Skip to main content
Download the PDF Version

La nature humaine est ainsi faite que la « santé » n’est pas un sujet populaire de discussion quand on l’aborde du point de vue de cet article.

Dans le même ordre d’idées, une annonce de produits pharmaceu tiques contenant un réveil en train de sonner, avait déplu aux lecteurs parce qu’elle leur rappelait des choses désagréables et l’heure de se lever.

Quoique notre pays ait fait de grands progrès dans la voie de la santé, il y a encore trop de Canadiens qui sont malades, trop de bébés qui ne vivent pas, trop de mères qui meurent en couches.

Commençons par les bébés. Chaque année la naissance d’un bébé est un événement dans 300,000 familles canadiennes, ce qui fait un bébé par jour dans 900 familles.

À sa naissance, un bébé a déjà neuf mois et s’il a été négligé jusque là, il a moins de chances de vivre que si la maman avait eu les soins nécessaires avant l’accouchement. Le nombre de bébés qui meurent serait négligeable si on prenait soin d’eux dès le début.

Examinons les statistiques. Dans les 4 ans de 1938 à 1941 il est mort au Canada 57,436 bébés au-dessous d’un an et 3,806 mères en couches. C’est là plus de décès au Canada que de soldats tués à l’ennemi pendant les quatre ans de la première guerre mondiale. Pendant la deuxième, nous avons perdu trois fois plus d’enfants mort-nés ou au-dessous d’un an que de soldats. On trouve dans toutes les villes et tous les villages des monuments à la mémoire des soldats tués à l’ennemi, mais personne ne paraît se soucier de tous ces enfants et de toutes ces mères dont on aurait pu sauver la vie.

Nous faisons mieux depuis 25 ans toutefois, mais cela est-il suffisant ? Ceux qui disent avec satisfaction que la mortalité infantile est tombée de 102 par mille naissances vivantes en 1921 à 55 en 1944 devraient nous comparer aux autres pays. Voici les chiffres : Suède 29 ; Nouvelle-Zélande 29 ; Suisse 38 ; Australie 40 ; Pays-Bas 40 ; États-Unis 40 ; Angleterre et Pays de Galles 49 … et Canada 55, d’après la revue du Health Study Bureau en mai 1946.

Mais même si on est satisfait du résultat général au Canada, que dire de la différence entre les diverses parties du pays ? Voici le nombre par 1,000 des enfants nés vivants qui meurent avant d’avoir un an : Colombie-Britannique 40 ; Ontario 43 ; Île du Prince Édouard 44 ; Alberta 46 ; Saskatchewan 47 ; Manitoba 49 ; Nouvelle-Écosse 53 ; Québec 68 et Nouveau-Brunswick 78. Ces chiffres sont tirés de l’édition courante du Canadian Almanac et s’appliquent à 1944. Ils indiquent que certaines parties du pays soutiennent mal la comparaison avec les autres ; quelques provinces ne marchent pas de pair avec leurs voisines sous le rapport de l’hygiène et le Canada est en retard sur beaucoup de pays dans sa lutte contre la mortalité infantile.

C’est également le cas de la mortalité puerpérale. Le taux est élevé au Canada, mais il n’est que de la moitié dans les endroits où les femmes en couches reçoivent les soins nécessaires. L’Ordre des infirmières Victoria, qui donne des soins aux malades à domicile, se distingue particulièrement dans le domaine de la maternité. Chez les mères soignées par l’Ordre, le taux de la mortalité est moins de la moitié du taux général – 2.5 par 1,000 naissances vivantes, par comparaison avec 5.1 dans les cinq ans terminés en 1936. En général la mortalité puerpérale est tombée de 5.6 par 1,000 en 1936 à 2.7 par 1,000 en 1944.

Ce qui importe c’est que, d’après le rapport du Comité consultatif de l’Assurance-Santé publié en 1943, « l’adoption de services adéquats de maternité ferait diminuer le taux de mortalité de plus de la moitié. »

Les probabilités de vivre plus longtemps sont beaucoup plus grandes. Un enfant né au XVIe siècle ne pouvait s’attendre à vivre que 21 ans ; au XVIIe siècle on lui donnait 26 ans ; au XVIIIe 34 ans et en 1880 jusqu’à 40 ans. Les tables de probabilité au Canada de 1940 à 1942 indiquent qu’à la naissance les hommes peuvent s’attendre à vivre un peu moins de 63 ans et les femmes un peu plus de 66, soit 3 ou 4 ans de plus qu’au recensement de 1931. Une personne de 20 ans a en moyenne encore autant d’années à vivre qu’un enfant né en 1900.

Il faut remarquer que les chances de vivre plus longtemps sont plus grandes chez les jeunes gens : au-dessus de 40 ans les chances n’ont augmente que de 3 ans depuis le début du siècle. Les jeunes vivent plus longtemps qu’avant, mais les vieux n’ont pas une tendance à se faire plus vieux.

Il y a lieu de souligner que les chances de vivre plus longtemps ne sont pas entièrement dues au hasard. Dans un discours à la Sugar Research Foundation cet automne, le Dr. I. M. Rabinowitch, professeur adjoint de médecine à l’Université McGill a dit qu’il n’y avait « aucune raison physique ou chimique » pour que le corps humain ne continue pas à fonctionner efficacement depuis la naissance jusqu’à l’âge de 110 ou 115 ans et il exhortait à plus de recherches, surtout sur le régime, pour en arriver là.

On s’étonnera peut-être que tout en ayant une mortalité infantile et puerpérale plus grande que beaucoup de pays, le Canada ait un taux de mortalité générale si favorable. Le dernier Annuaire du Canada dit que notre taux est de 10.1 par 1,000 habitants et que 4 pays seulement ont un taux de moins de 10 par 1,000 tandis que d’autres vont jusqu’à 26 par 1,000. Il semble donc que c’est dans certains groupes que nous pourrions faire mieux, surtout dans les deux mentionnés plus haut- les enfants et les mères. L’hon. George Hoadley, ancien ministre de la Santé en Alberta et maintenant président du Health Study Bureau, appuie là-dessus dans la brochure « La Santé du Canada » et dit en se servant du recensement de 1931 : « en moyenne, nous perdons une mère toutes les 8 heures ou 3 par jour ; 54 enfants au-dessous de 5 ans chaque jour ; 42 au-dessous d’un an chaque jour, et il y a chaque jour 24 enfants mort-nés ou qui vivent moins de vingt-quatre heures. »

Pendant la grande jeunesse et l’extrême vieillesse on demande plus de soins que pendant les âges intermédiaires. Cela est important parce que l’âge moyen des Canadiens augmente rapidement. Dans les 10 ans à partir de 1945 le nombre de personnes de 60 ans et au-dessus aura augmenté de plus de 20 pour cent, d’après le rapport sur la santé nationale de la Commission de recrutement et de répartition du personnel médical.

Considérons les enfants. La coqueluche cause plus de décès au-dessous de deux ans que la diphtérie, la variole et la scarlatine ensemble. Les mères devraient donc appeler le docteur pour protéger leurs bébés de bonne heure, dès l’âge de six mois. Le traitement sera-t-il efficace ? Voici ce qu’en dit le Dr F. O. Wishart, professeur adjoint d’hygiène et de médecine préventive à l’Université de Toronto, à l’assemblée annuelle de la Health League of Canada l’an dernier : « il est abondamment prouvé que le vaccin contre la coqueluche protège les enfants – les enquêtes indiquent que le vaccin a produit une réduction de 80 pour cent dans les cas de coqueluche et en a atténué la gravité quand il n’a pas réussi à l’empêcher. »

La Province de Québec a obtenu de bons résultats en combinant le vaccin contre la coqueluche avec l’anatoxine. Il n’y eut qu’un demi de un pour cent des enfants vaccinés qui eurent la coqueluche, tandis qu’il y en eut 1.6 pour cent parmi ceux qui ne l’avaient pas été. Aucun des enfants vaccinés ne mourut de la coqueluche tandis qu’il y eut 23 décès chez les autres.

La diphtérie a disparu dans les endroits protégés par l’anatoxine, dont la découverte date de 1923. En 1920, il y eut 2,256 cas à Toronto et 224 décès ; en 1940 pas un seul cas. Dans tout le Canada les décès dus à la diphtérie sont tombés de 24 sur 100,000 personnes en 1921 à 2.4 en 1943.

La scarlatine n’est pas aussi commune qu’auparavant depuis que la toxine la prévient dans environ 80 pour cent des cas.

Il y a encore beaucoup d’enfants au Canada qui ne reçoivent pas encore tous les bienfaits de la médecine et de l’hygiène publique. Ce n’est pas toujours, ni principalement, parce qu’ils vivent dans des endroits éloignés. Même dans le cas d’une grande ville qui jouit de tous les moyens modernes pour prévenir les maladies et soigner les malades, il y a des enfants qui sont privés de la santé et condamnés à mourir jeunes par les préjugés de leurs parents.

Passons maintenant aux maladies des adultes. Après avoir été protégés des maladies de l’enfance et guéris de la diphtérie, de la scarlatine et de la typhoïde, la plupart des gens grandissent pour en attraper d’autres – cancer, maladies de coeur, et les soi-disant maux de la civilisation : pression artérielle et maladies nerveuses.

Une douzaine de facteurs entrent en jeu quand on vieillit : alimentation, vitamines, hormones, activité physique, ambiance, chimie et forces électriques. Il faut noter que cela ne commence pas à un certain âge, par exemple le milieu de la vie. Nous y sommes sujets dès la naissance. Si les enfants et les jeunes gens étaient soumis à des examens médicaux périodiques, ils souffriraient moins plus tard de maladies telles que cancer, maladies de coeur, diabète et maladies des reins. Quand les gens se portent bien, ils sont enclins à négliger les petites précautions qui les garderont en bonne santé et c’est d’eux que Sucrate a dit : « Il est honteux de se négliger en vieillissant. »

Les maladies de coeur sont à la tête des « sept causes principales de décès. » Ces sept causes de décès ne se limitent pas à certains endroits du pays ou à certaines classes de gens. Aux États-Unis elles causent sept décès sur douze et plus que l’ensemble de toutes les autres causes de décès. Au Canada elles ont causé en 1944 par 100,000 habitants : maladies de coeur 243.8 décès ; cancer 119.3 ; néphrite 59.6 ; hémorragie cérébrale 76 ; accidents 57.4 ; pneumonie 49.7 et tuberculose 47.8. En d’autres mots, ces sept causes de décès emportent 80,000 Canadiens par an, 800,000 en dix ans.

Le malheur est que nous négligeons de réduire le nombre de ces décès par un diagnostic et des soins de bonne heure.

Les maladies de coeur sont notre plus important problème à en juger par le nombre de ceux qui en souffrent. On peut dire qu’il y a plus de gens qui en meurent aujourd’hui parce que nous avons plus de gens âgés parmi nous, et que beaucoup de décès de ce genre étaient autrefois attribués à d’autres causes. Il n’en est pas moins vrai que les maladies du coeur et des artères sont des maladies qui indiquent que la machine humaine s’use, et que, moyennant les soins et précautions nécessaires, cette machine devrait durer au moins 65 ans. Beaucoup de gens qui se garderaient bien de trop gonfler leurs pneus, surmènent constamment leur coeur.

Il est étonnant ce que peut faire le repos. Il n’est pas nécessaire d’entreprendre un long voyage par mer : un homme n’a qu’à ralentir le rythme de sa tâche quotidienne, dénouer sa cravate et les lacets de ses souliers, mettre les pieds sur son bureau ou une chaise et fermer les yeux pendant deux ou trois minutes. Un grand nombre de personnes qui ont éprouvé des crises de coeur très graves et qui ont pris les précautions nécessaires, sont encore en vie dix ou vingt ans plus tard.

Un article scientifique du New York Times du 27 octobre donne des conseils intéressants aux gens qui ne sont plus jeunes. « Rien qu’aux États-Unis près de 500,000 personnes meurent annuellement de maladies de coeur. Quelle en est la cause ? Demandez cela au docteur Hans Selye, directeur de l’Institut de médecine expérimentale et de chirurgie à l’Université de Montréal et il vous dira « la tension et le surmenage – les tracas financiers quand on est vieux, le souci de la santé, toutes sortes de craintes, la fatigue, des haines difficiles à apaiser, la jalousie, des émotions intenses et persistantes. »

Aucune maladie n’alarme assurément davantage que le cancer, mais on en guérit plus facilement qu’au début du siècle. Ce qu’il faut faire c’est l’éducation du public. Les autorités parlent aujourd’hui de ce qu’on peut faire au sujet du cancer tandis qu’il y a quelques années beaucoup d’eux évitaient le sujet. La médecine concentre ses plus grands efforts sur cette cause de décès. Grâce aux progrès accomplis jusqu’ici, on peut sauver la vie à beaucoup de gens s’ils font leur part d’efforts de leur côté.

Le Montreal Star a publié l’entrefilet suivant le printemps dernier : « 50 pour cent des Canadiens victimes du cancer l’an dernier sont morts inutilement, et 35 pour cent des autres auraient pu être sauvés, a dit le Dr Carleton B. Pierce, co-président du Comité médical consultatif, Comité du cancer, Division de Québec, au cours d’une entrevue aujourd’hui. » La plus grande proportion des guérisons a lieu dans les premiers stades du mal, et c’est le délai, l’ignorance et la peur qui causent le plus grand nombre de décès. En dernière analyse c’est vous seul qui pouvez vaincre le cancer qui vous menace.

Comment ? Par des visites régulières chez le médecin. Et quand on trouve chez vous des tumeurs malignes, on peut les traiter par les moyens reconnus, chirurgie, rayons X et radium. En annonçant la création de plusieurs cliniques de cancer en Ontario l’hiver dernier, le Dr. R. Percy Vivian, alors ministre de la Santé publique et du bien-être a déclaré, d’après un rapport publié par la Gazette de Montréal, « le radium, les rayons X et la chirurgie, seuls ou ensemble, par des spécialistes, expérimentés, au début du mal, peuvent guérir le cancer. »

Remarquez l’insistance sur le traitement au début du mal. Certaines autorités ont même dit « Si le cancer est découvert au début, théoriquement il est toujours guérissable, » Cela est tiré de Hygeia, qui est publié par la American Medical Association. Mais il est impossible de le découvrir sans donner une chance au médecin de le chercher et cela revient à dire que c’est au malade de s’en occuper. Le moindre bon sens nous ordonne de donner cette occasion au médecin, même avant d’avoir des soupçons. Rien ne sert d’attendre d’avoir des douleurs, car beaucoup de tumeurs commencent sans douleurs.

La néphrite, mal de Bright, troisième cause principale de décès, à l’état aigu est une maladie de l’enfance généralement causée par l’infection, principalement des amygdales. Elle est parfois suivie de la scarlatine, de la diphtérie, ou d’autres infections du même genre. Il faut prendre grand soin des malades pendant leur convalescence. À l’état chronique, la néphrite cause aux adultes des infections dans les dents et les amygdales. Quand elle est prise à temps on en guérit généralement.

Une des complications ordinaires de la néphrite est la quatrième cause de décès, – l’hémorragie cérébrale ou la rupture d’un vaisseau sanguin dans le cerveau. En effet, la néphrite fait généralement monter la pression artérielle et éclater les vaisseaux affaiblis : l’hémorragie cérébrale peut naturellement résulter d’autres causes. Un trop grand effort par une personne faisant de la pression artérielle active la circulation générale du sang. Une rupture, ou un arrêt, qui n’aurait pas grande importance ailleurs, est une chose dangereuse dans le cerveau.

II est inutile d’insister sur les accidents, qui sont la cinquième cause principale de décès. Tous les journaux et magazines publient des articles recommandant la prudence, mais les gens n’ont pas encore appris que quoique l’âge de la vitesse ait produit de grandes révolutions dans le transport, le corps humain ne leur a pas tenu tête. Il résiste mal au choc contre un poteau téléphonique à 70 milles à l’heure.

La pneumonie est encore une des principales causes, de décès quoiqu’elle fasse moins de victimes grâce à son traitement moderne. Au cours, des dernières années le traitement par les sulfamidés a de beaucoup diminué la mortalité, et la collaboration des médecins et des hôpitaux a été efficace pour organiser le traitement de la pneumonie dans les services locaux de la santé publique. Le Dr. Michael Heidelberger, de l’hôpital presbytérien de New-York a annoncé en avril la découverte d’un vaccin efficace contre les plus communs des 50 types de pneumonie pendant 6 mois ou plus.

La tuberculose, la dernière des « causes principales de décès » est vaincue petit à petit. Le rapport sur la Santé à la Conférence fédérale-provinciale dit : « Nous n’avons pas de chiffres précis pour tout le Canada, mais d’après l’enquête sur les décès en Ontario et Québec, la mortalité en 1900 était au moins de 200 par 100,000. En 1939 elle était tombée à 52.8 ». La Canadian Tuberculosis Association a annoncé cette année que le taux de mortalité était tombé en 1944 à son plus bas niveau, 47.7 par 100,000. Mais en 1944 il y a eu cependant 5,724 décès, dont 2,624 en Québec et 1,068 en Ontario. La même année les ministères provinciaux de la Santé ont enregistré 15,292 cas. C’est encore assez sérieux pour exiger l’attention.

Là encore, il s’agit de découvrir et de traiter le mal de bonne heure. Sur les décès dans les sanatoriums en 1944, 75 pour cent des tuberculeux étaient dans un état avancé à l’arrivée, et 17 pour cent assez malades. Par suite, 92 pour cent de ceux qui sont morts sont arrivés trop tard pour être traités efficacement. Le Dr J. J. Heagerty des Services publics de la Santé au ministère des Pensions et de la Santé nationale a dit au Comité de la Sécurité publique en 1943 : « Si on nous en donne l’occasion, nous arriverons à faire disparaître entièrement la tuberculose dans une génération. » Le magazine Santé et Bien-être publié par le ministère de la Santé nationale et du bien-être social a déclaré cette année-ci : Si nous sommes déterminés « à poursuivre les progrès accomplis jusqu’ici nous pouvons remporter la victoire finale dans une génération. »

Les travaux de la Canadian Tuberculosis Association dans tout le pays sont bien connus. Ses membres qui ne souscrivent souvent pas plus d’un dollar, ont raison d’être fiers de l’expansion de ses campagnes d’éducation et de ses mesures préventives. Le public contribue par l’achat de timbres de Noël, dont les ventes l’an dernier ont augmenté d’environ 30 pour cent – ce qui indique le grand intérêt que prend le public à la lutte contre la tuberculose.

Les maladies contagieuses n’ont pas résisté à la science moderne. Le Metropolitan Statistical Bulletin dit que la mortalité infantile causée par les principales maladies contagieuses a diminué de plus de 90 pour cent depuis 35 ans.

De fait, la médecine a remporté ses plus grands succès dans la lutte contre les maladies contagieuses. Les médecins ont popularisé les règles d’hygiène et les principes de santé publique par lesquels on peut combattre ces maladies ; ils ont découvert des sérums et des vaccins pour les prévenir ou les guérir. Prenez par exemple la typhoïde qui ne se déclare que lorsqu’on néglige d’appliquer des mesures d’hygiène. Le taux de mortalité dans les municipalités dont l’eau potable n’était pas traitée était de 7.1 par 100,000 habitants en 1936, et seulement de 2.6 dans celles où l’eau était traitée. Le taux dans tout le Canada est tombé de 10 décès par 100,000 en 1921 à un pour cent en 1943.

La plupart des gens regardent la variole comme une curiosité médicale, à cause de sa rareté, mais elle se déclare de temps en temps. Une épidémie de variole eut lieu récemment sur la côte du Pacifique, où les soldats l’avaient rapportée d’Orient. Il semble incroyable qu’il y a 60 ans la variole ait causé 3,164 décès et attaqué 25,000 personnes sur une population de 120,000 à Montréal dans un an. Aujourd’hui la province tout entière n’a pas eu un seul décès depuis 1918 et pas un seul cas depuis 1930.

En parlant de soldats qui reviennent du front, il faut convenir que le Canada a subi une rude désillusion pendant la guerre quand les examens médicaux ont révélé qu’il y avait un si grand nombre d’hommes inaptes au service. Sur 1,260,952 hommes examinés, 357,634 furent placés dans la catégorie E : « inaptes au service armé dans n’importe quelle capacité n’importe où. » Moins de la moitié des hommes furent admis dans la plus haute catégorie. Entre le petit nombre de la plus haute catégorie et ceux jugés inaptes, il y avait des milliers d’hommes qui pouvaient être raccommodés par les docteurs, les chirurgiens ou les dentistes, mais ils n’étaient pas d’excellents spécimens. Et le Canada n’était pas le seul dans ce cas. Aux États-Unis, il y eut cinq millions d’hommes entre 18 et 38 ans de refusés sur 13 millions d’appelés au service militaire.

Beaucoup de gens diront : « Oh, mais le niveau de l’armée était très élevé. » Et en supposant qu’il le soit ? Est-ce qu’il ne convient pas d’aspirer au plus haut niveau possible pour notre santé ? Ne perdons pas non plus de vue le fait que l’examen médical subi par ces hommes au moment de leur entrée dans l’armée aurait tout de même révélé les mêmes maladies en temps de paix quand ils seraient allés se faire examiner par leur médecin.

Tous les hommes qui ont fait du service ont passé un autre examen au moment de leur libération et le gouvernement leur a donné le traitement nécessaire pour les rétablir. Des milliers d’hommes reconnaissent qu’ils auraient vécu désavantagés et mutilés sans les soins des médecins dont les forces canadiennes comptaient plus de 5,000. Ces anciens soldats devraient donc, maintenant qu’ils sont lancés dans la vie civile avec les meilleurs traitements de la science médicale, profiter de toutes les occasions de continuer à jouir d’une bonne santé en allant chez leur docteur ou leur dentiste une fois par an, sinon plus souvent. Il serait bon que tout le monde en fasse autant.

L’espace nous manque et il est impossible dans un seul article de traiter tous les détails d’un aussi vaste sujet. Dans un autre Bulletin mensuel nous discuterons les moyens de porter notre santé à un haut niveau et de l’y maintenir.

En terminant, songeons un peu aux possibilités de la science. Quand les savants ont concentré leurs efforts sur les besoins de guerre, ils ont inventé la bombe atomique. Il est temps qu’ils portent leur attention sur les maux dont souffre l’humanité. S’ils consacraient à ces recherches le même enthousiasme et la même énergie qu’à la découverte de moyens de destruction, quels merveilleux résultats ne pourrions-nous pas en attendre pour notre bien et celui de nos enfants !