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Les jeunes gens ont à prendre des décisions de grande importance pour eux et pour le pays. Ceux qui sortent des écoles cette année-ci devront choisir immédiatement une carrière ; dans quelques années ils devront penser à se marier et à fonder une famille ; et à partir de là ils prennent part dans une certaine mesure aux progrès du Canada. Tout cela exige que chacun d’eux adopte une philosophie de la vie, si ce n’est déjà fait.

Les diplômés ont suivi les cours de leur choix : baccalauréat, sciences, philosophie, lettres, arts et métiers, etc. Vient ensuite le cours de survivance – non pas la survivance physique qui est relativement facile à cet âge – mais celle qui permet de goûter librement aux bienfaits de la vie.

Dans tout le Canada il y a d’autres jeunes gens venus de pays étrangers qui font leur entrée dans la vie canadienne. Ils ont passé tout l’hiver à étudier et ils commencent à comprendre l’anglais ou le français. Aux cours du Y.M.C.A. à Montréal, les garçons et les fillettes étaient assis sur le bord de leur chaise, tellement ils étaient empressés de répondre aux questions et de dire quelques mots en anglais.

Cette initiation offre un aspect à la fois intéressant et important. Ces enfants ont échappé à l’esclavage dans des pays opprimés et ravagés. Ils entrent en liberté dans la société canadienne. Ils seront les parents d’enfants canadiens dans quelques années d’ici. Par leurs études ils donnent à ces enfants une meilleure chance de réussir que n’en auront les enfants de parents qui conservent la langue et les coutumes de leur pays d’origine.

Et ensuite ?

L’initiation n’est que la fin d’une étape. La plus grande partie de la vie vient après. Chaque année environ 150,000 jeunes Canadiens cherchent à entrer dans les quelque 20,000 carrières que leur offre le Canada. (Ces chiffres, et beaucoup d’autres de ce Bulletin, sont tirés d’une intéressante et utile publication du ministère du Commerce intitulée Données du recensement canadien sur les professionnels à l’usage des conseillers. C’est une brochure de 166 pages remplie de renseignements authentiques, en vente à 50 cents au Bureau fédéral de la statistique, à Ottawa.)

Le premier problème de ces jeunes diplômés est que les carrières qui leur sont ouvertes se chiffrent aujourd’hui par milliers. Au milieu du siècle dernier, il n’y en avait que 300 ; on en a compté récemment une trentaine de mille, mais elles ne sont pas toutes au Canada. La première chose à faire est donc de choisir un emploi.

Il n’y a rien de pire que de prendre le premier emploi venu. Les jeunes gens qui négligent de choisir la carrière qui leur donne un but dans la vie et qui leur offre les moyens de réaliser leur ambition ressemblent aux damnés de Carlyle : « Pas de point de repère ici-bas ; pas de point de mire au-delà. »

On peut dire avec raison que tout le monde peut remplir efficacement plusieurs emplois. Il est également vrai que presque chacun peut mieux réussir dans la carrière qui lui plaît que dans n’importe quelle autre.

Les jeunes gens sont trop souvent enclins à prendre un emploi bien rémunéré sans se demander : « Est-ce qu’il me plaira ? » En conséquence, ils se trouvent dans un poste sans avenir, ils deviennent dégoûtés de la vie, et ne peuvent pas accomplir ce qu ils désirent.

Le monde a besoin aujourd’hui, et le besoin sera aussi grand dans dix ans, d’hommes et de femmes prêts à bien faire leur travail, mais encore faut-il qu’ils soient prêts. Les chefs d’entreprises savent fort bien que de bons postes restent souvent vides par manque de bons employés, simplement parce que la plupart des candidats négligent de s’y préparer.

L’occasion se présente sans qu’on la cherche, mais si on n’est pas prêt à la saisir, un autre s’en empare. Un vieux proverbe dit que le commun des mortels perd son temps à chercher les bonnes occasions, tandis que celui qui réussit dans la vie saisit toutes les petites occasions au fur et à mesure qu’elles se présentent.

Le Canada offre des occasions

À part toutes les occasions de se créer une place respectable dans la vie, le Canada offre aux esprits aventuriers des milliers de domaines encore vierges de découverte et d’exploitation.

Une édition spéciale du New York Herald Tribune, publiée en janvier, contenait parmi ses rubriques : Une des plus grandes sources de minerai ; Nouveaux approvisionnements de charbon ; La plus grosse usine d’aluminium au monde est prête à seconder le plan Marshall ; Le rendement de la pulpe et du papier excède de 50 pour cent celui d’avant-guerre ; La production d’énergie électrique aide l’industrie ; Beaucoup plus de nouvelles industries depuis 8 ans ; Plus de 2,000 nouvelles industries dans la province de Québec depuis 1945 ; Le Dominion conserve facilement la troisième place dans le commerce international ; L’Ontario occupe le premier rang dans la construction d’usines industrielles ; L’expansion de l’industrie chimique ; Les Canadiens ont plus d’assurance-vie par tête d’habitants que n’importe quel pays par rapport au revenu national ; Les banques à charte jouent un rôle important dans le domaine économique. Ces rubriques d’un journal des États-Unis renseignent les Canadiens aussi bien que nos voisins sur le fait que notre pays offre d’excellentes occasions aux jeunes hommes et aux jeunes filles qui sortent cette année-ci des écoles et des universités.

On entend parfois parier des merveilleuses occasions de réussir dans d’autres pays. La publicité accordée à « l’exode » des jeunes Canadiens a, pour ne pas dire plus, exagéré les faits. Les articles à ce sujet étaient vagues et bornés à des généralités. Voici des chiffres précis.

Le Service national de placement a obtenu du ministère des Affaires des anciens combattants le nom et l’adresse de 1,127 anciens combattants qui suivent des cours aux États-Unis. Chacun a reçu une lettré lui offrant des renseignements sur les conditions et les chances de réussir dans n’importe quelle partie du Canada, et de l’aider a trouver une bonne situation quand il aura fini ses études. Le Service a reçu des réponses à la moitié des 900 premières lettres, et d’autres réponses arrivent chaque semaine à mesure que les anciens combattants finissent leurs cours. La plupart expriment le désir de revenir au Canada ; sur 450 des premiers qui ont répondu, un seul dit qu’il n’a pas l’intention de revenir. Presque tous ceux qui ont fini leurs cours sont revenus au Canada.

La valeur de l’éducation

Il n’y a probablement pas de pays au monde où le progrès dépende si peu du « piston » et de la « protection ». Il n’y a pas de pays où un jeune homme ait une meilleure chance de faire son chemin, par sa propre initiative et sa propre énergie. L’éducation n’est pas réservée aux plus brillants élèves, elle est à la portée de tous.

Quelques-uns des membres les plus proéminents des professions et de l’industrie ont gagné leur vie pendant leurs études universitaires en conduisant des taxis, en lavant la vaisselle dans des restaurants et en tenant des écritures. Les psychologues en sont arrivés à la conclusion que l’étudiant qui paie les frais de sa propre éducation réussit mieux dans ses études, et plus tard dans la vie, que celui qui est aidé par sa famille.

Mais le Canada n’exige pas une instruction supérieure. L’enfant qui quitte l’école secondaire pour travailler, a lui aussi la chance de réussir, et après tout, Shakespeare, Burns, Carlyle, Scott et Darwin sont devenus célèbres sans diplômes, et bien peu des chefs d’entreprise dans l’industrie ou la finance au Canada possèdent des diplômes, sauf parfois des diplômes honoraires.

Cela ne veut pas dire que la plus grande instruction possible ne soit pas souhaitable pour un jeune homme ambitieux, si elle lui permet d’accomplir l’oeuvre à laquelle il se destine. Sous le rapport de la somme des connaissances, un jeune homme d’aujourd’hui excelle un Platon ou un Aristote. Le problème est d’en faire un bon usage. Le Dr Raymond G. Miller dit dans Take Time for Human Engineering : « L’instruction conventionnelle est comparable à un trousseau de clefs. En soi, les connaissances n’ont aucune valeur, sauf quand nous nous en servons pour ouvrir les portes qui conduisent au progrès de la raison et du jugement. »

Il y a peu de gens qui réussissent dans la vie quand ils ont été instruits par force, ou quand on leur a fait entrer dans la tête à la deuxième fois ce qu’ils n’avaient pas compris à la première. Ceux qui réussissent sont invariablement ceux qui ont soif de s’instruire, qui acquièrent leurs connaissances d’une manière ou d’une autre, et qui s’en servent. Ceux qui, ou dont les enfants, sont obsédés par l’idée que les parents « doivent » donner une instruction supérieure à leurs enfants au prix de n’importe quels sacrifices feront bien de lire « I Got a Right to an Education » dans le Canadian Home Journal de février. Cette histoire, par Allen Roy Evans, M.A., met au point tous les débats et toutes les discussions au sujet des obligations de la part des parents et de la « nonchalance » des enfants qui refusent de gagner au moins une partie de leurs frais d’éducation.

Un mouvement en faveur d’une « Éducation pratique » se dessine au Canada. Le Canadian Research Committee on Practical Education a été institué au printemps dernier et partage les bureaux de la Canadian Education Association à Toronto. Son directeur est le Dr Fletcher Peacock, directeur de l’enseignement du Nouveau-Brunswick, et son vice-président Hugh Crombie de l’Association des manufacturiers canadiens.

Les questions étudiées par ce comité, d’après la liste obligeamment fournie par A.G. McColl, directeur des recherches, comprennent : « Quels doivent être les principaux buts d’un programme d’école secondaire ? Est-ce que le programme actuel doit viser ces buts ? Quelle proportion de tous les élèves les écoles secondaires devraient-elles servir ? Est-ce que le programme actuel répond aux besoins de ces élèves ? Les employeurs sont-ils satisfaits des résultats obtenus par les élèves des écoles secondaires ? En cas contraire, par quoi l’enseignement secondaire pêche-t-il ordinairement ? Faut-il améliorer le programme d’instruction générale plutôt que de chercher à inculquer l’adresse et les qualités essentielles pour faire de bons employés ? Est-ce que l’école collabore avec l’industrie, le commerce et le travail dans cette importante entreprise de préparer et de donner aux jeunes l’éducation qui leur convient ? Une liaison plus étroite serait-elle mutuellement avantageuse ?

Avant de laisser la question de l’éducation, jetez un coup d’oeil sur ce tableau. Il indique l’instruction acquise dans diverses occupations. Les chiffres sont tirés de la brochure mentionnée à la première page et ils valent la peine d’être étudiés par les jeunes gens qui sortent des écoles et ceux qui les prennent à leur emploi.

Nombre Nombre d’années d’école réparties en pourcentages
H – Hommes
F – Femmes 0-4 années 5-8 années 9-12 années 13 ou plus années
1. Professionel H 123,033 0.3 7.6 27.2 64.9
F 126,802 0.2 7.2 55.9 36.6
2. Propriétaires, gérants et administrateurs H 864,664 15.4 55.3 24.8 4.5
F 30,685 12.8 44.1 37.2 5.9
3. Employés de bureau, commerce H 389,981 2.1 28.1 571 12.7
F 232,824 0.4 15.4 70.0 14.2
4. Ouvriers qualifiés; contremaîtres H 519,190 8.8 52.0 35.6 3.7
F 12,405 3.3 41.8 50.7 4.2
5. Ouvriers semi-qualifiés H 409,969 8.2 54.9 34.1 2.8
F 146,331 3.6 45.7 47.7 3.0
6. Ouvriers non qualifiés et des services H 1,038,919 17.0 61.1 20.5 1.4
F 282,896 8.0 55.3 34.3 2.4

Orientation professionnelle

Il existe dans l’industrie une tendance à employer plus de machines mais à rendre leur fonctionnement si simple que des ouvriers relativement inexpérimentés peuvent les faire marcher. Ces industries peuvent ainsi employer des manoeuvres et leur enseigner tout ce qu’ils ont besoin de savoir dans une semaine ou même moins. Une enquête par H. M. Bell pour l’American Council on Education révèle que dans 2,216 occupations dans 18 industries, 8.5 pour cent des employés n’ont pas besoin d’apprentissage, 59 pour cent ont besoin d’une semaine ou moins, 11.3 pour cent d’une semaine à un mois, et seulement 21.3 pour cent d’un plus long apprentissage.

C’est évidemment dans les occupations spécialisées que l’instruction a le plus de valeur, car c’est là que les connaissances permettent à l’employé de se montrer à la hauteur de sa tâche. C’est dans ce domaine que l’orientation professionnelle prouve son utilité. C’est une grande responsabilité, de nos jours, que d’orienter des jeunes gens de manière à leur permettre de faire le meilleur usage de leurs aptitudes naturelles et des connaissances qu’ils ont acquises dans le travail adapté à leurs intérêts et leur compétence.

Cette aide ne peut pas être donnée d’une manière insouciante ou routinière par des instituteurs, des ecclésiastiques ou des parents. Elle exige les services de personnes qui ont le temps de discuter avec les jeunes gens, d’apporter à la discussion l’expérience, la sympathie et la patience qui inspirent la confiance, font avouer la vérité et aident à prendre une décision.

Le caractère inspire la confiance

Le moyen de se faire estimer est d’inspirer la confiance par sa conduite. Il faut pour cela faire assidûment sa tâche quotidienne et se préparer à celles de demain. On n’inspire pas la confiance en suivant des cours, mais par la réflexion, le travail et les sacrifices.

La majorité des renvois, d’après la brochure du Bureau fédéral de la statistique citée plus haut, ne sont pas dus à l’incompétence ; 15 à 25 pour cent seulement sont causés par l’incompétence, la lenteur, le gaspillage des matériaux et l’inaptitude physique. La plupart des autres renvois ont pour causes les défauts personnels, le manque d’application au travail et l’immaturité, auxquelles il faut ajouter l’insubordination, la paresse, la turbulence et la boisson.

Pour qu’on puisse compter sur vous vous devez être capable de vous fier à vos propres conclusions après mûre réflexion. Celui qui demande conseil avant de prendre une importante décision ne fait jamais un bon homme d’affaires. Si vous voulez inspirer confiance dans votre jugement, reconnaissez tout de suite et franchement quand vous avez tort. Le meilleur moyen de prouver qu’on peut compter sur vous est de soutenir votre jugement quand vous savez que vous avez raison et d’admettre dans le cas contraire que vous avez tort.

Tout cela contribue à créer la personnalité qui est en somme l’effet que nous faisons sur les autres. L’homme entreprenant, énergique et sur qui l’on peut compter respire la dignité. L’apparence extérieure n’est que le reflet du for intérieur qui porte généralement une personne à considérer avec indulgence les défauts d’autrui et à se montrer courtois même quand on manque de courtoisie à son égard.

La personnalité est modifiée par le tempérament. Tout le monde a le droit d’avoir un tempérament pourvu qu’il ne nuise pas à sa carrière. Le tempérament est simplement l’ensemble de nos penchants naturels dont dépendent nos sentiments et nos actes selon les jours et les circonstances. On excuse les auteurs, les artistes, les poètes, les sculpteurs et les acteurs d’avoir du tempérament parce que, comme l’a dit un philosophe allemand « Il faut avoir du chaos dans l’âme pour donner naissance à une étoile dansante, » mais les gens ordinaires ne peuvent pas donner trop libre jeu à leur tempérament.

Les jeunes gens qui font leur début dans le monde des affaires devraient se rappeler les mots du philosophe au cours d’une discussion avec l’empereur Adrien : « Je n’ai jamais honte de m’incliner devant un homme qui commande 50 légions. » Il y a aussi l’histoire de Hajji Baba, que son chef avait frappé à la tête en plaisantant : « Tout en frottant la bosse qu’il m’avait faite, dit-il, je trouvais encore moyen de rire de ses plaisanteries. » Seuls l’âge et l’expérience peuvent enseigner cette sagesse.

Que vaut le succès ?

Ce que fait un jeune homme au sortir du collège dépend en grande partie de son ambition. Il faut qu’il se fixe un but et qu’il décide ce qu’il doit sacrifier au succès, car il sait maintenant qu’on ne gagne rien sans sacrifier quelque chose. On ne fait pas les mêmes sacrifices pour capturer un troupeau de moutons que pour s’emparer d’une ville opulente.

Ceux qui arrivent le mieux, et peut-être le plus facilement, au succès, sont ceux qui savent exactement ce qu’ils désirent. Un but bien clair et bien défini contribue à l’unité d’action.

Puis il faut penser à la stratégie. Chacun doit adapter ses plans à ses moyens. David ne pouvait pas combattre Goliath avec les armes de Saul, et celui qui n’a pas d’aptitudes pour la guerre doit apprendre à faire son chemin au moyen des arts de la paix. En tout cas, la bonne stratégie consiste à s’allier des circonstances qui permettent d’aller plus loin en cas de succès, et qui protègent la retraite en cas de revers.

La stratégie des chefs britanniques a toujours tenu en peu de mots. Par exemple : Jervis : « ordre, simplicité » ; Nelson : « désobéissez aux ordres si c’est nécessaire, empêchez l’ennemi de rassembler ses forces, engagez-le – n’attendez pas qu’il vous attaque » ; Wolfe, « faites toujours une nouvelle tentative » ; Wellington, « cachez le gros de vos troupes ; quand l’ennemi pense qu’il n’a rien à craindre, sautez sur lui à pieds joints » ; et Hamilton, « Si la stratégie ne réussit pas, attaquez l’ennemi de face. »

La maxime de Wellington convient au jeune homme qui débute dans les affaires. Les jeunes gens sont trop souvent enclins à adopter des manières de gros bonnet sans en avoir les qualités. Il est bon de ne pas faire trop de parade avant d’être sûr de soi.

Si le « gros bonnet » précoce fait mauvaise impression, le « piètre employé » ne vaut guère mieux. Il passe généralement son temps à surveiller la pendule, et juge son emploi par les loisirs, les courtes heures de travail et les longues vacances avec paye. Il s’embarque dans un tas de détails inutiles quand son chef lui demande un rapport. Il cherche à faire paraître sa tâche difficile pour se rendre important. Mais tout cela ne cache généralement que sa paresse et son ignorance. Il n’a pas l’intelligence d’ignorer les petits détails pour se consacrer aux choses importantes.

Le moment de commencer ? Tout de suite !

Évidemment, pour trouver l’emploi qui vous convient et faire votre chemin, il ne suffit pas de répondre à une annonce et de se présenter au travail. Il faut bien se rendre compte de cela tout de suite et de se mettre à l’oeuvre. Les gens qui remettent les choses au lendemain manquent d’esprit d’entreprise. Napoléon a dit qu’en guerre et en politique, il n’y a pas d’erreur plus commune que celle de ne pas agir au bon moment. Nous connaissons tous l’histoire du bonhomme qui sort sans parapluie, qui hésite à se mettre à l’abri quand il se met à pleuvoir et qui rentre chez lui juste au moment où le plafond lui tombe sur la tête.

Après avoir bien fait vos plans et vous être mis à l’oeuvre, cherchez des idées. N’importe quelle idée qui vous fait sortir de la torpeur habituelle vaut mieux que rien. Tracez-vous un programme si ardu que les compliments que l’on vous fera sur votre travail vous paraîtront pâles en comparaison de ceux que vous espérez mériter un jour.

Cette discussion ne doit pas laisser supposer qu’un peu de stratégie rendra la vie facile aux jeunes diplômés. Le prix du succès est facile à décrire : mettez-vous à l’oeuvre immédiatement, sans attendre un « coup de main » ; ne vous leurrez pas de vains espoirs mais travaillez dur à vous rendre digne du poste au-dessus du vôtre ; rendez-vous compte des obstacles et apprenez à les surmonter par votre travail et votre adresse ; et ne vous endormez pas en chemin.

Chaque pas en avant nous apporte un gain et une perte. Il faut laisser quelque chose derrière, mais la perte n’est pas importante si on atteint son but. Plus on avance dans la voie du succès, plus on est obligé de travailler pour conserver sa position, et plus on a d’inconvénients à supporter. C’est pour cela qu’il n’y a pas beaucoup de gens au sommet de l’échelle.

Que réserve l’avenir ?

Il est oiseux de prédire l’avenir du Canada, parce qu’il dépend de tant de choses : la situation internationale, l’esprit d’initiative de nos jeunes gens et de nos jeunes filles, le bon sens de nos hommes d’État et de nos hommes d’affaires.

Les guerres ont amené au Canada des situations qu’il était impossible de prévoir ; les progrès technologiques sont si rapides qu’il est difficile de les suivre de jour en jour. Voici ce que le ministère de la Reconstruction et des Approvisionnements a estimé au mois de mars à quoi nous pouvons nous attendre : une augmentation de 17 pour cent dans les placements privés et publics en instruments de production au cours de 1948 par rapport à 1947 ; des immobilisations de $2,800,000,000, qui est le maximum jusqu’ici ; sur ce chiffre, la part des entreprises privées, des institutions et des logements est de $2,184,000,000, tandis que celle des fonds publics est estimée à $635,000,000.

Le Canada a fait d’énormes progrès économiques en 81 ans depuis qu’il est devenu un dominion, et il y a de bonnes raisons de croire qu’il ne s’arrêtera pas là. Les nouvelles industries reçoivent tous les encouragements possibles, et l’expansion de celles qui existent déjà est un bon augure pour la prospérité future du Canada.

Ces progrès du Canada ont eu lieu au sein de la sympathique atmosphère de la civilisation orientale, qui est fondée sur des principes établis dans le monde occidental au prix de grands sacrifices pendant les six ou sept derniers siècles. En partant d’aussi bons fondements, les Canadiens d’aujourd’hui ont la responsabilité de préserver l’oeuvre des pionniers, et de favoriser l’essor des facultés humaines qui permettront à nos concitoyens de tirer plein parti des nouveaux pouvoirs dont la science les a dotés.

Les jeunes gens qui sortent cette année-ci des écoles font partie d’une civilisation dont le sort pourrait fort bien être décidé au cours de leur existence. Cette civilisation renferme, en dépit de toutes ses fautes et tous ses dangers, le germe de la liberté et d’une existence heureuse.

Point n’est besoin d’envisager l’avenir avec timidité ou trépidation. Tout le pouvoir dont nous pouvons faire usage existe aujourd’hui et il ne dépend que de nous de nous en servir intelligemment. Nous vivons dans une époque où la pompe et l’orgueil comptent pour peu de chose dans les annales de l’histoire. La compétence, la science et l’initiative, doublées de bon sens, sont les qualités par lesquelles sont jugés les diplômés de l’année et dont dépend leur succès ou leur échec dans la vie.