Le Canada, dont nous voulons ici souligner le quatre-vingt-dixième anniversaire, est un pays âgé par rapport à la durée de la vie humaine, mais relativement jeune encore en tant que nation.
C’est en 1534 que Jacques Cartier fit son premier voyage au Canada, mais l’événement historique que nous célébrons le 1er juillet ne devait avoir lieu qu’un peu plus de trois siècles plus tard.
Ces trois siècles furent témoins du dur labeur des défricheurs et de mille rudes épreuves auxquelles les premiers colons français et anglais étaient mal préparés. Ces pionniers curent à affronter des hivers comme ils n’en avaient jamais connu et à vivre entourés de tribus hostiles. Ils connurent la guerre, la famine, les adversités de toutes sortes et, par-dessus tout, le pénible sentiment d’isolement que leur inspirait le fait d’être privés des commodités de l’existence, séparés de leurs proches et gouvernés par des chefs qui ne comprenaient rien aux difficultés de la vie dans un pays neuf.
Notre quatre-vingt-dixième anniversaire est une excellente occasion de repolir les trophées que méritèrent nos ancêtres à cette époque et de faire un bref éloge de leur clairvoyance et de leur intrépidité.
Les habitants des autres parties du monde regardent avec respect, et parfois avec envie, les conditions de vie qui existent en Amérique du Nord. La vie n’y est pas l’existence frugale et souvent misérable que l’on mène dans tant d’autres pays. Nous considérons comme une chose tout à fait normale une aisance qui dépasse les rêves les plus utopiques de certains peuples étrangers. Mais nous devons nous rappeler que notre prospérité actuelle repose sur l’endurance surhumaine des temps anciens.
Pour survivre comme peuple indépendant sur cette bande de terre, entre des régions stériles et un pays dont l’expansion industrielle a été extrêmement rapide, il fallait que les premiers Canadiens fussent tenaces et doués d’une grande facilité d’adaptation. Si le Canada est devenu un pays stable, la chose est surtout attribuable au fait que jamais un autre peuple n’a déployé autant d’ingéniosité pour tirer tout le parti possible des occasions favorables qui se présentaient.
Il est intéressant de noter que l’illustre historien, Arnold J. Toynbee, reconnaît – souligne même – la valeur de l’adversité. C’est dans les circonstances difficiles, dit-il, plutôt que dans les conditions faciles que l’on accomplit vraiment quelque chose. Les habitants des régions où la vie est trop douce restent des peuplades primitives.
Le type canadien
Il serait étonnant, étant donné l’âpreté de notre histoire, que nous soyons devenus des gens gais et frivoles. Nous ne nous froissons pas lorsqu’on dit qu’il y a en nous un peu de la prudence de l’Écossais, un peu de la froideur de l’Anglais, un peu du conformisme du Français et un peu de la détermination de l’Allemand.
Peut-être ce mélange d’éléments divers nous a-t-il conféré une certaine manière de voir, d’où sortira une culture unique en son genre. Chose certaine, nous ne suivons pas aveuglément les canons du passé et nous ne nous berçons pas non plus de projets chimériques. On a dit de nous que nous étions portés à agir avec bon sens même en périodes de prospérité commerciale et à conserver notre sang-froid quand les choses ne vont pas trop bien.
Cela tient peut-être à des raisons philosophiques et psychologiques. Si les premiers aventuriers français et anglais qui débarquèrent ici connaissaient assez mal les moyens de subsister dans les forêts sauvages, ils étaient riches de plusieurs siècles de culture. Ils appartenaient à des races qui avaient appris à penser. Ils avaient accès, par leurs ancêtres et leur expérience, aux principes qui régissent la vie des hommes, et ces principes ils nous les ont transmis.
Durant ces quatre-vingt-dix années, notre pays a réussi jusqu’à un certain point à unir la culture latine et la culture anglo-saxonne, à trouver une voie moyenne entre les conceptions britannique et américaine de la vie et à se faire une place dans le domaine international en tant que nation désireuse de vivre sa vie paisiblement, mais disposée à prendre sa part du fardeau des affaires mondiales.
La diversité raciale
Le Canada est un pays bilingue. Plus de trente pour cent de sa population est d’origine française. Dans la province de Québec, cette importante minorité a conservé une homogénéité de coutumes, de religion et de langue qui la distingue sur le plan national et sur le plan international.
En raison de la dualité fondamentale et de la diversité de son immigration, le Canada ne versera jamais dans un nationalisme racial étroit. C’est ce qui ressort des chiffres que nous fournissent les recensements suivants :
1871 | 1931 | 1941 | 1951 | |
Origine | Pourcentage | Pourcentage | Pourcentage | Pourcentage |
Britannique | 60.55 | 51.86 | 49.68 | 47.9 |
Française | 31.07 | 28.22 | 30.27 | 30.8 |
Autre | 8.38 | 19.92 | 20.05 | 21.3 |
Nous pouvons utilement pousser un peu plus loin notre analyse de la composition raciale du peuple canadien. À l’époque de la confédération, le groupe racial britannique le plus nombreux était celui des Irlandais, et les Irlandais et les Écossais pris ensemble l’emportaient en nombre sur les Anglais dans une proportion voisine de deux à un. Après 1881, les Anglais devinrent le groupe prédominant et les Écossais passèrent au second rang à partir de 1911.
Au moment du recensement de 1951, le classement par ordre numérique des principaux groupes raciaux était le suivant : Français, Anglais, Écossais, Irlandais, Allemands, Ukrainiens, Scandinaves, Hollandais et Polonais. Le Canada comptait aussi, à cette époque, 165,600 Indiens et Esquimaux.
Tout ce monde ne pouvait évidemment pas s’associer sans connaître quelques divergences d’opinions. Il fallait de toute nécessité adoucir jusqu’à un certain point les arêtes trop vives des convictions et des coutumes.
Notre grande contribution au fusionnement de plusieurs faces en un seul peuple est due à la bonne fortune que nous avons eue de n’aller que juste assez loin et jamais trop loin dans cette voie. Chacun de nous a droit à son individualité propre, mais ce qui fait notre force, c’est notre union sur les choses importantes et fondamentales de la vie économique et nationale.
Liberté et démocratie
Le Canada est un pays libre. Ses habitants jouissent de la liberté d’exercer le culte que leur dicte leur conscience, de choisir leur travail et leur lieu de travail, de penser et de discuter, d’exprimer sans crainte leurs opinions et de lire des journaux non censurés. Le Canada a un gouvernement démocratique, élu par le peuple et directement responsable envers le peuple.
Les Canadiens croient à l’indépendance, et l’indépendance comporte la responsabilité individuelle. Nous ne voulons pas rendre les hommes bons citoyens par la contrainte, par la loi ou par la peur. Nous pensons que l’application du grand précepte de la charité chrétienne dans tous les domaines de la vie peut créer plus de bienveillance que tous les décrets gouvernementaux. Le respect des droits, des opinions, des habitudes même de nos concitoyens est un principe cardinal de la vie canadienne.
Quel que soit le pays d’où il vienne, le Néo-Canadien est assuré de trouver chez nous trois importants principes qui régissent notre manière de vivre : le gouvernement selon la loi, la reconnaissance et la garantie de certains droits individuels et l’introduction des changements, si changements il doit y avoir, suivant les règles du droit. Dans ce cadre, tout nouveau venu de bonne volonté a toute possibilité de faire valoir ses talents et de réaliser ses aspirations.
La culture canadienne
Nous entendons parfois les gens parler de la culture comme si c’était une chose distincte de la vie quotidienne, représentée par la musique, la peinture, la sculpture et la danse. Il n’en est pas ainsi. Ces arts ne sont que des formes d’expression. Notre culture est quelque chose que nous portons en nous. Elle a sa source dans notre passé, elle se développe et s’enrichit par nos soins, et s’épanouit dans notre avenir.
Les Canadiens sont près de la nature. Il y a encore des lieux au Canada où jamais le pied de l’homme ne s’est posé. Nous ne sommes pas blasés ; nous n’avons pas eu le temps de nous lasser. Si l’on songe à la culture que peuvent édifier les représentants de quarante races, groupés dans un pays comme le nôtre, avec toutes leurs traditions et leurs coutumes, avec leurs longs siècles de progrès dans les sciences et l’industrie, les plus beaux espoirs sont permis !
Heureusement pour nous et pour notre avenir, les Canadiens ne sont pas des gens figés dans l’immobilité. Ils désirent sans cesse s’instruire sur leur milieu, sur leur place dans le monde et sur eux-mêmes. Ce désir de connaître et de comprendre est actuellement comblé grâce aux multiples possibilités offertes par les universités et autres institutions d’enseignement et de formation, les cercles d’études paroissiaux, les bourses d’études et de perfectionnement, les bibliothèques, etc.
Sur la vaste base de leurs nombreuses qualités nationales, les Canadiens affermissent leur expérience et leurs connaissances afin de pouvoir s’attaquer, avec intelligence et discernement, à la création d’un mode de vie véritablement canadien.
Les pionniers
Notre défaut est peut-être de faire trop peu de cas de ce qui est déjà acquis. Cette société libre, dans laquelle les hommes et les femmes sont aujourd’hui en mesure d’atteindre leur développement le plus complet a été conquise par les luttes et les sacrifices des hommes et des femmes qui nous l’ont léguée. Nous devons respecter le passé car il ne manque certes pas de grandeur.
Il n’a pas toujours fait bon vivre et travailler dans notre pays. Nos pères se taillaient des lopins de terre à même la forêt, construisaient eux-mêmes leurs maisons, faisaient leurs vêtements et produisaient leurs aliments. Les enfants et les femmes travaillaient dur dans les champs et leur seul délassement était le sommeil.
C’est grâce à leur cran et à leur énergie que le Canada a vu naître d’abord les peuplements épars de l’année de la confédération, puis qu’il est parvenu, malgré des obstacles capables d’arrêter ou de décourager des gens moins résolus, aux niveaux de vie élevés d’aujourd’hui.
La confédération
En 1867, un petit groupe de colonies antagoniques et toutes désireuses de percer, se fusionnaient en un État confédéré. La proclamation par laquelle la reine Victoria mettait en vigueur l’Acte d’Union fut publiée le 22 mai ; il y était déclaré que « à compter du 1er juillet 1867, les provinces du Canada, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick formeront et constitueront un dominion unique sous le nom de Canada ».
La confédération visait à résoudre plusieurs problèmes politiques et économiques. Politiquement, il s’agissait de créer une nouvelle nation pour répondre à la modification de la politique britannique et d’unir les provinces dispersées contre les pressions et les possibilités d’agression venant du sud. Économiquement, la confédération avait pour but de répartir notre dépendance entre un plus grand nombre d’industries qu’auparavant, et, par conséquent, de nous protéger davantage contre les effets des politiques économiques que pratiquaient alors le Royaume-Uni et les États-Unis.
La promulgation de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique, qui établissait la confédération, n’assurait pas en soi la solution de toutes les difficultés politiques et économiques. Mais cette loi constituait un cadre dans lequel nous nous efforçons encore de réaliser l’équilibre entre les allégeances et les intérêts, entre les besoins et les ressources, que requiert un système fédéral efficace.
Pendant les années qui précédèrent 1931, le Canada s’achemina peu à peu vers l’indépendance nationale. Il y eut d’abord l’acquisition incontestable de l’égalité de rang au sein de l’Empire, puis vint le Statut de Westminster, texte législatif qui fut pour ainsi dire le couronnement de notre évolution politique. Cette loi déclarait que les dominions étaient des collectivités de statut égal, aucunement subordonnées les unes aux autres, à aucun point de vue intérieur ou extérieur. Aujourd’hui, le Canada est écouté avec respect lorsque ses représentants parlent en son nom parmi les autres nations du monde.
Le Canada d’autrefois
Le Canada de 1867 paraîtrait incroyablement étranger aux jeunes gens d’aujourd’hui. Il ne possédait aucune des caractéristiques qui leur semblent tout à fait normales à l’heure actuelle, comme les usines géantes, les grandes villes, les routes pavées, les automobiles, les avions, les radiorécepteurs, l’électricité.
Le pays tout entier ne comptait que 3 millions ½ d’habitants environ, dont les quatre cinquièmes vivaient sur des terres. La culture du sol et les produits bruts que l’on tirait de la mer et de la forêt alimentaient un petit groupe d’industries manufacturières et artisanales dans les régions colonisées.
Comme dans toute société naissante, les familles suffisaient à la plupart de leurs besoins. Les revenus étaient consacrés aux nécessités fondamentales de la vie – alimentation, vêtement et logement – et il ne restait pas grand-chose pour le luxe et les distractions, si l’on peut dire que de telles choses existaient à cette époque.
Pourtant, les gens envisageaient l’avenir du Canada avec confiance et même avec optimisme. On trouve dans l’Annuaire du Canada de 1868 le passage suivant : « Il est permis de supposer, sans trop risquer de se tromper, que le taux d’accroissement de la population de l’Amérique britannique tout entière sera au moins aussi rapide qu’il l’a été au cours des dix dernières années, ce qui donnerait une population… de 58,361,000 en 1951 ». La prédiction de cet économiste est loin de s’être réalisée, car selon le recensement de 1951, il nous manquait encore 44,351,571 habitants pour atteindre ce chiffre. À la fin de 1956, la population approximative du Canada était de 16,344,000. Et il n’y a que quelques mois, la Commission royale d’enquête sur les perspectives économiques du Canada prévoyait qu’en 1980 notre population pourrait s’élever à 26,650,000.
Mais de vastes secteurs de notre économie ont accompli, au cours des quatre-vingt-dix dernières années, des progrès qui auraient amplement satisfait ceux qui entrèrent dans la confédération avec tant d’espoir.
À la Banque Royale du Canada, qui s’appelait en ce temps-là The Merchant’s Bank, le total des dépôts était de $100,000. Le dernier relevé annuel, publié à la fin de 1956, indiquait que les dépôts confiés à la même banque se chiffraient alors à $3,278,375,435.
Il n’est pas question de l’agriculture dans l’index de l’Annuaire de 1868, mais il a fallu 63 pages de texte serré dans le volume de 1956 pour exposer les activités de cette industrie.
En 1871, soit quatre ans après la confédération, les industries manufacturières comptaient 188,000 employés, versaient 41 millions de dollars en salaires, et la valeur brute de leur produits était de 222 millions. En 1955, le nombre des employés se chiffrait à 1,290,000, les salaires à 4,111 millions de dollars et la valeur brute. de la production à 19,469 millions.
Le commerce extérieur
Le Canada possède des ressources abondantes et une population active et industrieuse, mais son marché intérieur n’est pas assez considérable pour absorber la production de ses fermes, de ses forêts et de ses usines. En 1956, par exemple, notre récolte de blé a été de 538 millions de boisseaux, quantité qu’il nous est absolument impossible de consommer avec nos 16 millions d’habitants. Nos exportations au cours de l’année en question ont atteint le chiffre de 302 millions ½ de boisseaux.
Tout le monde connaît les fabuleuses richesses du Canada en minéraux essentiels à la vie moderne. Nos forêts ne le cèdent en étendue qu’à celles de deux autres pays. Nous possédons les plus grandes pêcheries maritimes du monde. Nous sommes les plus gros producteurs mondiaux de papier-journal, d’amiante et de nickel. Nous nous classons au deuxième rang dans la production de l’aluminium, du zinc et de la pâte de bois, au troisième rang dans celle de l’or, au cinquième rang dans celle du cuivre. Mais depuis dix ans il y a plus encore. On avait antérieurement découvert et exploité certains puits de pétrole au Canada – à Turner Valley et Lloydminster – mais ce n’est qu’en 1947, avec la découverte du gisement de Leduc, en Alberta, que le Canada est devenu un des grands producteurs de pétrole. En 1955, nous avons produit 129 millions ½ de barils de pétrole brut, soit pour une valeur de 305 millions ½ de dollars.
Or, comme nous ne formons que six millièmes de la population mondiale, un important commerce d’exportation est nécessaire à la prospérité de notre économie. L’ensemble de notre production nationale et de nos importations, moins nos exportations, permet de mesurer la qualité de notre niveau de vie.
Le Canada d’aujourd’hui
L’accroissement de notre commerce extérieur a élargi notre horizon. Nos voisins ne sont plus les habitants de la province ou du pays le plus proche, mais aussi ceux des continents des antipodes. Nous en avons la preuve dans les milliers d’opérations commerciales que le Service international de la Banque Royale règle chaque jour pour le compte des Canadiens qui font des affaires en Australie, en Afrique, en Asie, en Europe et dans tous les pays des Amériques.
Le Canada occupe un rang intermédiaire entre les grandes puissances et les petits pays. Notre importance numérique est restreinte, mais notre importance économique nous mérite le privilège de siéger presque au sommet dans l’organisation des affaires mondiales.
Dans une allocution qu’il prononçait il y a déjà quelque temps, au Canada Club, à Londres, sir Anthony Eden reconnaissait une influence grandissante au Canada dans les affaires mondiales et soulignait que notre pays savait faire entendre la voix de la raison et de la fermeté dans les conférences internationales.
Notre frontière confine à celle d’une puissante nation, qui partage nos idéaux de liberté. Les accords qui nous lient à ce vaste pays sont fondés sur le droit, l’arbitrage ou les pourparlers amicaux.
La grande aventure
Il nous est assez difficile de comprendre aujourd’hui toute la hardiesse de l’importante décision prise par nos pères il y a quatre-vingt-dix ans. Trente ans auparavant le gouverneur général, lord Durham, avait affirmé avec optimisme dans un rapport au gouvernement britannique : « Ces petites collectivités sans importance (le Haut et le Bas-Canada, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, l’île du Prince-Édouard et Terre-Neuve) pourraient être érigées en une société ayant certains objectifs d’importance nationale. »
Ce sont des hommes aventureux qui ont réalisé l’union, et en considérant aujourd’hui le Canada dans le cadre de son passé, il est consolant de penser qu’ils ont agi avec sagesse. Personne n’a besoin de vivre médiocrement au Canada, si ce n’est de son propre gré. Tout le monde a des chances de prospérer. Nous vivons à l’aise sans doute, mais pas assez pour croupir. Nous tenons à vivre avec richesse plutôt qu’à nous enrichir.
Mais notre vie nationale est parvenue à un stade où il ne nous est plus possible de nous glorifier de notre jeunesse ni de nous soustraire aux devoirs de la maturité. Rien ne nous assure que les choses iront toujours de mieux en mieux. Tout en applaudissant le glorieux défilé du passé, en ce 1er juillet, où chaque anniversaire est fleuri des lauriers du succès et des romarins du souvenir, n’oublions pas que l’année 1957 sera emportée, elle aussi, dans la marche inexorable du temps.