Les terres septentrionales forment plus de quarante pour cent de la superficie totale du Canada. Elles comprennent notamment les Territoires du Nord-Ouest, le Territoire du Yukon et une portion de 45,000 milles carrés de la province de Québec, le tout situé au-delà du 60e degré de latitude.
Cette ligne de démarcation entre le Sud et le Nord remonte à la création des provinces de l’Alberta et de la Saskatchewan, en 1905, alors qu’il fut convenu que la limite nord de leur territoire serait le 60e parallèle. De là jusqu’au pôle nord s’étend, sur une surface de 1,557,000 milles carrés, l’une des dernières grandes régions sous-développées du globe.
C’est en 1870 que le Canada reçut ces vastes étendues de la Grande-Bretagne et accepta de ce fait, avec la souveraineté, d’immenses responsabilités. L’une des principales obligations afférentes à la souveraineté est l’occupation, et la masse de l’Arctique et de ses îles ne saurait continuer indéfiniment à sommeiller sous la protection d’une simple affirmation de possession.
À cinq cents milles au nord de la lisière des terres septentrionales du Canada se trouve le cercle Arctique, ligne marquant sur la carte la limite des zones polaires, où une fois par année au moins, il fait jour ou nuit pendant vingt-quatre heures. Mais l’explorateur qui atteint le cercle Arctique est encore à 1,600 milles du pôle.
Il ne faudrait pas croire cependant que l’on passe brusquement, en franchissant une ligne invisible, du climat austral à l’Arctique. La limite réelle est la ligne de croissance des arbres, qui, sur le Mackenzie, remonte loin au nord du cercle arctique, puis s’infléchit ensuite jusqu’à des centaines de milles au sud dans le voisinage de Churchill, au Manitoba. D’une façon générale, aucun arbre ne pousse dans les endroits où la température moyenne du mois le plus chaud de l’année est inférieure à 50 degrés Fahrenheit.
L’archipel arctique, remarquable agglomération d’îles d’une grande étendue que l’on commence à peine à explorer, présente des montagnes ayant jusqu’à 10,000 pieds d’altitude. Le Nord canadien compte plus de lacs que tout le reste de l’univers ensemble. Le lac Hazen, situé à l’extrême nord du Canada, est le plus vaste plan d’eau douce du monde, qui se trouve aussi près du pôle. Il mesure 45 milles de longueur et 900 pieds de profondeur.
Le Nord
Après avoir indiqué où est le Nord, il reste à dire ce qu’il est. Les terres arctiques sont-elles aussi redoutables qu’on nous a enseigné à le croire ?
D’après l’explorateur canadien Vilhjalmur Stefansson, originaire du Manitoba, à qui nous devons 24 livres et plus de 400 articles sur le Grand Nord et ses habitants, l’Arctique est un lieu accueillant et habitable, riche d’immenses ressources inutilisées. Le major Burwash, de Cobourg, en Ontario, qui explora le Nord canadien entre 1925 et 1930, affirme d’autre part que « le climat arctique est en général assez favorable, mais que lorsqu’il montre les dents, quiconque se laisse prendre au dépourvu s’expose à un danger plus qu’ordinaire ». Enfin, Mme Martha Louise Black, qui fut emportée au-delà du col de Chilkoot pendant la ruée vers l’or de 1898 et finit par élire domicile à Dawson, au Yukon, nous parle dans ses écrits de « la merveilleuse splendeur des myriades de fleurs sauvages du Yukon ».
Il fait froid dans le Nord, mais le froid n’y est ni continuel ni toujours intense. Nous savons que depuis 1900 environ la calotte glaciaire de la terre se réchauffe à raison de un degré Fahrenheit tous les dix ans. Le morse et le béluga ne se rendent plus aussi loin vers le sud qu’autrefois, tandis que le flétan et d’autres poissons se rencontrent plus au nord. Les glaciers fondent lentement ; quelques-uns des plus petits ont même complètement disparu.
Le printemps arrive en trombe, et les premières fleurs s’ouvrent longtemps avant la fonte des derniers bancs de neige. Pendant les longs jours sans nuit de l’été, la croissance de la végétation ne connaît pratiquement pas d’interruption. La croissance quotidienne est dans certains cas deux fois plus rapide que sous les tropiques. Mais la période de pousse ne dure que quelques courtes semaines, de sorte que la végétation est trop clairsemée et trop peu développée pour contribuer tant soit peu à assurer la subsistance de l’homme. La cladonie (lichen) ne croît que moins d’un demi-pouce par année. Mais les hommes de science s’occupent activement de ce problème. La mise au point du blé Marquis par sir Charles Saunders n’a-t-elle pas permis de porter les limites de la surface arable du Canada à deux cents milles plus au nord ?
Les Russes ont une forte avance sur les Canadiens dans le domaine de l’exploitation des terres arctiques, mais les circonstances de base sont différentes. Des milliers de milles carrés du Nord canadien ont été complètement dénudés par les glaciers pendant la période glaciaire, tandis que l’Arctique russe est revêtu d’une épaisse couche de sol. En Russie, la limite de la végétation arborescente est à 500 milles plus au nord qu’au Canada ; le Gulf Stream déverse les eaux chaudes de l’Atlantique dans le Bassin polaire et le long du littoral de la Norvège et de la Russie du Nord, offrant ainsi un passage ouvert toute l’année vers l’Arctique russe ; la Russie du Nord dispose d’une série considérable de cours d’eau navigables affluant vers le nord, alors que le Canada ne possède que deux routes naturelles bien marquées : la baie d’Hudson et le Mackenzie. Grâce à ces conditions favorables, les faces indigènes de la Russie du Nord comptent 800,000 habitants en comparaison des 19,000 Esquimaux et Indiens du Nord canadien.
Les activités de défense du temps de guerre et de l’après-guerre devaient provoquer un sursaut de vie dans le Nord canadien. La construction des routes de l’Alaska et du Mackenzie, l’établissement d’aéroports et de stations de radar, et l’amélioration générale des moyens de communication ont donné une puissante impulsion à l’exploration minière. Et ce nouvel essor a permis au Canada de mieux se rendre compte de l’existence de ses terres arctiques et de leur valeur potentielle pour son économie.
La vie dans le Nord
Les citoyens des villes populeuses, comme Yellowknife et Whitehorse, habitent des maisons de bois pourvues du chauffage central, du service d’eau et de réfrigérateurs électriques. Dans la région de Fort Smith, tout près du 60e degré dans les Territoires du Nord-Ouest, on compte plus de 500 véhicules automobiles.
Pine Point, sur la rive sud du Grand lac des Esclaves est une localité parfaitement aménagée. Son plan d’aménagement a été conçu de façon à tirer le meilleur parti possible du terrain ; elle est dotée des services essentiels et possède son administration locale. Inuvik, ville-modèle située à 150 milles à l’intérieur du cercle arctique, offre toutes les commodités des grandes villes. Frobisher Bay, très loin à l’est de l’île Baffin, a ses écoles, son hôpital, sa succursale de la Banque Royale du Canada, ses magasins, son hôtel, ses taxis, ses autobus et des maisons modernes. Elle est dotée d’un poste émetteur de Radio-Canada et de lignes téléphoniques avec le sud du Canada. On trouve aussi une succursale de la Banque Royale à Elsa, à 30 milles de Mayo, centre de mines d’argent du Yukon.
Dans ces collectivités, les hommes du sud et du nord vivent côte à côte et bénéficient de ce contact. Des gens de races différentes, des blancs, des métis, des Indiens et des Esquimaux, s’y coudoient tous les jours, logent dans des maisons identiques, tandis que leurs enfants jouent ensemble et fréquentent les mêmes écoles.
Établir une colonie dans le Grand Nord canadien est loin d’être une entreprise aussi simple que dans les régions tempérées. Là où la surface du sol n’est pas en roc massif, on ne trouve qu’une mince couche superficielle au-dessus du pergélisol. Le sol reste gelé, parfois jusqu’à une profondeur de mille pieds, et seuls les quelques pouces de la surface dégèlent pendant l’été. Ce qui semble être une solide fondation se change parfois en boue lorsqu’on y élève une construction chauffée. Les services d’eau et d’égout sont difficiles à installer. À certains endroits, les canalisations d’eau, de vapeur et d’égout sont raccordées aux immeubles par des boîtes de bois posées sur le sol. Ces boîtes sont revêtues de fort papier, les conduites sont isolées et les boîtes sont remplies de copeaux.
Le pergélisol a même certains avantages. Comme il tombe très peu de pluie et de neige dans le Nord, l’eau se ferait peut-être rare en été si le pergélisol ne l’empêchait de s’infiltrer. Sans ce procédé de conservation de l’eau à leurs racines, les plantes ne pousseraient pas et le haut Arctique serait un désert inanimé.
Les conditions atmosphériques de toutes les parties du Canada étant dominées dans une large mesure par les courants d’air de l’Arctique, il existe depuis plusieurs années des stations météorologiques au nord du 60e degré. Déjà en 1882, huit pays décidaient de collaborer à la création de quatorze stations polaires, dont trois au Canada, la principale se trouvant à la pointe de l’île Ellesmere. En 1957, le Conseil de recherches pour la défense arrêtait son choix sur la région du lac Hazen, à mille milles environ du cercle arctique, comme champ d’activité pendant l’Année géophysique internationale. Depuis 1961, une station automatique, située sur l’île Axel Heiberg, émet toutes les trois heures des renseignements sur le temps, la direction et la vitesse du vent, et la pression barométrique. D’autres postes d’observation sont installés à moins de 450 milles du pôle.
Le Territoire du Yukon
Le Territoire du Yukon occupe une superficie de 207,076 milles carrés à l’extrémité de la partie nord-ouest des terres continentales du Canada. Son sol est plutôt montagneux, mais on trouve, parmi ses vastes étendues de terrain ondulé, de nombreuses rivières et vallées.
La traite des fourrures devait y attirer la Compagnie de la baie d’Hudson vers le milieu du XIXe siècle. Puis, entre 1870 et 1890, quelques audacieux prospecteurs commencent à s’aventurer dans la vallée du Yukon pour y chercher de l’or. Le 17 août 1896, le gisement qui allait rendre la région du Klondike célèbre dans le monde entier est découvert au ruisseau Bonanza, affluent de la rivière Klondike. On assiste alors à la plus fantastique ruée vers l’or que l’univers ait jamais connue. Les navires de la côte du Pacifique débarquent des milliers de passagers dans les ports de l’Alaska, d’où les chercheurs d’or montent à l’assaut des cols menaçants de Chilkoot et White, se pressent vers le cours supérieur de ce qui est aujourd’hui le fleuve Yukon, construisent des radeaux primitifs pour franchir les quelque 500 milles qui les séparent de l’embouchure du Klondike.
Dawson, née au confluent des deux grands cours d’eau, est devenue une ville de 25,000 âmes. En 1900, elle était trois fois plus grande qu’Edmonton. Entre 1897 et 1904, on a extrait, par des méthodes primitives, plus de 100 millions de dollars en pépites d’or des gisements des ruisseaux du Klondike. Beaucoup de concessions, acquises sur les collines après le jalonnement des lits des ruisseaux, se révélèrent immensément riches et rapportèrent des fortunes à leurs propriétaires.
La superficie des terres arables du Yukon varierait entre 250,000 et 500,000 acres, ce vaste écart étant dû à l’absence de relevés systématiques des sols. Mais l’ensemble de ce qui est en culture dans les ranches et les jardins potagers ne dépasse guère 1,000 acres. La moyenne des jours sans gelée est de 78 à Whitehorse et de 64 à Mayo, en regard de 112 à Saskatoon. L’été est court, mais agréablement chaud ; à Mayo, en juillet, la température ordinaire est de 58° pendant le jour.
La station de la Ferme expérimentale fédérale sur la route de l’Alaska a réussi à y cultiver de l’orge, de l’avoine, du blé de printemps, de la luzerne, des pommes de terre, des betteraves, des choux-fleurs, des choux, de la laitue, des tomates et d’autres légumes.
On estime que les ressources forestières du Yukon comprendraient 45,000 milles carrés de forêts de rendement ordinaire, dont 10 p. 100 se composeraient de bois de vente facile. Les principales essences sont l’épinette blanche, l’épinette noire et le pin gris.
C’est une erreur de croire que tous les placers aurifères du Yukon ont été entièrement exploités. La valeur de la production des mines d’or se maintient à plus de 2 millions de dollars par année. Le total cumulatif de 1886 à 1963 s’élève à 259 millions de dollars. Les autres minéraux du territoire comprennent notamment l’argent, le plomb, le zinc, le cadmium, le cuivre, le charbon, le tungstène et le platine.
Le piégeage des animaux à fourrure demeure le principal moyen de subsistance de la population indienne. Les 86,082 peaux vendues par les trappeurs pendant la saison 1963-1964 leur ont rapporté $168,227. Les animaux à fourrure les plus importants sont la marte, le castor, le rat musqué, le vison et l’écureuil.
Les Territoires du Nord-Ouest
Divisés pour des raisons administratives en trois districts – Mackenzie, Keewatin et Franklin – les Territoires du Nord-Ouest comprennent la partie du Canada située au nord du 60e parallèle de latitude entre la baie d’Hudson à l’est et le Territoire du Yukon à l’ouest, ainsi que les îles disséminées entre la terre ferme et le pôle nord. Leur superficie totale est de 1,304,903 milles carrés. Ils constituent la dernière des grandes régions inexplorées de l’Amérique du Nord.
Ces territoires sont peu peuplés. Toute la population du Mackenzie pourrait tenir dans un stade de rugby américain. Les habitants sont éparpillés depuis la frontière sud jusqu’à l’ombre du pôle. Ils se composent de trappeurs, de mineurs, de missionnaires, d’agents de police, de commerçants, de marchands et de fonctionnaires. Certains Esquimaux mènent une existence primitive et dure dans des camps de chasse et de pêche isolés, tandis que d’autres ainsi que des Indiens et des Canadiens d’origine européenne travaillent pour des sociétés minières et vivent dans des petits villages, où l’on jouit d’une existence à peu près « normale ».
On compte quatre-vingts agglomérations dans les Territoires du Nord-Ouest, dont certaines se limitent à quelques maisons groupées autour d’un comptoir commercial ou d’une station météorologique, alors que d’autres ont une population de 3,500 habitants. Hay River est le centre d’une industrie de la pêche de plusieurs millions de dollars, qui alimente les marchés du sud du Canada et des États-Unis en poisson blanc. Fort Smith, d’autre part, est le chef-lieu de la partie ouest des territoires. À l’est d’Inuvik, la toundra arctique s’étend, sur une distance de 1,200 milles, jusqu’aux rives de la baie d’Hudson.
Au cours du présent siècle, la culture du sol sous les hautes latitudes a progressé de plus en plus loin vers le nord, bien que la petite exploitation agricole et l’horticulture aient toujours été pratiquées dans le district de Mackenzie depuis l’arrivée des explorateurs et des premiers colons. Les stations expérimentales du ministère de l’Agriculture à Fort Simpson et Yellowknife s’efforcent par divers essais d’améliorer la qualité et la variété des légumes cultivés dans cette région.
La durée de l’été varie de deux brèves semaines dans le nord de l’île Ellesmere à deux mois et demi dans le voisinage du Grand lac des Esclaves. Dans les régions du nord-est, la température moyenne du mois le plus chaud est inférieure à 50 degrés, et la moyenne de la température hivernale n’atteint pas 32 degrés. Les précipitations sont faibles. Dans la vallée du Mackenzie, il ne tombe que de 40 à 50 pouces de neige, ce qui représente seulement la moitié des chutes de neige dans les régions des Grands lacs et du Saint-Laurent.
Le piégeage est la plus ancienne des industries des Territoires du Nord-Ouest, et aussi la plus importante en matière de revenus pour les habitants. Dans beaucoup de petits « villages », les fourrures vendues au comptoir local représentent presque le seul gagne-pain de ceux qui préfèrent continuer à y faire leur vie. La valeur alimentaire du poisson et du gibier capturés dans les T.N.-O. se chiffre à quelque deux millions de dollars par année.
L’industrie forestière est inexistante, mais les forêts qu’on y trouve semblent bien suffisantes pour subvenir en permanence aux besoins de la population. Les peuplements de bois d’oeuvre du district de Mackenzie ont surtout de la valeur comme source de matériaux de construction et de combustible, et en tant que milieu favorable pour le gibier et les animaux à fourrure.
Les mines
Il existe d’immenses richesses minérales au nord du 60e degré, mais elles ne sont pas d’accès facile. Il faut pour les exploiter un sens aigu de la prospection, beaucoup de travail et des capitaux suffisants à aventurer, dans une région où les risques sont grands et les enjeux élevés.
Le gouvernement fédéral fait ce qu’il peut pour encourager et aider l’entreprise privée en procédant à des levés géologiques et aérophotogrammétriques. Tout indique que les ressources du sous-sol sont assez riches pour compenser les désavantages particuliers aux régions arctiques. Il existe de vastes réserves d’énergie hydraulique, qui attendent d’être aménagées. Le cours supérieur du Yukon aurait, estime-t-on, un potentiel de quatre millions et demi de chevaux-vapeur, et une importante source inexploitée de force hydraulique située à proximité du Grand lac des Esclaves serait d’une valeur incomparable pour l’exploitation des ressources minérales de cette région.
Naturellement, il en coûtera davantage pour extraire les minéraux du nord et les expédier sur le marché que pour effectuer les mêmes opérations dans le cas des ressources identiques mais plus accessibles sises plus au sud. Pour obvier à cet inconvénient, les gisements doivent être d’une qualité exceptionnelle. Et pour amener les gens à aller travailler dans le Nord, les salaires doivent aussi être plus élevés que dans le Sud.
Le principal problème est le transport. Même dans les endroits où les moyens nécessaires existent, l’éloignement considérable des marchés et des sources d’approvisionnements, ainsi que le faible volume et les fluctuations de la circulation contribuent à faire du transport l’opération la plus onéreuse de l’exploitation minière et des autres industries.
Les mines d’or ont réussi à fonctionner dans les lieux très isolés parce que les frais de ravitaillement ne constituent pas dans ce cas un facteur critique et que les frais d’expédition de l’or sont négligeables, mais les mines de métaux communs ont le plus souvent une production volumineuse, qui exige des services de transport à bon marché.
Certains envisagent la possibilité du transport sous-marin par le nord. Les submersibles des États-Unis ont démontré que le passage sous les glaces de l’Arctique est réalisable, et lors d’une réunion sur la mise en valeur du Grand Nord un conférencier a évoqué l’image des péniches-citernes submersibles remorquées par des sous-marins atomiques et transportant le pétrole du Nord canadien vers les marchés du sud et de l’Europe.
Tout cela est pour l’avenir, et les grandes découvertes de minerais des dernières années restent liées au transport par terre. En 1962, des gîtes de fer très importants ont été repérés dans l’est du Territoire du Yukon. Deux ans plus tard, le ministre du Nord canadien et des Ressources nationales annonçait qu’un immense gisement du minerai de fer le plus riche du monde avait été découvert sur l’île Baffin. On estime que ce nouveau filon contiendrait 180 millions de tonnes de minerai ayant une teneur de 69 p. 100 de fer.
Il y a aussi du pétrole dans l’Arctique. C’est Alexander Mackenzie qui nous l’a appris en voyant suinter l’or noir sur les rives du Mackenzie, en 1789, là où se trouvent aujourd’hui les champs pétrolifères Norman-Wells. L’entreprise privée a consacré environ 75 millions de dollars aux travaux d’exploration et de forage, dans le nord, au cours des cinq dernières années.
Le problème du transport du pétrole comporte trois solutions possibles : le rail, le pipe-line et le navire-citerne. D’après les spécialistes, la meilleure des trois serait peut-être d’acheminer le pétrole jusqu’à la côte, probablement par pipe-line, et de l’amener ensuite jusqu’aux marchés par mer.
L’Avenir du Nord
Il y a deux façons de s’adapter au Nord, qui, lui, semble singulièrement ancré dans sa détermination de ne pas s’adapter aux habitants du sud. L’une, celle des Esquimaux, est de n’y rechercher que la subsistance ; l’autre consiste à compter sur les lignes de ravitaillement avec le Sud, d’où proviennent les commodités nécessaires aux gens habitués à l’attirail de la vie dans les régions australes. Cette seconde façon est devenue une possibilité depuis quelques années, grâce aux progrès techniques.
Les recherches permettront sans doute de résoudre plusieurs problèmes : prix, conditions de vie, transport, etc., car il reste encore beaucoup de choses à apprendre sur le Grand Nord canadien. Depuis 1870, année où elle nous a été cédée, jusqu’à ces derniers temps, nous avons quelque peu négligé cette partie de notre territoire. Aujourd’hui, nous utilisons les instruments géophysiques modernes pour dénombrer ses ressources sur place et en apprécier la valeur. Demain, il nous faudra en outre établir s’il existe des marchés pour ses produits, combien coûterait leur exploitation et comment s’effectuerait leur transport. Nous devrons faire preuve d’imagination et tenir compte des possibilités des remorqueurs sous-marins,, de l’aéroglisseur et autres inventions récentes.
Certes beaucoup de points d’interrogation planent encore sur l’Arctique, mais personne ne prétendra qu’avec de l’initiative et de l’énergie nous ne pouvons pas y trouver des réponses.
Il existe plusieurs publications sur l’Arctique, que l’on peut se procurer en s’adressant au ministère du Nord canadien et des Ressources nationales, à Ottawa. Le ministère en fera parvenir la liste sur demande à ceux qui voudraient les connaître.