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Il y a deux classes de travailleurs malheureux dans le monde, et par travailleurs nous voulons dire tous et chacun, du président d’une importante compagnie au journalier.

Il y a premièrement ceux qui ont des positions qui satisfont pleinement leurs besoins de création et d’énergie, mais qui ne leur procurent pas ce qu’ils désirent en fait de rémunération pécuniaire ou de vie sociale.

Il y a ensuite ceux qui travaillent beaucoup et gagnent bien leur vie, mais qui ont des positions leur donnant l’impression de « captivité » commune aux personnes dont les aptitudes ne peuvent s’exprimer librement et dont les talents ne sont pas reconnus.

En plus, naturellement, il y a les personnes qui considèrent le travail comme devant être réduit à sa plus simple expression. Et c’est la joie des gens ambitieux d’en trouver tant dans cette catégorie, la concurrence pour eux étant bien moindre de ce fait.

Le travailleur d’aujourd’hui, (et ici encore nous comprenons tout le monde, de l’employé le mieux payé a celui qui l’est le moins), a besoin d’autre chose que de compétence et d’habileté. De nos jours les qualités de caractère sont plus importantes qu’elles ne le furent jamais auparavant – telles que la stabilité, la tolérance, la coopération et le contrôle personnel. À l’époque actuelle, la connaissance des affaires économiques est nécessaire, non seulement en vue de l’établissement du budget familial, mais pour comprendre la raison des impôts déduits de l’enveloppe de paye de chacun.

Le travail a pour but la production de tout ce qui sert la vie de chaque jour et la jouissance de certains services. Les affaires ne représentent pas une lutte pour la richesse qui existe déjà, mais un système organisé de coopération entre la production et la distribution de tout ce que désire la masse. Plus nous produisons, plus grand sera le choix d’objets dont nous bénéficie.

Quand nous le regardons de cette façon, le travail n’est pas un fardeau. La loi « Tu travailleras à la sueur de ton front » peut être acceptée comme l’une des plus avantageuses de la vie. C’était probablement parce qu’ils n’avaient rien à faire qu’Adam et Eve furent une proie si facile pour le tentateur.

Les utopistes politiques et sociaux entretiennent l’illusion que le travail a été imposé au genre humain comme une punition. C’est parce que cette idée dénote le mécontement et, par conséquent, répond à leurs vues. En réalité, comme tout homme et toute femme de bonne foi l’admettront, le travail rend plus fort, satisfait, et c’est une grande bénédiction. Il est essentiel au bonheur du genre humain.

Mais, pour remplir son but, le travail doit avoir certaines qualités. Il doit être honnête, utile et joyeux. C’est de ce genre de travail que tous les grands hommes du siècle passé parlaient lorsqu’ils prêchaient l’Évangile du travail.

Nous construisons le monde

Notre civilisation n’aurait jamais pu être réalisée sans le travail, et si elle doit être soutenue ce doit être par le travail, qui ajoute à la vie tout autant qu’il la maintient. Le monde n’est pas diminué, si petit puisse-t-il paraître devant les vitesses réalisées aujourd’hui dans les voyages et les communications. Il est en train d’être « construit », et nous en sommes les constructeurs.

Le travail est utile à nos esprits. C’est la meilleure nourriture pour notre ambition, et la sauvegarde la plus réelle de nos bons sentiments et de notre équilibre mental. Il y a une sorte de joie particulière dans le repos après le travail.

Le travail n’est plus ce qu’il était. Le Dr. D. Ewen Cameron, professeur de Psychiatrie à l’Université McGill, le décrit curieusement : « Dans le temps de la charrue à cheval et de la diligence, lorsque les chandelles et les meubles se faisaient à la maison, quand vous sortiez du lit dans l’obscurité et que vous vous recouchiez lorsque la lune se levait, il était littéralement vrai que sa vous ne travailliez pas, vous ne mangiez pas ». Il continue ensuite : « Travailler afin de vivre perd sa signification. Elle n’est pas encore tout à fait perdue, ne le sera peut-être jamais complètement, mais prétention que le monde lui doit sa vie s’en va presque complètement. »

Bien entendu, dans une nation comme la nôtre les gens ne tiennent pas à vivre de charité. Il y a trop d’occasions d’améliorer la vie, et nous le désirons tous. Nous croyons encore que la récompense suit l’effort.

Notre génération, au Canada, a, sur tout cela, des idées assez élevées. Nous sentons que, lorsque nous travaillons, nous remplissons une partie de la tâche qui nous a été assignée sur terre, du fait de notre nature même.

Tout système qui rendrait le pouvoir d’achat facile à obtenir sans l’obligation de rien donner en retour, serait une source de troubles innombrables. Le seul réel pouvoir d’achat dans les marchés est celui des marchandises et des services qui y sont offerts. L’idée que nous pouvons poursuivre notre marche dans le progrès et la civilisation, alors que nous insistons pour donner de moins en moins et avoir cependant de plus en plus, est une dangereuse illusion.

La fatigue

Il n’y a pas à nier qu’il existe une fatigue du travail. C’est un moyen très sûr de la nature de nous garder dans des limites de sécurité. L’ennui est que plusieurs d’entre nous ont une valve de sûreté établie pour se déclencher sous une pression si basse que notre rendement quotidien en est entravé, et que nous nous privons ainsi d’un grand nombre des joies de la vie.

Une part importante du « ralenti » dans la vie n’est pas causée par la fatigue du travail, mais par des facteurs psychologiques. Des heures de travail plus courtes n’aideront pas à améliorer la situation. Si nous précipitions, notre travail, pour le terminer en quatre heures par jour, et restions ensuite inactifs le reste du temps afin de pouvoir goûter à des bonheurs abstraits tels que la science, l’art, l’amitié et l’amour, ou la contemplation de la nature, nous les trouverions bien vite dénués d’intérêt à moins qu’ils ne deviennent pour nous un véritable et nouveau travail, si nous y consacrions de plus en plus de nos loisirs.

Aucun marchandage, aucune tricherie, ne nous obtiendra la réalisation d’un seul de nos désirs à moitié prix. Notre force physique dépend du travail de nos muscles. Notre force mentale dépend du travail de nos cerveaux. Si nous voulons plus, il nous faut travailler plus. Comme nation, nous ne pouvons pas acheter et consommer deux fois plus de marchandises que nos grands-pères, à moins que nous ne produisions deux fois autant de marchandises.

Si le genre humain appliquait encore la coutume primitive de l’effort individuel pour répondre à tous les besoins de la vie, ce fait serait clair. L’homme qui cultiverait deux fois mieux que son voisin aurait deux fois plus à manger. Il n’y a eu aucun changement dans la loi, mais seulement dans la méthode de culture.

Aujourd’hui, nous sommes interdépendants. Nous avons 15 millions de personnes sur cette terre canadienne, où les nations indiennes en avaient seulement quelques milliers. Nous avons divisé la moisson entre tous les hommes, dans les diverses occupations où ils se spécialisent, mais le total réel de nos efforts va dans une somme nationale dont chaque travailleur soutire ce qui lui revient en conformité de sa propre contribution.

Nous avons augmenté les facilités de vie à un niveau qui aurait semblé fantastique et impossible à nos ancêtres. Dans son livre intitulé « Halifax, Gardien du Nord », Thomas H. Raddall décrit le Canada d’il y a 170 ans comme un endroit où il y avait des « colonels sans soldats et des cavaliers sans bottes ni chaussures ». En 1900, en moyenne, un ouvrier d’usine devait travailler une heure et 47 minutes pour gagner le prix d’une livre de beurre ; aujourd’hui, il l’obtient par le produit de 31 minutes de travail. Et il en est ainsi du lait, des vêtements, de toutes les autres nécessités – et, en plus, nous avons l’électricité, la radio, et, dans tous les domaines, un confort entièrement inconnu du Canada d’il y a cinquante ans.

Nos ancêtres ont littéralement fait leur vie, mais aujourd’hui nous passons nos heures de travail quelque genre particulier d’ouvrage pour lequel nous obtenons de l’argent, que nous échangeons pour une foule de choses fabriquées par d’autres. Nous avons plus de variété parce que plus de gens produisent plus. Nous avons appris le secret de la division du travail, grâce à laquelle notre énergie, convenablement dirigée, transforme nos ressources naturelles en des grandes quantités de marchandises utilisables.

Tout le monde veut un niveau de vie plus élevé. Aucune redistribution d’argent ou de marchandises déjà produites n’en augmentera la moyenne. Ce but ne sera atteint que par une plus grande production de tout ce dont la masse a besoin.

Cet accroissement de la production peut être accompli par la conjonction de quatre efforts : l’éducation, pour développer une plus grande intelligence et plus de compétence ; la recherche, pour créer de nouveaux produits et les manufacturer dans de meilleures conditions ; le capital, pour agrandir et construire de nouvelles industries, et le travail.

Rien ne peut augmenter notre standard de vie sans travail. À notre époque, le mal le plus grand qui puisse nous être fait est de nous prêcher l’évangile de la récompense sans effort.

Salaires

Les sages, en ce monde, écrivent salaires et loisirs en lettres minuscules et TRAVAIL en majuscules, parce que la production est leur principal objectif. Les salaires et les loisirs doivent être gagnés. À l’exception de ce qui est dû à la charité, il n’existe aucun moyen rationnel de distribuer de l’argent si ce n’est en paiement de la production ou pour des services rendus.

Les chiffres du Bureau de la Statistique du Canada démontrent, (en y comprenant les fermiers et les autres personnes travaillant pour elles-mêmes), que le travail reçoit normalement chez nous environ 85 pour cent du revenu national.

Pour payer des salaires plus élevés, l’argent ne peut provenir que de quatre sources différentes : des prix augmentés, des taxes réduites, du profit des corporations, ou de la production accrue par les travailleurs eux-mêmes.

Une augmentation dans les prix ne sourit à personne. Les dépenses du pays doivent être couvertes par la taxation, et de la manière dont va le monde actuellement, il ne semble pas y avoir le plus petit espoir qu’elle soit réduite de façon importante d’ici longtemps. Si tous les profits laissés après que les impôts sont payés y étaient employés, les salaires pourraient être augmentés de seulement 4 pour cent, et il n’y aurait plus de fonds pour financer l’expansion industrielle ou pour même conserver la machinerie en bon état.

Le moyen logique d’augmenter le pouvoir d’achat est une plus grande production dans chaque usine et par chaque travailleur. Cela ne veut pas dire de plus longues heures de travail, mais un travail plus efficace, une journée entière de travail pour le plein salaire d’une journée. C’est le seul des quatre moyens par lequel des salaires plus élevés peuvent être payés avec sécurité.

Le jeune homme anxieux de réussir dans la vie, l’homme plus âgé cherchant de l’avancement, se trompent eux-mêmes, s’ils ne songent qu’aux taux des salaires et aux heures de travail. L’homme qui désire avoir du succès sait que ce qu’il gagnera dans les années futures ne sera pas déterminé par une cédule d’heures et de salaires, mais par la valeur qu’il donnera à son effort individuel.

La dignité

Il y a certains principes à observer, et par l’employeur, et par l’ouvrier, s’ils veulent avoir une satisfaction raisonnable dans leur travail.

Les employeurs doivent se rappeler que le désir le plus élémentaire de tout être humain est le maintien de sa dignité. La dignité de l’homme est tout aussi importante dans le cercle des travailleurs qu’elle l’est dans le Club le plus exclusif de la ville.

La dignité des travailleurs est maintenue lorsque les employeurs savent, chaque fois que l’occasion s’en présente, louanger généreusement, donner publiquement crédit où il est dû, se font simples et accueillants en la présence des employés de manière à augmenter leur estime personnelle, jugent justement, et pas trop hâtivement, et acceptent, en l’appréciant, la critique lorsqu’elle est fondée.

Les employés se doivent à eux-mêmes de choisir, parmi les occupations qui leur sont offertes, celle qu’ils peuvent le mieux remplir, et ils doivent à leurs employeurs de le faire de leur mieux, afin de développer et sauvegarder une discipline du travail, pour se surveiller afin de ne pas laisser leurs penchants personnels prendre le dessus sur le sens de leur travail, pour éviter enfin, comme ils s’attendent à ce que leurs supérieurs les évitent, les discussions à l’ouvrage.

Bien souvent c’est un peu d’orgueil social ridicule qui rend les gens malheureux dans leur travail. Les travailleurs intellectuels et les travailleurs manuels sont également importants pour faire tourner les roues. Si magnifiques que soient les plans faits pour la cité par les architectes, aucune belle ville ne se développera à moins qu’il n’y ait des hommes qui se servent de leurs mains pour manier les pioches et les truelles, pour manoeuvrer les manettes des pelles à vapeur et des bulldozers.

Le travail peut être rendu vraiment digne, non par une exaltation du travailleur telle que la veut le communisme, mais par les ouvriers eux-mêmes estimant un homme pour ce qu’il est vraiment et pour son utilité dans la société. L’homme qui conduit un tramway avec sécurité et compétence à travers le trafic de la ville, l’homme qui travaille à la sueur de son front dans un champ de blé de la Saskatchewan, l’homme qui dirige une grosse machine produisant à elle seule des marchandises que des milliers d’esclaves ne feraient pas, la jeune fille qui conduit un ascenseur ou qui écrit des lettres au dactylographe, ou qui vend dans un magasin – tous ceux-là contribuent pour leur part à la vie et à la productivité du pays.

Il y a lieu d’ajouter un avertissement pressant : c’est faute grave que d’être volontairement trop occupé, quoique ce ne soit pas une forme commune d’erreur. Il ne faut jamais oublier que le travail est seulement une partie de la vie, et qu’on ne doit pas devenir ambitieux au point de lui sacrifier tout.

Nous vivrons plus longtemps et mieux si nous nous soumettons à quelques-uns des autres besoins de la vie, même au point d’être, de temps à autre, un peu naïfs dans l’emploi de nos heures de loisir. Peut-être même comme Jean Jacques Rousseau qui, lorsqu’il devint modestement pourvu, se défit de sa montre avec la réflexion singulière qu’il n avait plus maintenant besoin de connaître l’heure.

Ni la nature, ni l’importance de notre travail ne sont responsables de la fréquence et de la gravité de nos dépressions. Elles proviennent plutôt de ces sentiments exagérés de vitesse et de manque de temps, dans la tension et l’empressement, dans l’inquiétude et l’anxiété. Il nous faut cultiver une harmonie intérieure entre le travail, qui est nécessaire à notre survivance, et les autres choses de la vie, telles que le bonheur que nous trouvons dans notre famille et que le développement de notre intelligence.

Qui est le producteur ?

Le mot « production » a été mentionné plusieurs fois dans cette lettre. C’est la clef de la prospérité nationale et elle est nécessaire au bonheur individuel. Un producteur est une personne qui crée une commodité utile ou qui aide à lui donner une existence concrète sous une forme utilisable. Le cultivateur, le cheminot, le marchand de gros et le détaillant, tous sont des producteurs, parce qu’ils obtiennent de la nourriture de la terre, en préparent l’usage et la transportent où elle est demandée.

La terre et ses ressources naturelles, l’argent lui-même ne produisent rien d’utilisable par l’homme, à moins que les hommes et les femmes ne travaillent à préparer ou à transformer ce que la nature offre. Si vous viviez dans quelque royaume d’Utopie, quoique ses vallées soient fertiles, ses montagnes couvertes de bois, son sous-sol rempli de charbon, de fer, d’or et d’huile, vous n’auriez même pas les nécessités de la vie si vous ne travailliez pas.

Le Canada jouit d’une grande richesse dans ses ressources naturelles, mais nulle n’est d’aucune utilité, à moins que l’effort humain n’y soit appliqué pour sa préparation ou sa transformation. Même dans un climat tropical, où les fruits mûrissent en abondance, vous mourriez de faim, à moins de faire l’effort voulu pour les ramasser. C’est là un état de choses que nulle Loi ne peut changer.

La production est aidée par la machinerie. Durant le dernier demi-siècle, nous avons trouvé les moyens de multiplier notre rendement industriel. Le travail des hommes a été rendu plus facile par l’invention d’outils mûs a la vapeur, et la moitié du travail que faisaient à la main les femmes il y a cinquante ans est maintenant fait à l’électricité.

La machinerie moderne, dirigée par des opérateurs compétents, a rendu possible une rapide augmentation du volume de production, et a élevé le standard général de vie à un point auquel les générations précédentes n’avaient jamais pensé.

Nous ne pouvons pas reculer

Tout n’est pas rose en ce monde renouvelé, parce que de nouveaux problèmes sont sans cesse soulevés, alors que nous avons trouvé les réponses aux anciens. Le danger, en ce 20ème siècle, est que nous pourrions, par l’abus d’inventions extraordinaires retourner à la pauvreté des premiers âges, mais nous ne risquerons jamais d’atteindre cet état malheureux à cause ne notre machinerie industrielle.

Quelques auteurs, dont Karl Marx, ont prétendu que la mécanisation continue de l’industrie, en diminuant la main-d’oeuvre, aboutirait au déclin graduel des réels salaires de la classe des travailleurs, et que le chômage augmenterait. Cependant, les « salaires réels » signifient le pouvoir d’achat d’un homme, grâce à ce qu’il reçoit pour son travail, et ce qu’un travailleur dorénavant gagne en salaire permet d’acheter beaucoup plus aujourd’hui qu’au commencement du siècle, et, malgré cela, en raison de la machinerie, il n’a pas tant à travailler pour l’obtenir. Quant à l’emploi de la main-d’oeuvre, il n’y eut jamais plus de personnes employées au Canada que de nos jours, et l’industrie arrive à peine – dans certains cas elle ne le peut même pas – à suffire à la demande.

Toutefois, l’âge de la machine a sans nul doute diminué, dans un certain sens, l’importance de l’individu. Quoiqu’il soit enfantin de penser à reculer pour donner une satisfaction personnelle au travail manuel, il n’en reste pas moins vrai qu’il y a une joie intime beaucoup plus particulière pour la personne qui a lentement fabriqué un objet de ses propres mains, que pour dix personnes qui ont fait un millier de pièces en série, durant le même temps, avec l’aide de machines qu’elles comprennent plus ou moins.

Il ne peut en être autrement. Nous ne pouvons pas plus retourner en arrière à ce sujet, au Canada ou dans le monde entier, pour nous rapprocher du potier solitaire, d’Omar Khayyam, humectant son argile pour lui-même sur la place du marché, que les hommes d’un certain âge ne peuvent faire revivre au temps de Noël leur robuste appétit pour la dinde et le pouding, qu’ils aimaient tant dans leur jeunesse.

Les besoins du Canada

L’essentiel de la prospérité du Canada est un revenu national élevé, distribué en considération de l’importance de la contribution apportée par chaque individu à la production des objets dont nous avons besoin pour notre usage et pour l’exportation. Notre pays demeurera grand et prospère en travaillant ferme, et non pas en adoptant une formule de moins de travail et de moins d’effort.

Aujourd’hui nous essayons, comme dans nos premiers jours, à élever le niveau de vie de tout le monde. C’est un effort qui englobe, non seulement l’augmentation des gains, mais l’augmentation des marchandises disponibles pour achat avec ces gains. En plus, nous devons produire des produits pour la vente outre-mer, parce que le tiers de notre revenu national provient de l’exportation. Ensuite, également, il nous faut augmenter notre capital de production, celui qui représente la machinerie et l’usine avec lesquelles nous pouvons faire plus de marchandises pour le consommateur.

En tout, partout, nous avons un gros travail de production à réaliser. Si nous combinons habilement nos ressources naturelles, un gouvernement sage et un travail ferme, il n’y a aucune raison sur terre pour que le Canada n’accorde pas à ses citoyens et aux peuples des autres pays aussi, des bénéfices de plus en plus importants.

Nos perspectives personnelles

C’est là notre situation nationale. En ce qui concerne nos perspectives personnelles, il est bien probable qu’à un certain moment chaque homme, chaque femme, formule une philosophie personnelle de la vie. Et le premier mot dans la liste des désirs est certainement celui, quelque peu nébuleux, de « bonheur ».

Le bonheur signifie plusieurs choses différentes. Certaines personnes semblent s’épanouir heureusement à ne rien faire, mais c’est la minorité et elles sont considérées avec pitié. La loi de la vie est l’action, et nous sommes conduits par un besoin biologique d’activité.

Ella Wheeler Wilcox était mieux connue par ses chansons d’amour que par une philosophie profonde, mais elle écrivit une ligne qui est un avertissement et un guide : « Le défaut le plus grave est une tentative folle de sauter d’un coup sur des hauteurs faites pour qu’on y grimpe laborieusement ». Nous avons besoin de comprendre que chaque pas en avant demande de l’énergie, et c’est pas à pas, et non point sur un tapis magique, que nous atteindrons à un bonheur fructueux.