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Beaucoup d’éducateurs et d’auteurs en général se sont penchés ces dernières années sur le grave problème que posent les élèves ou les étudiants qui négligent de tirer tout le profit possible de leurs études. Les articles publiés à ce sujet dans les revues spécialisées comme dans divers autres périodiques témoignent de l’inquiétude croissante des parents et des enseignants devant cette situation.

On entend ici par ceux qui ne savent pas profiter des avantages de l’instruction, les jeunes gens bien doués qui abandonnent prématurément leurs études ou ceux qui, tout en les poursuivant, ne fournissent pas une somme de travail suffisante.

Ce qui importe, dans le premier cas, c’est de ramener ces malheureux adolescents dans la voie de l’étude, afin qu’ils acquièrent les connaissances qui leur seront si essentielles pour bien se tirer d’affaire dans la vie. S’il suffit parfois d’un mot d’encouragement, le plus souvent une intervention beaucoup plus ferme est indispensable.

Les élèves qui ne travaillent pas assez sont ceux qui pourraient faire mieux, mais qui ne veulent pas, malgré les réprimandes, les encouragements, les punitions, les conseils et les leçons particulières. Certains d’entre eux sont des révoltés qui obéissent extérieurement aux ordres de leurs parents et qui exécutent tous les gestes de la fréquentation scolaire et de l’étude, mais dont l’esprit est oisif. D’autres considèrent l’instruction comme une calamité inévitable. Au lieu de brûler de curiosité et d’intérêt, ils écoutent avec une parfaite indifférence, attendant bien docilement que le maître les force à apprendre.

Quelles sont les causes qui empêchent certains enfants d’obtenir le succès que d’autres enfants possédant les mêmes dons remportent sans trop d’effort ? Il est possible que quelques-uns aient besoin de la direction du conseiller d’orientation de l’école ou d’un psychiatre pour remédier à des troubles émotifs. Dans d’autres cas, il faudra amener les élèves à comprendre qu’il est important de travailler dès maintenant pour en profiter plus tard. Il s’agit de leur fixer un but à atteindre.

Il faudrait que tous les parents et tous les instituteurs aient l’ambition de stimuler l’esprit des élèves de telle manière qu’ils aspirent toujours à mettre leur talent à l’épreuve et à développer leurs aptitudes latentes.

Respecter la nature des choses

Malgré toute notre ingéniosité, nous ne pouvons changer la nature des choses. La vie dans le monde d’aujourd’hui, comme dans ceux qui l’ont précédé, ne favorise que ceux qui en acceptent les limites, qui en apprécient les possibilités et qui ne renâclent pas devant le travail à accomplir pour apprendre à tirer parti des désavantages comme des occasions favorables.

Un professeur d’université disait, il y a quelques années, que le monde avait été témoin dernièrement de quatre grandes explosions encore plus importantes que l’éclatement d’une bombe de cent mégatonnes : celle de la science, celle de la population, celle de l’espace et celle de la liberté.

On a fait pendant la dernière décennie plus de découvertes que durant les cent années antérieures, et les progrès du savoir sont de plus en plus rapides.

Les recherches spatiales nous mettent directement en présence d’un nouveau devoir de collaboration et d’inspection internationales, sans lesquelles notre survie même sera gravement menacée.

L’explosion de la population, traitée dans notre Bulletin sur la faim dans le monde, a fait surgir le problème encore irrésolu de l’aide à fournir aux peuples des pays sous-développés pour leur permettre d’améliorer leur niveau de vie.

Enfin, l’explosion de la liberté en Afrique et en Orient soulève des questions assez épineuses pour le monde occidental. Des pays qui ont conquis leur liberté mais qui n’ont pas encore appris à s’en servir, sont aujourd’hui inquiets et désemparés ; ils se montrent à la fois envieux et méfiants à l’égard des pays plus évolués et peu disposés à accepter des conseils en matière de gouvernement et d’évolution industrielle.

Pour permettre aux enfants de réussir leur vie à une époque aussi difficile et tourmentée, dit le même éducateur, nous devons concentrer nos efforts sur trois points : une vaste base de connaissances intelligentes et étroitement coordonnées ; un ensemble bien établi d’habitudes et d’attitudes généralisées à l’égard de la créativité, de la méthode scientifique et de la réflexion critique ; le sain épanouissement de la personnalité et le respect des valeurs morales et spirituelles.

Mais comment préparer nos enfants à cette haute conception de la vie sinon en les dotant d’une solide instruction primaire et secondaire ? Quel autre moyen ont-ils d’acquérir toute la force émotive et la maturité mentale dont ils auront besoin pour tenir le coup pendant les dernières années de notre siècle ?

Les besoins nouveaux

La vie à elle seule, abstraction faite de l’exercice d’un emploi dans les affaires, l’industrie ou l’agriculture, suppose que l’on est capable de faire face à une foule de situations et de procédés assez compliqués. Si nous voulons que les étudiants soient prêts à affronter les problèmes de leur temps, il importe de leur donner une formation conforme à l’esprit scientifique, tout en veillant cependant à ce qu’ils demeurent profondément conscients du besoin de sauvegarder les libertés individuelles et les institutions démocratiques.

Il y a en chacun de nous un instinct combatif. C’est même l’un des agents qui font progresser l’espèce humaine. Nos ancêtres luttaient contre le désert, la forêt, les terres incultes et la superstition voulant qu’ils soient peuplés d’esprits malveillants. Il nous incombe, à nous, d’apprendre à nos jeunes gens à bien se servir de leurs facultés de juger et de raisonner afin qu’ils soient en mesure d’affronter sans crainte et de vaincre à coup sûr des difficultés que nous ne pouvons même pas imaginer.

L’industrialisation a fait surgir le besoin, sans cesse grandissant, d’une instruction de plus en plus vaste et poussée. Autrefois, il suffisait d’avoir terminé le cours primaire pour pouvoir occuper la plupart des emplois, aujourd’hui, à cause de la mécanisation et de l’automation, on exige les études secondaires ou un diplôme technique équivalent pour beaucoup de métiers, et les hommes et les femmes qui ont fréquenté l’université sont de plus en plus recherchés. Le jeune homme qui a interrompu ses études doit donc s’attendre à remplir successivement plusieurs emplois non spécialisés et sans avenir, qui deviendront même de plus en plus difficiles à trouver avec le temps.

Il est de règle dans les affaires comme dans les divers métiers de confier les outils à ceux qui savent les manier. La bonne volonté et le désir de travailler ne constituent plus des qualités suffisantes. Les personnes sans instruction sont déjà surannées avant leur arrivée sur le marché du travail.

Des enquêtes effectuées en 1963 ont révélé que 70 p. 100 des chômeurs canadiens n’avaient tout au plus qu’une huitième année d’études. On trouve un autre indice des nouvelles exigences en matière d’instruction dans un tableau sur l’évolution des emplois et des professions au Canada au cours des années 1949 à 1959 : les emplois en général ont augmenté de 24 p. 100 ; les emplois professionnels de 71 p. 100 ; les emplois spécialisés de 38 p. 100 ; les emplois administratifs de 34 p. 100 ; les emplois semi-spécialisés et non spécialisés de 19 p. 100.

Bien que nos besoins dans ce domaine nous soient connus depuis plusieurs années, le Conseil canadien du bien-être jugeait encore à propos de déclarer, dans le mémoire qu’il présentait au Comité sénatorial de la main-d’oeuvre et de l’emploi que, si l’on ne remédie pas aux lacunes actuelles de notre régime d’enseignement, la composition de la population active de moins de 25 ans en 1970 se répartirait ainsi : un tiers aura quitté l’école sans avoir dépassé le niveau des études primaires ; un tiers aura cessé de fréquenter l’école avant d’avoir obtenu le diplôme d’immatriculation ou l’équivalent ; moins d’un cinquième des nouveaux venus dans le monde de la main-d’oeuvre auront leur immatriculation supérieure, et quelque 6 p. 100 seulement auront fait des études universitaires.

Les jeunes gens qui abandonnent leurs études avant d’avoir acquis la meilleure instruction à laquelle ils puissent aspirer, s’aperçoivent, mais trop tard, que toute leur vie se trouve de ce fait établie et fixée à un niveau inférieur. Ils seront probablement les premiers à perdre leur place en cas .de crise. L’expérience démontre que, d’une façon générale, ils auront plutôt tendance à descendre qu’à monter dans l’échelle des emplois. Leur vie ne sera pas heureuse, et il est douteux qu’ils apportent une contribution utile à la société.

Les causes d’échec

Devant ces faits inquiétants, il convient de se demander quelle est la cause des échecs, des départs prématurés et de l’insuffisance d’effort.

En règle générale, l’élève décide de quitter l’école parce qu’il n’a aucun but sérieux dans la vie. Notre puissante économie, avec son étalage criard d’abondance et sa répugnance pour le travail ardu, favorise le voeu universel d’obtenir sans peine l’aisance et le confort. Les parents et les instituteurs ne tolèrent peut-être pas ouvertement les échecs scolaires, mais ils y contribuent en n’insistant pas assez sur l’importance et la valeur du travail pour qui veut réussir.

Les élèves qui n’achèvent pas leurs études ne sont pas nécessairement des arriérés mentaux. Certains d’entre eux ont, d’après les tests courants, un quotient intellectuel aussi élevé que ceux qui obtiennent leur diplôme. Il y a chez eux quelque chose qui a fait défaut, voilà tout. Selon un article de revue, les trois causes dominantes des départs prématurés de l’école sont : l’insuffisance d’aptitude pour les études, la lenteur du développement émotif et social, le manque d’intérêt des parents pour l’instruction.

L’une des raisons que l’on invoque le plus souvent pour excuser les échecs ou les délections est le dérangement que constitue l’obligation de travailler pour accroître les revenus de la famille. Les recherches démontrent que les études ne souffrent pas forcément du fait qu’un élève prend un emploi à temps partiel. En réalité, une enquête faite dans l’Illinois révèle que l’on compte proportionnellement plus de sujets qui travaillent après la classe ou le samedi chez ceux qui terminent leurs études que chez ceux qui les abandonnent. Pour certains élèves, les heures consacrées à un emploi rémunérateur sont une distraction qui les repose de leur travail scolaire. La satisfaction d’accomplir quelque chose d’utile pour la société a un effet bénéfique sur leur santé mentale.

Les devoirs des parents

Selon un ancien philosophe : « On aime les enfants pour la raison bien évidente qu’ils sont des enfants et parce que les enfants sont radieux et beaux, riches de toutes les possibilités. » Mais l’amour des parents n’est pas un sentiment passif. Il doit être bien vivant et même stimulant.

Aimer ses enfants, c’est formuler pour eux les voeux les meilleurs et faire le nécessaire pour qu’ils se réalisent. Rien n’a plus de portée dans la vie que le savoir, et l’enfant commence à l’acquérir dès que vous lui lisez des contes pour l’endormir. En piquant sa curiosité par des historiettes, vous éveillez en lui le désir d’apprendre. Vous lui donnez soif tout de suite afin de ne pas avoir plus tard à le forcer à boire.

Le meilleur encouragement à l’étude que les parents puissent donner à leurs enfants est de s’intéresser activement à leurs cours et à leurs devoirs. Il suffit de quelques instants tous les soirs pour leur faire comprendre les avantages du savoir, et c’est là du temps bien employé si l’on songe qu’il s’agit de l’avenir de nos enfants.

Cet intérêt des parents devra se maintenir sans interruption jusqu’à la collation des grades. Félicitez votre enfant chaque fois qu’il le mérite ; épinglez ses images de première année sur le mur sans en rire ; informez-vous auprès de l’école de ce que vous devez faire pour lui venir en aide ; soyez ferme sur le chapitre de l’étude à la maison, mais ne le harcelez pas ; acceptez volontiers de donner des explications et des renseignements ; demandez à voir les examens corrigés, afin d’enseigner à l’enfant ce qu’il ne sait pas ; encouragez-le à parler de ce qu’il fait à l’école pendant les repas ou à d’autres moments. N’oubliez pas que si les additions vous semblent faciles et l’histoire bien ancienne, elles ont pour votre enfant l’attrait de la nouveauté et de l’inconnu. Trouver la somme de 4 plus 5 constitue une victoire à un certain âge, tout comme le fait d’extraire une racine carrée sera un exploit à un autre âge.

Assurez à votre enfant les meilleures conditions de travail possibles. Il importe de lui réserver une pièce séparée ou au moins un petit coin tranquille, où il pourra étudier sans être dérangé par les autres membres de la famille ni par la radio et la télévision.

Si votre enfant échoue, demandez-vous si le cours qu’il suit n’est pas au-dessus de ses forces. Vous pourrez éviter un plus grand mal, et même une tragédie, en le plaçant dans une nouvelle ambiance. Il suffira parfois de le faire passer d’un milieu où il a échoué à un milieu où il parviendra à se caser pour lui permettre de se ressaisir.

Du sens commun, de la prévenance, de la bonté et un peu de temps, voilà ce qu’il faut aux parents pour aider leurs enfants dans leurs études. Il serait bon, en outre, que les parents se réunissent deux ou trois fois au cours de l’année scolaire pour parler de leurs problèmes et de leurs méthodes. Grâce aussi à des entretiens périodiques avec les maîtres et les préposés à l’orientation, ils pourront apprendre à diriger sans régenter et à aider sans dorloter. Ils se rendront mieux compte du danger de trop gâter les enfants. Certains écoliers ont tant de choses et de privilèges qu’ils ne savent pas qu’il existe un lien essentiel entre l’effort et la récompense.

Un problème national

L’instruction est sans contredit le grand problème de l’heure dans notre pays. Elle a pour but de préparer chaque enfant à mener une vie utile à la société et à s’acquitter avec succès des obligations que la société est en droit de lui imposer. Sa mission est d’assurer la réussite et le bonheur des individus, l’égalité des citoyens, la liberté du gouvernement, la sécurité et la prospérité, et aussi le culte de la beauté.

Au Canada, l’instruction est considérée comme un droit fondamental de l’enfant. Le véritable idéal démocratique ne consiste pas à dispenser la même instruction à tous, mais à assurer à tous les mêmes possibilités compte tenu de leurs aptitudes. L’écolier ou l’élève ne doit pas être un récipient passif, comme un tonneau qu’on remplit avec un entonnoir ; il doit faire un sérieux effort pour absorber ce qu’on lui offre.

Ce que l’enfant apprend à l’école est un capital, qu’il devra faire fructifier et exploiter toute sa vie. S’il manifeste de la résistance, il importe de lui enseigner qu’il y a ainsi beaucoup de « valeurs » non réalisables à court terme et dont l’utilité ne se révélera qu’avec le temps.

L’instruction dispense des connaissances qui permettront à l’élève d’orienter au mieux le développement de ses aptitudes à mener une vie heureuse et utile. Il n’est pas vrai de dire que l’instruction devient de plus en plus compliquée, mais on peut affirmer avec raison que la société étant de plus en plus complexe, il est nécessaire que l’instruction soit plus complète.

Ce qu’il faut faire

Un effort énergique pour trouver une solution pratique au problème s’impose à tous ceux qui s’intéressent aux jeunes et à leur avenir.

Il ne suffit pas de rescaper, en dernière année du cours secondaire, les élèves qui veulent tout lâcher ou qui ne donnent pas leur plein rendement. C’est dès le début qu’il faut repérer ceux qui ne lisent pas assez, les paresseux, et remédier à la situation. Comme le disait récemment le directeur adjoint d’une commission scolaire : « Il convient de retarder l’échec définitif d’un élève médiocre assez longtemps pour qu’il puisse acquérir une formation suffisante pour devenir un bon citoyen. »

Notre devoir est de bien faire sentir à l’élève qu’il doit faire face à certaines nécessités auxquelles on ne peut se soustraire. Nous devons lui montrer les causes de son échec et les moyens de les vaincre. Il faut lui offrir un programme qui promet de lui apporter le succès dans ses études, sa profession et sa vie sociale.

Il va de soi qu’une collaboration franche et sincère entre les parents, les instituteurs, les commissions scolaires et tous ceux qui s’intéressent à l’assistance sociale est indispensable en pareil cas. La tâche n’incombe pas uniquement à l’école ; pour la mener à bonne fin, il faut rien de moins que les efforts conjugués de toute la collectivité.

En acceptant de parler aux élèves ou aux étudiants des qualités requises pour exercer un emploi, les représentants des syndicats peuvent rendre de précieux services. Les emplois exigeant des connaissances et de l’habileté technique trouvent peu de recrues, tandis que les jeunes gens et les jeunes filles qui n’ont pas acquis l’instruction nécessaire sont incapables de se procurer du travail. Les associations de jeunes gens et les mouvements qui se consacrent au service de la jeunesse pourraient aussi, dans leurs cercles d’études, insister sur la nécessité pour tous les garçons et les filles de pousser leur instruction jusqu’à la limite de leurs talents.

Certains centres pour les jeunes mettent des salles d’étude à la disposition de ceux qui n’ont pas de petits coins tranquilles au foyer. D’autres demandent à des « grands » spécialement brillants de donner des leçons particulières à leurs cadets qui sont faibles dans certaines matières. Il existe à Philadelphie une société au sein de laquelle cent soixante-quinze collégiens apportent bénévolement leur aide aux jeunes qui en ont besoin dans leurs études. C’est un exemple qui mérite certes d’être suivi par d’autres localités.

À la rentrée des classes, l’année dernière, aux États-Unis, des milliers d’élèves qui avaient décidé d’abandonner leurs études ou qui se proposaient de le faire, sont retournés à l’école. S’ils ont repris leurs livres et leurs cahiers, c’est grâce à la campagne entreprise sur les instances du regretté président Kennedy et à l’aide financière de $250,000 consentie sur sa Caisse de secours. Les représentants de cette organisation s’étant mis en rapport avec 59,300 élèves qui avaient décidé ou qui se proposaient d’abandonner leurs études, réussirent à en ramener 30,361, soit 51 p. 100, sur les bancs de l’école. Les résultats les plus remarquables furent obtenus en faisant appel à la collaboration des écoles, des services de bien-être, des hommes d’affaires, des parents, des groupements paroissiaux et des divers moyens d’information. Les élèves récupérés donnèrent diverses raisons pour expliquer leur retour à l’école, mais la principale d’entre elles fut l’intérêt personnel que leur avait manifesté la collectivité en cette circonstance.

Les manquements des adultes

Les adultes ne sont pas toujours sans reproches, même si leurs manquements ou leurs dérobades ne se révèlent pas dans les notes d’examens. S’ils sont incapables de faire face aux difficultés avec lesquelles leurs enfants sont aux prises, s’ils restent confondus par les événements sans s’efforcer de les comprendre, ils manquent à leur devoir. Ils ne sont pas à la hauteur des besoins de leur temps.

Au moment où naissent leurs enfants, la curiosité active des parents à l’égard du monde qui les entoure commence à s’émousser. Digérant, pour ainsi dire, les données qu’ils ont recueillies, ils s’efforcent de les rassembler et de construire une maquette animée de l’univers, qui leur sert de point de référence pendant le reste de leur vie et par l’intermédiaire de laquelle leurs enfants font connaissance avec le monde.

Il importe de réagir au plus tôt contre cette tendance. La société devient de plus en plus compliquée, déconcertante et exigeante, non seulement pour les enfants d’aujourd’hui, mais aussi pour les adultes d’aujourd’hui. Chacun doit continuer à se renseigner et à s’instruire s’il veut atteindre son plein épanouissement et accomplir ses devoirs de parent et de citoyen.

L’ignorance n’est pas un crime, mais demeurer dans l’ignorance quand on pourrait faire autrement, c’est un crime contre soi-même. Depuis le livre de poche et les émissions éducatives de la télévision jusqu’aux nombreux cours offerts par divers organismes et les universités, les Canadiens disposent d’une infinité de moyens appropriés pour se mettre et se tenir à la page.

Tout adulte normal ressent un profond besoin d’achèvement. Nous tenons à satisfaire nos aspirations au bonheur dans la plus large mesure possible. Comme l’écrit fort justement un auteur, « la vie est une expérience et une aventure, et lorsqu’on n’est plus avide d’en savourer jusqu’à la dernière goutte, c’est tout simplement que l’on s’achemine, consciemment ou non, vers le jour où il faudra partir sans regarder en arrière. »

Pas de médicaments édulcorés

Est-il possible de guérir sans douleur le mal qui afflige tant de nos jeunes gens ? Il faudra opérer certains redressements, et le traitement devra s’étendre à tous les organes atteints : les enfants, les parents, l’école et la société. Toutefois, l’opération sera peut-être moins douloureuse qu’on ne le craint, car il s’agit beaucoup plus, en réalité, de vaincre notre paresse, notre inertie, nos préjugés et nos habitudes que de nous soumettre à une grave intervention chirurgicale.

Mais ce n’est pas le moment des manières doucereuses et des remèdes édulcorés. Jeunes et vieux, nous devons avoir le courage et l’audace de reconnaître toutes les possibilités dont nous sommes riches et de nous attaquer à la tâche la plus merveilleuse du monde : celle de faire valoir ce qu’il y a de meilleur en nous et de viser toujours plus haut.