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Cent trois ans se sont écoulés depuis que le Canada a rassemblé ses provinces en une seule famille nationale. Dans l’intervalle, ce pays a appris beaucoup de choses qu’il ignorait alors totalement, et il a aujourd’hui des vues différentes sur bien des points. Mais il y a un de ses objectifs qui ne change pas : celui de favoriser le bien-être de la population suivant un même code de bienséance, de liberté, d’égalité et de fraternité.

Il existait des raisons évidentes pour réunir les Canadiens en une fédération. C’est par cette réunion que devait se réaliser la coopération destinée à les protéger et à leur permettre de se donner les moyens matériels nécessaires pour assurer leur survie. L’entreprise parut d’abord au-dessus de leurs forces, mais ils réussirent par leur intelligence, leur patience, leur détermination inébranlable et leur bonne volonté à surmonter les obstacles.

La question la plus importante qu’un pays puisse se poser au cours de son existence est celle de savoir s’il a établi une norme permanente en rapport avec ses objectifs initiaux.

Notre code implique que nous nous sommes fixé un certain idéal à atteindre comme société et comme individus. Si nous ne l’avons pas encore réalisé parfaitement, nous avons au moins réussi dans une certaine mesure à en confirmer les qualités, qui sont : les normes de moralité, esprit d’humanisme qui met l’accent sur la dignité de l’homme ; la croyance en la mise à l’essai des idées comme voie la plus sûre pour trouver la vérité ; le règne du droit ; la foi démocratique dans la liberté, l’égalité et la fraternité.

Le Canada n’est pas une société utopique. Les États idéaux inventés par les philosophes et les utopies imaginées par de nombreux écrivains ne se sont jamais réalisés parce que leurs auteurs n’offraient pas les moyens pratiques de concrétiser la société heureuse qu’ils décrivaient.

L’idéal canadien est d’édifier une société démocratique dans laquelle les hommes savent se gouverner et sont libres de se perfectionner dans toute la mesure de leurs talents et de leur énergie.

Ressources et diversité

Le Canada dispose de deux avantages essentiels : ses ressources naturelles et la diversité de sa population.

En regardant leur immense pays et ses multiples possibilités de développement, les Canadiens ont parfois l’impression d’être des nains qui jouent sur une scène faite pour des Titans. Ils ont tout ce qu’il faut pour bâtir une grande nation : il leur reste à arrêter un plan, à concevoir la charpente de l’édifice et à établir des normes de qualité.

La diversité de la population canadienne n’est pas un obstacle, mais plutôt un élément favorable à cette entreprise. C’est par leur diversité que les hommes se distinguent des robots. Il est de la nature même de la démocratie de réunir dans une communauté d’intérêt des hommes et des femmes d’opinions et de talents variés, afin de leur permettre de réaliser des choses grandes et originales.

Les gens civilisés acceptent que leurs voisins aient des idées différentes des leurs. Ils sont exempts de la maladie de l’esprit dont le symptôme consiste à manifester une intolérance acharnée pour les opinions des autres. Leur juste appréciation des bienfaits de la variété leur épargne l’erreur de provoquer des fissures de mésentente entre les groupes et les individus. S’il se produit malgré tout des lézardes, ils s’empressent d’en relier les bords. Lorsque les Romains et les Sabins voulurent les uns et les autres que le roi fût choisi parmi eux, on accepta un compromis : le roi serait un Sabin, mais il serait élu par les Romains.

Il est difficile d’établir des lignes de démarcation rigoureuses en jugeant entre deux opinions. Si deux personnes regardent un arc-en-ciel, l’une verra peut-être une série de couleurs distinctes juxtaposées, tandis que l’autre percevra des couleurs qui se fondent entre elles, sans qu’aucune limite précise n’indique où finit une couleur et où une autre commence.

Il en est ainsi dans l’édification d’une nation. Des citoyens divers conçoivent leur bien-être de façon différente, et il n’existe pas de recette unique que tous ressentiraient l’obligation de suivre.

Une nation survit dans la mesure où ceux qui la composent sont capables d’apporter l’appoint de leurs qualités pour atteindre des fins communes. Leur action ne se borne pas à coexister – et si la coexistence est aujourd’hui un besoin mondial, combien plus nécessaire n’est-elle pas au sein d’une collectivité ou d’une nation ? – elle va jusqu’à la coopération. Ils savent, comme Gitche Manito le dit aux tribus dans le Chant de Hiawatha, de Longfellow, que « toute leur force est dans leur union et tout leur péril dans la discorde ».

La liberté démocratique

Être Canadien est un précieux avantage. C’est faire partie d’un pays indépendant, qui crée et façonne son propre code et qui trace sa propre route. D’un pays qui croit au principe selon lequel on juge une personne par la compétence, la responsabilité et la valeur personnelle dont elle fait preuve. Mais ces nobles principes supposent des citoyens instruits, doués de maturité et épris de liberté pour les soutenir et les enrichir.

La « liberté » est un mot prestigieux, mais qui demande à être bien compris. Elle implique une claire perception intellectuelle du fait que la raison, et non la passion ou l’intérêt personnel, a le droit de restreindre la liberté et de dicter l’action des hommes.

« On confond souvent la révolte avec la liberté elle-même, écrit Rollo May dans L’homme à la recherche de lui-même. Elle est alors un faux port dans la tempête, car elle donne au révolté le sentiment illusoire d’être vraiment indépendant. »

Ceux qui veulent renverser les institutions approuvées par la société ne sont pas les pionniers intellectuels qu’ils prétendent être, mais uniquement des petits garçons insubordonnés qui ont oublié de grandir. Pour eux, tous les murs sont faits pour être escaladés. Ils réprouvent la doctrine ancienne et toujours valable selon laquelle les pays ont des frontières et les fermes des clôtures, afin que chacun sache où finit sa liberté individuelle et où commence la même liberté de son voisin. C’est un sage proverbe que celui qui dit que « les bonnes clôtures font les bons voisins ».

Les adultes qui ne se sentent pas libres devraient préciser pour eux-mêmes quelles sont les restrictions dont ils souffrent. Que les oblige-t-on à faire qui n’est pas pour leur propre bien, compte tenu du sentiment et de la volonté de la société dont ils font partie ? Que les empêche-t-on de faire de ce qui est conforme à ce que la sagesse collective de la société considère comme bon ?

Idéaux communs

La démocratie est basée sur la conviction que toute personne a le droit de bénéficier, selon ses aptitudes morales et intellectuelles, des ressources matérielles et spirituelles que la nature, la science et le bon gouvernement mettent à la disposition de l’humanité. La réalisation de cet état de choses exige que nous progressions de la vie instinctive de la sauvagerie au stade rationnel de la civilisation, où les hommes accèdent à l’art de se gouverner librement et de travailler ensemble.

Les liens qui unissent les citoyens les uns aux autres dans un État démocratique sont leurs aspirations, leurs espoirs et leurs idéaux communs. Comme l’écrit Henry Clay dans son manuel extrêmement pratique et réaliste d’économie politique : « La démocratie est un état d’esprit, et non pas une machine gouvernementale ou économique. »

La démocratie n’existe pas et ne peut pas s’instaurer chez des citoyens qui ne se comprennent pas, qui ne font rien pour se comprendre, qui n’ont pas d’intérêt profond pour les objectifs communs et l’effort de coopération. Le code sur lequel se règlent les partisans de la démocratie comporte une large part d’altruisme. Les hommes ont une forte tendance naturelle à rechercher ce qui satisfait leur intérêt immédiat. Le code démocratique met l’accent sur nos devoirs envers les autres.

L’adhésion de principe ne mène à rien. La démocratie est une oeuvre à réaliser soi-même et à laquelle il faut travailler. Si un citoyen ne paie pas de sa personne – s’il ne lit pas, n’étudie pas, ne participe pas, ne vote pas et n’agit pas lui-même – un autre le fait à sa place, et il ne se sert plus de sa liberté démocratique.

La démocratie ne garantit pas l’égalité de succès à tous les citoyens. L’idée que ceux qui sont égaux sous un rapport – devant la loi, par exemple – le sont aussi sous tous les autres rapports ne fait pas partie du code démocratique. Il existe, manifestement, d’innombrables inégalités de nature très importante. Les gens diffèrent par leurs aptitudes, leur application, leur état de santé, leur intelligence et leurs aspirations.

Un homme que l’on surnomma le philosophe éploré, cinq siècles av. J.-C., en raison des préoccupations que lui causait l’état du monde, affirmait que les citoyens d’Éphèse méritaient d’être pendus à cause de leur fameux précepte : « Personne ne sera le premier parmi nous. »

L’idéal auquel vise le Canada est d’être un pays indépendant, un État démocratique, une société où les lois sont les mêmes pour tous et les restrictions réduites au minimum, et où le régime économique offre la liberté aux particuliers d’accéder, selon leur mérite, à la sécurité et au bien-être.

Le bon gouvernement

Le bon gouvernement procède de ce que Louis XIV appelait l’application du bon sens à un nombre de faits suffisants. Il est exercé par des hommes et des femmes pour qui les fonctions politiques sont une question de devoir et non de pouvoir ou d’ambition personnelle, par des gens choisis pour leurs qualités de chef et leur sens des responsabilités.

Le Canada a adopté le principe du gouvernement par la majorité. Cela ne satisfait pas entièrement l’aspiration des citoyens à la vie démocratique, mais la loi de la majorité qui, à l’instar du régime canadien, assure à la minorité la possibilité de devenir la majorité par l’éducation de la population correspond d’assez près à l’idéal rêvé.

Nous faisons partie d’une société où les décisions doivent être librement arrêtées à la suite d’un débat rationnel. Cette société exige que chaque citoyen collabore de façon sincère avec ceux qui sont élus pour diriger les affaires du pays, tout en surveillant étroitement l’exercice des pouvoirs qui leur sont délégués. L’opposition est considérée comme allant de soi, mais ce doit être une opposition qui a des solutions de rechange valables à offrir.

L’individu

Il importe non seulement de croire passionnément à la démocratie, mais aussi de la pratiquer avec ardeur. Dans la société qui est nôtre, l’individu, par sa participation au gouvernement comme par l’éducation, peut acquérir un sens de plus en plus vif de son importance comme citoyen.

Les diplômés des écoles et des universités sortent de leurs établissements en tant que groupe – la promotion 70 -, mais ils entrent dans la société en tant qu’individus. Chacun d’eux apportera quelque chose de lui-même à la personnalité du Canada. S’ils disent « oui » aux nombreuses possibilités d’enrichissement personnel que leur offre ce pays, ils disposent de tout ce que l’on peut souhaiter en fait de plein épanouissement de soi-même.

La fidélité à un même code ne veut pas dire que tous les gens ont les mêmes idées, les mêmes aspirations et la même manière de vivre. Il y a des questions auxquelles chacun doit répondre par lui-même, car la démocratie ne fournit pas de guide universel. Elle croit à la valeur de la réflexion et de l’effort personnels, qui permettent à tout homme d’être lui-même. Chacun est libre d’aimer ce qu’il aime parce que cela lui plaît et non pas parce qu’un sondage quelconque révèle que la chose est en vogue.

La pierre qu’apporte chaque individu à la construction n’a pas besoin d’être grande et imposante pour être utile. Un comédien grec des temps anciens n’a-t-il pas dit qu’il se plaisait à penser, en rangeant son masque après la représentation, qu’un des spectateurs était peut-être rentré chez lui moins enclin à battre ses enfants.

En plus de la croyance dans l’égalité des chances et la discipline personnelle, la démocratie comporte un certain élément affectif, un sentiment de fraternité, de solidarité, de respect et de protection. L’homme exprime sa liberté en s’associant avec d’autres personnes pour accomplir quelque chose que tous désirent. La liberté personnelle et la responsabilité sociale vont de pair.

Les gens ne peuvent vivre heureux ni profitablement dans l’isolement. Voilà pourquoi la langue des prières hébraïques insiste sur le pluriel plutôt que sur le singulier, sur le groupe plutôt que sur l’individu. Les rabbins du Talmud ont même décrété que, le sabbat et les jours de fête, il était malséant de faire des supplications portant sur des désirs ou des besoins personnels.

Une autre raison milite en faveur de la fraternisation. En regardant autour de nous, nous voyons des personnes qui se sont desséchées et racornies en se renfermant en elles-mêmes. Participer à la vie de la société, ce n’est pas soustraire mais ajouter quelque chose à notre bonheur individuel. Nous avons besoin du stimulant, de l’encouragement et de l’approbation que nous apportent nos semblables.

Le sentiment d’appartenir à une collectivité nous est nécessaire pour atteindre la plénitude de la dignité et de la grandeur humaine. Ironie du sort, la communauté qui était autrefois un état naturel favorable à l’existence et à l’intégralité de la vie, est aujourd’hui une chose qu’il faut organiser et parfois imposer aux gens. Le sage réaménagement de nos villes de façon à assurer des milieux susceptibles d’encourager les habitants à se rencontrer et à travailler ensemble est un exemple de ce qui se révèle nécessaire à l’heure actuelle.

L’influence du changement

Redevables au passé de beaucoup des bonnes choses que nous offre la société canadienne, nous devons apporter notre contribution à l’édification de l’avenir du Canada. Loin de songer à garder intacte la poussière accumulée par les siècles, nous devons plutôt considérer ce qui nous a été légué avec cette pensée : « Comment pouvons-nous adapter et polir tout cela pour l’utiliser dans le monde moderne ? »

Il y a des choses qui peuvent être améliorées, telles l’éducation, l’application de la loi, les relations du capital et du travail, la généralisation des mesures d’hygiène. Cela est possible dans le code de la démocratie, le seul régime qui offre délibérément les moyens d’apporter des corrections et des améliorations dans les limites du sens commun et de la bienséance. L’art de réaliser une société libre est de conserver les principes et d’adapter les coutumes de façon à suivre graduellement la voie de la raison éclairée.

Cela exige que nous sachions jusqu’à un certain point où nous allons, ce que nous ferons une fois parvenus à destination et pourquoi nous voulons nous mettre en route, au lieu de tourner en rond et à l’aventure.

Faire des plans constructifs n’est pas ce qu’il y a de plus facile au monde. En parlant du Conte d’hiver de Shakespeare, un critique faisait cette observation : « Le thème de cette pièce est un thème de régénération, et il est beaucoup plus aisé d’écrire une pièce portant sur la destruction qu’une pièce sur la régénération.

Il n’est pas possible de prédire l’avenir. Les événements mondiaux, l’évolution des affaires nationales et les changements locaux rendent les prévisions sujettes à caution, mais nous devons préparer les jeunes à affronter les problèmes de cet avenir inconnu. La première chose à faire est d’initier nos enfants au code de la démocratie de crainte qu’ils ne grandissent avec une connaissance approfondie du calcul infinitésimal et dans l’ignorance des grands principes qui doivent servir de guides aux humains. L’avenir dépend, tout comme le bonheur de l’humanité en a toujours dépendu, de la sagesse, de la foi, de la beauté et de la vertu.

Le Canada d’aujourd’hui est le résultat d’un long et laborieux processus d’élaboration. Ce n’est ni un signe de sagesse ni une preuve de discernement politique que de penser qu’il est possible de réaliser les améliorations nécessaires sur-le-champ ou à l’aide de plans improvisés, ou encore en prenant l’opportunisme comme force directrice. Veillons à éviter les erreurs qu’ont commises nos devanciers en se montrant incapables de discerner les autres solutions, en restreignant leurs solutions à un choix par trop exclusif et limitatif, et en négligeant de saisir les occasions d’amélioration dès qu’elles se présentaient.

Pour demeurer à flot

Le Canada est tenu de façonner une société bonne grâce à une opinion publique intelligente et éclairée, et partant de faire des choix réalistes à la lumière d’une information suffisamment complète sur les tendances et les besoins existants. Les complications de notre époque ne doivent pas nous inciter à croire que la vie devient incompréhensible. Elles entraînent simplement la nécessité d’un effort supplémentaire de notre part pour comprendre ce qui se passe.

Cette sorte de compréhension s’acquiert tout aussi bien en prêtant l’oreille à la critique qu’en se penchant sur les livres. Ne pas se tenir au courant des opinions adverses, c’est demeurer partiellement aveugle.

Nous devons apprendre à différer d’avis avec les autres, après étude, sans ridiculiser leurs opinions et à accepter l’idée que nous sommes peut-être parfois dans l’erreur. En diminuant les possibilités de mésentente, cette attitude conduit les esprits sains et ouverts à résoudre des problèmes difficiles dans la confiance et le respect mutuels.

Il importe de joindre l’effort à la compréhension. En cherchant à construire un Canada meilleur en ce second siècle de son existence en tant que nation, nous ne devons pas nous attendre que la tâche sera facile. Elle exigera un travail bien organisé et une courageuse hardiesse. Peut-être aurions-nous intérêt à méditer ce message qu’adressait Villeneuve à ses capitaines avant la bataille de Trafalgar : « Qu’il n’y ait pas de manoeuvres ignominieuses. Tout capitaine qui n’essuie pas le feu de l’ennemi n’est pas à son poste. »

Cela exclut la possibilité de faire le pied de grue pour voir ce qui va se produire en oubliant que nous pourrions nous-mêmes contribuer aux événements.

Mais en prévoyant et en suscitant même ces événements, nous devons témoigner d’un certain instinct des convenances. Notre société se compose de citoyens de plusieurs races et de plusieurs religions, et aux coutumes variées. Dans ces conditions, il importe par-dessus tout de ne pas négliger les questions de bienséance et de courtoisie ni de les considérer comme frivoles ou sans importance. Elles contribuent en fait, dans une large mesure, à permettre aux gens de vivre ensemble et de mener une vie en harmonie avec leurs idéaux communs. La nature des bonnes manières qui font partie intégrante du mode de vie canadien nous autorise à entrevoir l’avènement d’un état de chevalerie qui fera honneur à notre coeur et à notre intelligence.

Les valeurs et les principes

Sur les questions de fond, la plupart des Canadiens adhèrent aux mêmes valeurs. Ils croient en un ordre social où les personnes ont plus d’importance que les choses, où les idées sont plus précieuses que les bidules, où les individus sont jugés d’après leur valeur personnelle et où les hommes peuvent s’exprimer sans oppression et sous le règne de la loi.

La nation est la gardienne de certaines valeurs très précises : la culture, les traditions, la conscience collective, la continuité historique et un certain code de conduite.

Ces valeurs sont fondées sur des principes. Les hommes doivent avoir un grand souci des principes qui sont à la base du gouvernement démocratique, sinon leur pays finira par pâlir, par se désunir et tomber en décadence.

De l’appréciation et de la mise en application des principes que nous pourrons adopter se dégagera peu à peu notre philosophie, c’est-à-dire notre recherche de la sagesse de pensée et d’action alliée à une ferme et noble détermination de faire toujours de notre mieux.

Il n’y a pas de plan préétabli

L’avenir du Canada est une chose qu’il appartient d’étudier avec calme aux personnes réfléchies, non liées par des conclusions escomptées, non engagées à étançonner des doctrines vermoulues et uniquement désireuses de connaître ce qui servira à l’amélioration effective de leur pays.

Il n’y a pas de plan tout fait à suivre, mais seulement des idées directrices. Notre pays n’a pas grandi en observant servilement le texte d’un règlement, mais par l’action de citoyens intelligents qui s’efforçaient de faire tout leur possible dans les circonstances où ils vivaient, de mettre à l’essai des idées nouvelles et d’adapter les anciennes à notre époque. Mais ils s’aperçurent dès le début que l’union véritable ne se limite pas à emboîter le pas. Elle ressemble plutôt à l’exécution harmonieuse d’un morceau de musique par l’orchestre, où l’individualité des instruments contribue à la mélodie de la partition.

Le mode de vie canadien offre une méthode pour faire contribuer l’intelligence, la bonne volonté et l’effort individuel à la solution des problèmes. Le succès est lié à cette condition : que l’on puisse compter que le citoyen moyen agira au mieux de ses connaissances, qu’il fera son devoir et qu’il saura l’accomplir avec intelligence. Alors, comme disent les habitants de nos côtes, la marée montante soulèvera tous les bateaux.