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Le mot fidélité est le terme le plus noble du répertoire des vertus sociales. Voilà ce qu’écrit Ruskin dans les Sept Lampes de l’architecture, livre pouvant aussi bien servir de guide pour construire une vie que pour bâtir une cathédrale.

La fidélité représente quelque chose de capital : un principe, un mode de vie. Tout le monde a le désir instinctif d’être fidèle. Celui ou celle qui n’a rien à quoi être fidèle est un malheureux.

Sous sa forme la plus simple, la fidélité revient à dire : « Voici mon poste propre ; voici mon groupe. C’est l’univers dans lequel et avec lequel je dois travailler ; pour lequel je dois combattre au besoin. » L’instruction, les voyages, la télévision, la radio et la lecture élargissent nos horizons, et, dans nos contacts plus étendus avec les autres, nous voyons la fidélité se diversifier.

Quiconque cherche à réfléchir sérieusement sur la fidélité doit comprendre que cette qualité n’est pas simplement une note d’agrément qui s’ajoute au thème de la vie. Händel permettait aux chanteurs d’introduire des fioritures dans les arias de ses oratorios, mais il tenait à ce qu’elles ne soient pas de simples ornements destinés à épater la galerie. Il fallait, disait-il, qu’elles possèdent une signification et une valeur musicales.

La fidélité est un dévouement intelligent à une idée, à une cause, à une personne ou à un gouvernement. Elle figure au premier rang parmi les devoirs des époux dans le mariage.

La fidélité de l’amitié est une qualité précieuse. Elle signifie que l’on ne se volatilise pas lorsque les difficultés accablent son ami. Elle suppose la sympathie, l’entraide et un vif respect de la personnalité. Ce n’est pas une fidélité bien sincère que celle qui flanche au premier signe d’imperfection chez la personne ou l’institution qui en est l’objet.

Etre fidèle, c’est s’engager, participer, adhérer. C’est la confirmation de son importance personnelle. Même dans un village primitif, le non-civilisé sait qu’il est membre d’une communauté et qu’il lui doit fidélité.

D’autre part, on ne saurait trop mettre l’accent sur le devoir de ceux qui sont objet de fidélité, et plus la fidélité est grande plus ce devoir est important.

Pour les individus comme pour les institutions, la fidélité est une chose qui se mérite. Il ne faut pas s’attendre à la gagner et à la conserver sans la pratiquer soi-même. Nous disons que les enfants doivent être fidèles envers leurs parents ; il est également nécessaire que les parents le soient envers leurs enfants. Nous comptons sur la fidélité des employés à leur entreprise, mais il importe aussi que l’entreprise leur soit fidèle. Le dévouement est une rue à deux sens.

Ce qu’est la fidélité

La fidélité n’est pas la servilité, mais un facteur de dignité humaine. Celui qui est fidèle peut être un poète ou un boutiquier, un formaliste ou un excentrique, un premier ministre ou un modeste votant. C’est une personne qui s’attache à une obligation honorable ; qui fait ce qu’elle doit dans ses rapports avec les autres.

La fidélité s’associe dans notre esprit à l’honneur. C’est l’assiduité et le dévouement au devoir, et partant l’honnêteté dans l’emploi de son temps de travail. C’est une des obligations de la citoyenneté : l’amour enthousiaste de la patrie et la fierté de ses idéaux.

C’est naviguer dans des eaux pleines d’écueils que de se guider sur les apparences pour décider à qui ou à quoi accorder sa fidélité. L’étiquette ne décrit pas toujours fidèlement la marchandise à laquelle elle est attachée. On sait que les voyageurs qui cherchent à s’exempter de payer les droits de douane enlèvent les étiquettes françaises ou britanniques des vêtements achetés pendant leurs vacances et les remplacent par des étiquettes portant le nom de tailleurs américains.

Être fidèle ce n’est pas simplement avoir une idée de dévouement empreinte d’émotion. Cela impose des obligations morales. La question d’accorder sa fidélité à une personne plutôt qu’à une autre, de donner sa préférence à l’un de deux objets suppose un choix, et choisir c’est distinguer entre le bien et le mal ou au moins entre le meilleur et le pire.

Il y a intérêt à contrôler sa fidélité en répondant à ces deux questions : 1° Qu’est-ce que je crois ? 2° À quels principes, causes et idées voué-je ma fidélité ?

Cette double interrogation oblige à faire le tour des choses sur lesquelles peut porter notre fidélité et à évaluer les données que nous recueillons. Celui qui fait cela est maître de lui-même, car il prend ses décisions avec soin, intelligence et franchise.

Les anciens systèmes autoritaires offraient une série de règles bien définies, mais les hommes d’aujourd’hui n’accordent pas leur fidélité aveuglément. Leur recherche leur fournit des raisons nouvelles ou plus fortes d’être fidèles quand elle ne désabuse pas leur esprit de la valeur de la personne ou du groupe à qui doit aller leur fidélité.

Certains sont tourmentés par l’idée qu’être fidèle c’est en quelque sorte restreindre sa liberté, mais en réalité la fidélité ne fait-elle pas partie de la mosaïque de la liberté ? Les citoyens libres mettent toute leur confiance dans la liberté acquise démocratiquement et dans une fidélité soutenue. Les Parlements et les employeurs peuvent forcer les gens à l’obéissance et à la soumission, mais lorsqu’ils ont affaire à des hommes libres, ils doivent encourager la fidélité et la mériter.

La fidélité est multiple

Diverses fidélités s’imposent à chacun de nous : fidélité à son groupe, fidélité à son entreprise, fidélité à sa famille, fidélité à son pays.

La fidélité est le lien qui assure la cohésion d’un groupe. Il peut s’agir d’un petit groupe, comme la famille ou une équipe de base-ball, ou d’un grand groupe, comme celui que forme une usine de fabrication ou un pays. La fidélité à un groupe n’est pas seulement une qualité souhaitable : c’est une nécessité pratique et l’unique moyen de nouer et de conserver les amitiés que chacun doit avoir.

Les exigences de la chaîne de fabrication nous offrent un autre exemple de la fidélité sous sa forme la plus simple. L’ouvrage bâclé à un poste de travail doit être repris au suivant, de sorte qu’un des principes de l’ouvrier est d’accomplir son travail de façon à ne pas trahir l’équipe.

Tout travailleur et tout cadre a le devoir d’être fidèle à l’entreprise qui l’emploie. Il doit en être fier et avoir le sentiment de partager sa gloire en lisant les comptes rendus de ses activités, qu’il s’agisse d’une partie gagnée par son équipe de softball ou de son rapport annuel aux actionnaires. Le bon vouloir et la fidélité du personnel sont deux des conditions essentielles à la bonne gestion d’une entreprise, et celle-ci doit en principe et en pratique se montrer digne de cette fidélité.

Pour atteindre son plein épanouissement comme être humain, l’homme a besoin d’estimer son travail. Il doit s’enorgueillir de jouer un rôle important dans son équipe. Il veut pouvoir vanter son entreprise. La valeur qu’il attribue à ses services se reflète généralement dans l’attitude des autres à son égard, de sorte que l’employé qui parle avec mépris de son entreprise se déprécie par le fait même.

La fidélité sied aux rois et aux présidents de compagnie comme aux hommes du peuple et aux ouvriers. L’appartenance au personnel de direction suppose une fidélité plus profonde encore à l’entreprise et la capacité de mériter et de conserver le respect des employés.

C’est ce qui faisait dire à un vendeur : « Je suis un de ces types qui ne voudraient pas travailler pour un patron en qui ils ne croient pas, et je ne travaillerais pas pour une compagnie si je ne pouvais me faire un honneur de la représenter. Sinon, comment diable pourrais-je vendre avec confiance et comment pourrais-je avoir la moindre fierté ? »

Quiconque fait partie d’une entreprise dans laquelle il n’a pas confiance ou travaille sous les ordres de quelqu’un dont il n’a pas une haute opinion ne saurait donner son meilleur rendement, et il lui sera difficile de lui accorder sa fidélité. Il ferait bien de chercher un autre emploi, en toute justice pour lui-même et pour l’entreprise.

Le patriotisme

En quoi consiste le patriotisme ? Un orateur du XIXe siècle l’a défini ainsi : « Cet instinct quasi universel pour lequel plus d’hommes ont donné leur vie que pour toute autre cause et qui compte plus de martyrs encore que la religion elle-même. Il a engendré de grands et magnifiques actes de bravoure héroïque et de dévouement désintéressé ; inspiré les arts, stimulé la littérature et fait avancer la science ; favorisé la liberté et fait progresser la civilisation.

Le mot « patriote » est utilisé dès le XVe siècle au sens de « citoyen ». Il en vient par la suite à désigner le bon citoyen, celui qui aime son pays. Le patriotisme est la foi dans le bien national et le désir de l’assurer, le sens actif de la responsabilité collective.

Le patriotisme n’est rien de honteux. Il repose sur des principes valables et s’appuie sur de grandes vertus. Il soutient les bons objectifs du pays et incite l’individu à sacrifier ses intérêts lorsque les intérêts plus généraux de ses concitoyens rendent la chose souhaitable. Le bon patriote sait que son bien-être sera mieux assuré par ce qu’il reconnaît comme le plus avantageux pour les autres.

Le patriotisme existe en temps normal comme en temps de crise. Il n’a pas besoin de se fonder sur la haine, d’un ennemi par exemple, pour demeurer vivant. Les vrais patriotes ne retombent pas dans l’indifférence entre les guerres, mais s’appliquent à bien s’acquitter de leurs fonctions et de leurs tâches du temps de paix.

Certains, naturellement, exaltent ce qu’ils prennent pour du patriotisme, l’enchâsse comme une vertu suprême et absolue, devant laquelle leur conscience même doit s’incliner. Un pareil sentiment excite la vanité nationale, et ceux qui en sont animés cherchent à rehausser la grandeur de leur pays au détriment de ses voisins.

Le mot « chauvinisme », d’usage de plus en plus courant dans la langue des organisations prônant des idées nouvelles, désigne un nationalisme zélé et belliqueux. Il tire son origine du nom de N. Chauvin, soldat de l’armée de Napoléon, célèbre par son patriotisme claironnant. C’est le sentiment patriotique isolé des autres vertus morales. Il part de la ferme conviction que son pays l’emporte sur tous les autres parce qu’on y est né, et tend à dégénérer en fanatisme aveugle.

Bien supérieur en qualité et en valeur est le véritable patriotisme, qui est le sens civique. Nous faisons preuve de patriotisme lorsque nous assumons notre part entière de responsabilité et de service publics dans notre communauté.

Le devoir de l’État

Les hommes et les femmes de beaucoup de pays ont rédigé, au cours des siècles, des chartes énonçant ce que devaient être et faire, à leur avis, les gouvernements. Plus les gouvernements se rapprochent de ces exigences, plus ils rallient l’appui fidèle des citoyens. Un régime politique s’acquiert la fidélité publique parce que la population a le ferme espoir que ce régime peut satisfaire ses aspirations.

Un gouvernement peut tirer son pouvoir du texte de son code de lois, mais les principes qui en sont à la base viennent de beaucoup plus loin. La Bible et les classiques grecs et latins constituent le fondement de la civilisation qui a donné naissance au gouvernement démocratique. Parmi les mots d’ordre de caractère moral qui l’ont rendu possible figurent la vérité, la liberté, la justice, l’humanité, la liberté religieuse et le respect de la valeur et de la dignité de l’individu. À l’État qui prend ces vertus pour guide les citoyens avisés peuvent vouer une fidélité sans réserve.

Le patriotisme a des exigences

Nous exigeons du gouvernement auquel nous sommes fidèles qu’il observe certaines normes. Il lui incombe d’être inexorablement impartial et véridique. Nous voulons qu’il dirige la destinée du pays de façon à assurer le plus grand bonheur du plus grand nombre de ses citoyens, ainsi qu’un niveau de vie minimum suffisant à tous.

« Une nation qui mérite fidélité, écrit Rebecca West, est celle où tous les talents sont généreusement appréciés, où toutes les manies pardonnables sont pardonnées, où tous les vices sont contrecarrés sans esclandre et où l’on honore ceux qui, manquant de talent, savent compenser cette carence par leur bienveillance. »

Les gouvernements doivent s’occuper d’affaires très compliquées et partant disposer de pouvoirs étendus. Il leur faut contenir l’imagination du public, faire preuve de détermination nationale, offrir quelque chose de tangible à la fidélité de chacun. La plupart des gens ont besoin de se sentir utiles. Si les individus ont l’impression d’être « perdus » ou de ne pas être dans le coup, ils seront amenés à choisir des succédanés de troisième ordre pour s’affirmer.

Les désirs de l’homme ne sont pas uniquement matériels. Les gouvernements ont réalisé beaucoup de choses qui contribuent à améliorer les conditions de vie : services de santé, pensions, salaire minimum, heures de travail réduites, etc. Ayant atteint ce palier, bien supérieur au niveau de bien-être d’il y a cinquante ans, les gens veulent maintenant autre chose. Ils apprécient la sécurité matérielle, bien sûr, mais ils ont aussi des besoins psychologiques à satisfaire : ils tiennent à être reconnus et respectés en tant qu’individus et à ce qu’il soit fait état de leur contribution au bien-être du pays. Ils comptent sur le gouvernement pour combler leur vif désir d’avoir la chance de faire quelque chose et pour participer à quelque chose qui remplira leur vie de façon intéressante.

Il arrive parfois que l’esprit de fidélité souffre du fait que l’on insiste trop sur les « droits ». Il y a des droits naturels et des droits civils. Toute personne a le droit d’exister et de vivre sa vie du mieux qu’elle peut. Les droits civils sont ceux que nous tenons de la société dans laquelle nous vivons. Nous voulons que cette société démontre sa fidélité en nous fournissant la possibilité de réaliser nos espoirs et de satisfaire nos ambitions.

En retour, le citoyen doit obéissance à l’État. La plus haute conception de ce devoir nous est révélée par la mort de Socrate. À ses amis qui lui offraient un moyen d’éviter de boire la ciguë, Socrate répondit : « Une voix intérieure me dit que je ne dois pas désobéir aux lois de mon pays et faire quelque chose de mal pour sauver ma vie. »

Le patriotisme au Canada

On ne juge pas un pays uniquement par ses affaires politiques et économiques, mais aussi par l’esprit de sa population.

Le patriotisme canadien est demeuré plutôt sobre et peu enclin aux grandes commémorations qui sont coutumières dans d’autres pays. Mais sa flamme n’en a pas moins brillé avec vivacité dans toutes les heures de trouble et de danger. Selon les paroles d’une pièce de Thèbes, « Ce n’est pas une terre que l’on célèbre dans les contes et les chansons, mais son nom est grand dans le coeur de ceux qui l’habitent. »

La fidélité à notre pays consiste pour nous dans le sentiment d’y avoir des intérêts, dans la conviction qu’il incarne nos grandes traditions en éducation, en religion, en philosophie, en sciences et en politique, et dans la certitude que sans lui nous ne serions pas ce que nous sommes.

Au cours des cent sept années de notre histoire en tant que nation, nous avons préconisé des changements de grande portée dans notre forme de gouvernement et nous en avons mené plusieurs à bonne fin. Il est bon de nous rappeler le noble dessein des fondateurs de notre pays. Un participant à la conférence Couchiching, il y a dix ans, pouvait dire : « Le premier gouvernement du Canada, composé de ministres canadiens-français et canadiens-anglais, proclamait, dans le discours du trône de la première session de la première législature, qu’une nouvelle nationalité venait de naître. La nationalité était considérée par tous, à cette époque, comme la forme définitive sous laquelle s’unifiait un peuple pour bien vivre sa vie. »

Notre tâche d’aujourd’hui pourrait bien être de revivifier le sentiment de grande détermination et de noble vocation qui anima nos premières années d’existence en tant que nation. Nous sommes plus riches, plus nombreux et plus puissants que ne l’étaient nos ancêtres lorsqu’ils établirent les fondations du Canada. Ces dernières années, nous avons montré, face à un grave danger national, que le patriotisme n’est pas simplement un sentiment, mais une occasion d’accomplir de grands efforts et de grands sacrifices.

Notre population se compose d’individus aux parlers divers vivant en relations de civilité individuelle tout en élaborant des laçons de vivre ensemble en parfaite harmonie et en demeurant fidèles aux mêmes principes. Les ruisseaux de tous nos patriotismes locaux finiront bien un jour par se rencontrer pour former une rivière unique.

La citoyenneté mondiale

L’amour de sa patrie n’implique pas le mépris des autres pays, pas plus que l’amour de sa mère n’implique le mépris des autres mères.

Il y a sur la terre 150 nationalités différentes, les unes nombreuses, les autres extrêmement réduites. Comme au Canada, toutes ont des idéaux, des aspirations et des craintes. Tout problème sérieux est mondial, car il touche tous les pays. Songeons à la pollution, au commerce, à la paix, à la santé, à la population, à l’énergie, à l’alimentation et aux droits de l’homme : chacun sur terre est intéressé par la solution de ces problèmes. Comme l’a dit H. G. Wells : « Les affaires et les intérêts de toute communauté moderne se répercutent jusqu’aux extrémités du globe. »

Celui qui veut voir prospérer son pays, non seulement à l’intérieur de ses limites géographiques, mais aussi en tant que partie intégrante du monde, est à la fois un homme intelligent, un patriote et un citoyen de l’univers. On peut même se demander s’il ne serait pas souhaitable que tout homme puisse avoir une double citoyenneté : être citoyen du pays où le sort l’a fait naître et, en outre, avoir la possibilité d’accéder à la citoyenneté mondiale.

Une vague impression d’appartenance à l’espèce humaine tout entière est sans effet, mais le sentiment que nous sommes citoyens du monde équivaudrait à une déclaration d’interdépendance. Cela nous ferait prendre conscience de notre humanité commune, de notre espoir collectif dans le vaisseau spatial qu’est la terre, et du sentiment de fraternité qui doit nous unir en tant que membres de l’équipage.

Fidélité partagée

Une fidélité n’exclut pas les autres. Chacun a ses penchants : pour son parti politique, pour sa religion, pour son école, pour son entreprise, pour sa famille. Ces différentes fidélités créent parfois une certaine confusion dans notre esprit à cause des buts contraires qu’elles comportent. Elles sont excitées ou réprimées par l’instinct, le désir, les préjugés de race, l’esprit de caste et les liens familiaux.

Nos fidélités diverses, toutes valables en elles-mêmes, nous obligent à apprécier la valeur respective de chacune par rapport aux autres. Il y a là aussi des priorités à établir.

Tout change si rapidement dans le monde que les vieilles fidélités deviennent compassées à la longue. Chaque époque a soutenu bien des opinions que les siècles postérieurs ont jugées non seulement fausses, mais absurdes. Jamais il n’a été aussi difficile que maintenant de savoir où se trouve la vérité.

Les jeunes traversent une crise aiguë d’identité. Ils ont, plus que toute autre génération antérieure, la liberté du choix. À eux de décider s’ils vont suivre les anciennes règles ou en formuler d’autres, s’ils veulent être fidèles aux mêmes choses que leurs pères ou chercher de nouvelles fidélités.

Ce n’est pas manquer de fidélité que de soulever des questions sur la conduite du gouvernement, les affaires, l’éducation ou toute autre activité qui se poursuit dans la société. Ce n’est qu’en nous renseignant que nous pouvons apprendre ce qui précisément mérite notre fidélité.

La fidélité ne doit pas exclure les divergences d’opinions, mais il y a opposition absolue entre elle et ceux qui confondent divergence d’opinions et obstruction et qui n’ont ni la maîtrise personnelle ni le respect de la méthode démocratique qui permettent de maintenir la critique dans les limites de la raison et des convenances.

Que votre fidélité soit manifeste

La fidélité n’est pas un souvenir fugace dont seuls parlent les grands-parents. C’est une nécessité urgente dans toutes les circonstances de la vie d’aujourd’hui, essentielle dans toute relation valable entre humains.

Nous ne devons être ni hésitants ni timides lorsque les circonstances nous demandent de proclamer nos fidélités. Il faut avoir le courage de le faire. Etre fidèle c’est aussi être un homme ou une femme qui fait preuve de résolution dans la voie qu’il suit parce qu’il sent que c’est la bonne.

C’est un très grand éloge que de dire de quelqu’un qu’il est fidèle : fidèle aux nobles causes, à ses amis, à son entreprise, à ses parents, à sa patrie.

Le professeur Josiah Royce, de l’Université Harvard, aimait à dire qu’il y a deux sortes de fidélité. L’une est le dévouement aux grandes causes. L’autre est moins spectaculaire, mais c’est la plus importante parce qu’elle est quotidienne. Elle est présente dans les centaines de tâches que nous devons accomplir. C’est l’âme même du travail d’équipe. Elle comprend l’accomplissement du devoir, le respect des promesses et l’attachement aux idéaux.