À la famille d’aujourd’hui s’offre une des plus belles occasions de tous les temps d’oeuvrer efficacement à la survivance des vertus qui rendent l’homme vraiment humain : la justice, la liberté, l’amour, la prudence et le courage.
Toujours, depuis que la littérature d’imagination existe, les romans inspirés de la vie familiale ont compté parmi les livres à grand succès. Ils dépeignaient avec charme des personnages et des incidents de la vie bourgeoise, ainsi que des aventures pathétiques, humoristiques et amoureuses, où perçait une note mélodramatique chaque fois que surgissait un conflit entre le monde extérieur et la vie sentimentale et affective du cercle familial.
Les romans d’aujourd’hui suivent des chemins plus cahoteux. On a déchiré la carte sociale et rejeté comme arriérés les totems et les tabous claniques. Les humains doivent maintenant prendre des décisions sur la manière de diriger leur vie alors même qu’ils sont assaillis par une pléthore de théories psychologiques, économiques, sociales, éducationnelles et politiques de nature diverse.
Autrefois, les familles franchissaient le cours de la vie en suivant les ornières habituelles, l’élan et l’orientation se transmettant de génération en génération. De nos jours, elles sont forcées de choisir de nouveaux sentiers, d’accroître leurs responsabilités, d’affiner leurs vues et de reconstituer leurs forces.
Les parents se demandent avec une vive inquiétude comment préparer leurs enfants à passer à la maturité. Cela est normal, car c’est dans la famille qu’un enfant forme l’attitude qu’il aura envers la vie et c’est la famille qui détermine la façon dont il fera face aux problèmes et la mesure dans laquelle il réussira et trouvera le bonheur.
Mais les parents qui se font trop de souci au sujet de leurs enfants devraient examiner si ce souci n’est pas hors de proportion avec sa cause. Qu’ils se disent ceci, par exemple : tous les jeunes qui ont l’air original, bizarre ou malappris ne sont pas nécessairement atteints de perversion mentale ou morale. Le comportement qui déconcerte les parents n’est peut-être que la réaction normale d’un être humain sain et plein de vie devant une situation qui d’après son système de référence paraît intolérable.
Le chevauchement des générations
L’histoire de la vie comprend bien des chapitres. Il se peut que chaque chapitre se déroule calmement, racontant la vie d’une génération. Mais si les chapitres chevauchent, il y aura probablement des pâtés, des ratures et des corrections, car lorsqu’il y a chevauchement entre deux générations, aucune d’elles ne sait très bien quelle place elle occupe dans l’idée de l’autre. Chacune a été élevée dans un milieu différent et à une étape différente de l’évolution de la société.
Des innovations sociales et techniques vraiment spectaculaires sont venues modifier la structure et le style de notre manière de vivre. Les parents qui ont grandi dans la société prétechnique ne sauraient, sauf s’ils ont marché de pair avec les événements, voir les choses du même oeil que leurs enfants.
Ce n’est ni un crime ni une folie, d’un côté ou de l’autre, que l’expectative enflamme les opinions des enfants et que l’expérience tempère l’assurance des parents. L’aspiration au changement peut être bénéfique, comme la Renaissance et son renouveau artistique, sa largeur d’esprit, son énergie féconde, mais elle peut aussi être malsaine, par exemple si elle détruit avant de prévoir quoi construire ou qu’elle change tout sans songer aux conséquences. Jeunes et vieux ont besoin d’étude et de réflexion pour apprendre comment orienter et utiliser le changement de façon constructive.
La prééminence de la famille
Les conférences et les colloques nous démontrent qu’il n’est pas de question à laquelle la conscience de notre époque soit plus attachée que celle de l’obligation de sauvegarder la famille.
Un guide pour l’étude du Rapport de la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme au Canada, publié par le Conseil national des femmes en collaboration avec la Fédération des femmes du Québec, renferme ce passage : « Bien que d’autres organismes aient absorbé beaucoup de leurs fonctions, la Commission estime que le mariage et la famille demeurent des institutions toujours valables. Les êtres humains, enfants ou adultes, ont besoin d’éprouver un sentiment d’appartenance dans une étroite relation sociale avec les autres. »
Ce n’est pas assez de regarder la télévision ensemble. S’asseoir en cercle dans l’obscurité, les yeux rivés à l’écran lumineux, ce n’est guère le moyen idéal de jouir de la compagnie les uns des autres ou d’échanger des idées. Mieux vaut, de beaucoup, le repas en famille, où l’on se retrouve dans le bien-être et la détente. Si l’on mange à n’importe quelle heure ou si les parents et les adolescents prennent leurs repas à des heures et en des lieux différents, la vie familiale s’en trouve affaiblie non seulement dans ses liens d’affections, mais dans sa vitalité même.
C’est dans l’échange des idées au sein du cercle de famille que naît et croît la supériorité. Ce qui se passe dans ce sanctuaire détermine si ceux qui y prennent place deviendront des hommes et des femmes supérieurs, à l’esprit actif, à l’imagination disciplinée, aux opinions sensées et aux projets dynamiques.
Le malaise qui sévit actuellement est imputable en grande partie à un manque de sens de la qualité… de la qualité esthétique, de la qualité humaine et de la qualité morale. La famille offre une base qui permettra aux jeunes de percevoir ces qualités et d’apprendre à rechercher l’excellence.
Ce qui est surtout à craindre c’est le vide moral. Une personne peut être ignorante en politique, en littérature, en psychologie ou en d’autres sciences et disciplines sans trop nuire à la société ; mais si elle est ignorante moralement, elle corrompt la société.
Où l’enfant va-t-il apprendre la vertu sinon dans la famille ?. « Vertu » est un mot qu’on emploie trop rarement. Il est applicable à bien des pensées et des actes qui composent la vie quotidienne. Les vertus qui contribuent à nous donner la maîtrise de la vie et le bonheur qu’elle procure sont notamment : la justice, la sobriété, l’assiduité au travail, la sincérité, la modération, l’humilité, le discernement, le courage, la sagesse, la force d’âme et l’honnêteté. Ce sont là des qualités qu’aucun credo, aucun culte, aucun mouvement ne peut méconnaître impunément, et c’est pour la famille un devoir incontestable que de les entretenir.
La responsabilité des parents
Déclenchée (disent certains psychologues) par le sentiment de la culpabilité consécutif à la seconde guerre mondiale, une tendance nouvelle s’est dessinée qui consiste à s’efforcer de faciliter la vie à la jeunesse.
C’est une erreur, préjudiciable pour lui-même, que de laisser un adolescent se développer dans un vase clos de non-résistance. Parce que son opinion et ses désirs n’ont jamais rencontré d’opposition, il finit par avoir une foi inébranlable dans sa sagesse et une confiance bornée dans sa puissance.
Bâtir une famille dynamique en suivant un recueil de consignes serait une tâche difficile. Rien ne sert de babiller des conseils. Les enfants ne sont pas des objets d’enquête, d’analyse ou d’étude abstraite.
Une famille est un ensemble d’êtres humains agissant de concert, mais dont l’action n’a pas la rigidité de forme ni la relation de réciprocité prévisible qui caractérise les engrenages, les balais et les électroaimants d’une dynamo.
Les parents doivent être intelligents, avisés, raisonnables, compatissants et obligeants. Un homme et une femme doués de raison ne s’épousent pas simplement parce qu’ils consentent mutuellement à vivre en bon accord, à être patients et d’un commerce agréable. Ils assument des devoirs, notamment envers leurs enfants.
Il semble que la mère s’adapte plus facilement que le père à la fonction ahurissante qu’est celle de parent. Mais dans une famille dynamique, le père n’abandonne pas à la mère le soin d’élever les enfants. Son devoir ne se borne pas à leur fournir le gîte, le vivre et le vêtement.
Dans leur union, les parents doivent faire preuve de maturité émotive. Leur principal rôle, après avoir pourvu aux nécessités matérielles de leurs enfants, est de les entourer d’une affection compatissante, adjuvante et personnelle. Ils sont des modèles et des guides.
Tous les parents doivent s’attendre à des surprises, un peu comme le naturaliste à la recherche de fleurs sauvages dans la montagne qui tombe à l’improviste dans le repaire d’un grizzli. En cas de situation de ce genre, les parents ne se laisseront pas emporter par les sentiments, mais se demanderont ce qu’ils peuvent faire et agiront sans tarder dans le sens qui leur paraît le plus sage.
Les facteurs essentiels
Certains des facteurs qui contribuent à la qualité de la vie existeront déjà dans la famille ; d’autres devront être acquis. La personnalité, le sens des valeurs, la discipline et la tolérance comptent parmi ceux dont le besoin est le plus pressant.
Voici le grand problème qui se pose aux jeunes : il leur faut à un certain stade de leur développement prendre des engagements et accepter la responsabilité des conséquences.
À ce moment, il est indispensable qu’ils se connaissent eux-mêmes, et il est du devoir de la famille de les aider à établir utilement et sincèrement leur auto-appréciation. Le rôle des parents n’est pas de protéger l’enfant contre les chocs et la nécessité de l’effort et de la réflexion, mais de l’aider à acquérir de la force intérieure et de la compétence afin qu’au moment critique de la prise en main de sa destinée il ait l’assurance d’être à la hauteur de la tâche.
Quel que soit le nom qu’ils donnent à la chose, les jeunes sont à la recherche du bonheur. Et nous pouvons les aider à faire en sorte que leurs ensembles de valeurs s’agencent de façon à former un modèle de ce qui sera à leurs yeux un état heureux, exempt de médiocrité et de faux-semblant.
En plus de la sécurité, de la sympathie et de la sociabilité, la famille doit offrir à ses membres une ambiance de tolérance. C’est dans la famille que l’enfant s’initie à l’art de bien s’entendre avec les gens ainsi qu’aux vertus d’affection, de compassion et de sollicitude.
Les parents ont accompli quelque chose de très estimable s’ils peuvent se dire : « Nous avons élevé nos enfants sans jamais leur inculquer, par la parole ni par l’exemple, des préjugés contre les autres enfants pour des raisons de couleur, de race, de religion, de rang social ou de degré d’intelligence. »
La discipline
Au sein de toute famille bien organisée se retrouvent, sans que la chose soit odieuse, les freins et les contraintes qui constituent l’essence même du bon gouvernement. La discipline est nécessaire, non pas surtout parce qu’elle contribue à l’harmonie familiale, mais parce qu’il faut en faire l’apprentissage en tant que qualité indispensable dans toutes les carrières.
La discipline sans l’affection engendre le dépit : c’est par un patient et habile dosage de l’une et de l’autre que les enfants deviennent des adultes capables d’affronter leur milieu avec confiance, sang-froid et courage.
Il doit exister des règles dans la famille, mais il ne faut pas qu’elles soient nombreuses au point d’être oppressives. Les règles à appliquer avec fermeté seront celles qui se rapportent aux vertus cardinales : la justice, la prudence, le tempérance et la force.
Est-il jamais nécessaire de retirer le gant de velours de la main de fer ? Parfois, sans doute. Les paroles de miel ne sont pas toujours le meilleur moyen pour instruire et diriger. La tape dans le dos ne remplace pas nécessairement une bonne poussée.
L’emploi intelligent de la contrainte présuppose en principe le recours à la persuasion. Il importe d’abord d’essayer d’en venir à un accord sur ce qui est bien, mais l’action coercitive du gendarme est aussi nécessaire au foyer que dans la société.
Comment persuader un enfant qu’une action est mauvaise ? En lui exposant les faits tels qu’on les voit, en lui montrant les avantages qu’il y a à bien faire les choses et en lui conseillant d’agir en conséquence. Et après avoir fait appel à la persuasion ou à la contrainte, en oubliant la violation, c’est-à-dire en lavant la faute dans son affection. La faculté de pardonner est un attribut nécessaire du pouvoir de punir.
La vie dynamique
La famille est l’endroit par excellence où s’apprend l’art de la vie de solidarité. C’est là que germent et croissent la confiance mutuelle, la justice, le sentiment d’appartenance et de participation, la communauté de buts, le travail d’équipe, l’amitié et la foi en autrui. En un mot la morale familiale.
Les parents et les enfants auront intérêt à travailler ensemble aux problèmes et aux entreprises qui touchent le foyer. Confiez aux enfants un rôle véritable et utile dans la maison, non pas une fonction artificielle inventée pour donner une fausse impression de participation.
Que les enfants aient leur mot à dire dans la répartition des tâches. Si certains parents hésitent encore à former un conseil familial où tous les membres de la famille étudient les affaires du foyer, ils doivent au moins reconnaître l’utilité de consulter d’avance un membre de la famille sur les questions qui l’intéressent.
L’un des devoirs les plus pratiques des parents est d’encourager les enfants à s’exprimer, à faire connaître leurs espoirs, leurs désirs et leurs craintes. Cette habitude ne s’acquiert pas au hasard des confrontations ou des mises au point, où l’on exhorte les jeunes à dire tout. C’est une tâche de longue haleine, une expression jour après jour de notre conviction que l’enfant est l’un de nous et qu’il a des choses à dire qui méritent d’être écoutées.
Ecoutez avec une attention manifeste. Evitez la façon d’écouter où les choses entrent par une oreille et sortent par l’autre. Et ne considérez pas l’idée d’un enfant avec mépris, même si elle vous paraît absurde. Prenez le temps de la débattre, afin que l’enfant ait le sentiment d’être quelqu’un.
Louer le mérite
C’est le philosophe américain William James qui a dit : « Le principe le plus profondément enraciné dans la nature humaine est le désir de se faire apprécier. »
En plus d’être un bon moyen de rehausser l’idée qu’un enfant se fait de lui-même, le compliment est l’une des meilleures façons d’encourager quelqu’un à redoubler d’effort. Il est mesquin de lésiner sur les éloges de crainte que cela tourne la tête des enfants. Bernard Shaw observe avec justesse que « refuser un éloge mérité sous prétexte qu’il rendra vaniteux celui à qui il s’adresse est un acte aussi malhonnête que refuser de payer une juste dette de peur que le créancier ne fasse un mauvais usage de l’argent. »
Lorsqu’un enfant vous montre un travail qu’il a exécuté – quelques pouces de broderie, un jouet fait à l’établi, une page de devoirs – cherchez-y ce qui est digne d’éloges. Il n’y a pas sur terre de personnes plus malfaisantes que celles qui s’efforcent avant tout de chercher la petite bête.
Usez de diplomatie. Il est impossible à deux ou trois personnes de vivre longtemps ensemble sans être parfois en désaccord. La diplomatie est une technique, une espèce de code des bonnes manières ; c’est le sens commun systématisé.
On ne sert pas de médiateur entre des enfants qui se disputent en agissant comme une force de maintien de la paix. C’est bien plutôt en recherchant avec soin les tenants et aboutissants de la question et en s’en tenant fermement au principe qu’il importe de faire ce qui est juste et bon.
Une manière très positive de préparer les enfants à la vie est de les habituer à viser haut quand il s’agit de se faire des amis. Il convient que les parents encouragent les amis de leurs enfants à venir à la maison. Si ceux-ci sont bien accueillis et si les jeunes disposent d’un local approprié pour étudier ensemble, jouer, causer, faire de la musique, les parents n’ont pas à se tracasser l’esprit au sujet des rendez-vous secrets ou de carrefour.
Les domaines où doivent s’exercer les soins des parents embrassent l’alphabet de « A » comme amusement jusqu’à « T » comme travail. Dès ses premières années d’école, l’enfant commence à prendre conscience du monde du travail. Ce qu’il entend dire au foyer à propos du travail de son père et de sa mère influera sur l’orientation de ses idées et de ses opinions. Si ses parents se plaignent sans cesse des misères du travail, l’enfant en viendra à détester la notion de travail ; par contre, s’ils manifestent une attitude confiante envers le travail, l’enfant aura hâte d’avoir l’occasion d’offrir le concours de son travail … et tout travail est un apport à la société.
Quand ils seront grands, le petit garçon ou la petite fille d’aujourd’hui travailleront peut-être dans un métier qui n’existe pas encore. La meilleure préparation que puissent leur donner les parents, ce sont des principes qui demeureront valables quel que soit leur milieu d’activité.
Les devoirs des jeunes
Le devoir de rendre la vie de famille agréable et stimulante n’incombe pas uniquement aux parents. En réalité, les jeunes jouent un grand rôle dans la dynamisation de la famille. La « participation aux bénéfices » leur confère le droit et le privilège d’apporter leur contribution.
Il n’est pas dans l’ordre que les parents acceptent d’être des oubliés. Ils ont consacré bien des années de soins attentifs à leur progéniture, et la civilité élémentaire – même en l’absence d’affection – exige que l’on se souvienne d’eux et de leurs intérêts.
La notion de devoir, la joie d’aider ceux que nous aimons, la reconnaissance envers les vieux qui, dans le temps, nous ont pardonné nos offenses et ont présenté l’autre joue à notre insolence, tout cela est généralement qualifié de « sentimentalité ». Mais l’antique commandement retentit encore, au milieu des éclairs, sur le Sinaï, enjoignant aux hommes d’honorer leurs parents, même si parfois la raison semble les abandonner.
La jeunesse sera prête, en temps voulu, à prendre la relève. Malgré tout le tapage qui se fait aujourd’hui autour de leur comportement, il convient de remarquer que la plupart des jeunes, au Canada, se préparent comme il faut à aborder la maturité. L’enthousiasme avec lequel ils épousent les bonnes causes est une qualité qu’ils doivent s’efforcer d’appliquer à la vie de famille, car celle-ci est une grande et noble cause.
Les jeunes parlent beaucoup, à l’heure actuelle, des droits de l’homme – et c’est un sujet qu’il y a lieu d’étudier – mais est-il besoin de rappeler que le précepte de la charité chrétienne demeure toujours la plus grande déclaration des droits de l’homme de tous les temps ? Il n’a pas son origine dans les manifestations et les campagnes tapageuses, mais dans le calme et le silence de l’esprit de l’homme. Il fleurit dans le sol fertile du milieu familial.
Le devoir des jeunes en toutes circonstances – à la maison, à l’école, au terrain de jeux, au travail – tient en une formule assez simple : ils ont le devoir de faire de leur mieux.
Un enfant peut avoir en lui tout ce qu’il faut pour être un élève de talent digne de se classer parmi la très petite minorité des hommes supérieurs, celle où se recrutent les poètes, les philosophes, les hommes de science, les hommes d’Etat, les grands industriels, les musiciens et les artistes. Mais si l’on introduit dans l’esprit de cet enfant quelque chose de nature à l’amener à perdre son temps à l’école ou à abandonner ses études, c’est toute la société qui est privée d’une valeur.
Dans une famille dynamique, les parents suggéreront, sans insister, qu’ils s’attendent à voir leurs enfants faire tout leur possible. Selon une enquête faite dans les écoles secondaires de Toronto, vers 1955, les parents des élèves qui ne donnent pas leur plein rendement ont tendance à afficher une attitude neutre ou inintéressée à l’égard de l’instruction, à faire preuve d’un excès d’inquiétude ou de sollicitude pour leurs enfants, ou encore de manquer de logique dans leurs rapports avec eux.
Des gens comme il faut
L’expression « gens comme il faut », vieille façon de parler que l’on n’entend guère aujourd’hui, caractérise bien les membres de la famille idéale. Elle désigne des personnes qui se distinguent par la noblesse de leur âme, de leurs manières et de leur conduite, et dont le caractère est exempt de toute aspérité.
Être comme il faut dans la vie familiale, c’est tout simplement ne pas être vil ni mesquin ; ne jamais tirer injustement avantage de sa force ou de sa faiblesse ; ne pas prendre les paroles acerbes pour des arguments ; avoir des opinions arrêtées tout en respectant ceux qui pensent différemment ; être pleins d’égards pour les autres ; être large dans ses jugements et modeste dans son maintien.
Nous pouvons trouver dans la famille la cellule harmonieuse et bien équilibrée qui nous permettra d’échapper au courant où semble dériver la société en général, courant qui conduit à la catastrophe, sinon au désastre le plus complet. Sauver la famille et en faire le centre dynamique de l’amélioration dans le monde, c’est une cause assez grande pour mobiliser, dans un élan d’enthousiasme, l’intelligence et l’énergie des parents et des enfants.
La vraie famille n’est pas passive, elle ne se contente pas d’exister. Elle est dynamique par définition, et chacun de ses membres a à penser à autre chose et à quelqu’un d’autre qu’à lui-même. Jouer un rôle dans une famille authentique n’est-il pas cent fois plus intéressant que de regarder les histoires romancées de la vie familiale que nous présente la télévision ?