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Tout le monde est capable, à n’importe quel âge, d’apprendre à mieux exprimer ses idées.

Nous vivons dans un monde qui repose apparemment sur la transmission des idées, à une époque où le don de s’exprimer d’une manière claire et concise est un des plus importants éléments du succès dans les affaires, la politique et la vie quotidienne.

Quand on y pense, y a-t-il rien de plus conforme au bon sens, à l’esprit social et à la moralité que de raisonner juste et de s’exprimer clairement ?

C’est une faculté qui ne s’acquiert pas facilement. Cela demande du travail et de la réflexion, mais le résultat en vaut la peine.

Quatre questions feront mieux comprendre le problème général de la transmission des idées. En les appliquant à chaque cas, nous arriverons à rendre nos idées plus claires de manière à amener les gens à partager notre point de vue.

Qu’est-ce que je veux dire ? (L’idée doit être bien claire dans mon esprit.)
À qui ? (Je dois savoir exactement à qui je m’adresse.)
Quel est le meilleur moyen de transmission ? (La plume, la parole, les photographies, le cinéma, ou quoi ?)
Par quels mots puis-je mieux transmettre mon message à mon auditoire par ce moyen ?

Étant donné la vaste portée du sujet, le présent Bulletin s’en tiendra à la transmission des idées par les mots, et ce que nous en dirons s’appliquera aussi bien aux paroles qu’aux écrits, quoique plus fréquemment à ces derniers.

L’art des mots

Le bon style allie la clarté à l’harmonie. Si nous ne pouvons pas nous faire comprendre, autant vaut ne rien dire. Si nos phrases sont obscures et mal construites, nous perdons non seulement le plaisir qu’on éprouve à écrire, mais nous déplaisons à nos lecteurs.

Peut-être doutez-vous de la difficulté de transmettre vos idées par des mots ? Essayez donc d’apprendre à votre fils, sans faire aucun geste, à nouer sa cravate.

Ce ne sont pas les règles de grammaire ou de syntaxe qui vous arrêteront. Beaucoup de gens qui savent écrire seraient en peine de dire sur quelle règle ils s’appuient pour employer telle ou telle expression ou construire leurs phrases. C’est sur le raisonnement, sur le soin avec lequel on analyse ses idées, sur le choix du mot juste, qu’est fondée la transmission des idées.

Telles sont les qualités nécessaires à tous les langages. On a du plaisir à bien parler et entendre bien parler dans toutes les langues. Les mêmes principes de raisonnement s’appliquent aussi bien au bon français qu’au bon anglais.

Nous avons besoin de mots pour raisonner. Ce n’est qu’en transformant nos pensées nébuleuses en langage intelligible dans notre esprit que nous arrivons penser clairement. Les mots sont le seul moyen par lequel nous pouvons comprendre nos propres pensées.

Les mots servent donc de base à la transmission des idées. Nos pensées nous donnent les mots dont elles ont besoin pour s’exprimer, mais les mots déterminent également nos pensées et ont une influence sur ce que nous avons l’intention d’exprimer.

Les mots n’ont pas d’existence propre ; ce sont seulement les noms que nous donnons aux choses et aux actions. Notre faculté d’exprimer des idées dépend en grande partie du nombre de mots que nous avons amassés par l’exercice de nos sens de la vue, de l’ouïe, du goût, du toucher et de l’odorat. C’est en cultivant nos sens, en recueillant des impressions et des faits au cours de notre existence, que nous perfectionnons la faculté de bien nous faire comprendre à nos semblables ; ce n’est qu’en employant des mots comme symboles de choses que nous connaissons et qu’ils connaissent, que nous pouvons exprimer efficacement et intelligiblement ce que nous voulons dire. Le sujet d’un poème ou d’une lettre d’affaires, d’un grand discours ou d’une simple anecdote, est souvent tiré d’une seule occurrence, mais les images qui fournissent les mots pour l’exprimer émanent généralement d’un champ beaucoup plus vaste, probablement de tout le passe de l’auteur.

L’objet en vue

Naturellement, il vaut mieux avoir quelque chose dire que de parier « en l’air » pour le plaisir de s’entendre parler. On a tellement vanté la pratique de l’art oratoire comme moyen de développer la personnalité, d’acquérir la confiance en soi, etc., qu’on perd quelquefois de vue le principal objet de l’affaire, à savoir : L’orateur a-t-il quelque chose à dire ou l’auteur quelque chose à écrire ?

Sans objet, nos mots sonnent creux. Le manque de sincérité détruit l’effet d’un beau discours. Nous avons beau présenter nos idées en ordre et les envelopper dans de belles phrases, si nous n’avons pas foi en ce que nous disons et dans la nécessité de le dire, nous ressemblons à des acteurs qui récitent un rôle.

Nous disons souvent qu’une personne est « inspirée » lorsqu’elle semble parler ou écrire sous l’influence d’une puissance surnaturelle, comme par exemple les prophètes et les apôtres, Churchill dans ses discours de guerre, ou quelques poètes dans leurs vers. Ces gens-là, comme les Grecs, détestaient l’exagération et les fioritures. Ils savaient ce qu’ils voulaient dire et s’efforçaient de le dire de la manière la plus sincère, la plus précise et la plus convaincante.

L’éloquence consiste en ceci : l’auteur s’attache à tenir ce qu’il dit à la portée de ceux qui l’écoutent. Par la clarté de son raisonnement et le choix de ses mots, il aide son auditoire à éviter la confusion. Par d’adroites explications, il fait ressortir la différence entre l’accessoire et le principal. Il adapte son langage à son auditoire, met parfois un frein à son talent naturel pour ne pas sembler prétentieux, et sait également garnir son style coutumier d’images fleuries quand l’occasion le demande.

L’élégance est nécessaire autant que la logique. Il faut d’abord plaire pour pouvoir instruire. L’orateur ou l’écrivain est oblige de surmonter l’obstacle des préoccupations, du manque d’intérêt et de l’ignorance.

Si ce que nous avons écrit ne transmet pas exactement nos idées, ou même si le lecteur s’arrête un instant pour se demander ce que nous voulons dire, nous avons échoué dans notre tâche.

Le langage est comme un habit, nous le changeons selon l’occasion. Les lettres d’affaires, quand elles sont émaillées d’argot n’en sont pas plus claires, mais elles n’ont pas besoin non plus d’être écrites dans un style de traité ou de formulaire.

Une des raisons pour lesquelles les lettres ne font pas comprendre au lecteur ce que nous essayons de lui dire est que nous ne prenons pas la peine de nous imaginer qu’il est là devant nous quand nous sommes en train de dicter ou d’écrire. S’il était là, ou si nous nous imaginions qu’il est là, nous dirions ce que nous voulons dire simplement, sans effort ou affectation. Il est beaucoup plus important d’être « naturel » qu’érudit dans la transmission des idées.

Langage imagé

Churchill dit avec beaucoup de bon sens dans son dernier livre Triomphe et tragédie : « C’est une erreur d’essayer d’écrire sur de petites feuilles de papier quels seront les sentiments d’un monde outragé après que la lutte sera finie ou quand l’inévitable refroidissement aura succédé à l’accès de fièvre chaude. » Mais cela n’empêche pas de faire de son mieux, même s’il est impossible d’arriver à la perfection.

Par l’emploi méthodique de nos connaissances et le choix du mot juste, nous sommes capables de faire un bon récit des événements, de dire ce que nous en pensons, et de prédire ce que notre intelligence nous fait croire qu’il en résultera.

Chaque mot a été au début un trait de génie. C’était un son par lequel un homme transmettait à un autre l’idée d’une chose qu’on ne voyait pas. Peu à peu, les mots acquirent une nouvelle distinction et servirent à décrire non seulement des choses absentes, mais les circonstances matérielles, sociales, sentimentales et psychologiques qui les entouraient. Et enfin, ils revêtent des formes unissant la beauté à l’utilité.

Une partie seulement du plaisir que nous éprouvons à lire un poème ou un passage de prose vient du récit même. C’est la beauté des mots, les sons et le rythme qui en font le plus grand charme. Un des secrets de la transmission des idées réside dans le fait que la beauté de la forme nous prépare à accueillir le fond avec bienveillance. Tous les rhétoriciens depuis vingt siècles n’ont pas réussi à donner avec plus de concision un meilleur conseil que celui de Saint-Paul dans son épître aux Colossiens : « Que vos discours soient toujours accompagnés de grâce, et assaisonnés de sel. »

Il arrive parfois qu’une vérité, scientifique ou philosophique, est exprimée dans toute sa nudité au point de nous rebuter par son obscurité et sa sécheresse. Mais il est possible, sans rien lui faire perdre de sa précision et de sa clarté, de l’exprimer par des mots qui nous plaisent par leur harmonie et leur vivacité.

Le bon écrivain sait trouver les mots qui se rapprochent le plus de sa pensée et, comme le dit le Dr Trench dans son traité On the Study of Words : « Ses mots ne sont pas trop grands comme l’habit d’un géant sur le corps d’un nain, ni trop petits comme celui d’un enfant sur le corps d’un homme. »

Poésie dans la prose

La prose est un des brillants produits de la civilisation, et la plus belle prose rend alignement justice aux plus belles épopées. Son langage ne diffère pas essentiellement de la poésie, mais le prosateur, même le plus prosaïque, trouve toujours avantage à lire de la poésie.

La poésie peut exprimer tout ce qu’exprime la prose, mais d’une manière plus émouvante. Elle nous fait sortir des réalités quotidiennes par des mots et des phrases qui pénètrent au fond de l’âme.

La prose, de son côté, est capable d’avoir toutes les qualités de la poésie. Le style de Chateaubriand et de Flaubert tient souvent le milieu entre la prose et la poésie. La prose de Churchill a de l’harmonie et du rythme. C’est le choix des mots qui produit une agréable cadence.

L’art d’écrire dans un style gracieux et puissant procure un inestimable avantage dans les affaires, la politique, la philosophie, la science et tous les autres domaines dans lesquels la transmission des idées joue un rôle.

Les mots ne sont pas des choses inanimées, immuables et invariables comme les éléments chimiques. Même les mots ordinaires de la langue ont un charme, une musique spéciale, selon l’emploi qu’on en fait, selon la façon dont on les accouple, par exemple dans ces phrases de Flaubert : « Le crépitement précipité de la pluie… » « Le roulement sourd du tonnerre… »

Coleridge a défini la poésie comme « les meilleurs mots dans le meilleur ordre », mais Boileau avait dit avant lui que Malherbe non seulement fit sentir dans les vers une juste cadence, mais : « D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir. »

L’écrivain a devant les yeux la scène qu’il est en train de décrire et il est maître de la situation. Il n’a qu’à s’imaginer que ce qu’il écrit s’adresse à lui-même pour trouver ce qu’il faut dire, les meilleurs mots pour l’exprimer, et découvrir ce qui cloche.

On n’acquiert pas nécessairement un bon style en jonglant avec les mots. Bien écrire, ou même écrire clairement ; employer des mots si naturels et si simples qu’ils n’opposent aucun obstacle à la transmission des idées, exigent d’autres qualités que l’acrobatie verbale.

Dès que le lecteur s’aperçoit que l’auteur s’ingénie faire un tour de force il commence à se méfier et l’auteur manque son effet. Le style manifestement « outré » est ridicule.

Ici, comme dans tous les domaines de la vie, il s’agit de tenir un juste milieu. Entre le style obscur de l’auteur verbeux trop paresseux pour tirer ses idées au clair, et le style ampoulé qui abonde en fioritures, il existe une manière d’écrire qui consiste à exprimer simplement ce qui intéresse le lecteur.

La simplicité est une bonne règle à suivre. Presque tous les chefs de bureau peuvent, en relisant les copies des lettres écrites le mois précédent par eux-mêmes ou leurs subordonnés, y trouver des passages aussi ridicules que celui d’une nouvelle citée dans le Scientific Monthly. Au lieu de dire que la victime avait deux yeux noirs, l’article dit : « Il avait un hématome bilatéral des orbites et une hémorragie subjonctivale. » Que de fois, au lieu de dicter simplement ce qu’il pense, le chef de service se croit obligé par le prestige de sa position à employer des tournures pompeuses qui embrouillent ou font rire son correspondant.

On détruit l’effet de la simplicité en donnant trop. d’explications techniques et trop de détails. À quoi bon, disent les Écossais, construire le pont plus large que la route ? Chaque mot superflu nuit à la clarté de la phrase au lieu d’y ajouter. Mais il ne faut pas non plus tomber dans le style télégraphique, ni abréger ses phrases au point d’être brusque. Les mots aimables ne sont jamais superflus.

Soyons concrets et précis

Malgré toutes les facilités que nous offre notre langue d’exprimer nos pensées clairement, élégamment et avec de fines nuances, il y a des gens qui écrivent leurs lettres et leurs rapports dans un style abstrus, embrouillé, pompeux et fatigant. Ils compliquent les idées les plus simples et rendent presque incompréhensible ce qui est compliqué.

Les bons auteurs évitent les mots à double sens et ne font jamais usage de mots qui ne rendent pas exactement leur pensée. Il est évident que l’emploi de généralités facilite le travail de l’auteur, mais il laisse au lecteur le soin d’analyser les phrases pour en démêler le sens.

Sir Arthur Quiller-Couch dit dans son traité sur l’art d’écrire : « Tant que vous préférerez les mots abstraits qui sont l’idée qu’un autre se fait des choses, aux mots concrets qui se rapprochent le plus des choses mêmes et qui vous permettent d’exprimer votre originalité, vous ne serez, tout au plus, que des imitateurs. »

L’emploi de mots concrets donne aux phrases un air de familiarité et les rend de ce fait plus faciles à comprendre. Horace écrivait dans ce style familier. Il ne chantait pas l’amour, mais une femme ; il ne parlait pas de pauvreté, mais d’un bateau à rames ; et pour dépeindre la tranquillité, il montrait des moutons en train de brouter paisiblement sur les rives d’un fleuve.

Le choix des mots est très important, mais il ne faut pas cependant pousser l’étude des mots au point de nous disputer avec nos amis sur les technicités du langage. C’est une sorte de maladie littéraire qui finit par devenir ennuyeuse pour ceux qui s’occupent de la transmission des idées.

Il convient cependant de surveiller nos expressions, de définir nos termes de manière à savoir ce que nous pensons et ce que nos pensées veulent dire. C’est ainsi qu’on arrive à aiguiser les mots dont le sens est émoussé ou à les remplacer par d’autres.

Quand les rôles sont renversés et qu’au lieu d’écrire on reçoit des lettres dont le sens est obscur, la meilleure remontrance est de dire simplement à celui qui vous écrit : « Je ne comprends pas, que voulez-vous dire. » Cela suffit généralement à réveiller le bonhomme et, en même temps, obtenir de lui une réponse compréhensible.

Pour démontrer la précision qu’exige l’emploi des mots, prenons par exemple le mot « chien ». C’est un mot qui paraît bien simple à la plupart des gens, mais dans le groupe que nous désignons sous le nom général de chien, il y a de petits chiens et de très gros chiens, des chiens qui ne demandent qu’à se laisser caresser, et d’autres dont le plus ardent désir est de vous mordre au jarret.

Il est amusant, en même temps qu’utile, d’analyser les mots employés négligemment dans les lettres qu’on reçoit. Le même mot « chien » par exemple. Le chien de qui ? Quelle sorte de chien ? Le chien tel qu’il est aujourd’hui, ou tel qu’il était hier ou l’an passé ? Qu’a fait le chien ? D’après ce que je sais de celui qui m’écrit, des chiens en général, des chiens de ce genre, et de ce chien même, puis-je croire ce qu’en dit mon ami ?

Prenez un autre mot à la place de « chien » et le but pratique de l’analyse saute aux yeux. Le sens de la lettre devient beaucoup plus clair, et nous apprenons à ne pas craindre de nous exprimer simplement et d’exiger la simplicité. Sancho Pança, l’écuyer de don Quichotte, a dit avec beaucoup de bon sens : « Si vous ne me comprenez pas, il n’est pas étonnant que j’aie l’air de dire des bêtises. »

Pesons nos mots

Quand il s’agit de faire un choix entre deux mots, il est bon de n’employer des mots inaccoutumés que lorsqu’ils sont plus clairs ou plus expressifs que les mots ordinaires. Il ne faut pas cependant tomber dans l’excès contraire et limiter son vocabulaire à quelques centaines de mots. L’important est d’exprimer nos idées pour que le lecteur puisse les suivre sans effort conscient. Un style trop simple peut devenir fatigant. Quand on écrit une lettre d’affaires, un article ou un rapport, il convient de s’imaginer qu’on s’adresse à des gens instruits et intelligents et de nous mettre à leur portée.

Concision

Une phrase est d’autant plus claire qu’elle est concise, pourvu, toutefois, qu’on emploie le mot juste. Évitons les circonlocutions quand un seul mot suffit, et n’encombrons pas nos phrases de mots inutiles. Aristote a dit dans sa Poétique que ce qui n’apporte aucune différence par sa présence ou son absence ne fait pas partie essentielle du tout. L’art dans le style, comme dans la sculpture, consiste souvent à retrancher le surplus.

Si nous disons ce que nous avons à dire, ce que nous voulons dire, de la manière la plus simple et la plus exacte en notre pouvoir, sans excès de mots et de constructions obscures, nous sommes en bonne voie de devenir experts dans la transmission des idées.

Choisissons d’abord les mots pour leur clarté, et pour leur faire dire exactement ce que nous avons l’esprit. Les mots, ne l’oublions pas, sont des étiquettes. Peu importe la longueur de la verge, le poids de la livre ou le contenu d’un gallon. Ce qui importe est que le mot ait la même signification pour tout le monde ou que nous tenions compte de la différence de sens. Il y a en effet des mots qui prêtent à confusion, le mot « gallon » par exemple. Au Canada, le gallon contient 160 onces liquides tandis qu’il n’en a que 128 aux États-Unis. D’un autre côté, il y a des mots qui désignent la même chose sous un nom différent, comme ce que nous appelons couramment la « gasoline » et qu’on appelle « essence » en France.

Ajoutez à cela que les mots changent parfois de sens dans le langage populaire, et il devient de plus en plus évident qu’on ne saurait apporter trop de soin à se faire comprendre.

Sans chercher à faire des stylistes, les écoles et les universités devraient s’attacher à enseigner aux élèves l’art d’avoir des idées et celui de les exprimer de manière à les faire partager aux autres ou atteindre le but désiré. Mais l’étude du langage ne finit pas à l’école. C’est à nous de reviser notre langage de temps en temps pour marcher de conserve avec la vie, les coutumes et même la nécessité.

Dans le langage, comme en toutes choses, le changement est à l’ordre du jour. La vie est une évolution continuelle et, de ce fait, entraîne des changements dans le langage pour l’adapter aux nouvelles situations.

Deux questions à se poser

Le langage sensé est toujours clair, précis et convaincant. L’auteur qui tient à se faire comprendre se pose continuellement lui-même, au lieu d’attendre que son lecteur se les pose, deux importantes questions auxquelles il doit pouvoir répondre sans la moindre ambiguïté : « Que voulez-vous dire par cela ? » et « Comment le savez-vous ? »

Notre but principal en employant le langage est de mettre nos idées en ordre et de les transmettre. Des lecteurs de ce Bulletin écriront peut-être des essais qui, grâce à l’excellence ou l’originalité de leurs idées, seront encore lus dans une centaine d’années ; d’autres écriront peut-être des lettres dont le solide raisonnement changera le cours des affaires.

Le seul moyen d’arriver à la perfection est de pratiquer le métier, mais sans nous fixer un but au-dessus de nos moyens. Le désir d’être le premier, de battre les records, de faire mieux que les autres, d’écrire le grand chef-d’oeuvre canadien, bat à notre époque dans toutes les poitrines. Même la lune n’est plus pour nous hors d’atteinte. Mais l’homme sage se contente d’être jugé intéressant, précis, clair et convaincant dans ce qu’il écrit au jour le jour.