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Un pays qui a foi dans son avenir ne saurait manquer de s’intéresser à son passé, mais nos occupations pressantes du moment nous font parfois perdre de vue ce qui nous rattache au passé.

On a dit que la plus grande erreur de la génération actuelle – de toute génération actuelle – était de ne pas lire le procès-verbal de la dernière séance. Elle a ainsi dès le départ le désavantage d’avoir à apprendre à son tour par la pratique ce qu’elle n’aurait eu qu’à lire dans l’histoire de ses ancêtres.

Des ouvrages en pierre et en terre, des armes et des outils, des tableaux, des sculptures, des dessins gravés sur les rochers et des caractères tracés sur du papier perpétuent notre passé. Il est impossible de tout conserver ; d’ailleurs une foule de choses n’en valent pas la peine. Ce que nous gardons doit signifier quelque chose. Qu’il s’agisse d’un vitrail dans une vieille église, de la marque d’une balle sur un mur, d’une signature au bas d’un document ou d’une vieille carte déchirée, il faut que la chose ait eu une certaine signification à son époque.

Nous ne retournons pas à nos anciens monuments pour en réparer les ruines et y loger nos familles et nos parlements, mais pour apprendre d’eux, qui étaient si fameux dans leur temps, les principes que leurs créateurs y ont incorporés et dont nous pourrions faire usage aujourd’hui.

Notre passé est récent

Le passé des autres continents est un trésor de faits et de monuments historiques. Ici au Canada, notre passé est plus récent. D’autres pays s’enorgueillissent d’une histoire qui remonte à la nuit des temps ; la nôtre a commencé au lever du soleil, mais elle est aussi importante pour nous que leur long et illustre passé.

Les pionniers qui ont bâti le Canada n’avaient pas les prodigieuses connaissances techniques et industrielles que nous possédons maintenant. Ils ont accompli des choses qui n’avaient encore jamais été accomplies, mais avec les moyens dont ils disposaient, ce qu’ils ont fait, ils l’ont bien fait.

Ainsi, ce qui fait la valeur de nos monuments, ce n’est pas leur ancienneté, mais leur nouveauté. Chaque fort érigé, chaque portage exécuté pour contourner une chute, chaque palissade construite par une collectivité aventureuse : tout cela constitue un pas en avant, un élargissement des horizons, quelque chose d’audacieusement nouveau.

Les bâtiments historiques

Il y a dans presque toutes les villes du Canada au moins un édifice qui a été le théâtre de grandes aventures ou d’événements importants.

Une publication illustrée de la Standard Oil (Kentucky) reproduit chaque mois des photographies des nombreux bâtiments historiques qui ajoutent au charme des pittoresques États du Sud. On pouvait voir dans un des derniers numéros : le gîte des esclaves, où vécut l’oncle Tom ; la maison où fut emprisonné l’auteur de « Home sweet Home », que l’on prenait pour un espion ; une reconstitution de la première maison construite dans le Kentucky.

Vous me direz peut-être que nous n’avons rien de tel au Canada ; mais si, nous en avons ! Il y a, au coeur même de Westmount, une maison de ferme qui a appartenu à la même famille durant 285 ans ; on distingue encore dans son sous-sol les embrasures par où les hommes tiraient sur les Indiens, tandis que les femmes et les enfants se réfugiaient dans une pièce secrète. Au lac Memphrémagog se trouve une maison de pierre construite par des frères qui arrivèrent au Canada à l’époque de la révolution américaine. Le manoir de Lachine, qui date de quelque 300 ans, a été transformé en musée.

La maison de Montcalm, à Québec, où aurait vécu le célèbre général français et où il serait mort après la bataille des Plaines d’Abraham, en 1759, a échappé il y a quelques mois seulement à la pioche des démolisseurs, grâce à l’intervention de la commission locale d’urbanisme. Ross House, le premier bureau de poste officiel de l’ouest du Canada (1855), doit sa survivance aux efforts de la Société d’histoire du Manitoba. La maison où est né sir Wilfrid Laurier a été acquise par l’État à titre de monument public.

Le Château de Ramezay, construit en 1705 dans ce qui était alors le beau quartier de Montréal, est rempli de souvenirs de toutes sortes. C’est là qu’avaient lieu les réceptions officielles des gouverneurs généraux et des intendants ; là aussi que se préparaient les expéditions de chasse, les voyages de découverte, les opérations militaires. En 1775, le Château devint le quartier général de l’Armée continentale de Montgomery et reçut, l’année suivante, la visite de Benjamin Franklin et d’autres envoyés ayant pour mission de persuader les Canadiens français de se révolter contre l’administration britannique.

Depuis le fort Anne, sur la côte est, où s’établit une colonie française 15 ans avant l’arrivée des Pélerins à Plymouth Rock en 1620, jusqu’aux forts de l’extrême ouest, qui appartiennent au siècle dernier, le Canada possède une multitude de forts aussi bien conservés que soigneusement entretenus. Ces ouvrages méritent d’autant plus d’être préservés qu’ils ont contribué, de près ou de loin, à modifier le cours de l’histoire politique et peut-être même de l’histoire tout court.

Souvenirs et objets anciens

L’impression que produit en nous un événement est d’autant plus durable qu’elle nous parvient par plusieurs sens à la fois, de sorte que ceux qui cherchent à nous donner une histoire vraiment expressive feraient bien de songer un peu à la conservation des réalités mêmes qui sont le fondement de l’histoire. Les manuels d’histoire réussissent rarement à nous émouvoir, mais qui peut rester froid en suivant une route que Champlain lui-même a suivie, en gravissant un ravin que Wolfe a gravi, en touchant les murs qu’a défendus Madeleine de Verchères, en foulant le sol où succombèrent Dollard et ses compagnons.

Quand nous avons sous les yeux les fondations des édifices, l’ameublement des maisons, les chaises et les lits, les ustensiles de cuisine, dont se servaient les gens des 17e et 18e siècles, ces générations cessent d’être d’obscures abstractions et retrouvent la chaleur et la vie d’êtres humains véritables.

Dans son rapport sur les fouilles d’Ur, en Chaldée, sir Leonard Woolley cite deux cas qui font revivre dans nos esprits cette très ancienne ville. Dans le tombeau de la Reine Shub-ad, les doigts d’une jeune musicienne pincent encore les cordes de sa lyre et, ce qui est encore plus évocateur, une autre jeune fille ne porte pas son bandeau d’argent sur la tête ; il est bien enroulé dans sa poche, comme si elle avait été en retard pour les funérailles et n’avait pas eu le temps de le mettre.

L’archéologie a pris un certain essor au Canada depuis que plusieurs de nos universités organisent des expéditions chaque été. On a découvert à North Simcoe des vases d’argile qui démontrent qu’une civilisation a existé dans cette région au moins 2,500 ans av. J.-C.

Depuis 1934, des archéologues du gouvernement fédéral, du Royal Ontario Museum et de l’Université Western Ontario dirigent les travaux entrepris pour mettre à jour les ruines d’anciens villages indiens et des premiers postes européens en Ontario. Sur l’emplacement du premier fort Ste-Marie, par exemple, des fouilles ont permis de déceler les vestiges de vastes ouvrages de fortification à palissades et abouti à la découverte d’un des premiers systèmes de distribution d’eau et d’égout qui ait existé au nord du Mexique.

Dans l’Ouest, on conserve précieusement les cloches dites de la rivière Rouge, qui vont de la cloche d’église de 100 livres, envoyée à la colonie naissante par lord Selkirk, en 1819, jusqu’au carillon de St-Boniface, qui a toute une histoire, en passant par une longue série de cloches d’écoles. Calgary a encore sa première maison d’école, cabane typique des anciens jours, que visitent chaque année des milliers de touristes. La côte du Pacifique restaure ses poteaux totémiques.

Tout cela a été sauvé grâce à la clairvoyance et aux efforts d’hommes et de femmes qui ont compris ce que représente le passé, non seulement à cause de son influence matérielle sur notre mode de vie actuel, mais aussi en raison des sentiments vivifiants qu’il inspire. Les souvenirs et les objets anciens n’ont pas une grande valeur marchande (nos aïeux n’étaient pas très riches), mais ils sont hors de prix en tant qu’éléments de notre patrimoine.

Les lettres et documents conservés aux Archives du Canada, dans les musées, comme celui de Bytown, à Ottawa, et du Château de Ramezay, à Montréal, dans les collections des universités et des particuliers, évoquent en termes bien humains les gens qui les ont écrits et utilisés.

Plaques et monuments

La commémoration des personnages illustres présente une difficulté : lorsqu’ils se font un nom dans les sciences, la littérature, la politique ou la guerre il y a parfois longtemps que leur maison natale a changé de propriétaire, que les meubles de leur jeunesse ont été donnés ou détruits. Dans ce cas, tout comme dans celui des vieux édifices que le progrès ou l’incendie a fait disparaître, nous devons avoir recours aux monuments et aux plaques.

Il faut que les renseignements soient suffisants et imprimés en caractères faciles à lire (ce qu’on ne saurait dire de beaucoup de plaques existantes) si l’on veut que le voyageur saisisse non seulement l’importance du lieu, mais aussi les événements dramatiques qui s’y sont déroulés. Par exemple, il y a, à Lachine, un monument en pierre de taille qui rappelle le massacre des habitants de l’endroit par quinze cents Iroquois, en 1689. Pourquoi ne pas y indiquer au moyen d’un grand panneau les allées et venues de cette horrible nuit, comment les Indiens chargèrent leurs prisonniers dans leurs canots, affichèrent leur victoire au nez de l’indolent gouverneur de Montréal et brûlèrent leurs victimes à petit feu sous ses yeux ? Tout cela a été raconté en termes éloquents par nos historiens et nos écrivains.

En plus des lieux historiques et autres vestiges matériels du passé, il y a une autre sorte de traditions : le folklore et surtout les chants populaires. Une grande partie de notre histoire se retrouve dans les vieilles chansons que chantaient nos pères et que tout le monde, surtout chez les Canadiens français, connaissait comme son pater.

M. Marius Barbeau a consacré plus de quarante ans à recueillir les chansons et les usages populaires du Canada. Le Musée national où il a travaillé officiellement de 1911 jusqu’à sa retraite en 1948 et officieusement par la suite, possède une collection de 195 chants esquimaux, plus de 3,000 chants indiens, près de 7,000 chansons canadiennes-françaises et quelque 1,500 anciennes chansons anglaises.

Ce sont ces chansons qui rythmaient le mouvement des avirons que savaient si bien manier les premiers explorateurs et les coureurs des bois ; qui égayaient les forêts et les rivières où trimaient nos draveurs et nos bûcherons ; qui réglaient la cadence du van dans les granges et du rouet et du berceau au coin du feu.

M. Barbeau a écrit à ce sujet des douzaines de livres, que l’on peut se procurer au Musée national, à Ottawa. Un de ceux-ci, Les chansons populaires du vieux Québec, raconte l’histoire de ces anciens refrains et donne les paroles et la musique de quinze d’entre eux. L’oeuvre est illustrée de sept dessins d’Arthur Lismer.

Le besoin d’imagination

Les Canadiens doivent faire preuve d’imagination lorsqu’il s’agit de choisir le nom d’une route, d’une plage, d’un portage ou d’une particularité topographique.

« La Route des îles » est un nom beaucoup plus approprié et pittoresque que « La jetée de Canso » pour désigner le nouvel ouvrage qui relie l’île du Cap-Breton à la terre ferme, car il évoque le pays des émigrants écossais qui vinrent coloniser cette région. L’Ontario a été bien inspiré de nommer ses grandes routes « Le chemin du Roi » et la route Toronto-Niagara « Le chemin de la reine Elizabeth ».

Mais notre tâche est loin d’être terminée. Du lac Ontario au lac Simcoe, coule la Trent. Pourquoi ne pas tirer parti, tout le long de son cours, du fait qu’il s’agit là de l’ancienne piste des Iroquois, que parcoururent les Indiens, les missionnaires et les aventuriers au temps de l’occupation française et des explorations anglaises ? Pourquoi ne pas jalonner la route qui longe la rivière Ottawa à partir de Montréal pour rappeler l’émouvante histoire d’Adam Dollard, sieur des Ormeaux et de ses seize valeureux jeunes Français ? « Cette route, pourraient dire les écriteaux, suit la rivière que remontèrent en canot Dollard et ses seize volontaires pour aller se battre contre un millier de féroces guerriers Iroquois qui descendaient vers Montréal. Ils tinrent bon durant deux semaines contre les Indiens. Tous furent tués sur place, mais les Indiens battirent en retraite. » Pourtant, on ne voit au bord de la route aucune plaque qui fasse valoir cet héroïque fait d’armes de notre histoire.

Les forts et les champs de bataille devraient avoir de grandes cartes indiquant les combats qui y ont eu lieu, les mouvements des forces opposées. Aucun détail inutile ne devra encombrer ces cartes : le tableau sera exécuté en traits larges et rapides. Il faut donner aux visiteurs, aux descendants de la cinquième, de la septième ou de la dixième génération des braves qui y combattirent, un guide qui leur permette de marcher à l’endroit où leurs ancêtres ont passé et repassé, et de reconstituer dans leur esprit l’image indécise de leurs vaillants exploits.

Les monuments nationaux

L’un des buts de la Société d’histoire du Canada est « de favoriser la conservation des lieux et des bâtiments historiques, des documents, souvenirs et autres objets importants du passé ». Comme tant d’autres organismes du même genre, cette société a le désavantage de manquer de fonds, mais elle a quand même accompli de grandes choses. Depuis quelques années, elle s’occupe notamment de publier, sous une forme permanente, des renseignements sur les lieux historiques.

La Commission canadienne des lieux et monuments historiques, créée en 1919 à titre d’organisme consultatif de l’État, a le mérite d’avoir fait installer 500 plaques environ pour commémorer des événements ou des personnages historiques du Canada. C’est grâce à elle aussi que, de la grande forteresse de Louisbourg sur la côte de l’Atlantique jusqu’au fort Langley sur la côte du Pacifique, des lieux et bâtiments d’intérêt historique sont devenus des parcs et des musées nationaux.

Il semble que le Canada s’achemine vers la création d’une commission nationale de conservation, qui serait chargée de préserver de la destruction les bâtiments et terrains offrant un intérêt architectural ou historique. Une commission de cette nature (le National Trust) existe en Ecosse depuis 1931. En tout cas l’idée fait son chemin, depuis que le comte de Wemyss and March, président du Conseil écossais, est venu nous entretenir de l’oeuvre accomplie par la commission de conservation de son pays.

Le rôle des localités

Si nous voulons conserver nos monuments historiques, il nous faudra pouvoir compter sur la force de l’initiative locale et l’enthousiasme communicatif qu’elle suscite. Il ne suffit pas de reconnaître qu’une chose est nécessaire : les actes doivent éveiller l’intérêt d’une vaste proportion des citoyens de la localité.

Chaque ville, grande ou petite, possède des lieux, des bâtiments et des objets d’intérêt historique. Il y a de la poésie dans un arbre centenaire, la première école, la première industrie, dans la forge du maréchal ferrant, le lieu de naissance ou la maison d’un fils célèbre.

L’espace ne nous permet pas de nous étendre sur le magnifique travail qu’accomplissent les sociétés d’histoire dans nombre de provinces et de localités. Mentionnons en passant celles de l’Ontario, du Manitoba, de Toronto, de Fenelon-Falls, de Grimsby, de Dundas, de Niagara, du comté d’Essex et des chemins de fer canadiens.

Pour ne citer qu’un exemple de ce que peut réaliser l’effort conjugué des municipalités, des provinces et du gouvernement fédéral, songez au pays des Hurons, lieu où les blancs firent leur première apparition en 1610 et qui fait maintenant partie de la province d’Ontario. En trois siècles, la race humaine y a passé de l’âge de pierre à celui de la machine. Cette période a été témoin de trois histoires : celle des Hurons, celle des missionnaires français et celle de la guerre de 1812.

Le premier blanc qui vint en « Huronie » fut Etienne Brulé. Il y avait été envoyé par le gouverneur Champlain afin de se renseigner sur la langue, les usages, les ressources et la géographie de la région. En 1615, un missionnaire français célébrait la première messe en Ontario au village indien de Carhagouha, et en 1649 les Iroquois faisaient mourir deux jésuites sur le bûcher. Pendant la guerre de l’Indépendance, un commandant américain assiégea un ouvrage défensif à proximité de ce qui est aujourd’hui la belle plage de Wasaga ; les Anglais sabotèrent leur navire, le « Nancy », et coulèrent deux des navires des forces américaines. À l’heure actuelle, la coque du « Nancy » repose dans un nausée, sur l’île Nancy, et les membrures de l’un des navires américains sont conservées dans un parc de Penetanguishene.

C’est plus qu’il n’en faut pour qu’un passé mérite d’être conservé. Aussi en 1941, un groupe d’hommes d’affaires et de représentants des professions libérales fondaient-ils la « Huronia Historic Sites and Tourist Association », société ayant pour objet d’encourager les recherches archéologiques, l’apposition de plaques commémoratives et la restauration des bâtiments, et d’attirer des visiteurs dans la région. En 1947, on ouvrait à Midland un musée où défilaient 17,000 visiteurs payants dans l’espace de quatre mois. Enfin, grâce à la collaboration du club des jeunes gens de Midland et l’Université Western Ontario, l’Association parvenait bientôt à reconstruire un village huron.

À l’extrémité est de la Huronie se trouve la maison de feu Stephen B. Leacock, que l’on espère conserver comme musée littéraire. À Orillia, la société d’histoire s’est employée à faire apposer des plaques indicatives sur les maisons, les magasins, etc. dont parle Leacock dans Sunshine Sketches of a Little Town.

Le passé et l’avenir

La découverte du passé sur laquelle nous venons de jeter un regard est une mission aussi étrange que merveilleuse. Bien des choses se sont produites ou ont failli se produire, qui sont pour nous de riches sujets de réflexion et de méditation. Chacune des actions qui compose ce passé a été une expérience dont nous voyons aujourd’hui les résultats.

Hâtons-nous donc de conserver nos monuments historiques avant qu’ils ne se perdent.

Pour réussir, nous avons besoin de la coopération énergique du gouvernement fédéral, des provinces et des localités. Tant de choses se sont perdues et il en reste si peu qu’un effort décisif s’impose.

Il n’est pas nécessaire de dépenser des sommes considérables ; d’ailleurs les frais peuvent être répartis d’une façon équitable, selon les moyens des autorités intéressées. Les bâtiments et les lieux historiques d’intérêt national seront conservés par le gouvernement central ; ceux qui ont une portée provinciale par les gouvernements des provinces ; et ceux qui intéressent les localités par les municipalités et les efforts réunis des organismes locaux.

Voici un domaine de notre vie sociale où nous pouvons laisser la plus entière liberté à notre enthousiasme. Les querelles de classe ou de parti politique d’autrefois ont cessé de troubler nos esprits. Dans un Canada uni, notre passé est à notre avis le bien de tous les Canadiens. Le monument que l’on pourrait élever à la mémoire de la passion, des préjugés et de la mythomanie ne saurait avoir meilleure épitaphe que celle-ci : les Canadiens doivent unir leurs efforts pour commémorer dignement les luttes et les réalisations de leurs ancêtres.