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Certains employés s’imaginent que l’on fait des progrès dans une usine ou un bureau en « emboîtant le pas ». Les gens débrouillards, eux, croient que l’on prend de l’avance en se détachant du peloton.

Ces personnes savent tirer le meilleur parti de leurs talents et des outils et du matériel dont elles disposent pour la tâche qu’elles accomplissent, tout en pensant à ce qu’il leur faudrait savoir ou faire en cas d’événement imprévu. Elles se préparent dès maintenant afin d’être en mesure d’élaborer des solutions pratiques pour résoudre les problèmes à venir.

L’entrepreneur – l’homme d’affaires prêt à risquer une perte pour réaliser un bénéfice – la cheville ouvrière de toute entreprise industrielle ou commerciale – doit nécessairement être débrouillard. Et il est entièrement en droit d’attendre la même qualité de ceux qui sont au service de son entreprise, chacun dans ses fonctions propres. Tout employé doit travailler en tant que membre d’une équipe, mais il doit aussi faire preuve de personnalité.

Être débrouillard c’est d’abord faire quelque chose. Ceux qui négligent de donner suite à un problème et traînent de jour en jour le conflit intérieur qui en résulte vivent dans un état de tension continuel et n’arrivent pas à fournir leur plein rendement dans leur travail.

Au lieu d’affirmer en gémissant : « ces revers nous sont infligés pour nous éprouver », ils devraient dire avec entrain : « ces épreuves sont envoyées pour nous offrir l’occasion de montrer nos qualités ». C’est devant les obstacles que les débrouillards manifestent toute leur valeur.

La résignation à un état de choses peu souhaitable n’est pas le propre de l’homme débrouillard. Ayant l’esprit souple, il est prêt à s’adapter aux nécessités nouvelles. Si une situation anormale exige son intervention, il en changera peut-être quelque peu les éléments ou il se changera peut-être un peu lui-même, mais de toute façon il restera maître de la situation.

Rien – de ce qui est bon comme de ce qui est mauvais – ne demeure stationnaire. Le changement est devenu l’état normal dans le monde actuel, et chacun doit être assez débrouillard pour modifier ses plans afin de les adapter aux circonstances nouvelles. Lorsque la raison et le jugement nous disent de renoncer à une ligne de conduite et de recommencer en suivant une nouvelle voie, il est intellectuellement insensé de persister.

En s’adaptant rapidement à des circonstances nouvelles, le débrouillard démontre une sorte de sens génial de la vie. La majorité des fabricants de « bogheis » furent absorbés par l’industrie automobile, mais ceux qui s’obstinèrent à vouloir fabriquer des roues de boghei se trouvèrent sans travail.

Selon le dictionnaire, la « débrouillardise » est l’art de trouver des expédients, de se tirer facilement d’affaire ou d’embarras. L’homme de ressources sait faire appel à tous ses moyens : expérience, connaissances, intelligence et imagination, auxquelles il ajoute l’assurance.

S’attendre à l’imprévu

Nous envisageons avec plaisir les situations où nous avons le temps de nous former une idée claire de ce qu’il faut, des dépenses à faire et des conséquences de la ligne de conduite que nous adoptons, mais il arrive, dans la vie de tout le monde, bien des choses auxquelles on ne s’attendait pas, certaines à notre avantage, d’autres à notre détriment.

Inutile de se creuser la cervelle, il est impossible d’imaginer ou de saisir le tout de chaque événement, de sorte qu’il est de bonne politique de prévoir en quelque sorte l’imprévu. Personne ne sait, en décrochant le téléphone ou en ouvrant une enveloppe, quelle est la nouvelle qui l’attend.

Quelqu’un peut savoir comment résoudre les problèmes et les difficultés ordinaires de son travail, mais un jour il se produit une situation épineuse, quelque chose d’inattendu. Même si l’on est un excellent attrapeur au base-ball, il suffit parfois d’un tout petit caillou pour faire dévier la balle.

Une situation critique est une crise soudaine exigeant une action immédiate. Ce peut fort bien être une mauvaise affaire, qui empirera à moins qu’on ne l’enraye sur-le-champ ou que l’on ne s’occupe promptement d’opérer un redressement. Le temps ne permet pas de consulter un guide : il faut agir seul, sans le concours d’un conseiller ou d’un comité. Si l’on saisit vite ce qu’il y a à faire, le problème est à moitié résolu.

Il y a des moments d’extrême urgence, où ce qui semble impossible se révèle nécessaire. L’homme débrouillard passe rapidement en grande vitesse de pensée et d’action. Il distingue intuitivement l’essentiel de l’accessoire ; il compare la situation actuelle avec celles qu’il a connues et il s’attaque d’abord aux éléments qu’il peut régler. Peut-être devra-t-il faire un premier essai, choisir une des solutions possibles et voir ce que cela donne. Il pourra même découvrir que sa seule ressource est l’espoir et la confiance, et c’est là une sorte de moyen de s’en sortir.

Beaucoup de problèmes sont plus au moins vagues et ne se prêtent pas aux procédés courants, mais on peut dire que l’on arrive à régler la plupart des grands problèmes en résolvant les petits problèmes dont ils se composent.

Analyser un problème – le décomposer – c’est fixer l’idée que l’on en a. C’est pénétrer à l’intérieur pour en saisir la nature véritable. Commencez par une facette ou un point connu : c’est la base de toute navigation, sur mer et dans l’espace, et de toute réflexion.

Identifier, énoncer, régler : voilà les trois impératifs de la solution d’un problème, quel qu’il soit.

Éclaircir le problème en le formulant, c’est déjà un pas de fait pour trouver la réponse. Il s’agit de se colleter avec les faits, dans son esprit ou sur le papier, pour trouver un point faible, puis de s’y attaquer, de l’évaser et de voir ce qu’on peut en tirer.

N’oubliez pas d’examiner les diverses possibilités ; cette technique augmentera vos chances de trouver une solution. Et quand la solution surgira dans votre esprit, contrôlez-en l’efficacité et la valeur.

Dans son Art de résoudre les problèmes, Edward Hodnett écrit avec raison : « La méthode la meilleure et la plus rapide pour résoudre un problème ordinaire consiste souvent à procéder par tâtonnements. Cette assertion est contestée par bien des femmes, pour qui il est plus intéressant d’en parler et par beaucoup d’hommes, pour qui il vaut mieux le soumettre à un comité. »

Les outils du métier

La débrouillardise n’est pas une qualité qui tombe du ciel ; elle repose sur les connaissances. Les connaissances sont les matériaux engrangés dans votre esprit ; la débrouillardise est votre habileté à les employer.

Selon un vieux dicton, l’habit ne fait pas le moine. De même, le diplôme ne fait pas le médecin, ni le directeur commercial, ni l’ouvrier. Aux connaissances doivent s’ajouter le jugement et la compétence.

Celui qui n’a qu’une science livresque est un peu comme le tireur qui n’ayant appris que le tir aux pigeons d’argile aurait tout à coup à tirer des oiseaux vivants. Le tir à la fosse lui a enseigné le maniement du fusil et l’art de viser des objets mobiles dans des conditions uniformes. Mais le voilà confronté avec des cibles douées d’une liberté d’action à laquelle il ne peut rien et dont les fantaisies, sont imprévisibles.

À côté du savoir, l’expérience a son importance. Faites appel à vos souvenirs de cas analogues, afin de discerner les éléments des situations antérieures qui se retrouvent dans votre problème actuel. Assurez-vous que l’expérience passée est applicable au cas en question. Si l’on ne tient pas compte des nouveaux facteurs éventuels, l’action fondée sur une expérience ancienne risque d’être destructive.

Se servir de son intelligence

L’intelligence, faculté de connaître et de raisonner, reste un avantage dans toute situation, mais il y a des crises où il faut agir par pur instinct, car la réflexion demanderait trop de temps. L’instinct ordinaire est en quelque sorte une connaissance innée rapidement utilisable en cas de circonstance particulière.

Cet héritage biologique de réactions primitives n’est pas à dédaigner, encore qu’aucun homme avisé ne doive s’y fier d’une façon absolue. L’instinct nous pousse à agir par nécessité, sans nullement délibérer ni nous arrêter pour mesurer les obstacles. On pourrait dire que nous survivons par l’instinct, mais que nous progressons par l’intelligence.

L’un des traits distinctifs de l’intelligence c’est son pouvoir de déceler les rapports entre les choses et d’ordonner et de diriger notre action. C’est le développement de son intellect, dans l’évolution de l’espèce humaine, qui a permis à l’homme de survivre dans un monde où des animaux physiquement plus forts que lui ont connu la fossilisation.

L’homme intelligent ne croit pas à la théorie du hasard et de la chance, mais à la loi de la causalité. Les événements que nous considérons comme des effets de la chance ne sont pas sans cause, même s’ils paraissent quelquefois influer par hasard sur nos plans et nos projets.

Certaines personnes réputées pour leur débrouillardise sont en réalité des esprits clairvoyants qui se servent de leur intelligence pour prévoir le cours des choses. Ce qui, pour leur entourage, semble être une situation due à la chance est quelque chose qui, selon leurs prévisions, devait fatalement se produire étant donné la ligne de conduite suivie.

L’étape critique dans l’étude d’une situation difficile est celle qui consiste à décider ce qu’il faut faire. Personne ne peut réussir dans les affaires ou la vie privée s’il n’est pas capable de prendre des décisions appuyées par la détermination. L’important est de faire ce qui, d’après notre jugement, offre une certaine probabilité de succès, même si l’on sait qu’avec un peu plus de temps, pour penser et prévoir, on en arriverait peut-être à un meilleur plan.

Être ingénieux

L’ingéniosité est un atout important. Elle suppose de la souplesse de caractère et la libération de la camisole de force des consignes prescrites. Pour l’ouvrier comme pour le chef, les occasions de faire preuve d’ingéniosité et de talent inventif sont légion.

Prenons deux exemples entre mille. Un étudiant en métallurgie japonais possédait un ouvrage en langue anglaise sur les hauts fourneaux, ainsi qu’un dictionnaire anglais-néerlandais et un dictionnaire néerlandais-japonais. Avec ces outils, il construisit et mit en service un haut fourneau pour fondre le minerai de fer. Un convoi s’étant trouvé pris par la neige, en Ontario, un employé du train confectionna des raquettes avec les planches d’une clôture de bois, ce qui permit à quelques hommes de franchir les bancs de neige pour aller chercher du secours.

À l’ingéniosité se rattache l’improvisation. L’homme qui peut improviser règle les problèmes alors que l’homme routinier cherche un précédent ou scrute les pages du manuel.

La solution de fortune devra parfois faire l’affaire en attendant qu’une solution permanente puisse intervenir, et son emploi avisé joue un rôle important dans l’art de vivre. L’improvisation est le talent d’inventer sous sa forme la plus primitive. Il n’y a pas d’outils ? Improvisez-en. Il n’existe pas de manuel d’instruction ? Cherchez votre chemin à tâtons. Abattez chaque obstacle par l’invention, l’ingéniosité et l’innovation. Soyez fertile en expédients. Il n’y a rien de plus satisfaisant dans la vie.

Une fois le besoin connu et la ligne de conduite arrêtée, il faut se mouiller les pieds. C’est alors que nous avons l’occasion de montrer notre valeur, ce qui sera toujours impossible à celui qui reste spectateur.

L’homme de ressource est celui qui est capable d’amener rapidement tout l’appareil de ses connaissances, de ses idées et de son expérience jusqu’à la pointe de l’action directe, dès que le besoin s’en fait sentir. Il faudrait être insensé pour refuser de reconnaître l’indice de la fumée et attendre de voir les flammes pour se saisir d’un extincteur.

Il arrive qu’une situation soit si piètrement définie qu’un homme se trouve précipité dans l’action sans aucun plan ni dispositif, dominé uniquement par l’idée qu’il vaut mieux faire n’importe quoi que rien du tout. Comme le dit un personnage des contes de Forester : « Je préfère avoir des ennuis pour avoir fait quelque chose que pour n’avoir rien fait. »

Il est bon en abordant une tâche inconnue ou pressante de croire que l’on peut l’accomplir. L’homme débrouillard émerge de la foule parce qu’il est son propre animateur. Tandis que d’autres essaient de percer la brume de la surprise et le brouillard de la panique, lui se met au travail, confiant en ses forces et se fiant à la justesse de son jugement. Ses possibilités sont à la mesure de son assurance.

Les qualités nécessaires

En plus des outils et des techniques, l’homme qui a confiance en lui-même doit avoir certaines qualités : le calme, l’art d’analyser, l’aptitude à faire des choix intelligents, l’originalité, le courage et le sens commun.

Traiter une affaire commerciale, une question importante ou critique exige du sang-froid et de la persévérance. La prudence fait partie de la panoplie de l’homme débrouillard, mais pas la sécurité avant tout.

Beaucoup de personnes ont l’habitude de s’occuper des situations critiques comme les pannes mécaniques, les goulots d’étranglement, les incendies et autres difficultés de ce genre. Elles les considèrent comme des incidents, sans rien exagérer ni faire des histoires. C’est ainsi que l’auteur d’un ouvrage sur l’un des plus grands exploits de la guerre navale, au cours du dernier conflit mondial, a choisi pour son livre le titre bien modeste de L’Épisode du Bismarck.

Les gens ne sont jamais aussi naturels que dans les moments graves. En proie à une tension extrême, ils n’ont ni mimétisme ni camouflage pour se protéger. Si un homme a ce qu’il faut pour être débrouillard et s’il garde son calme, il pourra donner toute sa mesure.

Le débrouillard n’agit pas nécessairement par impulsion, bien qu’il puisse le faire en cas de besoin. Il sait ce qu’il veut faire, il fait instinctivement ou par habitude ce qu’il y a à faire et il décide dans le plus bref délai des ressources et des procédés à employer.

La première chose essentielle à faire pour arranger une affaire c’est de chercher ce qui ne va pas, ce qui s’est produit et ce qui est nécessaire. De toute évidence, il faut savoir ce qui est normal avant de pouvoir s’attaquer ou même découvrir ce qui s’en écarte.

Se poser les questions qui conviennent, c’est déjà amorcer la mise en oeuvre de ses ressources. Cela permet de dégager la situation. L’imagination se trouve ainsi poussée à concevoir l’action la plus efficace.

Si le temps le permet, il est bon de faire une liste des choix possibles. Ce principe s’applique chaque fois qu’il y a un problème à résoudre. On agite d’abord un certain nombre d’idées, parmi lesquelles se fait ensuite la sélection.

L’audace n’exclut pas la prudence

Il arrive que nous ne distinguions qu’une masse de difficultés. Nous savons que la faculté de choisir comporte la possibilité de se tromper, mais que, par contre, l’abstention en pareil cas peut entraîner un désastre.

Lorsqu’aucune certitude ne se dessine à l’horizon, il est sage d’opter pour l’action dont l’effet nous paraît le plus prometteur. Comme l’écrit l’homme d’État florentin Machiavel dans Le Prince : « La prudence consiste à savoir discerner la nature des difficultés et à choisir, de préférence, le moindre mal. »

L’homme débrouillard aura parfois à prendre des mesures contraires à l’usage établi. Dans une situation spéciale, il ne devra pas se laisser coincé dans les limites étroites du conformisme, mais s’évertuer à parer à la situation avec originalité et ingéniosité.

À toutes vos autres qualités doit s’ajouter le bon sens. Tout appel à la débrouillardise pour résoudre un problème suppose de la réflexion : même celui qui est un génie dans sa profession ne peut de propos délibéré faire abstraction du sens commun.

Un article de la revue de l’Institut de technologie du Massachusetts cite le cas d’un ingénieur qui, ayant calculé qu’il fallait une base de béton de 50 verges cubes pour supporter un pilier, fit dynamiter un trou de 50 verges cubes dans le roc massif pour y couler le béton.

Le courage est la dernière des qualités dont il sera fait mention. La paramécie est un animal qui se déplace simplement en évitant les obstacles : mais qui veut être une paramécie ? Le courage d’essayer quelque chose de nouveau, de braver le danger quand cela semble être la seule voie directe pour atteindre un objectif, voilà ce dont l’homme débrouillard a besoin.

Ce n’est pas à dire qu’il faut rechercher les risques. Le débrouillard qui joue une scène dangereuse ne dédaigne pas d’avoir un filet tendu au-dessous de lui pour le protéger au cas où il tomberait. C’est une précaution intelligente.

Le courage ne consiste pas à refuser de reconnaître le danger lorsqu’il est réel. Mais il évite les risques téméraires et vains. C’est la force d’âme qui donne la force physique d’agir ; l’estime de soi qui pousse à entreprendre une tâche sans attendre les autres, sur qui pourrait retomber une partie des critiques en cas d’échec.

Accumuler les ressources

La débrouillardise ne sert pas que dans les situations critiques ou catastrophiques. Elle a aussi son utilité dans l’organisation de la vie et du travail courants. Son rôle est de prévoir.

Lorsqu’on a l’oeil sur ce qui se passe et que l’information s’emmagasine dans le subconscient, on amasse des ressources de connaissances qui contribueront à la réalisation des objectifs fixés.

Un point à temps, dit le proverbe, en épargne cent. En se préparant à toute éventualité, au mieux comme au pire, on évite la hâte et la surprise. Il est toujours plus sage de faire le nécessaire pour prévenir une crise que d’attendre que le désarroi se mette de la partie. C’est ce qu’on pourrait appeler résoudre les problèmes d’avance.

Lorsque nous organisons un travail, nous affrontons plusieurs inconnues, ou nous les éludons ; et c’est là de la débrouillardise. Constituez une réserve. On se sent toujours mieux quand on a des idées et des plans de reste. Qu’importe si certains ne servent jamais. Songeons aux stocks de munitions qui restent aux belligérants après une guerre. C’est chez le vainqueur que se trouve le plus grand amoncellement d’obus, puisqu’il n’a pas eu l’occasion de les tirer avant la capitulation de l’adversaire.

La débrouillardise implique aussi la préparation. Celui qui réfléchit d’avance à ce qu’il aura peut-être à faire dans diverses circonstances et aux moyens dont il pourra avoir besoin met sa débrouillardise à contribution, afin de ne pas être pris entièrement au dépourvu. Erre prévoyant, se tenir à l’affût – à l’usine, au bureau, au foyer – des endroits et des situations susceptibles de provoquer des difficultés, ce n’est pas souffrir d’appréhension nerveuse, mais se montrer habile administrateur.

S’attaquer à l’impossible

L’homme débrouillard répugne à conclure qu’une chose souhaitable est impossible, et il tient à examiner de très près tout ce que l’opinion populaire considère comme infaisable. Alors que d’autres roulent des vues pessimistes, lui se dira : « Voyons quelles sont les possibilités qu’offre cette situation ». C’est un « possibiliste ».

S’en remettre à l’autorité ou au règlement est peut-être un moyen facile de résoudre les problèmes ordinaires, mais combien de projets intéressants que l’autorité avait déclarés impossibles n’ont-ils pas été réalisés par des personnes débrouillardes !

La compétence d’un homme se mesure à ce qu’il fait en dépit des circonstances et sans réclamer d’instructions continuelles. Le président de la National City Bank à qui l’on demandait ce qui avait pour lui le plus d’intérêt dans la vie, avait cette réponse : « C’est d’organiser l’exécution d’un travail que tout le monde dit absolument impossible, puis de m’y jeter à corps perdu et de le faire. »

Certaines personnes ont acquis l’habitude de s’attaquer à l’impossible. « Lorsqu’on a fait entrer l’impossible dans ses calculs, a dit quelqu’un, les possibilités deviennent quasi illimitées. »

Ramasser les morceaux

Il faut autant de débrouillardise pour se remettre d’un accident ou d’une crise quelconque que pour en enrayer la progression.

Ramasser les morceaux, réparer ce qui est avarié et recommencer sont des actions nobles. Partant pour un voyage d’affaires, l’ornithologiste Audubon avait laissé chez lui une boîte dans laquelle se trouvaient 200 de ses magnifiques dessins. À son retour, il s’aperçut que des rats s’étaient introduits dans la boîte et avaient rongé les feuilles sur lesquelles il avait dessiné un millier d’oiseaux. Audubon en demeura anéanti durant plusieurs jours, puis il prit son cahier et ses crayons et partit se promener dans les bois. « Je me sentis alors heureux, dit-il, à la pensée que j’allais peut-être faire maintenant de plus beaux dessins qu’auparavant. »

Considérons, maintenant, les qualités de l’homme débrouillard. Il commence à penser longtemps avant que la situation critique surgisse. Il refuse de laisser son esprit se standardiser. Il s’entraîne à saisir rapidement ce qui est en jeu. Faisant appel à ses dons naturels d’intuition et d’intelligence, auxquels s’adjoignent ses connaissances, ses talents acquis et son ingéniosité, il est prêt à agir avec assurance dès que la situation l’exige.

La perception du besoin, la décision de faire quelque chose et le passage à l’action sont chez lui étroitement associés. Il jouit vraiment de la plénitude, de l’exaltation et de l’enrichissement de la vie créatrice.