Au Canada, des milliers de personnes bénéficient, chaque année, des services offerts par les institutions groupées sous le signe de la croix blanche, emblème de l’Ordre vénérable des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Cet ordre est aujourd’hui mieux connu du public sous le nom d’Ambulance Saint-Jean.
Les hommes et les femmes en uniforme, portant à l’épaule la croix à huit pointes, que l’on voit circuler lors des défilés, des compétitions sportives et des réunions publiques, perpétuent par leur dévouement une tradition vieille de quelque neuf cents ans. Ce sont des bénévoles, formés et équipés en vue d’assurer les premiers soins à quiconque pourrait être blessé ou se sentir souffrant. Ils accomplissent cette oeuvre humanitaire sans autre récompense que la satisfaction de porter secours à autrui.
Leurs services pacifiques sont le prolongement d’un mouvement d’ordre militaire né il y a plusieurs siècles sur les bords de la Méditerranée orientale. Les chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean combattirent en Terre-Sainte pour la défense de la liberté et de la chrétienté, et, installés successivement à Chypre, à Rhodes et à Malte, ils dominèrent pendant quatre cents ans la Méditerranée.
L’histoire de l’Ordre, depuis sa création en Terre-Sainte jusqu’à sa participation au Centenaire de la Confédération canadienne, est retracée en détail dans La Croix blanche au Canada, Montréal, Harvest House, 1967. Ce volume, fort bien illustré et dont s’inspire largement le présent Bulletin, est l’oeuvre du colonel G. W. L. Nicholson.
Les chevaliers de la Croix
Le dévouement pour les oeuvres de compassion que manifestent les membres de l’Ambulance Saint-Jean sur les pistes de ski, parmi les foules, en cas de sinistre et dans la vie de tous les jours ne saurait être apprécié à sa juste valeur sans faire un retour sur l’histoire des plus colorée et des plus palpitante d’intérêt de l’ordre dont cette association est issue.
À divers moments de leur existence, les membres de l’Ordre prennent le nom de chevaliers hospitaliers, de chevaliers du saint sépulcre et de chevaliers de Malte. Leur origine se situe en Palestine, au milieu du XIe siècle ; ils ont alors pour mission de secourir et de protéger les pèlerins qui visitent le tombeau du Christ.
Dans la Cité sainte, les croisés blessés et malades sont soignés dans un ancien hôpital fondé en l’an 600 en tant qu’hospice pour les pèlerins. Cet établissement est détruit quatre cents ans plus tard par le calife fanatique El Hakim. De pieux marchands de la république d’Amalfi, puissant État maritime du moyen âge, qui n’est plus qu’une petite ville, reconstruisent et agrandissent cet hôpital. Les moines qui le desservent adoptent l’emblème d’Amalfi, une croix blanche à huit pointes sur fond noir, que l’Ordre de Saint-Jean conserve toujours comme insigne.
Les croisés délivrèrent le directeur de l’hôpital des mains des musulmans en 1099, et, sous son autorité, la garde de l’hôpital passa à un groupe de chevaliers qui, las de répandre le sang, se consacrèrent aux oeuvres de charité. Ils se constituèrent en une congrégation monastique, liée par les voeux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance.
L’hôpital de Jérusalem prend place, en 1882, dans l’histoire moderne en se transformant, par les soins de l’Ordre, en une institution appelée « Hôpital ophtalmique de Saint-Jean de Jérusalem » et dont la spécialité, comme son nom l’indique, est le traitement du trachome et d’autres maladies des yeux fréquentes dans les pays du Moyen-Orient.
Détruit de nouveau à deux reprises – au cours de la première guerre mondiale et pendant les troubles israélo-arabes qui suivirent la seconde – l’hôpital dispose maintenant d’un immeuble entièrement moderne, parachevé en 1960. On y traite en moyenne 63,000 malades par année, et le nombre des grandes opérations y est de quelque 5,000. L’hôpital possède une banque des yeux ainsi qu’une école pour les médecins et les infirmières arabes.
Les soins y sont toujours gratuits. L’Ordre de Saint-Jean reste fidèle à son engagement de secourir tous les nécessiteux « sans distinction de race, de classe ou de croyance ».
En Europe, les chevaliers de l’Ordre ne réussissent pas en tant que force militaire à s’adapter aux conditions de combat du XIXe siècle, mais leur réputation de bravoure au feu et leur dévouement au service des blessés et des malades les amènent à se distinguer dans un autre rôle. Les champs de bataille européens ont besoin de services de santé organisés, et le service d’ambulance de campagne fourni par l’Ordre de Saint-Jean pendant la guerre de Crimée et la guerre franco-prussienne est salué par des acclamations.
En 1888, la Reine Victoria accorde une charte royale à l’Ordre, dont elle assume le titre de chef souverain. Ce titre appartient aujourd’hui à la reine Elizabeth II, et le grand prieur de l’Ordre est S.A.R. le duc de Gloucester. Depuis la fin du XIXe siècle, l’Ordre s’est étendu à plusieurs pays du Commonwealth, où il poursuit son oeuvre humanitaire grâce aux activités de ses trois organismes : l’Association ambulancière Saint-Jean, la Brigade ambulancière Saint-Jean et l’Hôpital ophtalmique de Saint-Jean. C’est le plus ancien ordre de chevalerie du Commonwealth.
Au Canada
La croix à huit pointes de l’Ordre de Saint-Jean s’est portée au Canada dès le XVIIe siècle. Il fut même un temps où toutes les colonies françaises d’Amérique étaient gouvernées par des chevaliers de Malte.
C’est en 1883 toutefois que l’Ordre inaugura son oeuvre d’assistance. Aujourd’hui, il existe des branches de l’Ambulance Saint-Jean dans la plupart des localités, et la Brigade compte plus de 12,000 membres.
Un grand pas fut accompli en 1934 avec la création de « La Commanderie canadienne du Grand Prieuré du Royaume britannique de l’Ordre vénérable de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem », bureau destiné à prendre en charge toutes les branches de l’oeuvre de la Saint-Jean au Canada. En 1946, l’organisation canadienne, élevée au rang de Prieuré, devenait la plus haute branche de l’Ordre hors de la Grande-Bretagne.
Au-dessous du niveau du siège national, les éléments de l’Ordre sont administrés par des conseils provinciaux. Ceux-ci sont chargés de dispenser l’instruction par l’entremise de l’Association et d’assurer les services bénévoles par l’entremise de la Brigade.
Plusieurs organismes patronnent les activités de l’Ordre. Citons entre autres la Confrérie canadienne des dames de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, fondée en 1937, et le Fonds Margaret MacLaren, établi en mémoire de Margaret MacLaren, surintendante en chef de la Brigade ambulancière Saint-Jean de 1946 à 1963.
Les deux guerres mondiales
En août 1914, l’Association ambulancière Saint-Jean se voyait confier la tâche d’organiser et de former des détachements d’aide bénévole pour le service de guerre, avec le concours d’un personnel recruté parmi les membres de la Brigade ambulancière Saint-Jean.
À la fin des hostilités, 200,000 membres du Corps expéditionnaire canadien avaient été initiés aux importants principes des premiers soins et plus de 61,000 personnes au Canada avaient reçu l’instruction préparant au certificat de la Saint-Jean.
Un hôpital de 520 lits, pourvu en personnel par la Brigade, fut mis sur pied par l’Association canadienne à Étaples en France. C’est au Dr Cluny Macpherson, membre distingué de l’Ordre, que nous sommes principalement redevables de l’invention du premier casque respiratoire efficace, qui protégeait le combattant contre les gaz sans l’immobiliser.
Lorsque la guerre éclata de nouveau, en 1939, des milliers de personnes affluèrent aux cours de premiers secours et de soins à domicile en vue d’acquérir la préparation nécessaire pour participer à la défense passive ou à d’autres activités du temps de guerre.
Il avait été entendu, dès la déclaration des hostilités, que la Société de la Croix-Rouge se chargerait de la collecte et de la distribution des fonds et des fournitures alors que l’Ordre de Saint-Jean assurerait la formation aux premiers soins de tout le personnel masculin requis pour le service de guerre. Une liaison encore plus étroite devait s’établir entre les deux organismes, en 1943, année ou se réunit pour la première fois, sous la présidence de Morris W. Wilson, président de la Banque Royale du Canada, la Commission mixte de l’Ambulance Saint-Jean et de la Croix-Rouge.
Plus de trente hôpitaux et centres de convalescence d’Angleterre et d’Écosse comptaient des « ambulanciers » canadiens au sein de leur personnel pendant la guerre ; les membres de l’Association ont aussi apporté leur assistance bénévole aux hôpitaux installés sur les côtes canadiennes, où étaient acheminés des centaines de marins ; des chauffeurs de camions recrutés au Canada servirent dans plus d’une douzaine d’unités ambulancières en Grande-Bretagne, et vingt jeunes filles de l’Ambulance Saint-Jean furent affectées à divers services de transport en France, en Belgique et en Allemagne.
Au Canada, l’Ordre connaît dans le même temps une expansion constante. Halifax et Vancouver sont les deux principaux centres d’activité, le premier à cause de la nécessité de donner des soins aux victimes de la bataille de l’Atlantique, le second en raison de la guerre en Extrême-Orient.
Actions remarquables en temps de paix
Les Canadiens ont tout lieu d’être impressionnés devant les interventions aussi rapides qu’efficaces des ambulanciers Saint-Jean dans les cas de sinistre. Les membres de la Brigade se sont distingués par la qualité de leurs services à l’occasion des explosions, des blizzards, des ouragans, des incendies, des effondrements de bâtiments, des collisions ferroviaires, des inondations et des calamités de toutes sortes.
L’explosion d’Halifax, en 1917, causée par l’abordage d’un transport de munitions et d’un cargo, dévasta un demi-mille carré de la ville, faisant 1,630 morts et 5,000 blessés. Toutes les salles, écoles et églises se transformèrent alors en hôpitaux de secours ou en postes de premiers soins, dotés d’un personnel composé de chirurgiens et d’infirmières, ainsi que de membres des divisions de l’Ambulance Saint-Jean.
Parmi les sinistres où l’assistance de la Saint-Jean s’est révélée particulièrement précieuse, il convient de citer la tornade qui rasa un grand nombre de maisons dans la région de Windsor et qui laissa dans son sillage dix-sept morts et une centaine de blessés ; l’explosion qui démolit un silo à grain à Port-Arthur, faisant vingt morts et de nombreux blessés ; l’incendie qui détruisit un bateau de croisière à Toronto et dans lequel 121 personnes perdirent la vie ; l’incendie à bord d’un navire, à Sarnia, où 150 personnes furent blessées ; l’explosion dans une mine de Springhill, qui entraîna la mort de cinq employés et en laissa 118 ensevelis sous terre ; la tempête de pluie qui prit par surprise 150,000 personnes réunies sur l’île Sainte-Hélène, à Montréal, et parmi lesquelles 1,425 durent recevoir des soins ; l’écrasement d’un avion près de l’aéroport de Toronto, où les secouristes et les infirmières arrivèrent sur les lieux 20 minutes après l’accident ; l’affaissement de terrain de Saint-Jean-Vianney, où il ne fallut qu’une heure pour dépêcher dix ambulanciers sur place.
Dans tous ces cas, les spécialistes de la Brigade et de la Division infirmière, fidèles aux principes de leur Ordre séculaire, se montrèrent infatigables dans leur mission de charité, sauvant des vies, dispensant premiers secours et soins infirmiers et réconfortant les survivants.
Les unités de l’Ordre
L’Ordre de Saint-Jean, tel que le connaît l’homme de la rue, assure fondamentalement deux sortes de service. Celui de la Brigade, composée de membres portant l’uniforme lorsqu’ils sont de service. C’est un groupe discipliné et bien exercé d’hommes et de femmes. Le second service est celui de l’Association ambulancière, qui forme chaque année 250,000 personnes recrutées parmi le public à l’art du secourisme des soins à domicile, des soins aux enfants, ainsi qu’à diverses activités connexes. La Brigade quant à elle comprend des divisions ambulancières (hommes), des divisions infirmières (femmes) et des divisions cadettes (jeunes).
Les membres des divisions infirmières se souviendront peut-être qu’au XVIIe siècle les chevaliers de Malte connaissaient une certaine forme de service infirmier. Les infirmières d’alors avaient pour mission d’accompagner les chevaliers dans leurs tournées, d’apporter des provisions aux malades et aux pauvres, de veiller à ce que les malades reçoivent les soins et les médicaments voulus et que les médecins chargés de les visiter accomplissent leurs devoirs.
Aujourd’hui, les fonctions de la division infirmière ont changé, mais elles n’en sont pas moins éprouvantes. Lorsque les explosions de l’arsenal maritime secouèrent Halifax et Dartmouth, ce fut l’alarme générale, et les divisions infirmières durent se surpasser pour calmer l’effroi de la population. L’histoire officielle des services de santé canadiens leur rend cet hommage : « Le rôle joué par le personnel infirmier de l’Ambulance Saint-Jean parmi les femmes et les enfants fut remarquables. C’est une nouvelle preuve de son mérite persistant que ses services aient été mobilisés sans délai au moment où le besoin était le plus pressant. »
Par suite de la rareté des lits d’hôpital, qu’il faut conserver pour ceux qui en ont le plus besoin, l’Ambulance Saint-Jean s’occupe aussi activement à l’heure actuelle du soin des malades à domicile. Un manuel très pratique, intitulé Le soin des malades à domicile, a été publié par l’Ordre il y a quelques années.
Les premiers secours dans les entreprises industrielles
L’Ambulance Saint-Jean assure l’enseignement des premiers soins dans les entreprises industrielles. Dans les camps de bûcherons de la Colombie-Britannique des cours de premiers soins sont donnés non seulement aux hommes, mais aussi à leurs femmes et à leurs enfants. Les équipes de forage de puits de pétrole reçoivent aussi cette formation. Des milliers d’employés en bénéficient dans l’industrie minière, et les cours sont également dispensés aux membres de la marine marchande.
Beaucoup de grandes industries et de services publics importants possèdent depuis plusieurs années leur propre centre de l’Ambulance Saint-Jean. C’est le cas du National et du Pacifique canadiens, de la Bell Canada, de la Northern Electric, de la Gendarmerie royale du Canada, des Forces armées et du gouvernement fédéral. Au Pacifique canadien, par exemple, où ce service a été inauguré il y a 63 ans, avec une classe de 23 personnes, 14,414 employés ont suivi les cours en 1971.
Des enquêtes ont révélé que les cours de premiers soins donnés dans les entreprises industrielles étaient d’une grande utilité pour les familles des employés.
Ainsi, les employés des deux sexes de la Bell Canada qui avaient suivi les cours de l’Ambulance Saint-Jean ont connu moins d’accidents en dehors des heures de travail que le reste du personnel. À Orillia, les recherches indiquent une importante augmentation du sens de la sécurité à la maison et dans la rue.
« Sauvez une vie »
De toutes les initiatives prises par l’Ambulance Saint-Jean au Canada, aucune n’a frappé aussi vivement l’imagination du public ni eu autant de succès que le programme « Sauvez une vie ». Lancé en mai 1954 pour encourager les gens à apprendre la respiration artificielle à titre de précaution contre les dangers de noyade, ce cours spécial a été dispensé à un million et demi de personnes. Il consiste en leçons de deux heures sur les méthodes de respiration artificielle, qui sont offertes dans les petites et les grandes villes du Canada.
Les connaissances ainsi acquises sont particulièrement utiles dans les accidents causés par les chocs électriques, les noyades et les émanations d’oxyde de carbone. Dans de telles éventualités, il existe ordinairement un court intervalle où la respiration spontanée ayant cessé, la vie peut être sauvée grâce au recours rapide à la respiration artificielle. Le cours établi par l’Ambulance Saint-Jean a contribué à montrer à des milliers de personnes à administrer ce genre de premier secours et à sauver de multiples vies.
Là où s’assemblent les foules
L’une des principales fonctions de la Brigade ambulancière Saint-Jean est de maintenir un groupe d’hommes et de femmes bien exercés à assurer les premiers secours aux malades et aux blessés. La vue des membres en uniforme de la Brigade est devenue un spectacle familier dans tous les lieux ou les circonstances où se réunissent de grandes foules.
Le Festival de Stratford nous révèle des détails intéressants sur le travail du secouriste. Après avoir énuméré 38 sortes d’accidents, l’auteur d’un rapport rédigé à cette occasion ajoute : « Nous avons beaucoup de cas d’évanouissement chaque année. En faisant notre diagnostic, nous nous demandons s’il s’agit d’une pièce sanglante. Certains spectateurs, naturellement émotifs, sont fortement impressionnés par le jeu des acteurs. D’autres deviennent totalement envoûtés ; s’identifiant à un comédien en particulier, ils réagissent à tout ce qu’il fait, jusqu’au point de s’effondrer avec lui. »
Deux membres de l’Ambulance Saint-Jean furent blessés et 68 malmenés, au Forum de Montréal, par des adolescents déchaînés qui cherchaient à s’approcher des « Rolling Stones ». Tout de même, les ambulanciers traitèrent trente personnes victimes d’incidents divers depuis l’hystérie jusqu’aux coupures et aux contusions, et contribuèrent à conjurer ce qui aurait pu dégénérer en une grave bagarre.
Au Festival de Rockhill, en Ontario, trois unités mobiles comprenant 12 membres de la Brigade travaillèrent 24 heures par jour et s’occupèrent de 500 personnes. Durant le festival « Pop » de Manseau, au Québec, soixante membres de la Brigade demeurèrent de service trois jours et trois nuits et traitèrent 135 malades.
À la Brigade de Montréal revient l’honneur d’avoir inauguré un nouveau champs d’action, en 1928, en dépêchant des équipes, durant les fins de semaine, dans les stations de ski des Laurentides pour assurer les premiers secours aux skieurs blessés sur les pistes. En plus de leur certificat de secourisme, tous les membres de la patrouille de secours aux skieurs possèdent une excellente connaissance du ski et de la façon de s’y prendre pour manoeuvrer, sur les pentes les plus raides, un traîneau transportant un blessé. Le tout dernier service créé par la Brigade est la mise sur pied de divisions de motoneiges.
Du moyen âge aux temps modernes
Comme l’emblème original de l’époque médiévale, l’esprit de dévouement de l’Ordre et sa considération pour la vie humaine ont survécu jusqu’à nos jours ; seuls les moyens et les circonstances ont changé.
Le colonel Nicholson nous dit dans son ouvrage que les quatre branches de la croix blanche représentent les vertus chrétiennes de prudence, de justice, de tempérance et de force. Les huit pointes symbolisent les huit béatitudes du sermon sur la montagne, qui découlent de ces vertus.
Tout en demeurant convaincus que les principes de l’ancienne Fraternité sont valables encore aujourd’hui certains membres de l’Ordre désirent en adapter davantage la pratique au cadre de la vie quotidienne. Le premier lauréat d’un concours de composition organisé chez les adolescents du Manitoba posait la question suivante : « Pourquoi la Saint-Jean ne deviendrait-elle pas une des choses dans le vent pour les étudiants ? » Le second lauréat affirmait que des réunions plus amicales, comme la pratique du tobaggan, le patinage ou la dégustation de fondues pourraient renforcer les liens de camaraderie.
Ainsi que le signalait un article des Nouvelles de la Saint-Jean, publication officielle de l’Ambulance Saint-Jean au Canada, on s’accordait à dire que si l’Ordre de Saint-Jean veut continuer à prospérer, il doit aller vers les gens et leur apporter des programmes intéressants spécialement conçus pour des couches bien déterminées de la population.
Parmi les suggestions des concurrents figuraient : des cours spéciaux de soins aux enfants pour les futures ou les nouvelles mères ; un cours spécial de premiers soins pour les jeunes mariés ou les couples ayant des enfants en bas âge et partant exposés aux accidents ; des cours de soin d’urgence pour les chauffeurs de taxi, les voyageurs de commerce, les employés d’hôtel, les garagistes des grandes routes et les camionneurs ; l’enseignement des notions élémentaires du soin des malades à domicile par l’entremise des grands moyens d’information.
Il conviendrait d’accorder plus d’attention, écrivaient les jeunes rédacteurs, à la nécessité de sensibiliser le public en général à l’oeuvre de la Saint-Jean. Le formalisme, disaient-ils, doit disparaître, si l’on veut encourager le libre jeu de la communication au sein de l’organisation.
Une chose est évidente : il se manifeste chez les jeunes un vif désir de rendre service aux autres, et ces jeunes trouvent dans la Saint-Jean une occasion d’exprimer leur bonne volonté, leur dévouement et leur civisme.
Par les services qu’il offre au public, l’Ordre de Saint-Jean est assurément de notre temps. Il fournit aux citoyens de tout âge, du louveteau et de la jeannette jusqu’à l’octogénaire, la possibilité à laquelle chacun aspire : celle d’être utile aux autres hommes.