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Si vous atterrissiez sur une autre planète habitée, votre premier soin, en descendant du navire spatial, serait d’écrire à vos parents pour leur dire comment les gens se comportent. Ce serait là ce qu’il y a de plus important à vos yeux. Et votre façon de vous conduire à vous formerait le sujet de conversation des habitants de cette planète.

Les belles manières, les manières distinguées commandent le respect et inspirent l’amitié. Dans toute situation sociale, il est élégant chez les hommes comme chez les femmes de penser, parler et agir avec bienséance.

Les bonnes manières sont les gardiennes indispensables de la paix et des convenances dans la société, ce qui est un rôle d’intérêt public, et pourtant on nous parle beaucoup moins de leur culte que des régimes alimentaires et des douzaines de recettes de toutes sortes pour conserver ou accroître la beauté du corps.

Le Code pénal du Canada mentionne un grand nombre d’infractions punissables contre l’ordre public et les personnes, mais le mot « courtoisie » ne figure nulle part à son index. Les bonnes manières ne sont pas sanctionnées par la loi. Pour la société, la courtoisie n’est pas de précepte, mais simplement de conseil.

La courtoisie se situe quelque part entre la loi positive – ensemble des règles auxquelles il faut obéir – et le libre choix, domaine où nous revendiquons et possédons une entière liberté. C’est ce qu’un auteur appelle si bien la sphère de l’obéissance volontaire. L’inclination à se bien comporter dans ce domaine est fortement ancrée dans le coeur de tous, sauf chez les personnes extrêmement dépravées.

La courtoisie n’est pas l’invention fantaisiste d’une génération révolue, mais une manière de vivre de longue date. Moïse n’a pas fait que transmettre les dix commandements reçus sur le Sinaï ; il a prescrit la conduite de l’homme comme il faut : respect des sourds, des aveugles et des vieillards ; abstention du cafardage ; civilité envers les visiteurs et les étrangers.

La courtoisie, entendue au sens de douceur et de politesse, est l’instrument consacré des échanges sociaux, tout comme la monnaie est celui des échanges économiques.

Les coutumes et les convenances régissent un large secteur du comportement humain. Ce que nous appelons ordinairement les convenances sont des usages enracinés dans le respect attentionné du bien-être et des sentiments des autres. Ce sont notamment l’art de s’habiller comme il convient, la modération du ton de voix, les bonnes manières à table et le souci de ne pas déranger les gens.

La courtoisie suppose la politesse. Celle-ci est comme un coussin pneumatique : même s’il n’y a rien à l’intérieur, il n’en amortit pas moins merveilleusement les chocs. Un « s’il vous plaît » et un « merci » peuvent paraître sans importance ; pourtant ils rendent les services agréables et plaisent aux gens.

La chevalerie

Notre conception de la chevalerie demeure associée aux armures, aux tournois, à la déférence envers les dames et à la défense des faibles. Le principe de base de la chevalerie c’est que les forts doivent utiliser leur force avec générosité, modestie et dignité pour protéger les faibles.

On peut citer dans le même ordre d’idées la définition que donne le cardinal Newman du gentleman : « Il n’est jamais mesquin ni vil dans ses discussions, ne profite jamais injustement des circonstances, ne prend jamais les personnalités ou les mots cinglants pour des arguments ni n’insinue de méchancetés qu’il n’oserait dire ouvertement. »

Ces notions de la chevalerie et de la galanterie sont l’une et l’autre dans l’esprit des béatitudes : douceur, droiture, bienveillance, amour de la paix et bonté.

On dira naturellement que les temps ont changé, que la chevalerie ne fleurit plus, que les doux ne possèdent pas la terre et que la lutte de la vie quotidienne ne laisse pas le temps de faire des façons. Pourtant, on voit à la devanture des librairies beaucoup de romans du dix-neuvième siècle, dont certains font partie des lectures obligatoires dans les écoles. N’aurions-nous pas la nostalgie de la civilité du temps jadis ?

Une personnalité bien connue de la presse et de la radio, Claire Wallace, écrit dans son guide du savoir-vivre canadien : on est moins cérémonieux dans la vie d’aujourd’hui – dans la conduite, dans les vêtements – particulièrement chez les jeunes. Pourtant, cela ne change rien au fait que les bonnes manières et l’observation des règles de la société sont importantes.

Il est un raffinement qui doit avoir sa place dans l’existence de quiconque désire mener une vie décente et chevaleresque. C’est le tact. Le tact, conscience intelligente et respect des sentiments des autres, demeure le moyen le plus efficace pour rendre les gens sympathiques.

C’est la qualité qui nous incite à être indulgents dans nos différends avec les autres et à leur laisser ainsi la possibilité de devenir nos amis. Elle leur permet de « sauver la face ». La pire des choses que l’on puisse faire à quelqu’un c’est d’écraser son amour-propre. C’est donc une haute manifestation d’humanité de même qu’une excellente démonstration de courtoisie que de ménager une issue ou un moyen de réhabilitation à l’adversaire.

Un mot résume tous les principes de courtoisie mentionnés jusqu’ici : la bienveillance. La vraie source de la bonne éducation réside dans les égards que l’on a pour les autres. Dans la vie courante, cela signifie se déranger pour donner du bonheur à quelqu’un qui se sent seul, qui a perdu pied ou qui est timide ; c’est faire un effort délibéré et réfléchi pour satisfaire à ses désirs ; c’est, faute de pouvoir obliger quelqu’un, lui parler avec compréhension et bonté.

Un état habituel

L’habitude de la politesse ne peut résulter que d’une longue et constante pratique, grâce à laquelle l’aménité des manières devient quelque chose de subconscient. L’homme bien élevé n’a pas à réfléchir avant de dire « s’il vous plaît » ou « merci » en demandant ou en recevant un service.

La courtoisie la plus parfaite est celle qui se manifeste le moins. On se souvient de la délicieuse description de Chang, dans Les Horizons perclus : « La courtoisie émanait de lui comme un parfum trop délicat que l’on ne perçoit que lorsqu’on n’y pense plus. »

Efforcez-vous d’acquérir un vif instinct des convenances, afin de vous comporter comme il sied à chaque situation selon qu’elle est empreinte de gravité ou de gaieté, en vous appliquant avec un même soin, à éviter les impairs et à observer ce qui est pertinent.

Si vous vous sentez embarrassé avec les personnes de bonne compagnie, plus à l’aise avec les gens de troisième ordre que ceux d’une classe supérieure, c’est peut-être que vous vous êtes laissé aller à fréquenter une société peu raffinée. Le remède consiste à organiser votre vie de façon à entrer en relations et à vous lier avec le genre de personnes que vous admirez.

Existe-t-il des règles ?

Il arrive, dans la vie de chaque homme, un moment où il tient absolument à savoir comment faire ce qu’il faut dans un milieu peu connu. La Société a adopté à cette fin un série de règles appelées savoir-vivre ou conventions sociales, mais il reste impossible de dresser une liste de bonnes manières qui seraient applicables à tout le monde et dans toutes les circonstances.

Certaines personnes appartiennent encore à l’école du « petit doigt en crochet » ; pour elles la façon de tenir sa tasse de thé ou son verre de vin est un symbole de leur rang dans la société. C’est là une conception ridicule du savoir-vivre. Notre manière de faire les choses dérive de ce que nous admirons chez les autres et de notre sens naturel de ce qui est bien et important. Les bonnes manières sont en nous – d’où l’expression « bien né » – mais on peut apprendre à les pratiquer.

Il est nécessaire que les relations sociales soient bien ordonnées pour que les gens vivent et travaillent dans une harmonie relative. Si chacun est libre de se comporter comme il lui plaît en société, cela n’autorise pas pour autant à agir de façon à troubler le bien-être et la tranquillité des autres. Il y a quelque chose de rustre chez celui qui fait exprès pour agir autrement que le groupe où il se trouve, et on reconnaît les gens vulgaires à leur désir d’attirer l’attention. Sir Winston Churchill disait un jour d’un député : « Notre honorable collègue cherche à se distinguer par sa grossièreté. »

La courtoisie n’est pas un produit artificiel. On ne peut s’en vaporiser comme d’une eau de toilette. Impossible de la simuler par une cordiale poignée de main qui ne serait pas sincère. Chez l’hôtesse qui reçoit à contre-coeur, comme Héloïse dans la pièce de Torrence, la mine de l’accueil chaleureux doit rester impénétrable.

Poser, c’est-à-dire se donner des airs, est une attitude funeste à la courtoisie. Si vous voulez vivre en bonne intelligence avec les autres, il vous faudra quelquefois paraître moins brillant que vous ne l’êtes en réalité.

Chez soi et en public

L’amitié, si grande soit-elle, ne saurait justifier ni excuser l’impolitesse. C’est de l’impertinence que de se prévaloir des liens familiaux pour se montrer grossier ou insouciant du bien-être des autres.

Les parents mécontents des habitudes de comportement de leurs enfants doivent malheureusement reconnaître le fait que la plupart des enfants adoptent les normes de comportement dont leurs parents font montre devant eux.

La courtoisie ne s’enseigne pas à coup d’interdiction, mais par l’exemple. Si on retient trop rigoureusement les enfants sous prétexte de leur apprendre à vivre, ils finiront par se rebeller et à rompre leurs entraves.

Il convient d’encourager les jeunes à considérer le foyer comme le seul endroit où ils peuvent s’initier à l’art de pratiquer les aménités sociales nécessaires pour mener une vie harmonieuse à l’extérieur de la famille. Tout enfant devrait être instruit du fait qu’à l’école et dans les affaires l’homme est comme un poisson rouge dans un bocal, c’est-à-dire exposé de tous côtés aux regards et à la critique ; qu’il a le devoir envers ceux qui l’entourent d’agir avec courtoisie, parce que c’est le seul moyen dont ils peuvent vivre agréablement avec lui ; et qu’il se doit à lui-même de se comporter en homme cultivé afin de toujours avoir une bonne opinion de sa personne.

La courtoisie n’est pas un raffinement que l’on réserve à un cercle d’amis ou de connaissances. Ce n’est pas un vernis dont on se recouvre pour aller dans le monde. Il faut savoir s’en servir envers le commis de magasin, la téléphoniste, le chasseur ou la femme de chambre, le chauffeur de taxi ou le marchand de journaux, le chauffeur d’autobus ou le maître d’école.

Les codes de la route sont faits par les spécialistes de la circulation dans l’intérêt de la sécurité, mais le savoir-vivre n’en est pas exclu. Un chauffeur comme il faut a tôt fait de s’élever au-dessus de la masse par sa pondération, ses attentions et son bon jugement. C’est là un secteur de la vie où trouvent à s’appliquer les bonnes manières.

Voici quelques suggestions concernant l’exercice de la courtoisie en public. De nos jours où tant de personnes cessent de fumer, il serait temps de revenir à certaines politesses que l’on observait avant que l’usage du tabac fût aussi généralisé : demander la permission de fumer ; savoir deviner que l’absence de cendriers dans un salon est une invitation discrète à ne pas fumer ; s’assurer que la fumée n’arrive pas dans la figure de vos voisins.

La ponctualité n’est pas seulement une politesse, c’est un hommage que l’on rend aux personnes intelligentes et une remontrance que l’on fait aux imbéciles. Estimer qu’il est de bon ton d’être en retard c’est pour ainsi dire considérer une imperfection physique ou mentale comme un avantage.

Voyez ceux qui arrivent en retard à un concert ou à un spectacle. Ils font irruption après le lever du rideau, murmurant des excuses, obstruant la vue, obligeant les gens à se lever pour les laisser passer. À un concert, on ne devrait pas permettre aux retardataires d’incommoder les personnes déjà assises. S’ils n’ont pas la courtoisie d’arriver à temps, il faut sévir.

Dans l’autobus ou le train, soyez prêts à présenter votre billet au conducteur ; c’est une politesse envers lui et envers les autres voyageurs. Dans l’escalier roulant, tenez-vous à droite, afin de laisser le passage à ceux qui sont pressés. En quittant un siège, dans un train ou un autobus, il est de mise de dire à la personne devant qui on passe : « Je vous prie de m’excuser. »

Regardez derrière vous en franchissant une porte, afin de ne pas la laisser se refermer sur quelqu’un. Au concert, ne développez pas de friandises aux papiers bruyants, ne battez pas la mesure avec votre pied sur le fauteuil du voisin ni sur le parquet, ne portez pas de bracelets cliquetants ; n’entretenez pas de conversation, même à voix basse.

Se montrer courtois envers les personnes âgées, ce n’est pas faire preuve de pitié, mais de délicatesse. Voici ce que nous dit le grand philosophe grec Aristote à ce sujet : « À tous nos aînés témoignons la vénération qui convient à leur âge en nous levant en leur présence, en leur cédant le passage et en leur manifestant toutes les autres marques de respect. »

Dans les affaires

La courtoisie est une habitude qui aide à réussir dans toutes les entreprises. Elle offre le moyen de travailler efficacement et agréablement avec les autres.

Le type agressif et dominateur, sans égards pour les droits ou les susceptibilités des autres, est un excès qu’il faut éviter à tout prix. Il vaut la peine de faire un effort pour « traiter chacun de ceux que vous rencontrez avec une considération telle qu’il gardera de vous un charmant souvenir ». Ce ne sont pas là les paroles de quelque philosophe perdu dans les nuages, mais une maxime tirée du premier volume du cours d’administration moderne de l’Alexander Hamilton Institute.

Toute personne racée sait être attentive aux sentiments des autres quelle que soit sa situation sociale, et les patrons et les cadres ont le devoir incontestable d’être courtois envers ceux qui travaillent pour eux. La courtoisie tempère le ton impératif des ordres et adoucit le tranchant de l’autorité.

De quelques techniques

De la conception de la courtoisie en tant que prévenance envers les autres et souci de leurs sentiments se dégagent plusieurs techniques d’application, techniques auxquelles il faut s’exercer jusqu’à ce qu’elles deviennent partie intégrante de notre comportement habituel.

Celui qui est sensible aux besoins des gens fera le premier pas pour manifester son intérêt et sa sympathie. C’est le philosophe français Auguste Comte qui a créé le mot « altruisme », sentiment qui consiste à placer les autres au-dessus de soi, à mettre leurs intérêts au-dessus des siens. Les éducateurs de toutes les croyances et les moralistes de toutes les écoles ont insisté sur nos devoirs envers le prochain, et le désintéressement contribue dans une large mesure à l’épanouissement de la courtoisie.

L’indifférence est l’affront le plus blessant que l’on puisse faire à quelqu’un. Chacun désire ardemment être apprécié. C’est être mal élevé que d’ignorer certaines personnes à la maison ou au bureau, de les croiser sans les saluer, de les regarder avec des yeux sans expression, de causer avec les autres, comme si elles étaient absentes. Un excellent moyen par lequel tout le monde peut concourir à rendre la vie agréable consiste à considérer les autres comme des êtres humains semblables à nous en les saluant ou en leur disant au revoir, même par un simple signe de la main.

Nous avancerons encore d’un cran le jour où nous serons capables de nous réjouir sincèrement du succès ou du bonheur d’une connaissance et de lui dire notre joie. Rien n’est moins onéreux que de décerner des éloges quand ils sont mérités, et même d’insister quelque peu sur une tâche bien accomplie ou un effort louable.

L’homme bien élevé sait se souvenir avec bonne grâce des droits des autres. Il tient compte des désirs, des opinions et des réactions des gens et les apprécie avec magnanimité, même s’ils semblent faire erreur. Dans un régime de liberté, la diversité des opinions est inévitable et ne doit pas être condamnée, mais la mesure où quelqu’un s’efforce avec persistance de réaliser l’harmonie marque son désir de devenir une personne courtoise, raffinée et cultivée.

Il n’y a pas de critère plus rigoureux pour juger de la courtoisie ou de la probité d’une personne que sa façon de se comporter quand elle a tort. Les excuses ne doivent être ni guindées ni tièdes. L’offensé ne tient pas à humilier l’offenseur : il veut qu’on panse la blessure qu’on lui a faite. Il oubliera volontiers une insulte ou une injure en voyant que l’auteur la regrette.

La patience est un élément de la courtoisie. Il ne faut pas s’attendre que l’harmonie parfaite règne toujours autour de soi. Tout le monde a des moments sombres, imputables à la frustration, au désappointement, à l’impuissance à surmonter une crise. Devant un collègue ou un compagnon de travail froid et renfermé, dites-vous que c’est peut-être un de ces jours où plusieurs problèmes font irruption en même temps, et soyez patient.

La discrétion, brillante qualité, est essentielle à la courtoisie. Il y a des moments où le summum de la bienveillance est de tourner la tête et faire semblant de ne pas voir. Si cher que soit un ami, il n’est pas chevaleresque de lui imposer sa sympathie ou son aide.

Conversation et discussion

Dans une conversation mondaine, il suffit de s’en tenir aux règles de la bienséance élémentaire, savoir que chacun puisse parler, qu’il ne se dise rien de trop embarrassant, que l’on observe toutes les conventions propres à la circonstance.

Le causeur courtois n’est ni un babillard, ni un hâbleur, ni un rustre. Il ne s’attarde pas aux choses insignifiantes comme les problèmes de ménage, les ennuis professionnels, le gros poisson manqué et les désagréments de ce genre. Si on lui demande par politesse comment il se porte, il n’en profite pas pour se lancer dans une description détaillée de ses petits malaises. Il ne surestime pas l’importance de son opinion, mais s’efforce de donner à tous l’impression de participer à la conversation. Sa bouche ne lance pas la foudre du sarcasme, et il essaie de mettre un grain de charme dans la conversation.

La discussion aigrit et gâte la conversation a dit Benjamin Franklin. Les personnes intelligentes s’y laissent rarement aller. Mais si une discussion survient, ayez présents à l’esprit certains principes de courtoisie. Chaque fois que vous exprimez une discordance d’opinion, faites-là précéder d’un mot conciliant. Ecoutez, réfléchissez, concédez, usez de modération, citez vos sources et laissez la porte ouverte afin de permettre à votre contradicteur de se ranger à votre avis sans essuyer une humiliation.

Ne faites pas d’esprit aux dépens des autres : il est odieux de faire une plaisanterie qui peut blesser quelqu’un ou de rire des erreurs des autres.

Si votre situation vous oblige à critiquer quelqu’un parce que vous en avez le devoir, commencez par reconnaître honnêtement ce que l’on a bien fait ou tenté loyalement de bien faire. Dites ce qu’il faut et non pas tout ce que vous pourriez dire.

La personnalité et la pondération

La personnalité est en somme l’effet que nous produisons sur les autres. Elle procède de nos habitudes de pensée.

On vous jugera d’abord par votre civilité et peut-être ensuite par vos qualités intellectuelles. Il y a donc avantage à éliminer les menus caprices, manies et traits personnels qui ternissent votre image sociale.

La sérénité et la pondération deviennent les fidèles compagnes de l’homme courtois. Il apprend à coordonner ses facultés de façon harmonieuse, ce qui lui permet de trouver la stabilité émotive. Si quelqu’un lui pousse une botte qu’il ne peut parer la courtoisie est le bouclier avec lequel il encaisse le coup.

Le comportement des autres peut nous offenser et nous irriter, mais il n’est pas en notre pouvoir de le modifier. Notre seule arme est de réagir convenablement, comme ce philosophe qui, rué par une mule, conclut qu’il valait mieux oublier l’incident eu égard à sa provenance. Un poète exprime la même idée en termes plus élégants : « Un homme de bonnes moeurs, intelligent et bien élevé ne saurait m’insulter, et personne d’autre ne le peut. »

Les petites choses

La courtoisie, après tout, tient à des petites choses. Elle ne comporte aucune qualité dominatrice, mais elle nous gagne des amis dans les conflits et les petites mises au point de la vie quotidienne.

On ne saurait dire « merci » trop souvent. Lorsqu’un service nous est rendu, il ne devrait y avoir aucune hésitation à en exprimer de la reconnaissance avec le sourire.

La démocratie comme l’industrialisme exigent un plus grand déploiement individuel de courtoisie et de tolérance mutuelle que ce que l’on avait coutume de demander à l’animal raisonnable dans des communautés moins complexes.

Le but de l’homme courtois est d’être d’abord aimable, de nature tolérante, de comportement agréable, d’humeur compatissante, d’esprit large et compréhensif.

Le célèbre peintre italien Raphael disait qu’il représentait les hommes et les femmes non comme ils étaient, mais comme ils devraient être. Quel bon exemple à imiter pour ceux qui veulent être courtois : traiter les gens comme s’ils étaient ce qu’ils pourraient être !