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Le recensement de 1961 nous présente un inventaire de nos ressources démographiques au moment où nous nous apprêtons à célébrer le centenaire de la Confédération.

Il est aussi commode qu’intéressant d’en diviser les résultats en sections : Combien sommes-nous ? Où vivons-nous ? D’où venons-nous ? Quelle sorte de population avons-nous ? Où allons-nous ?

On trouvera naturellement beaucoup de chiffres dans la présente étude. Il ne saurait en être autrement, car le seul moyen de savoir de quelle espèce de gens se compose la nation canadienne est d’examiner les statistiques.

Le premier recensement, qui eut lieu en 1666, indiquait un total de 3,215 âmes dans la colonie de la Nouvelle-France. En 1763, la Nouvelle-France comptait 60,000 habitants, et, au moment de la confédération, en 1867, la population du Canada était passée à 3,500,000. Lors du recensement de 1961, le total avait atteint 18,238,247, et, d’après les estimations du Bureau fédéral de la statistique, notre population s’établissait à 18,767,000 au début de 1963.

En ce qui concerne l’avenir, le Bureau de la statistique nous informe qu’il est permis de prévoir que notre population dépassera 22 millions en 1971.

La hausse de la natalité et le niveau élevé de l’immigration comptent parmi les principaux facteurs de l’accroissement de la population du Canada pendant la période de 1951 à 1961, accroissement qui se chiffre à 4,228,818. Le taux de la mortalité a diminué de 9 à 8 pour 1000 habitants. L’immigration nette, c’est-à-dire la différence entre le nombre des personnes entrant dans notre pays et celles qui en partent, a atteint le total de 1,080,746 au cours des dix années en question.

La population n’a pas connu le même essor dans toutes les provinces. Les plus fortes augmentations ont été enregistrées dans les deux provinces les plus occidentales : 41.8 p. 100 en Alberta et 39.8 p. 100 en Colombie-Britannique. L’Ontario, où l’immigration nette a été de 685,000 et où le nombre des naissances a excédé celui du Québec pour la première fois en une décennie, a vu sa population s’accroître de 35.6 p. 100. Dans le Québec, l’augmentation a été de 29.7 p. 100, soit environ un million par accroissement naturel et 205,000 par immigration (nette).

Terre-Neuve, dont le taux de natalité a atteint 34 p. 1000 de la population, ce qui est beaucoup plus que la moyenne nationale de 27.5 p. 1000, a accusé une augmentation de 26.7 p. 100. La population du Manitoba s’est accrue de 18.7 p. 100 ; celle de la Saskatchewan de 11.2 p. 100 ; celle de la Nouvelle-Écosse de 14.7 p. 100 ; celle du Nouveau-Brunswick de 15.9 p. 100 et celle de l’île du Prince-Édouard de 6.3 p. 100. Les trois provinces maritimes ont enregistré des diminutions nettes par suite de l’excédent de l’émigration sur l’immigration. La natalité y a varié de 31 à 27 p. 1000.

La population active

Aux fins des statistiques, la population active du Canada se compose de toutes les personnes âgées de 14 ans ou plus qui travaillent ou qui cherchent du travail. Il faut naturellement en exclure ceux qui sont dans les forces armées, les hôpitaux, les prisons ou autres institutions, ainsi que dans les réserves indiennes.

Dans les dix années qui se sont terminées en 1961, près de 1,300,000 personnes sont venues grossir les rangs de notre population active, dont la moyenne était de quelque 6,500,000 en 1961. À la fin de 1962, cette population s’élevait à 6,612,000.

Un changement de plus en plus notable dans la façon de gagner sa vie se révèle dans la différence que l’on constate entre les premières années du siècle et 1961. En l’espace de soixante ans, le nombre des travailleurs de l’industrie de la fabrication est passé de 15p. 100 à 25 p. 100,celui des personnes employées dans le secteur des services de 14 à 25 p. 100, tandis que les emplois agricoles ont subi une baisse de 40 à 12 p. 100.

Où vivons-nous ?

Le Canada est devenu avec le temps un pays de plus en plus urbain. Au moment du recensement, 30 p. 100 de notre population habitaient dans les régions rurales et 70 p. 100 dans les villes et les villages de plus de 1,000 habitants. Selon les prévisions de la Commission Gordon, cette tendance à la concentration dans les villes se maintiendra jusque vers 1980, alors que 80 p. 100 des Canadiens seront réunis dans les centres urbains.

Dans les régions métropolitaines, la ville où l’augmentation de la population a atteint le pourcentage le plus élevé au cours des dix années antérieures à 1961 a été Calgary, (96.1 p. 100) et celle où elle atteint le pourcentage le plus bas est Windsor, (18.2 p. 100). Les pourcentages de l’accroissement dans les autres villes sont les suivants : Toronto 50.7 ; Sudbury 49.9 ; Ottawa 46.9 ; Kitchener 44.1 ; Montréal 43.3 ; Hamilton 41 ; Vancouver et London 40.6 ; Halifax 37.3 ; Victoria 36.2 ; Winnipeg 33.4 ; Saint-Jean de Terre-Neuve 32.4 ; Québec 29.4 ; Saint-Jean (Nouveau-Brunswick) 22.

D’où venons-nous ?

Presque tous les Canadiens d’aujourd’hui – ou leurs aïeux – sont des gens qui ont émigré au Canada au cours des trois cent cinquante dernières années. Un petit nombre seulement, soit un sur cent, sont des descendants des premiers habitants de l’Amérique du Nord, et personne ne sait exactement d’où venaient leurs ancêtres. Ce sont les Indiens et les Esquimaux, groupes ethniques ayant leurs langues et leurs cultures propres.

Les Indiens sont réunis en 562 bandes dans 2,217 réserves d’une superficie totale de 5,900,000 acres. Fait important dans la vie des Indiens, on constate chez eux une intégration croissante des jeunes dans les écoles non indiennes. À l’heure actuelle, environ 2,000 adolescents indiens suivent les cours de la 9e à la 10e année dans des écoles secondaires non indiennes, et on en trouve une centaine en 13e année et à l’université. Les Indiens ne sont pas en voie d’extinction ; au contraire, leur accroissement est plus rapide que celui des autres groupes ethniques. Ils étaient au nombre de 185,000 en 1961, en comparaison de 118,316 en 1941.

Malgré des ressources relativement pauvres, les Esquimaux ont réussi à survivre pendant des milliers d’années dans le Grand Nord du Canada. Robustes et intelligents par nature, ils apprennent aujourd’hui de nouveaux métiers afin de s’adapter aux circonstances de l’existence moderne. On en compte 11,500 dans les régions continentales du nord et les îles de l’Arctique, où le gouvernement canadien leur assure l’instruction, l’assistance familiale et des services de formation technique.

En plus de l’apport de ces premiers habitants du Canada, les deux grands facteurs d’augmentation de notre population restent l’accroissement naturel et l’immigration.

L’accroissement naturel, c’est-à-dire la différence entre les naissances et les décès, s’est maintenu à environ 20 p. 1000 de la population entre 1951 et 1961. Les chiffres correspondants pour la décennie précédente et celle de 1931 à 1941 étaient de 16 et 11 p. 1000 respectivement.

Les variations de la natalité entre les provinces s’atténuent graduellement, et le Québec, où le taux des naissances était autrefois de beaucoup le plus élevé, a enregistré une baisse, qui le rapproche de la moyenne générale du Canada. La natalité y est descendue de 30 pour 1000 en 1951 à 26.8 en 1960 et à 26.1 en 1961. En Ontario, le taux a augmenté de 22 à 26.

L’apport des pays étrangers

L’immigration, second facteur d’accroissement de notre population, s’est toujours poursuivie depuis l’arrivée des premiers colons français sur nos bords, il y a 350 ans. Notre évolution artistique, économique nationale même, devait forcément se ressentir de l’influence et de l’action exercées par les immigrants.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’émigration vers le Canada a connu d’importantes fluctuations. Une affluence considérable s’est produite en 1948, par suite du rétablissement normal des moyens de transport maritimes. Outre le mouvement migratoire considérable en provenance des îles britanniques, notre pays a accueilli des milliers de personnes déplacées. La révolution hongroise et la crise de Suez, en 1956, ont eu un effet marqué sur l’immigration de 1957, année où 282,164 immigrants, dont 31,643 Hongrois et 108,989 Britanniques, furent admis au Canada.

Comme dans le cas des autres facteurs de notre croissance nationale, les chiffres relatifs à l’immigration ne sont pas répartis d’une façon égale entre toutes les provinces du Canada. Au 1er juin 1961, le Québec avait reçu 247,762 immigrants depuis la fin de la guerre, tandis que l’Ontario en comptait 833,303. Le total atteint par toutes les autres provinces réunies s’élevait alors à 426,051.

L’émigration hors du Canada neutralise dans une large mesure les augmentations attribuables à l’immigration. Ainsi, pendant la décennie de 1952 à 1961, 399,542 personnes ont quitté le Canada pour les États-Unis. Sur ce nombre, 286,155 étaient des Canadiens de naissance.

Les nouveaux venus

Pourquoi les émigrants optent-ils pour le Canada ? Parmi les raisons énoncées par feu John P. Kidd, dans son livre intitulé New Roots in Canadian Soil et publié par le Conseil canadien du civisme, à Ottawa, on trouve les deux motifs suivants : « Les uns y sont venus parce qu’ils croyaient que leurs enfants trouveraient de meilleures chances de succès dans un pays jeune et neuf. D’autres y ont été attirés par la pensée que l’essor prodigieux de notre pays leur permettrait mieux que leur terre natale de faire valoir leurs talents et leurs capacités. »

Il est parfaitement légitime de rechercher le bonheur, la paix et la prospérité, et ces bienfaits constituent le plus grand avantage que le Canada peut offrir. L’empressement de notre pays à recevoir les immigrants fait échec à l’esprit de clocher qui a si longtemps porté les hommes à regarder les étrangers avec crainte et méfiance. Quant à l’immigrant, sa venue est un signe de confiance envers le Canada et son peuple.

La plupart des nouveaux arrivants ont un vif désir de s’adapter à la collectivité canadienne. Ils sont fiers de dire qu’ils sont devenus des Canadiens, et le certificat de citoyenneté est pour eux un parchemin qu’ils exhibent avec orgueil.

Avant le 1er janvier 1947, la qualité de citoyen canadien n’existait pas. De même que les ressortissants des autres parties du Commonwealth et de l’Empire, les Canadiens n’avaient droit qu’au titre de « sujets britanniques ». Mais il n’en est plus ainsi depuis l’adoption de la Loi sur la citoyenneté canadienne, en 1947, mesure qui dotait les Canadiens d’un statut national. Ses dispositions précisaient quelles étaient les personnes autorisées à revendiquer cette qualité au moment de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi et fixaient les conditions de son acquisition par les autres.

Lieu de naissance, race et langue

Le recensement de 1961 révélait que 15,393,984 des citoyens de notre pays, soit 84.4 p. 100 de la population, étaient des Canadiens de naissance. Une génération plus tôt, c’est-à-dire en 1931, on ne relevait que 8,069,261 habitants (77.8 p. 100) nés au Canada.

Voici la répartition en pourcentage de la population totale du Canada selon le lieu de naissance : Terre-Neuve 2.7 ; île du Prince-Édouard 0.7 ; Nouvelle-Écosse 4.3 ; Nouveau-Brunswick 3.6 ; Québec 27 ; Ontario 25.6 ; Manitoba 4.8 ; Saskatchewan 5.7 ; Alberta 5.3 ; Colombie-Britannique 4.6 ; Yukon et Territoires du Nord-Ouest 0.1 ; Royaume-Uni 5.3 ; autres pays du Commonwealth 0.3 ; États-Unis 1.6 ; pays d’Europe 8 ; pays d’Asie 0.3 ; autres pays 0.1.

La population du Canada se compose de plusieurs groupes culturels et ethniques, dont les principaux sont le groupe dit des îles britanniques et le groupe d’origine française. Aux fins du recensement, le groupe ethnique d’un individu est celui de son père. Lors du recensement de 1961, tous les Canadiens devaient répondre à cette question : « À quel groupe ethnique ou culturel appartenait votre ascendant paternel (ou vous-même) lors de son arrivée en Amérique ? »

La répartition procentuelle de la population par groupe ethnique en 1961 était la suivante : îles britanniques 43.8 ; français 30.4 ; allemand 5.8 ; ukrainien 2.6 ; italien 2.5 ; néerlandais 2.4 ; scandinave 2.1 ; polonais 1.8 ; juif 1.0 ; russe 0.7 ; autres pays européens 3.9 ; chinois 0.3 ; japonais 0.2 ; autres pays asiatiques 0.2 ; indien et esquimau 1.2 ; autres et non indiqués 1.3.

La question du recensement relative à la « langue officielle » porte sur le nombre de personnes qui ont déclaré parler l’une ou l’autre ou l’une et l’autre des langues officielles du Canada. La « langue maternelle » désigne la première langue apprise dans l’enfance et encore comprise. Les plus récentes statistiques à ce sujet sont reproduites dans le tableau ci-après.

Langue officielle Langue maternelle
total des personnes pour-centage total des personnes pour-centage
Anglais 12,284,762 67.36 10,660,534 58.45
Français 3,489,866 19.13 5,123,151 28.09
Anglais et français 2,231,172 12.23
Ni l’anglais ni le français 232,447 1.27
Autres 2,454,562 13.46

L’île de Montréal constitue, en ce qui concerne la langue, un cas des plus intéressants. La population totale y est de 1,747,696 habitants. Sur ce nombre, 37 p. 100 ne parlent que le français, 23 p. 100 que l’anglais, 38 p. 100 parlent le français et l’anglais, et 2.5 p. 100 ni l’une ni l’autre langue. Toutefois, le français est la langue maternelle de 63 p. 100 de la population et l’anglais celle de 24 p. 100, tandis que 13 p. 100 ont une langue maternelle autre que le français ou l’anglais.

Quelle sorte de population avons-nous ?

La première distinction qui s’impose lorsqu’il s’agit de déterminer la nature d’une population est celle du sexe. En 1961, il y avait au Canada 9,218,893 hommes et 9,019,354 femmes, soit un rapport de 102 hommes pour 100 femmes. Une génération auparavant, c’est-à-dire en 1931, la proportion était de 107 hommes pour 100 femmes.

Sur le plan des provinces, le rapport s’établit ainsi ; Saskatchewan 108 ; Alberta 107 ; Terre-Neuve 105 ; île du Prince-Édouard et Colombie-Britannique 104 ; Nouvelle-Écosse et Manitoba 103 ; Nouveau-Brunswick 102 ; Ontario 101 ; Québec 100. Dans les régions urbaines, le rapport est de 98 (hommes) à 100 (femmes), mais il atteint 112 dans les régions rurales.

Une autre caractéristique, importante pour les particuliers comme pour le pays tout entier, est celle de l’âge. Au Canada, on peut dire que la fontaine de Jouvence est remplie à déborder. Les Canadiens de moins de 20 ans – on en dénombre 7,624,481 – surpassent de beaucoup ceux de 20 à 44 ans, qui se chiffrent à 6,054,638. On trouve 3,167,974 individus dans le groupe de 45 à 64 ans et 1,391,154 dans celui de 65 ans et plus.

Les changements qui se sont manifestés, au cours du siècle, dans le groupe des personnes âgées méritent d’être mentionnés. Il y a cinquante ans, le Canada comptait 203,537 personnes de 70 ans et plus ; au dernier recensement, leur nombre était passé à 904,052, soit une augmentation de 344 p. 100. L’accroissement de la population en général, pendant la même période, a été de 153 p. 100. En 1961, il y avait au Canada 20,039 habitants de 90 ans et plus (7,946 hommes et 12,093 femmes).

Jusqu’à quel âge les Canadiens peuvent-ils s’attendre à vivre ? Il n’y a pas de preuve plus frappante de l’amélioration des conditions d’existence que la prolongation de la durée probable de la vie. L’homme préhistorique vivait à peine 20 ans en moyenne, et ceux qui se rendaient à 40 ans étaient très rares. Une génération avant nous, la durée générale de la vie au Canada était d’un peu plus de 59 ans. En 1956, d’après la Table de longévité canadienne, l’espérance de vie à la naissance était de 67.6 ans pour les hommes et de 73 ans pour les femmes.

Le mariage reste une institution bien vivante. En 1961, seulement 51.4 p. 100 de la population n’étaient pas mariés, en comparaison de 57.4 p. 100 une génération auparavant. Parmi la population mâle, 54 p. 100 demeurent célibataires, contre 49 p. 100 chez les femmes. Il y avait, en 1961, 8,024,304 personnes mariées, 778,223 veufs et veuves, et 52,592 divorcés. Il convient de noter que la mortalité a diminué davantage chez les femmes que chez les hommes, de sorte que l’on relève 379,209 veuves de plus que de veufs en 1961.

Nos familles

La moyenne des membres par famille a subi l’influence de deux tendances contraires. D’une part, les familles de cinq enfants ou plus ne sont pas aussi communes qu’autrefois ; d’autre part, il semble y avoir moins de mariages sans enfants. Le nombre moyen de personnes par famille à travers le Canada est de 3.9 ; les statistiques indiquent 4.3 dans les campagnes et 3.7 dans les villes.

Parmi les zones métropolitaines, c’est à Saint-Jean de Terre-Neuve que l’on note la plus forte moyenne de personnes par famille, soit 4.3. Trois zones, Toronto, Vancouver et Victoria, détiennent ex aequo la moyenne la plus faible, qui est de 3.4. Dans le cas des petites localités, la moyenne la plus élevée, 7, appartient à Saint-Honoré, dans la province de Québec, et la plus basse, 2.4, à White Rock, en Colombie-Britannique.

Suivant les termes du recensement, on entend par « ménage » une personne ou un groupe de personnes occupant un logement. Le recensement a révélé qu’il y avait 4,554,736 ménages au Canada. Les deux tiers des chefs de ces ménages sont propriétaires de leurs maisons ; les autres sont locataires. Deux ménages sur cinq seulement habitent dans des appartements.

En ce qui concerne les grandes agglomérations, Montréal compte 179,083 ménages propriétaires de leur logement et 370,569 ménages locataires ; Toronto, 325,435 propriétaires et 157,055 locataires. Sur le total général des habitations existant au Canada, 2,540,108 ont été construites à venir jusqu’à 1945 et 2,014,385 depuis 1946.

Au sein de ces ménages se manifeste le haut niveau de vie matérielle dont jouit notre pays. On trouve des récepteurs de radio dans 96 p. 100 des foyers, des réfrigérateurs dans 92 p. 100, des machines à laver dans 86 p. 100, le téléphone dans 85 p. 100, la télévision dans 84 p. 100. Enfin, 69 p. 100 des ménages possèdent une voiture automobile et 8 p. 100 en ont deux ou plus.

Le recensement porte également sur les croyances religieuses de la population. Malgré leur grande diversité, les nombreuses religions que l’on trouve au Canada ne sont pas un facteur de division. Toutes nos confessions, qui reconnaissent que la religion donne un sens à la vie, ont ceci de commun qu’elles estiment qu’il est du devoir de l’homme de faire le bien, d’observer la charité et de pratiquer l’humilité.

Vingt-cinq religions différentes sont mentionnées dans le recensement, celle qui compte le plus grand nombre de fidèles (catholicisme) étant professée par 45.7 p. 100 de la population et celles qui en comptent le moins par 0.1 p. 100. Les douze principales confessions sont par ordre d’importance numérique les suivantes : catholique 8,342,826 ; Église-Unie du Canada 3,664,008 ; anglicane du Canada 2,409,068 ; presbytérienne 818,558 ; luthérienne 662,744 ; baptiste 593,553 ; juive 254,368 ; grecque orthodoxe 239,766 ; ukrainienne (grecque) catholique 189,653 ; mennonite 152,452 ; pentecostale 143,877 ; Armée du Salut 92,054.

Le canadianisme

Où allons-nous ? Quelles sont nos aspirations comme peuple ? Si nous voulons établir des plans d’action, il nous faudra, comme nous l’avons fait dans le présent Bulletin, considérer ce qui était autrefois et ce qui est actuellement. Ce n’est qu’à la lumière du passé et du présent que nous pourrons élaborer des projets intelligents pour l’avenir.

L’un des faits qui ressort des statistiques du recensement est que la population du Canada n’est pas bi-ethnique par ses origines, mais multi-ethnique. Il n’y a dans notre pays que 43.8 p. 100 de citoyens de descendance britannique et 30.4 p. 100 de citoyens de descendance française. Le reste, soit 25.8 p. 100 du total, se compose d’éléments où sont représentés à peu près tous les peuples d’Europe et quelques-uns de l’Asie.

Plutarque disait que ce qui faisait la grandeur de Rome c’était d’avoir toujours su unir et s’incorporer ceux qu’elle avait conquis. Mais le véritable sens du canadianisme n’a pas besoin pour être fort de s’appuyer sur une espèce d’unification idéale des éléments de la nation. Le prix de notre unité politique a consisté en partie à accepter la diversité ethnique et culturelle de notre pays, et c’est là aujourd’hui l’un de nos principes dont nous sommes le plus fiers.

Le voyageur qui traverse le Canada voit alterner sur son trajet des régions imprégnées de culture canadienne-française, canadienne-anglaise, irlandaise, écossaise et galloise, canadienne-polonaise, canadienne-allemande et autres. C’est tout cela qui fait l’âme du canadianisme.

On note partout des signes incontestables d’un canadianisme débordant de vie, depuis les coquets villages et les grands ports des Maritimes jusqu’à la chaîne majestueuse des Rocheuses et le doux climat de Vancouver. Pourtant, la quiétude de l’oeuvre accomplie, de la mission terminée ne nous est pas permise. Le chapitre de nos luttes pour l’indépendance politique sous l’égide de la Couronne est maintenant clos, mais la conquête de notre indépendance économique à proximité d’un voisin colossal et la réalisation de l’unité parfaite entre nos provinces ne sont pas encore choses faites.

Être Canadien ce n’est pas nécessairement renoncer à nos liens avec nos mères-patries. C’est vouloir – quelles que soient nos origines et nos croyances – travailler ensemble. Que ce soit un bien ou un mal, nous formons une famille ; nos querelles de ménage peuvent nous conduire au désastre, mais nous pouvons aussi trouver notre bonheur national dans l’harmonie.

Il serait vain de perdre notre temps à faire de l’autocritique et à maugréer contre nos différends. Depuis la Confédération – dont nous fêterons les cent ans en 1967 – nous avons traversé beaucoup de situations épineuses, mais nous avons aussi acquis une multitude de valeurs positives et nous avons jusqu’ici assez bien réussi dans notre oeuvre d’édification de la nation canadienne. Nos aspirations et nos espoirs unis à nos réalisations nous permettent d’entrevoir la possibilité de couronner un noble passé par un avenir fructueux et fécond.