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(Deuxième article sur les relations entre le Canada et les États-Unis).

L’histoire canado-américaine n’est pas un récit de guerres ou une liste de rois et de présidents. Elle se compose du jeu naturel de forces culturelles, économiques et politiques.

L’agitation soulevée par la loi du timbre proportionnel et par les droits sur le thé vers 1770 dégénéra en dispute sur le principe d’autonomie. Cela fut aggravé par la sottise du roi qui n’apprit qu’à la bataille de Yorktown qu’il fallait abandonner la lutte. Il apprit en même temps qu’il avait également perdu sa suprématie sur le parlement, de sorte que la révolution américaine contribua en grande partie à la victoire du principe de gouvernement parlementaire en Grande-Bretagne et est en somme le premier essai d’autonomie coloniale. La révolution américaine n’a pas seulement donné naissance aux États-Unis, mais elle a fondé le Canada britannique, et depuis cette époque les événements aux États-Unis et au Canada ont eu des effets réciproques.

Le Canada a été envahi deux fois par les Américains (1775 et 1812) quand nos voisins du sud croyaient vraiment qu’ils allaient conquérir le Canada pour le bien du Canada. Une « invasion amicale » fut lancée sur Montréal et Québec dans l’idée d’en faire le quatorzième État de l’Union. Le Château de Ramezay, qui sert maintenant de musée à quelques blocs du siège social de la Banque Royale du Canada, était le quartier général du général américain Montgomery. C’est là que Benjamin Franklin, armé d’arguments pour une paix permanente, vint essayer de persuader le ministère de céder Québec aux États-Unis. Un demi-siècle plus tard, pendant la guerre de 1812, les Américains brûlèrent York, qui est aujourd’hui Toronto, à une époque où sur les 80,000 habitants de ce que nous appelons l’Ontario, 35,000 seulement étaient des Loyalistes et 25,000 des colons américains. Comme tout prêté vaut un rendu, les Anglais brûlèrent Washington un an plus tard. Tout cela semble bien loin maintenant. Les Canadiens ont oublié depuis longtemps les sentiments d’inimitié qui les animaient à cette époque, et les deux pays refusent de laisser ces vieux souvenirs influencer leurs relations actuelles. Ils donnent en cela un excellent exemple au Vieux Monde.

Il a subsisté pendant longtemps chez les Américains une idée que la « destinée manifeste » du Canada était de s’unir aux États-Unis, quoique l’humeur belliqueuse ait fait place à un sentiment d’attente fort irritant pour les Canadiens devenus conscients de leur nationalité. Cela date de la formation des États-Unis. Un article de la Confédération des États-Unis invite le Canada, seul parmi les nations, à se joindre aux États-Unis : « Le Canada, accédant à la présente Confédération et se joignant aux mesures des États-Unis, sera admis dans l’Union et participera à tous ses avantages, mais aucune autre colonie ne sera admise sans le consentement de neuf États. » MacCormac dit dans « l’Amérique et la domination mondiale », les Américains furent « surpris et même peinés de voir que les Canadiens préféraient les entraves de la monarchie. » En 1867 le New York Tribune commenta comme suit sur la confédération des provinces canadiennes : « Quand l’essai de « dominion » aura échoué, comme il est sûr de le faire, un procédé d’absorption pacifique donnera au Canada la place qui lui convient dans la grande république nord-américaine. »

C’est ainsi qu’ont progressé les relations des deux pays ; d’un seul souverain à la séparation par la révolution ; d’essais à main armée pour reconquérir les Loyalistes à des offres d’union ; de prédictions d’échec pour le Dominion à l’entente amicale d’aujourd’hui sans aucun besoin de constitution. Ce n’est plus que rarement qu’une voix isolée, et plutôt niaise aux oreilles des Canadiens, se fait entendre de nos jours en faveur de l’annexion. Ces aspirations expansionnistes vont à l’encontre des désirs exprimés par tous les habitants des États-Unis et du Canada en faveur d’un monde où les petites nations seront à l’abri des molestations.

La façon dont les deux pays collaborent amicalement, même quand il s’agit de questions difficiles à résoudre, est démontrée par leur adoption des principes de consultation et d’arbitrage dans presque tous les domaines. La longue habitude de règlement pacifique a consolidé l’amitié d’une manière réaliste autant pratique qu’idéale. Il existe en outre une étroite liaison entre les organismes en dehors des cercles administratifs, qui s’exerce dans toutes les affaires et tous les intérêts d’ordre économique, intellectuel, professionnel, politique et esthétique. Ces liens ont encore été resserrés pendant la dernière guerre au cours de laquelle le Canada et les États-Unis siégeaient dans les mêmes conseils où ils partageaient les mêmes problèmes, unissaient leurs connaissances et mettaient en commun leurs aptitudes et leurs ressources. Quoiqu’un grand nombre de ces organismes soient maintenant dissous, les deux pays continuent à se consulter sur les questions d’intérêt mutuel.

La Commission mixte internationale offre un bon exemple de la méthode adoptée par les deux pays pour régler leurs différends. Elle se compose de six membres, trois Canadiens et trois Américains, chargés de décider toutes les questions entre le Canada et les États-Unis au sujet des droits, obligations ou intérêts de l’un ou l’autre pays relativement à la frontière commune. Depuis 1909, cette Commission démontre abondamment comment deux puissances inégales peuvent arriver à s’entendre. Les commissaires ne travaillent pas trois contre trois, mais tous les six ensemble, résolus à discuter impartialement toutes les affaires qu’on leur soumet. Le secret de l’amitié continuelle entre les deux pays est dû en grande partie au fait qu’ils n’attendent pas le choc d’idées irréconciliables à la frontière. Ils se mettent en rapport de bonne heure et font preuve de bon sens, d’ingéniosité et de concessions mutuelles pour aplanir ou contourner les obstacles.

La collaboration a permis aux deux pays d’obtenir pendant la guerre des résultats dont la description exigerait de nombreux volumes. Le Canada n’a pas fait usage du prêt-location des États-Unis que Churchill a appelé « l’acte le plus humanitaire dans l’histoire des nations », mais il a payé en marchandises et en argent. En même temps, les Canadiens ont été surpris d’être capables d’envoyer pour un milliard de dollars de marchandises à la Grande-Bretagne comme cadeau. Et de plus, sous le régime de la Loi de l’aide mutuelle de 1943, ils ont pendant les deux années suivantes, envoyé pour $2,360 millions d’autres produits stratégiques à la Grande-Bretagne, l’Union soviétique, la Chine, la France, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Inde, sans compter $1,892 millions d’aide financière. Le Canada a donné 20,000 tonnes de blé à la Grèce tous les mois depuis 1942 et a ainsi permis à presque la moitié des habitants de ne pas mourir de faim et il en a envoyé 100,000 tonnes à l’Inde en 1943 pour soulager la famine. Dans le numéro de janvier de la Quarterly American Review, Lionel Gelber dit : « Rien qu’à la Grande-Bretagne, le Canada a fourni par tête d’habitants autant que le programme américain a donné à tous. L’Aide mutuelle est son système à lui de prêt-location. Le Canada aurait ou recevoir, mais n’a pas demandé, l’aide réciproque ; il a lui-même fourni, au lieu de recevoir, ce genre d’aide et n’a rien obtenu des États-Unis sous le régime de prêt-location. Il a payé ses importations américaines au moyen de fournitures et de matériel de guerre. »

Sous le rapport des effectifs, sur une population de moins de 12 millions, le Canada avait 1,031,000 personnes sous les drapeaux. Il occupait le troisième rang comme puissance navale parmi les Nations unies, et c’est lui qui protégeait en grande partie les convois du nord de l’Atlantique. Il occupait le quatrième rang en aviation, et de plus, une foule de ses pilotes servaient dans l’aviation britannique.

Ce que les deux pays ont fait en temps de guerre et leur désir naturel de collaborer en temps de paix ne signifient pas que, s’ils se ressemblent beaucoup sous certains rapports, il n’existe pas moins de grandes différences entre eux. La principale est celle de la population, parce qu’elle rend les Américains un peu oublieux et les Canadiens très susceptibles. On peut dire que les Canadiens ont une tendance à l’introversion et les Américains à l’extroversion et c’est peut-être pour cela qu’ils s’accordent si bien. Sous le rapport du tempérament, les Canadiens sont lents autant que les Américains sont vifs, mais il faut admettre qu’à la longue ils arrivent au but sans souffrir autant de désagréments que leurs voisins. Ils sont habiles à faire des compromis qui sont plus près de la réalité que les théories les plus ambitieuses. Ils prennent leur travail avec calme et ils sont plus sérieux dans leurs plaisirs. John McCormac dit dans son livre « Le Canada : le problème de l’Amérique » qu’une réunion politique aux États-Unis ressemble autant à une réunion politique au Canada qu’une maison d’aliénés à un cimetière. Et il ajoute : « Il n’y a pas d’associations de voleurs et de bandits, et des bandes encapuchonnées ne terrorisent pas le pays pendant la nuit. La loi est plus simple et administrée de façon beaucoup plus expéditive. Il y a moins d’assassins parmi les Canadiens et beaucoup plus de pendus parmi les assassins. Les procès par voie des journaux ne sont pas tolérés. La loi sur la diffamation est appliquée beaucoup plus sévèrement. »

Dans une lettre à la Banque Royale, Arthur W. Calhoun, de Sterling College, Kansas, dit ceci : « Il me semble que les gens des États-Unis prennent le Canada comme une chose naturelle, sans s’y intéresser ou chercher à le comprendre. Il est pourtant très important que nous reconnaissions qu’il est notre égal comme nation et que nous estimions et mettions à profit les progrès culturels de nos voisins. » Les principaux auteurs, acteurs et artistes des États-Unis sont bien connus des deux côtés de la frontière, mais il est probable que même au Canada on ne connaît pas très bien les noms des Canadiens qui ont excellé dans les mêmes domaines, et le grand public américain est loin de se douter que le Canada a lui aussi des auteurs, des acteurs et des artistes. Grâce à leur supériorité numérique et à leurs immenses ressources, les Américains envahissent les programmes de radio et de cinéma.

Le Canada s’est fait une place incontestée dans le domaine du film documentaire dont son Office national du film est devenu le plus gros producteur au monde. Ses acteurs et ses actrices, y compris Walter Huston, Walter Pidgeon, Mary Pickford, Raymond Massey et Deanna Durbin font les délices du public américain aussi bien que canadien. Les romans de Mazo de la Roche, les poèmes de Robert Service, et la légère ironie de Stephen Leacock sont familiers aux Américains qui lisent également les oeuvres de Hugh MacLennan et de Gwethalyn Graham. Une brochure du Syndicat canadien des associations de professeurs de musique nomme 122 compositeurs canadiens, parmi lesquels Healey Willan qui est l’auteur de près de 200 compositions originales ainsi que de plus de 100 arrangements de musique populaire et de mélodies grégoriennes.

Dans le royaume des sports, les deux pays ont à peu près le même répertoire, mais les Canadiens n’y montrent pas l’exubérance des Américains. Un fameux athlète américain a dit à son retour d’une visite au Mexique qu’il n’y avait aucun plaisir à jouer chez ces gens-là parce « qu’ils acclamaient aussi bruyamment les adversaires que leurs concitoyens. » Il pourrait en dire autant des Canadiens qui ont hérité l’instinct sportif des Anglais.

Pour terminer cette nomenclature, disons quelques mots des progrès scientifiques et techniques du Canada. Le Mercury Digest a cité récemment quelques-uns des hommes illustres du Canada : Lord Rutherford, ancien professeur de McGill, qui a été un des premiers désingrateurs de l’atome ; sir Frederick Banting et le Dr Charles Best, qui ont découvert l’insuline ; sir Charles Saunders, qui a produit le blé Marquis contre la rouille ; Gilbert Labine qui a découvert la pechblende de la mine d’Eldorado au cours d’une exploration aérienne ; Ben Chaffey, bien connu pour ses travaux d’irrigation en Californie et. en Australie, et sir William Osier, dont les contributions à la médecine ont eu lieu « aussi bien à McGill qu’à Johns Hopkins ou Oxford. »

Telles sont donc les caractéristiques des deux pays. Ni l’un ni l’autre n’est parfait, et leurs chefs n’ont pas toujours été sans reproche. Chacun d’eux est enclin à considérer ses fils comme plus sobres, plus industrieux et plus honnêtes que ceux des autres nations. Mais les gens sensibles savent fort bien qu’aucun pays ou aucun parti n’a jamais produit la perfection et qu’il y a toujours un peu de bon chez les autres.

Le Canada et les États-Unis se ressemblent sous de nombreux rapports. Leur plus grand lien est la communauté de leur vie quotidienne. Ils partagent les mêmes convictions et aspirations démocratiques dans les mêmes conditions et dans la même ambiance, et cette ressemblance est basée sur de solides principes. Le bien le plus précieux que les deux pays ont en commun est la démocratie ; leur commun héritage est la Grande Charte, fondation de la démocratie. Leur manière de vivre dérive des mêmes sources, et quoique le Canada n’ait pas d’imposant document comme la Déclaration d’indépendance, il en adopte les principes. Les deux pays partagent l’idée du progrès humain ; ils estiment que l’homme est capable de perfectionnement continuel, et ils reconnaissent que chaque individu, même le plus humble, a le droit de faire son chemin dans la vie dans toute la mesure de ses capacités.

Ce ne sont pas seulement les gens nés au pays qui jouissent de ces droits et de ces aspirations. Le Canada et les États-Unis repoussent tous les concepts de ceux qui invoquent la « pureté de la race pour inciter à la guerre. On a appelé l’Amérique un « creuset » dans lequel entrent toutes sortes de gens qui finissent par devenir les bons citoyens d’un nouveau pays. Pour s’en rendre compte, il n’y a qu’à consulter la liste des noms de n’importe quelle entreprise depuis une équipe de hockey jusqu à une aciérie. Cette partie du monde contient 150 millions d’habitants qui tout en étant différents les uns des autres peuvent cependant être de bons américains ou de bons canadiens grâce à la connaissance et à la pratique de bons principes de morale et de conduite.

Les autres nations commencent à s’apercevoir que ces deux voisins de l’Amérique du Nord doivent jouer dans les affaires mondiales un rôle digne de leur importance et de leurs ressources pour préserver la démocratie. Alors que certaines nations préfèrent adopter une politique vacillante basée sur leurs intérêts immédiats, ces deux pays doivent faire des plans à longue portée dans l’intérêt du monde entier. Chacun a des aptitudes spéciales et ils font une excellente équipe. Ils ont besoin du monde extérieur comme client et comme fournisseur, mais de plus ils ont besoin de prendre part aux affaires politiques internationales, non pas comme arbitres, mais comme participants. Les Américains doivent se rappeler que, si puissants qu’ils soient, ils ne forment qu’une partie relativement faible de la population terrestre. Dorothy Thompson a dit quelque part : « Nous ne sommes que 132,000,000 dans un monde qui contient plus de deux milliards d’habitants, tous capables de fabriquer des chars de combat et des canons et de former des coalitions, et doués de la tendance historique de se grouper contre toute nation qui se montre trop supérieure. »

Le Canada a ses propres problèmes. En ce moment tout lui sourit, mais le fait d’être une petite nation avec assez de richesses pour un grand pays lui impose des responsabilités et l’expose à certains dangers. Aux yeux de ceux qui ont appris à regarder le globe du sommet, il est clair que le Canada est au centre de la puissance aérienne et qu’il est entouré par les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Russie. Sa situation offrait autrefois la sécurité, mais la stratégie de la guerre aérienne menace d’en faire un champ de bataille en cas de conflit. Son intégrité politique est assurée, ses relations extérieures sont dénuées de toute aspiration égoïste, et il a de nombreux amis dans le monde. Son conservatisme inné le garde des excès politiques ; le mélange des deux races lui inspire la tolérance et lui fait mieux comprendre les problèmes étrangers ; son sentiment national et la fierté que lui inspire le rôle qu’il a joué dans le domaine industriel, agricole et militaire, l’empêchent d’enrayer la marche du progrès. Il prend part aux conférences internationales et aux affaires mondiales. Ses plans de stabilisation monétaire et de contrôle de l’aviation civile ont facilité l’accord entre la Grande-Bretagne et les États-Unis sur ces questions épineuses. Il siège dans neuf congrès de la paix ; PICAO et ILO ont élu domicile à Montréal ; la première conférence des Nations Unies sur l’alimentation et l’agriculture a eu lieu à Montréal sous la présidence d’un Canadien ; c’est le plus gros fournisseur de vivres à UNRRA et le troisième comme contributeur financier ; et quand la bombe atomique est tombée sur Hiroshima le monde a appris qu’il était l’associé des États-Unis et de la Grande-Bretagne dans cette entreprise.

Tout cela indique que le Canada occupe parmi les nations une place beaucoup plus importante qu’on ne saurait attendre de sa faible population et qu’il joue sous ce rapport un rôle autonome. Il a atteint l’âge adulte en 1931, quand il a accompli pacifiquement ce que la Guerre de l’Indépendance avait fait 155 ans plus tôt pour les États-Unis. Son indépendance a été prouvée par le fait qu’il a déclaré la guerre à l’Allemagne sept jours plus tard que la Grande-Bretagne ; il a déclaré la guerre au Japon avant la Grande-Bretagne et les États-Unis, et il aurait pu ne déclarer la guerre à personne s’il avait voulu. Il est si indépendant qu’il refuse de permettre même aux autorités britanniques de s’établir chez lui pour y entraîner leurs troupes ; il consent toutefois à recevoir les forces armées des nations amies sous son propre contrôle, comme dans le cas du plan d’entraînement des aviateurs pendant la dernière guerre. Comme l’a dit Lionel Chevrier, ministre des Transports, au cours d’une réunion de Kiwanis International à Atlantic City : « Le Canada est une nation avec la même indépendance, les mêmes droits et les mêmes obligations que les États-Unis. »

En même temps, le Canada fait partie du Commonwealth des nations britanniques, qui est unique au monde sous le rapport des institutions politiques. Il est remarquable qu’un petit pays comme la Grande-Bretagne, à peine visible sur la carte du monde, inspire une loyauté si tenace chez des nations lointaines comme le Canada, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Afrique du Sud malgré la forte attraction des alentours et les différences de coutumes. Les membres du Commonwealth jouissent de tous les éléments de liberté tout en étant liés par leur allégeance à la Couronne.

Le rôle que les États-Unis et le Canada peuvent jouer dans le monde est facilité par ces rapports du Canada avec l’empire, mais il y a des gens qui s’étonnent que le Canada soit le seul pays de l’Amérique qui ne fasse pas partie de l’Union Pan-américaine. Heureusement, il est généralement admis que les attaches du Canada avec l’ancien monde ne sont pas seulement indéracinables, mais qu’elles ont certains avantages pour les Amériques. Quand le Canada parle dans les conseils de famille du Commonwealth, sa voix est celle de l’Amérique. Il ne se borne pas à servir d’interprète. Il remplit cette fonction en jouant son vrai rôle qui n’est pas celui d’intermédiaire mais de principal. Sa place dans le Commonwealth britannique ne l’empêche aucunement d’être une nation américaine et de collaborer amicalement dans le domaine culturel et économique avec tous les pays américains.

Une chose fait grand défaut : l’information. La publicité canadienne n’a pas brillé énormément. Les politiciens et les fonctionnaires ne comprennent pas quelquefois que si le public n’accepte pas volontiers certains changements ou certaines nouvelles idées, ce n’est pas par entêtement mais faute de les comprendre. Il serait plus réceptif si on lui expliquait les choses logiquement à l’avance sans faire appel aux sentiments ou à l’esprit de parti. Il faut que les deux pays apprennent à penser continentalement avant de penser internationalement. Mais pour cela il faut que les nouvelles sensationnelles qui amusent et distraient temporairement cèdent la place à des articles d’une plus grande utilité pour l’avenir.

En plus de la publicité, il ne faut pas négliger l’enseignement. Il y a plus de 30,000,000 d’enfants qui vont à l’école dans les deux pays, et ce seront des adultes demain. On ne peut s’empêcher de regretter qu’on néglige de les mieux renseigner sur le pays voisin. En 1944 le Conseil américain de l’éducation avec l’appui de la Fondation Carnegie pour la paix internationale, prit l’initiative de convoquer un groupe d’éducateurs du Canada et des États-Unis. Un comité permanent d’éducation canado-américain en résulta. Ce comité bilatéral, dont on espère beaucoup, a l’appui de nombreux instituteurs et de nombreuses associations pédagogiques.

Il n’est pas facile d’arriver à une concordance parfaite d’efforts entre ces deux pays pour leur propre avantage et celui du monde entier, mais il existe dans les coeurs et les esprits de leurs habitants de puissantes impulsions qui n’attendent qu’à être éveillées pour accomplir des merveilles. Le besoin de secouer les entraves est plus impérieux que jamais. La collaboration internationale dans laquelle le Canada et les États-Unis sont engagés avec les autres nations embrasse toutes les affaires humaines et concerne tous les citoyens ; ce n’est plus la seule prérogative de ministres plénipotentiaires. La prospérité interne de ces nations du nord de l’Amérique, par suite du contre-coup de leur économie sur les affaires internationales, intéresse le monde entier. Il y a peu de sceptiques dans ces deux pays parmi les gens intelligents et patriotes, parce qu’il serait peu américain (dans la grande acception du mot qui comprend le Canada) d’avoir le moindre doute que notre continent puisse se tirer d’affaire. Mais il faut se rendre compte que cela n’arrivera pas sans rien faire. Imbus du même idéal depuis des siècles, et conscients du but à poursuivre dans une époque passionnément réaliste, il sied maintenant aux peuples des États-Unis et du Canada de faire face à la réalité, de penser intelligemment et de parler clairement, de poser solidement les bases de l’avenir et de travailler sans relâche.

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Le Canada et l’empire britannique

Le nord du Canada

Qu’est-ce que le Canada ?

Le bien-être social

Le gouvernement du Canada

Les banques du Canada

L’éducation

Les transports aériens

Le commerce international

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