Beaucoup de peintres et de poètes ont tenté de représenter ou de décrire la Province de Québec, mais il semble que la peinture et la parole soient impuissantes à en exprimer tous les charmes.
Le Québec est fait d’une infinité de petites choses et de sentiments. Il a toujours été différent des autres provinces depuis le début de l’histoire du Canada, et il va continuer à en différer parce que son essor vers la maturité économique ne fait que commencer alors que certaines autres provinces ont déjà une avance considérable.
Aujourd’hui, le Québec est une province dans l’expectative, une province qui aspire à la réalisation de ses ambitions. Sa population a presque complètement rompu avec l’ancienne société agricole ; des hommes et des femmes dont les parents pouvaient à peine supporter d’aller plus loin que le son du clocher de leur village, travaillent maintenant en grand nombre dans les villes. Encore isolée du reste du monde il y a une quarantaine d’années, la Belle Province ouvre ses portes à tous les pays en les invitant à participer à l’Exposition universelle de 1967. L’urbanisation et l’avènement d’immenses complexes industriels ont déclenché un mouvement qui paraît irréversible.
Cette province est la plus vaste du Canada ; d’une superficie de 594,860 milles carrés, elle est deux fois plus grande que le Texas et égale en étendue aux territoires réunis de la France, de l’Espagne et de l’Allemagne. Au dernier recensement, sa population était de 5,259,211 habitants, soit 29 p. 100 de la population totale du Canada.
La totalité des terres cultivables se chiffre à 22,185 milles carrés, tandis que les forêts recouvrent une superficie de 378,125 milles carrés. Le plus haut sommet est celui du mont Jacques-Cartier, qui a 4,160 pieds d’altitude. On y compte quatre lacs de plus de 400 milles carrés. Le Québec possède aussi d’immenses littoraux maritimes.
Étant donné que la Province s’étend sur une distance de plus de douze cent milles du sud au nord, le climat y est extrêmement varié. À Fort Chimo, dans la baie d’Ungava, la saison exempte de gel est de 52 jours environ, mais à Sherbrooke, dans les Cantons de l’Est, elle se prolonge pendant quelque 130 jours.
Les chemins de fer et les routes poussent leurs ramifications vers le Nord au fur et à mesure que l’on découvre de nouveaux gisements miniers et que de nouvelles forêts sont mises en exploitation. La main-d’oeuvre nécessaire au développement des ressources et au traitement des produits miniers et forestiers augmente rapidement en nombre. On prévoit que la population aura atteint 6,380,000 habitants en 1971.
Le Saint-Laurent
Un explorateur de 1663 écrivait dans son journal qu’aucun autre pays au monde n’est aussi bien pourvu de cours d’eau. À l’île d’Orléans, les premiers navigateurs notent que « l’eau commence à devenir douce », car ils pénètrent alors dans le chenal principal du grand fleuve Saint-Laurent, trait dominant de la géographie du Québec. C’est le long de ce majestueux cours d’eau et sur ses rives que bat depuis plus de quatre cents ans la vie de la Province de Québec.
La plus vaste région agricole de la Province est celle de la vallée du Saint-Laurent et des Cantons de l’Est ; elle s’étend depuis le fleuve jusqu’à la frontière des États-Unis. La rive sud est parsemée d’une longue suite de villages et de petites villes datant des premiers temps de la colonie. Certains postes de traite, qui servaient autrefois de centres commerciaux aux fermes éparpillées à travers les campagnes, sont aujourd’hui des villes importantes.
Fondée par Champlain en 1608, la ville de Québec est la plus ancienne capitale nationale au nord du Rio Grande. C’est de là que partiront ceux qui surent « porter l’épée et la croix » pour aller conquérir les vastes solitudes du nouveau monde pour Dieu et pour le Roi. Les trafiquants de pelleteries devaient également en faire le centre de leur activité commerciale. Cette ville fut aussi la scène de plusieurs batailles, dont la dernière vit périr les généraux des deux armées en présence ; leur mémoire est perpétuée, sur les hauteurs, par un unique obélisque portant ces mots : « Le courage leur a donné une même mort, l’histoire une même renommée, la postérité un même monument ». Aujourd’hui, Québec est une grande ville administrative, intellectuelle et religieuse.
À quelque quatre-vingts milles en amont se trouve Trois-Rivières, centre de commerce important, fondé en 1634, et lieu de naissance de La Vérendrye, premier explorateur à atteindre l’emplacement de Winnipeg et les montagnes Rocheuses. Avec une population de 55,000 âmes, elle se classe actuellement au troisième rang parmi les villes industrielles et maritimes de la Province.
L’île de Montréal, à 164 milles au-dessus de Québec, reçoit la visite du navigateur breton Jacques Cartier, en 1535. Les premiers colons, au nombre desquels se trouvent deux femmes intrépides, Jeanne Mance et Mme de La Peltrie, y débarquent en 1642. À la fin des années 1660, la population s’élèvera à 600 âmes.
Par sa situation géographique, au confluent du Saint-Laurent, de l’Outaouais et du Richelieu, Montréal devait acquérir une haute importance à une époque où tout le transport se faisait par eau. Elle est aujourd’hui le plus grand centre commercial du Canada, et sa population métropolitaine de 2,000,000 d’habitants représente 10 p. 100 de la population de l’ensemble du pays.
Mais Montréal n’est pas remarquable que par son activité économique. C’est la plus grande ville de langue française du monde après Paris. Entre toutes les villes nord-américaines, c’est la ville par excellence de la discussion, où les esprits de formation différente expriment librement leur opinion sur toutes les questions d’intérêt social, politique et économique.
Dans son trajet, le fleuve subit une dénivellation de 580 pieds. Un petit canal fut creusé à Lachine, en 1700, afin de permettre aux canoës de contourner les rapides, et, en 1850, des navires ayant jusqu’à 140 pieds de longueur et neuf pieds de tirant d’eau pouvaient se rendre de Montréal au lac Erié. Aujourd’hui, la Voie maritime du Saint-Laurent, ouverte depuis le printemps de 1959, assure aux navires un chenal de 27 pieds de profondeur à partir de l’océan Atlantique jusqu’à Duluth, dans le Minnesota, à la tête des Grands Lacs.
Exploration et colonisation
Tout commença lorsque Cartier remonta la « grande rivière » à la recherche du Pacifique. Il fut suivi par Champlain, qui, dans son oeuvre d’exploration, de colonisation et de conquête, déploya tout le courage et l’ardeur d’un croisé. Champlain fut le véritable père du Canada.
Il y eut des moments où la France et l’Angleterre éprouvèrent des doutes sur la valeur de ces terres nouvelles. On alla même jusqu’à dire, au Parlement de Londres, que le Canada ne valait même pas la peine de se déranger, et c’est par un grand banquet, à Paris, que Voltaire célébra la prise par la Grande-Bretagne de cette gênante possession.
Lors de la cession, en 1763, la France se lava les mains des « quelques arpents de neige ». La majorité des militaires, des nobles et des personnes instruites rentrèrent en France, laissant le soin à la population canadienne de se créer une personnalité bien à elle. Après la Révolution française, la Province de Québec, se sentant de moins en moins d’attrait pour l’ancienne mère-patrie, dut compter de plus en plus sur ses propres moyens. Les gens restèrent attachés à leur religion, à leurs lois et à leurs traditions ; ils n’oublièrent jamais qu’ils étaient les descendants d’un des pays les plus cultivés du monde, mais l’air pur et les vastes espaces de l’Amérique devaient leur conférer une vigueur et un dynamisme distinctifs, et en faire une race nouvelle.
La vie politique connut des hauts et des bas, tant pendant la période de reconstitution qui suivit la guerre que durant celle de l’édification des bases de la vie économique et sociale. La colonie progressa cahin-caha sous le gouvernement provisoire, les assemblées populaires, l’union législative du Bas et du Haut-Canada, le gouvernement responsable, et parvint enfin à rallier les esprits à la conférence de Québec, en 1864, où furent rédigées et adoptées des résolutions recommandant l’union fédérative.
La situation particulière de la minorité dans le Québec fut reconnue grâce à l’insertion dans l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de certaines obligations irréductibles envers la province de langue française. Celle-ci conservait son droit civil, sa liberté religieuse, l’emploi du français sur un pied d’égalité au Parlement d’Ottawa, à la Législature de Québec, devant les tribunaux fédéraux et ceux de la Province de Québec, et la juridiction sur son système d’enseignement. Il s’agissait là, dans l’esprit des Canadiens français, non pas d’une simple union fédérale, mais d’un pacte ou traité garantissant à chaque groupe le droit à sa foi, à sa langue, à ses lois et à ses coutumes.
Dans les conditions qui ont prédominé depuis la révolte des colonies américaines, le fait de demeurer associé au Canada anglais a été pour le Canadien français la seule garantie de pouvoir conserver son identité culturelle. « Mais par contre, disait naguère un article du Manchester Guardian, le Canada de langue anglaise a besoin des Canadiens français, car, lui aussi, submergé par le nombre et sans langue différente pour se distinguer, pourrait être englouti par le géant du Sud. »
Les ressources naturelles
Le génie, remarquable et dominant, que ses habitants manifestèrent dès le début pour le défrichement est entré dans la légende du Québec. Avec son lopin de terre qu’il cultivait avec l’aide de sa famille, le cultivateur québécois incarnait le citoyen simple, honnête, indépendant, sain et heureux. Son ambition était de voir ses fils, une fois devenus hommes, s’établir avec leurs familles sur des terres groupées, le plus souvent, autour de la sienne.
Mais le temps vint où le laborieux cultivateur dut avoir recours aux récoltes commerciales pour pouvoir acheter les appareils et les commodités que lui offraient les progrès de l’industrie. La capacité de se suffire à lui-même que lui avait imposée le manque de moyens de transport et de marchés devenait inutile à l’ère des routes et des chemins de fer.
Par la même occasion, les fils devaient se laisser séduire par le faux éclat et l’attrait des villes. En 1941, la population rurale du Québec était de 36.7 p. 100 ; en 1961, elle était tombée à 24.8 p. 100. L’effectif de main-d’oeuvre agricole se chiffrait à 12.5 p. 100 en 1956 ; en 1965, il n’était plus que de 6 p. 100.
Pour maintenir l’agriculture en pleine activité, dans le contexte social et économique de la Province, le gouvernement s’efforce d’améliorer la production et la vente en accordant des prêts agricoles, en aidant les cultivateurs à organiser la commercialisation collective de leurs produits, en favorisant l’instruction et en encourageant les recherches agricoles. Des subventions sont consenties aux colons et aux cultivateurs des régions rurales désavantagées pour leur permettre de construire des bâtiments, de se procurer des animaux, de défricher des terres et les mettre en valeur, et de transporter leurs produits au marché.
La péninsule de Gaspé constitue le plus grand centre de pêche commerciale du Québec. Le gouvernement y possède un réseau de soixante entrepôts frigorifiques pour la congélation et la conservation du poisson. De plus, la Province dispose, dans les petits ports de pêche, de 123 stations, où le poisson est conservé dans les conditions voulues en attendant qu’il soit transporté, et elle a, en outre, une usine de séchage artificiel d’une capacité de 3,000,000 de livres par année.
Les ressources forestières du Québec, les plus considérables du Canada, sont extrêmement riches. Ses forêts couvrent 242 millions d’acres de terre, dont 141 millions en production et 86 millions en voie d’exploitation.
Même si la prospection intensive n’a débuté que vers le milieu du XIXe siècle, les mines occupent un rang élevé parmi les ressources québécoises. En 1900, la valeur de la production minière n’était encore que de $1,670,000 ; mais en 1965, elle atteignait 705 millions de dollars, soit 19 p. 100 de la production globale du Canada.
Les plus importants gisements d’amiante du monde se trouvent dans la Province de Québec, et leur rendement est de l’ordre de 120 millions de dollars par année. La mine d’or et de cuivre de Noranda est en activité depuis 1911. Mais l’événement le plus sensationnel a été la découverte de gisements en amas de fer et de titane dans le nord du Québec en 1937. Ces dépôts ont été mis en production en 1954, à la suite de la construction d’un chemin de fer de 360 milles entre Sept-Îles, sur le Saint-Laurent, et Schefferville.
L’énergie hydraulique a joué dès les débuts un rôle important dans le Québec. Le premier moulin à eau en Amérique du Nord fut construit à Petit Pré, près de Québec, en 1691. Vers la fin de l’année 1900 les usines génératrices de la Province produisaient la moitié de l’électricité canadienne, et, depuis 1926, cette province est toujours demeurée au premier rang dans ce domaine.
Le Québec possède à lui seul près du tiers des ressources hydrauliques du Canada. Aujourd’hui, l’intérêt se concentre sur le gigantesque complexe hydro-électrique Manicouagan-aux-Outardes, actuellement en cours de construction. Cette entreprise permettra d’aménager deux rivières et de produire quelque six millions de kilowatts.
L’Industrie
Le Québec fut d’abord essentiellement rural, mais il est maintenant en train de s’urbaniser. Jusqu’en 1914, l’agriculture constituait 65 p. 100 du produit provincial, l’exploitation forestière 25 p. 100 et l’industrie manufacturière moins de 5 p. 100 ; en 1965, il y avait dans la Province plus de 12,000 industries, qui employaient quelque 475,000 personnes et représentaient plus de 70 p. 100 de la valeur brute de la production totale du Québec.
Grâce à la découverte d’énormes richesses minières et à la mise en valeur de l’énergie hydro-électrique, l’augmentation de l’activité industrielle dans le Québec, entre 1939 et 1950, a été dix fois plus considérable que pendant les cent années antérieures.
Les investissements, les nouvelles industries, la fabrication des produits secondaires ont été particulièrement favorisés. À la veille de la seconde guerre mondiale, la production totale n’était encore que de 1,500 millions de dollars ; en 1965, la valeur globale de la production des marchandises dans le Québec se chiffrait à 14,013 millions.
Les plus importantes des industries de transformation, du point de vue de la valeur brute en dollars, sont celles de la pâte et du papier, des métaux non ferreux, du pétrole et des conserves de viande. L’industrie de la pâte et du papier est la principale des industries manufacturières du Québec. Ses expéditions représentent plus de huit pour cent de la totalité des expéditions canadiennes.
L’évolution de l’économie
Pour atteindre le haut niveau d’existence souhaitable, il importe d’accorder une prompte et vigoureuse attention au bâtiment et au soutien de l’économie.
Le Québec est passé depuis quelques années du cycle des manifestes à celui des plans sur papier bleu. Un Conseil consultatif économique a été chargé d’élaborer un programme sexennal de développement régional (1965-1970), destiné à assurer l’utilisation maximale des ressources humaines et matérielles.
En 1966, le gouvernement annonçait qu’il avait l’intention de diviser la Province en dix régions et 25 sous-régions. Ce découpage créera des pôles de croissance autour desquels se concentrera le développement économique régional.
Les disponibilités de main-d’oeuvre de la Province sont passées de 1,591,000 en 1955 à 2,019,000 en 1965, et la moyenne des salaires hebdomadaires a augmenté de $58.62 à $88.71.
Le fait essentiel qui ressort de tout cela, c’est que le Québec est en pleine période de transition. La seconde guerre mondiale a déclenché dans toute sa force la révolution industrielle dans une région qui avait longtemps échappé aux profondes perturbations de ce phénomène social.
De plus, un réalisme ardent s’est développé dans l’esprit des jeunes Canadiens des bords du Saint-Laurent. Comme l’affirmait le maire de Montréal au cours d’une réunion du Canadian Club, « la jeune génération veut prouver par de nouveaux départs et de nouveaux succès que le fait français ne consiste pas uniquement en un ensemble de traditions émouvantes et de touchantes chansons de folklore, mais qu’il peut se transformer en une suite d’entreprises et de réussites rémunératrices, adaptées à la mentalité du vingtième siècle dans le domaine des idées comme dans celui de l’action ».
La culture
La présence de deux groupes culturels au Canada est un élément de distinction. L’existence de la culture française confère au Canada une personnalité propre. Elle contribue à soustraire notre pays à l’influence extrêmement pénétrante de la civilisation américaine.
Personne ne doit considérer le français et l’anglais comme des langues étrangères ; il faut les considérer comme des langues canadiennes. La culture canadienne française ne se limite pas à la langue parlée ; elle embrasse la mentalité générale et le comportement d’un important groupe ethnique.
À l’instar des autres pays sous-industrialisés, la Province de Québec a été marquée par une action intense en faveur des écoles publiques et par la création d’institutions spécialisées destinées à pourvoir aux besoins en perpétuelle évolution de la société. En 1965, le Québec comptait 6,000 écoles primaires et secondaires, fréquentées par environ 1,500,000 élèves ; six universités ; 15 écoles d’agriculture ; 65 écoles techniques ; quelque quarante écoles de sciences domestiques et un certain nombre d’écoles d’arts graphiques, d’arts appliqués, de textiles, de papeterie et de mécanique.
Les universités, qui ont toujours joui d’une haute considération, vont aussi de l’avant. L’Université de Montréal possède l’un des plus grands centres de calcul électronique du Canada, et son Institut de médecine et de chirurgie expérimentales s’est acquis une réputation internationale. L’Université McGill est devenue l’un des principaux centres d’enseignement dans le domaine de la recherche aérospatiale, et son Institut de neurologie, de même que son Institut de psychologie, se classe parmi les meilleurs du genre dans le monde.
Les arts et métiers
Au dix-septième siècle, une solide tradition artistique s’était déjà établie en terre canadienne, et les arts devaient connaître chez nous une époque particulièrement florissante au cours des deux siècles suivants. La peinture, les arts décoratifs, l’orfèvrerie, l’architecture et surtout la sculpture sur bois furent dès le début très en honneur. Et il ne s’agissait pas d’une pâle imitation de ce qui se faisait en Europe, mais bien d’oeuvres artistiques typiquement canadiennes, façonnées par le climat, le mode de vie des gens et un sens authentique du beau.
Dès l’année 1668 Mgr de Laval, premier évêque de Québec, fondait une école des arts et métiers à Saint-Joachim. Aujourd’hui, les Canadiens français occupent une place éminente dans la musique, la littérature, la sculpture, le théâtre, la peinture et le ballet, et des progrès remarquables s’accomplissent sous la direction du ministère des Affaires culturelles, créé en 1961.
On trouvera un bon résumé de l’évolution des arts et métiers dans l’ouvrage intitulé Les arts au Canada, volume illustré de 120 pages, en vente à l’Imprimerie nationale au prix de $1.50.
Le Québec va de l’avant
Depuis le début des années soixante, la vie dans le Québec a pris un relief inconnu jusque-là ; les trois dimensions ont pour ainsi dire remplacé l’image plane qui s’offrait aux observateurs il y a quelques années.
Cette province est le point de rencontre de trois ethnies distinctes – la franco-canadienne, la britannique et l’européenne continentale – réunies dans un milieu de type américain.
De leurs maisons de ferme, de leurs bungalows de banlieue et des fenêtres de leurs appartements, chacun de ces groupes contemple derrière lui plus de six mille ans de civilisation, dont quatre cents ont été marqués par l’apport du Canada et cent par celui de la Confédération canadienne.
Le Québec aborde maintenant le second siècle de la Confédération avec confiance et la joie triomphante des progrès accomplis dans son effort d’adaptation à un monde en voie de transformation.
Comme tout le reste du Canada, la Province de Québec ne pourra que bénéficier du renouveau démocratique qui se manifeste dans toutes les parties du pays. Cette rénovation se fonde en effet sur le respect des droits de la personne humaine, sur la tolérance nécessaire à tout dialogue entre les hommes et sur le souci du bien commun qui a poussé les provinces à s’unir en 1867.
Ainsi que le dit, dans son rapport, la Commission royale d’enquête du Québec sur l’éducation : « C’est la responsabilité de l’État démocratique de permettre la diversité en évitant le chaos, de respecter tous les droits en évitant les abus, de garantir des libertés à l’intérieur du bien commun. »