pour améliorer ses relations humaines. À notre époque, où le progrès technique envahit nos vies et où l’homme cède le pas à la gestion, nous sommes menacés de perdre nos contacts humains avec les personnes qui rendent la vie intéressante et enrichissante.

L’individu ne peut devenir une personne cultivée en se montrant aimable uniquement pour tes grands, c’est-à-dire pour ceux dont il attend quelque chose. Si doué et si « indépendant » soit-il, il ne peut pas faire grand-chose sans l’aide de ses semblables. Il doit tenir compte des droits, des opinions et des réactions de ceux qui l’entourent. Même s’il est beaucoup plus intelligent qu’eux, il se gardera de le leur dire.

Une philosophie personnelle

Une des choses les plus nécessaires à notre époque c’est de redécouvrir et de réaffirmer notre sens des valeurs.

On ne se crée pas une philosophie de la vie en procédant à une analyse minutieuse des mots, mais en associant certaines idées en vue d’atteindre à la sagesse. Une philosophie vivante comporte le mûrissement de l’esprit et du caractère, une plus grande intégration de toutes ses facultés dans une personnalité sociale, un élargissement de ses capacités, de ses préoccupations intellectuelles, de ses joies émotives, ainsi que le choix continuel de nouveaux objectifs. Être un individu supérieur c’est faire même ce qui est désagréable s’il faut le faire et avoir la volonté de ne pas faire ce qui est agréable s’il faut s’en abstenir.

La qualité d’individu ne va pas sans de nombreuses vicissitudes. Être quelqu’un, cela veut dire trouver en nous-mêmes des centres de force qui nous permettront de tenir en dépit de la confusion et de la perplexité qui règnent autour de nous ; jouer tous les rôles qui nous sont confiés à certains moments et toujours nous en acquitter avec honneur.

En quoi consiste la grandeur chez un individu ? L’homme de la Renaissance a été grand. Pour lui la nécessité d’être un spécialiste de son métier ne pouvait souffrir aucun compromis. Il croyait que tout homme a une valeur morale et intellectuelle intrinsèque. Il a su éveiller l’intérêt de ses compatriotes pour les oeuvres du passé, encourager l’instruction et favoriser la culture. Il enseignait que l’amour des choses de l’intelligence et de l’imagination a une valeur en soi. Il cherchait à concilier les idées païennes avec la règle d’or et les usages antiques avec les progrès en gestation. Il exhortait quiconque partageait ses goûts non seulement à redécouvrir les causes de délectation anciennes, mais aussi à rechercher de nouvelles sources.

Les citoyens d’aujourd’hui demandent à grands cris à faire reconnaître leur identité et à se hisser hors de la masse sans visage. C’est effectivement l’individu qui importe, non pas uniquement pour lui seul, mais pour la société.