À l’origine, les forces de la nature maintenaient l’ordre parmi les ressources animales et végétales de la terre. Ce n’est que le jour où l’homme apprit à se servir du feu et qu’il inventa des outils que l’équilibre fut rompu.
La nature n’a pas réussi à conserver son empire face aux progrès croissants de nos connaissances techniques. C’est pourquoi l’univers des êtres vivants est aujourd’hui gravement menacé de détérioration ou de destruction.
Cela ne veut pas dire que tout le monde doive être pris de panique, mais qu’il incombe à chacun de faire tout ce qui est en son pouvoir pour atténuer les effets nocifs de sa manière de vivre sur la nature et même de modifier s’il le faut cette manière de vivre pour satisfaire aux exigences de la nature.
Lorsque les premiers colons arrivèrent au Canada, il y a 370 ans, leur présence ne tirait pas beaucoup à conséquence. Ils n’étaient qu’une poignée sur un territoire incommensurable. Mais l’avènement des chemins de fer, des routes et de l’avion, ainsi que la construction des grandes villes, sont venus étouffer en nous le sentiment des réalités qui constituent le fondement même de la vie, tel qu’il était alors et qu’il demeure toujours : la terre, l’eau, les animaux qui les habitent, et l’air.
Certaines personnes considèrent l’effort de conservation de la nature comme rien de plus qu’un désir d’en sauvegarder les beautés. C’est là une idée erronée. En négligeant de protéger nos ressources naturelles, c’est à la vie même que nous portons atteinte.
L’homme occupe le sommet de la pyramide biologique, mais son indifférence envers les besoins des autres espèces vivantes menace de saper l’édifice tout entier et de le faire écrouler.
Il est d’usage, à notre époque, de faire du « réalisme » une quasi-religion, mais ce n’est pas du réalisme pratique que de manger, boire et respirer de la saleté ; ce n’est pas un signe de grande intelligence que d’attendre que les prairies s’envolent en tempêtes de poussière avant d’intervenir pour les protéger ; de temporiser jusqu’à ce que la maladie coule à flots des robinets de cuisine avant d’obliger les villes à assainir leurs eaux usées ; ou encore de tarder jusqu’à ce que le smog fasse des milliers de morts avant d’interdire l’émission des polluants qui empoisonnent l’atmosphère.
Le vaisseau spatial « Terre »
Tout en dressant la carte de la lune et de Mars, en larguant des instruments scientifiques sur Vénus et en transmettant des messages sur Jupiter et la Galaxie, nous devons nous arrêter un peu à réfléchir de façon constructive à notre propre planète. Les indices géologiques portent à conclure que la terre demeurera un lieu de séjour agréablement habitable pour les créatures de notre espèce pendant des centaines de millions d’années encore si nous ne la détruisons pas.
Le plus important navire spatial en orbite est notre globe ; pourtant il n’a pas de capitaine, pas d’équipage bien formé, pas de plan de subsistance. Il possède des systèmes strictement limités d’entretien de la vie, une réserve d’énergie restreinte, des ressources matérielles déterminées. Il transporte 3,600 millions de passagers et doit prendre à son bord les 8,000 nouveaux voyageurs qui s’y embarquent toutes les heures.
L’espace dont nous disposons, avec nos ressources de vie animale et végétale, est aussi fort réduit en réalité. La circonférence de notre navire spatial, à l’équateur, est de 25,000 milles, distance que franchit un avion à réaction en un peu plus de onze heures. Sa surface solide mesure environ 58 millions de milles carrés, et encore n’est-elle pas totalement habitable ni productive.
Sur cet astronef, les êtres humains n’existent et ne jouissent de la vie que grâce aux bontés de la nature : l’air, l’eau, la nourriture et les innombrables microbes, plantes et animaux qui transforment la matière inanimée de la terre en un tissu vivant étroitement coordonné.
Si notre navire est menacé d’une disette, les passagers se disputeront les vivres qui restent. Une pensée exprimée par Winston Churchill dans une allocution qu’il prononçait à Boston en 1949 évoque ce spectre à côté de celui de la privation : « Il est certain, disait-il, que l’humanité n’accepterait pas de mourir de faim dans l’égalité, et il pourrait y avoir de graves désaccords sur la façon de partager la dernière croûte de pain. »
Eviter l’extrémisme
L’extrémisme, même pour une bonne cause, est dangereux. Il porte les enthousiastes à commettre des excès. Il incite aux assertions exagérées, et, même s’il est démontré dans certains cas que celles-ci sont sans fondement, la tendance générale est de mettre dans le même sac toutes les mises en garde, y compris celles qui émanent des milieux autorisés, et de les jeter à la poubelle.
Le mot « conservation » est, malheureusement, devenu un terme à la mode, où l’on met tout ce que l’on veut changer ou ne pas changer dans l’environnement.
L’accord est presque unanime sur les points essentiels : la conservation est une bonne chose et la pollution de même que le gaspillage des ressources sont de mauvaises choses. À partir de ce principe les conjectures rayonnent dans toutes les directions, de sorte que l’on s’en prend non seulement à l’érosion et à l’empoisonnement de l’air, mais aussi à toutes sortes d’autres phénomènes inexpliqués ou désagréables qui sont imputés de quelque façon au gaspillage et à la contamination. L’excès d’enthousiasme est de nature à obscurcir les données fondamentales, données assez convaincantes et assez bien établies pour emporter la persuasion sans recourir à l’exagération.
Il faut dire cependant que sans les extrémistes que sont les inventeurs et les génies de tous genres, et sans les partisans acharnés de certaines causes, l’humanité n’aurait ni survécu ni accompli les progrès qu’elle a faits.
Il n’est nul besoin de nous tourmenter l’esprit au sujet de choses qui n’arriveront peut-être jamais, mais il est rien moins qu’intelligent de rejeter les avertissements contre des dangers confirmés.
Peu d’hommes de science estiment que les risques écologiques ont déjà atteint le point de non-retour. De même, peu d’entre eux nieront la possibilité bien réelle que cela puisse se produire. Il y a, dans les systèmes naturels, des seuils qui, une fois dépassés, semblent exclure tout rétablissement de la vie et de l’équilibre.
Les partisans sincères de la conservation ne tiennent pas à provoquer l’hystérie, mais ils respectent les craintes légitimes des personnes bien renseignées.
Ce que nous dit la science
Le message des hommes de science est que l’avenir de l’espèce humaine se trouve gravement mis en question. Voici quelques exemples des vues exprimées par des spécialistes qui n’ont aucun intérêt personnel, d’ordre politique ou économique, à promouvoir.
Dans une allocution prononcée à l’Université de Sherbrooke, le Dr D. O. Greek, de la Faculté de médecine de Harvard, disait devant 200 scientifiques et médecins en 1970 : « Si les méthodes volontaires de lutte contre la pollution échouent, il faudra forcément imposer des méthodes obligatoires… Ce serait là un état malheureux, une éventualité à laquelle, espérons-le, nous n’aurons pas à faire face. »
« À moins que l’homme ne modifie ses idées et son comportement, lit-on dans une brochure de l’École normale supérieure de l’Université de l’Ohio, son avenir dans cette biosphère devra peut-être se calculer en décennies. »
Un livre qui a reçu l’approbation de trente-trois personnalités scientifiques, Blueprint for Survival, en arrive à la conclusion qu’en suivant les tendances actuelles nous hâterons le jour où le monde s’immobilisera en grinçant dans un grandiose arrêt éco-catastrophique.
En présence de ces opinions, ainsi que de beaucoup d’autres émises par des personnes qui s’y connaissent, nier la nécessité de la conservation de la nature et de l’enraiement de la pollution, c’est se dérober à la réalité.
Et la technique ?
La science et la technique doivent être mises à contribution pour identifier, éviter et combattre les dangers qui menacent notre milieu et résoudre nos problèmes d’environnement.
Les progrès successifs qu’a connus la vie humaine, grâce à l’usage du feu, à la pierre taillée, à l’agriculture, à la domestication des animaux, à l’exploitation de l’énergie et à la construction des machines, ont conduit à la transformation de l’environnement. Mais on est allé trop loin dans cette voie, et les hommes doivent maintenant commencer à régler leur conduite de façon à harmoniser l’environnement naturel et l’environnement artificiel qu’ils ont créé.
Voici une question-clé : est-il possible de ramener l’impact de l’évolution technique à une cadence plus étroitement compatible avec la tolérance physiologique et psychologique de l’être humain en général et les possibilités de la nature ?
Les spécialistes en conservation n’ont pas pour tâche de changer le cours de la nature, mais de chercher à réaliser l’équilibre entre l’espèce humaine et son royaume, afin que tous deux puissent survivre. Ils savent que depuis l’origine de la vie sur la terre, des espèces d’animaux et de plantes ont disparu les unes après les autres à cause de leur incapacité de s’adapter au changement du milieu. Ils n’ignorent pas non plus que, si la tendance actuelle aboutit à une crise, ce ne sera pas seulement les plantes et les animaux inférieurs qui périront, mais aussi l’homme, qui en est si entièrement tributaire pour sa subsistance.
Certains adversaires de la conservation soutiennent que les écologistes sont contre le progrès technique. Ce que désirent les écologistes c’est que la technique tienne compte du fait fondamental qu’on ne peut pas badiner avec la nature. Ils s’efforcent également de s’assurer le concours de la technique, avec tous ses avantages, pour trouver les moyens d’ajuster notre comportement de façon à ne pas détruire la base de notre vie. Nous avons acquis des ressources scientifiques et techniques que nous pouvons, par une organisation intelligente, mobiliser pour résoudre quelque problème de conservation que ce soit : ce qui nous manque c’est la capacité politique et sociale de nous donner la main pour faire le nécessaire.
Le seul chemin à prendre
Il n’y a qu’un chemin à prendre : celui qui consiste à aller de l’avant, en utilisant les connaissances naturelles et acquises de l’humanité pour adapter l’homme à son milieu. C’est pour cette raison que l’Organisation des Nations Unies s’intéresse si vivement à la conservation. Elle seule possède les structures d’envergure mondiale grâce auxquelles il est possible de déclencher une réaction de coopération internationale devenue essentielle devant un pari planétaire.
Plus d’un millier de délégués des pays membres de l’ONU se sont réunis à Stockholm en juin dernier pour polariser l’attention des gouvernements et des individus sur les pressants problèmes matériels et sociaux que soulèvent la technique, l’industrialisation et la pression démographique. Le secrétaire général de cette importante conférence était M. Maurice Strong, ancien président de la Power Corporation, de Montréal. M. Strong est actuellement directeur du programme d’aide extérieure du gouvernement canadien.
Le document de travail des Nations Unies dit notamment que la pression démographique, la pollution et le pillage des ressources « ne peuvent pas se poursuivre indéfiniment sans mettre gravement en danger l’avenir de l’humanité tout entière. »
Ce sont là des paroles bien différentes de la « passion du beau » que certains groupements politiques et économiques considèrent comme le seul objectif des mouvements en faveur de la conservation.
Pourtant, il ne faut pas perdre de vue la notion de beauté. Il y a beaucoup de gens qui souhaitent vivre dans un coin paisible et fleuri de la campagne, mais ils n’en tolèrent pas moins que les rénovateurs se livrent à leur oeuvre d’épuisement et de pollution graduelle des ressources naturelles. Ils se laissent endormir par le spécieux argument du travail et des salaires qui en résulteront, des impôts que rapportera le nouvel aménagement et de tous les biens utiles que l’on pourra ainsi produire et vendre. Sous prétexte d’ajouter quelque chose à la vie, on laisse détruire les choses mêmes pour lesquelles on vit.
Nous ne pouvons pas non plus esquiver l’aspect économique de la question. Il nous faudra faire face à des augmentations d’impôt si nous voulons que les autorités municipales, provinciales et fédérales exécutent le nettoyage qui s’impose. Les prix monteront peut-être si l’industrie juge qu’il n’est pas en son pouvoir de supporter les frais des changements à opérer pour combattre la pollution causée par ses usines et le gaspillage des ressources occasionné par ses méthodes.
La plupart des municipalités reconnaissent le besoin, mais elles attendent leur quote-part des fonds provinciaux ou fédéraux. Elles sont peu portées à lever des impôts municipaux avant que l’opinion publique les persuade d’adopter des mesures de conservation.
La pollution est répugnante
Nous avons appris le mot « pollution » sur les bancs de l’école, mais aujourd’hui nous sommes nez à nez avec la chose, et elle nous apparaît aussi répugnante que la maîtresse l’avait dit. La vue, l’odorat et le goût nous en révèlent à tout instant les désagréments, nous rappelant que les déchets et les effluents engendrés par la modernisation de l’agriculture, l’industrie et la concentration urbaine empoisonnent les rivières, polluent l’atmosphère et recouvrent la terre.
Polluer, nous dit le dictionnaire, c’est rendre matériellement impur, souillé, malsain. Une partie de la pollution qui nous accable est un sous-produit inopportun et imprévu de la fabrication des biens et de la prestation des services que nous exigeons.
La pollution n’est pas simplement l’affaire des hommes de science et des techniciens, c’est aussi un problème d’intérêt social. La mesure dans laquelle nous laissons notre environnement se souiller est un indice qualitatif de nos normes culturelles et esthétiques. Le moins que nous puissions faire pour conserver notre dignité, c’est de procéder au nettoyage aussi vite que possible, en employant tous les moyens matériels, financiers et techniques à notre disposition.
Nous touchons là un secteur de la vie où les jeunes peuvent jouer un rôle dominant et créateur. La jeunesse est éprise d’idéalisme et aspire à la perfection. Elle veut des résultats immédiats. On trouve dans ses rangs des milliers de jeunes gens et de jeunes filles qui ne sont ni des révolutionnaires ni des anarchistes, mais qui cherchent à redresser ce qui est de travers dans le monde.
D’un bout à l’autre du pays, des jeunes participent déjà à la lutte contre la pollution et le gaspillage. Ils s’emploient diligemment à faire la collecte des déchets solides pour les recycler et à renseigner le public sur les mesures anti-pollution.
Le mot « recycler » est si nouveau qu’on ne le trouve à peu près dans aucun dictionnaire. Ce qu’il signifie essentiellement, c’est la réutilisation sans fin des ressources en vue de restreindre l’épuisement des richesses naturelles et d’aider à résoudre le problème apparemment insoluble de la destruction des déchets solides. En janvier dernier, une édition du Chicago Sun-Times a été entièrement imprimée sur du papier recyclé.
Education et information
L’éducation est le seul moyen de mobiliser toute une population éclairée et réfléchie en vue de la faire participer à des initiatives de ce genre. Il conviendrait de placer les enfants pour ainsi dire dès leur naissance dans une ambiance propre à les amener à une compréhension intelligente de leur rôle dans la nature et du respect qui est dû aux lois de la nature.
La Semaine nationale de la faune a souligné que l’enseignement de la conservation est une force de survie. Les écoles primaires et secondaires ne remplissent pas leur mission de préparation des jeunes à leur futur rôle de citoyens si elles forment des élèves écologiquement ininformés. Il ne peut pas en être ainsi si l’homo sapiens espère survivre.
La croisade entreprise pour triompher des détériorations que causent à notre mode de vie la pollution et le gaspillage des ressources ne s’adresse pas uniquement aux jeunes. C’est par hasard que les personnes d’âge mûr de cette année se voient aux prises avec des difficultés d’environnement. On n’en connaissait pas assez sur la pollution et les autres effets pernicieux de la technique pour donner l’éveil quand elles étaient jeunes. Mais ces mêmes personnes s’aperçoivent maintenant qu’elles vivent dans un milieu en état de dégradation rapide et qu’elles doivent collaborer au redressement de la situation.
La tâche de maintenir la place de l’homme au sein de la nature vivante n’est pas une chose à laisser entièrement aux soins des spécialistes. Ceux qui se consacrent aux travaux scientifiques et techniques ont besoin de l’appui des masses. Seul l’emploi le plus vaste des journaux, des services d’enseignement, du film, de la radio et de la télévision entraînera le public à apporter le concours nécessaire. La prise de conscience intellectuelle du besoin doit s’accompagner d’une action assez massive pour affronter la crise.
Le plan d’action des Nations Unies
Le plan d’action des Nations Unies fait état de la coopération et de l’effort scientifique requis au point de vue professionnel. Les scientifiques et les spécialistes possèdent des moyens impressionnants d’échange d’informations, comme les revues professionnelles. Mais cela ne déclenchera une action efficace que si le public est informé, en des termes qu’il peut comprendre, des questions en jeu, des dangers et des perspectives. C’est ce à quoi visent les principes directeurs des Nations Unies en nous rappelant que « l’enseignement à tous les niveaux, de l’âge préscolaire à l’université, devra se dérouler de façon à refléter la dimension environnement ».
Mais cela ne permettra pas de mettre les choses en branle assez tôt si l’on juge de l’urgence de la tâche par les opinions exprimées par de nombreux spécialistes au terme de longues années d’étude.
La reconstitution et la conservation des ressources naturelles du globe ne peuvent pas être remises à plus tard. Le bien-être du monde dépend de la mise en route, dès aujourd’hui, des mesures de réparation et de redressement rendues publiques à la Conférence de Stockholm. Les rivalités nationales et l’inviolabilité des intérêts de clocher doivent être mises de côté dans cet effort à l’échelle de la planète. Il faut que, dans tous les pays, les gouvernements prennent l’initiative d’établir et de promulguer des directives pour leurs citoyens. Il conviendrait même qu’ils présentent à leurs habitants des rapports périodiques exposant l’état de l’environnement, les perspectives de l’année à venir et les principales activités sur lesquelles il importe de mettre l’accent. La situation commande l’initiative individuelle au sein d’un vaste programme d’action.
Qu’est-ce que la civilisation ?
Le premier venu que l’on interroge dans la rue dira la plupart du temps et sans hésitation que l’espèce humaine représente la forme de vie la plus parfaite. Comment expliquer alors que les autres formes de vie se mettent à décliner chaque fois que l’homme s’empare d’une parcelle de la terre.
Certains estiment que la « civilisation » consiste dans la possession des choses. Or, le grand naturaliste français Jean Henri Fabre écrit dans ses Souvenirs entomologiques : « L’homme sera tué par les excès de sa prétendue civilisation. »
Nous devons nous acheminer graduellement vers une civilisation centrée sur la notion de l’unité de tous les êtres vivants. L’extinction dont l’humanité frappe les animaux et les plantes n’est ni normale ni morale, et pourtant ce sont là des épithètes que nous associons habituellement à la qualité de civilisé.
Même dans les pays à hauts niveaux d’abondance et de prospérité matérielle, comme le Canada, il existe des signes de plus en plus marqués de tension sociale, qui sont symptomatiques de l’insatisfaction de l’homme à l’égard de son sort et de l’absence de choix qualitatifs. Les personnes éclairées n’identifient pas la tranquillité et l’irréflexion avec ce que la vie a de mieux à offrir, mais elles recherchent la qualité de la vie. Elles visent à la perfection.
La vérité brutale
On dit que les péchés des parents retombent sur les enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième générations. Si donc les crimes écologiques de nos ancêtres doivent être expiés par les enfants de nos enfants, ce sera parce que nous les avons laissés impunis.
On peut faire bien des choses pour protéger et repeupler le monde que nous connaissons et pour cicatriser les blessures. Mais ce que nous faisons, il importe de le faire d’une façon appropriée à la grandeur de l’entreprise et non pas avec indifférence et sans enthousiasme.
La réforme n’ira pas sans inconvénient, mais ce n’est pas là un bien grand mal à supporter vu que nous avons le savoir, la science et les moyens techniques nécessaires pour accomplir cette tâche capitale. Y manquer serait un crime non seulement envers l’humanité tout entière, mais envers nous-mêmes.
Participer, d’une manière si modeste que ce soit, à la conservation du monde physique c’est nous offrir une occasion – qu’il serait impossible de trouver ailleurs – de nous faire une idée de première main des vérités éternelles. N’est-ce pas là de beaucoup préférable à la conduite de cet homme, qui, selon La Sagesse de Gibran, s’assit devant son feu et le regarda s’éteindre, puis souffia en vain sur les cendres mortes.
Il est manifestement impossible de réparer du jour au lendemain toutes les erreurs passées, mais il est possible de commencer à les rectifier sans délai et d’éviter que le pire de tous les problèmes ne surgisse à l’avenir.