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C’est grâce à l’impulsion créatrice dont nous sommes animés que les affaires marchent et que nos besoins matériels sont satisfaits.

La civilisation matérielle repose sur l’initiative, l’esprit d’entreprise, le désir de créer, de perfectionner et d’avancer. Le progrès est le résultat de l’invention, et l’invention est la fille de l’imagination qui est un attribut spécial de la race humaine.

Toutes les méthodes relatives à la production, la distribution et la vente des marchandises ont été neuves à une époque ou une autre. Pour les faire adopter, il a fallu des hommes de grand courage, voyant loin dans l’avenir et doués d’une inébranlable détermination.

C’est a leur génie créateur que nous devons les grandes entreprises commerciales, les ponts jetés sur les fleuves, les inventions mécaniques, la découverte de nouveaux éléments, les chefs-d’oeuvre de la littérature, les tableaux et les statues, ou les majestueux édifices. À tous les stades de la civilisation, l’homme a éprouvé le besoin de créer, d’exprimer par des mots, des couleurs, des sons, ou sous forme de pierre ou d’acier les pensées, les rêves et les aspirations qui le tourmentaient.

Nous n’éprouvons pas tous ce besoin au même degré. Nous ne rêvons pas tous à de nouvelles conquêtes une année après l’autre. Mais les grandes phases nouvelles de démocratie et d’industrialisme ont été évoquées par l’oeuvre créatrice de ceux aux yeux de qui la vie n’était qu’une étape dans le progrès de l’humanité.

Le génie créateur n’exige pas une grande capacité intellectuelle. La joie de créer est à la portée de tout le monde, depuis le sculpteur qui modèle dans la glaise l’ébauche d’une statue à l’ouvrier d’une poterie ; depuis le grand couturier de la rue de la Paix à la ménagère qui découpe ses robes sur un patron. Au plaisir de faire s’ajoute la satisfaction de pouvoir dire : C’est moi qui ai fait ça.

L’esprit créateur dans les affaires

Les nouveaux procédés, les inventions et les découvertes ont joué un rôle constant dans le rapide progrès de la production et de la distribution des marchandises. Les vieilles théories ont fait place aux nouvelles idées. Les affaires et la science se rendent compte qu’il n’y a rien de final dans le domaine de la civilisation matérielle. La fondation d’une nouvelle entreprise ou d’un nouveau type d’organisation commerciale révèle un esprit créateur de premier ordre.

Wagner, Léonard de Vinci, Edison et Eaton avaient ceci en commun : chacun d’eux sut tirer parti d’une idée qui était neuve à son époque et dans son milieu.

S’ils s’étaient contentés de faire comme les autres, Wagner n’aurait pas remué nos entrailles par ses grands opéras ; Léonard de Vinci n’aurait pas excité notre admiration et notre étonnement par sa Joconde et sa Cène, ou devancé nos contemporains dans le domaine des mathématiques, du génie et de l’architecture ; Edison n’aurait jamais essayé de faire jaillir la lumière au bout de deux fils, et Eaton n’aurait jamais adapté le principe du meilleur marché par la vente au comptant dans le commerce de détail.

Les hommes d’affaires de nos jours possèdent également cet esprit d’entreprise qui se traduit par la tendance à l’action. Ils ne se laissent pas arrêter par les chinoiseries administratives et les obstacles qui se dressent sur leur chemin.

L’initiative compte pour beaucoup dans la vie. L’important est d’agir, même quand on ne réussit pas, au lieu de perdre son temps à se demander ce qu’il faut faire. On peut apercevoir les possibilités d’un paysage, d’une affaire, de certaines ressources naturelles, ou d’une situation politique ou sociale, mais sans initiative on laisse échapper l’occasion.

La vie est une aventure

Il y a des gens qui sont généralement blasés et que rien n’intéresse parce qu’ils n’ont jamais goûté la joie de faire des projets et de les mettre à exécution.

Les autres, que tout intéresse, savent qu’on jouit de la vie en s’exposant aux risques au lieu de les éviter. Ils n’ont pas peur de se lancer dans une aventure qui sort du commun. Les poissons ont colonisé la terre, non pas parce qu’ils avaient été rejetés par la mer, mais parce qu’ils étaient poussés par une sorte d’élan vital analogue à notre esprit inventif et créateur.

L’esprit d’entreprise dans les affaires consiste à combiner l’action et le travail avec les idées. Le duc d’Edimbourg a dit dans un discours à l’adresse d’hommes d’affaires britanniques : « Si nous voulons retrouver la prospérité, il faudra trouver le moyen d’émanciper l’énergie et l’entreprise de l’ignorance et de la timidité constitutionnelle qui les enchaînent. »

Les idées créatrices et l’action conduisent à la réalisation. Un homme conçoit d’abord une idée qui ressemble à un conte de fées et qu’il faudrait être magicien pour mettre en pratique. Ensuite il se la représente comme une réalité, et finit par la rendre réalisable par son application et son travail.

L’homme entreprenant sait où il va. Son cerveau n’est pas ossifié, mais la matière en est vivante et flexible, et capable de recevoir de nouvelles idées et de les exprimer. Le Dr. H. Stafford Hatfield, qui a rendu de grands services à l’Amirauté pendant la guerre, dit à ce sujet dans son livre « The Inventor and His World » qu’il y a deux sortes d’embarcations sur un fleuve, celles qui sont pourvues de moyens de propulsion et les chalands qu’il faut remorquer. Et il ajoute : « L’humanité est divisée en deux groupes du même genre, sauf qu’une grande quantité de chalands humains ont des machines rouillées par l’oisiveté, mais souvent capables, à la vue de rochers ou de rapides, d’être mises en marche pour éviter le naufrage. »

Il n’existe aucune force automatique dans la nature des choses pour nous faire avancer sans effort de notre part. C’est l’activité cérébrale qui a le plus contribué à placer l’homme au sommet du règne animal.

L’homme s’est d’abord efforcé d’améliorer son milieu matériel, ensuite de se perfectionner intellectuellement, et enfin spirituellement. Il est souvent sorti de la voie tracée par ses ancêtres et a cherché un meilleur moyen d’accomplir sa destinée. Churchill a dit avec une logique un peu confuse : « Il n’y a pas de mal à changer de route, pourvu que ce soit dans la bonne direction. »

Don naturel

L’esprit créateur est un don personnel mais sans nous être particulier. Il exige le contact avec nos semblables pour s’exercer.

Si vous n’êtes pas doué d’inspiration, vous aurez beau étudier la musique, vous ne composerez jamais une mélodie originale. Dépourvu de facilité d’expression et sans connaissance de la technique musicale, les plus beaux airs du monde qui vous passent par la tête ne feront jamais de vous un grand compositeur.

Cela ne veut pas dire que la technique suffise à faire un grand musicien, mais s’il est en même temps doué d’inspiration, elle lui ouvre la voie.

La création et l’invention diffèrent essentiellement de l’adaptation. Par une heureuse combinaison de ses connaissances, l’inventeur fabrique une substance ou un objet qui n’existait pas auparavant, ou bien formule un nouveau principe.

La création n’est pas non plus l’effet du hasard. Si l’on mettait dans un tonneau tous les mots écrits par Shakespeare et si on les en tirait un par un, il est possible, mais extrêmement improbable, qu’ils forment un meilleur sonnet ou une meilleure tragédie que l’original.

Le savant ne crée pas les faits qu’il découvre, pas plus que l’homme d’affaires ne crée le milieu dans lequel il opère. Mais chaque pas en avant dans le domaine scientifique ou commercial comporte la création des moyens de découverte. L’inventeur prend une hypothèse et fait des expériences pour la vérifier. Il faut qu’il ait une idée, et la volonté de la matérialiser.

Ceci posé, l’acte de création procède par degrés. L’abbé Dimnet dit dans l’Art de Penser qu’on peut compiler un dictionnaire en écrivant deux pages par jour, ou peindre une fresque à raison de 4 pouces carrés à la fois. Tous les meilleurs procédés de physique et de chimie n’ont pas exigé beaucoup d’expériences de laboratoire.

Poésie et préparation

L’homme reçoit l’impulsion créatrice de son entourage, du ciel ou de la terre, d’une feuille de papier, de quelques mots entendus au hasard. Il cherche ensuite a exprimer ce qu’il a entrevu. Les plus grandes oeuvres d’art et les plus belles découvertes ont été inspirées par les événements ordinaires de la vie et le contact avec le public.

Il est peut-être regrettable, dans n’importe quelle sphère d’activité, de ne pas être poète, de ne pas être sensible à la radieuse inspiration qui illumine parfois les plus sombres existences.

Avant de construire la première hutte, il a fallu que l’homme en conçoive l’image dans son cerveau, de même que l’auteur d’un livre ou d’un poème ne peut écrire une seule ligne sans la tirer de ce qu’il éprouve en lui-même.

Il y a loin, direz-vous, du poète à l’homme d’affaires, mais le principe est le même. Ce n’est que par nos oeuvres que nous pouvons révéler et exprimer ce qui est en nous.

Mais le poète ainsi que l’homme d’affaires a besoin de s’alimenter. On n’excelle pas sans peine ; il faut se préparer au succès. La variété est nécessaire aux esprits imaginatifs. Tous nos grands perfectionnements industriels ont été précédés par notre progrès en connaissances naturelles. Sans variété d’expérience notre champ d’invention serait limité.

On ne peut pas faire quelque chose avec rien. L’imagination ne vient pas au hasard, mais par une loi d’association des idées par laquelle une idée en évoque une autre et produit un nouveau résultat. Tous les appareils dont nous disposons aujourd’hui ont été suggérés par des inventions antérieures, et chaque maillon de la chaîne aurait été impossible sans le précédent.

L’homme intelligent, auteur ou chef de bureau, ouvrier ou artiste, prend soin de fournir des aliments à son imagination et d’être bien renseigné sur tous les sujets. Ensuite, sous l’influence de l’inspiration, tout ce matériel s’amalgame avec de nouvelles idées et il en sort un résultat unique et original.

Somerset Maugham dit à ce sujet : « Un auteur n’écrit pas seulement quand il s’assied à son bureau ; il écrit toute la journée, quant il pense, quand il lit, quand il est témoin d’un événement ; tout ce qu’il voit et tout ce qu’il ressent compte à cet égard… il emmagasine et récapitule sans cesse toutes ses impressions. »

C’est là un bon conseil pour les ouvriers industriels, les instituteurs, les ménagères, tous ceux qui ne se contentent pas de végéter.

Persévérance

Le travail inspiré par l’élan créateur a ceci de bon : quand tout va bien, c’est un pur plaisir, et quand la tâche devient lourde personne d’autre que vous n’est là pour vous aiguillonner, mais on se plie facilement à la discipline de finir ce qu’on a entrepris. Quelques carrières ont commencé brillamment, pour finir comme des étoiles filantes, dans l’éclat mais dans l’oubli. Le manque d’intérêt ou les difficultés à surmonter font avorter les efforts de ceux qui ne sont pas suffisamment soutenus par l’inspiration.

Pour ceux qui sont inspirés, chaque défaite est un pas en avant vers la victoire finale. Pour eux, c’est la lutte qui compte et non le résultat.

William Bolitho, auteur de Twelve Against the Gods, exprime ainsi cette idée : « La chose la plus importante dans la vie est de ne pas faire trop de cas de nos gains, ce qui est à la portée de tout le monde. L’important est ce tirer profit de nos pertes. Cela demande de l’intelligence, et c’est ce qui constitue la différence entre un homme de bon sens et un imbécile. »

Le succès dans n’importe quel domaine est une affaire de patience et de persévérance. Boileau a dit dans son Art Poétique :

Hâtez-vous lentement, et sans perdre courageVingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.

Imagination

L’imagination est nécessaire à la discrimination, car sans imagination le cerveau ne fait qu’enregistrer mécaniquement les impressions transmises par les sens.

L’homme sans imagination ressemble à une machine.

Mais encore faut-il que l’imagination, qui est la bougie d’allumage de l’activité créatrice, soit dominée par la raison, ou tout au moins lui obéisse. Quand elle est soumise à la direction de l’esprit qui la gouverne et qui la guide, elle produit de grands romanciers et de grands poètes.

Nous lisons dans le premier volume de Modern Business du Alexander Hamilton Institute : « Aucun homme de pauvre imagination n’a jamais réalisé un grand succès dans les affaires. Par imagination on entend la faculté de rappeler par la pensée les événements, sensations, émotions, perceptions du passé et de les faire renaître dans le conscient en une infinie variété. »

L’image du passé éveille en nous le désir de préparer l’avenir et d’apporter l’ordre et la méthode dans le désarroi de notre vie et de celle de nos semblables. Le projet est en soi une manifestation d’activité qui n’a pas de fin car nous sommes constamment au seuil d’une nouvelle époque. Aristote, qui vivait en l’an 350 av. J.-C., organisa la première enquête scientifique du monde. Plus de mille esclaves étaient employés à recueillir le matériel pour son histoire naturelle. Mais la recherche continue, et ce sont aujourd’hui les savants, par milliers et milliers, qui essaient de découvrir les secrets de la terre et du ciel, les secrets de l’esprit humain, et une foule d’autres mystères dont Aristote ne soupçonnait même pas l’existence.

Il est également impossible de deviner à quelle époque se produira une invention ou une découverte. Galilée laissa tomber des pierres du sommet de la tour penchée de Pise, et démontra que les corps de poids différents tombent à la même vitesse. C’était là une expérience bien simple, qui ne demandait aucun appareil, et qui aurait pû être faite au cours des cinq mille années précédentes. Mais personne n’y avait songé.

Il n’existe, a dit un numéro de Life récemment, « aucun appareil technique pour évaluer une idée. » Nous sommes souvent obligés d’attendre que l’avenir décide ce qui est réellement important. Les inventeurs ne peuvent pas prévoir à quel usage on appliquera leurs découvertes. Ceux qui découvrirent le feu n’auraient jamais pu s’imaginer tous les usages auxquels il serait employé. Le thermostat a été inventé par Cornelius Drebbel en 1625, mais ce n’est que récemment qu’on en a reconnu les avantages, et qu’on a commencé à en équiper les fourneaux, et autres appareils de chauffage.

Il en est de même pour les oeuvres d’art. Pendant sa vie, Turner relégua une grande quantité de ses tableaux au grenier de sa maison de Londres, mais à sa mort il laissa à la nation plus de 300 peintures à l’huile, 135 aquarelles, et environ 20,000 études, esquisses et notes qui comptent aujourd’hui parmi les trésors de la nation. Les plus belles toiles de Van Gogh excitèrent la dérision et le dédain pendant sa vie ; en 1948, 150,000 personnes sont allées aux Galeries Tate pour admirer ses tableaux et ses dessins.

L’idéal et sa réalisation

Ce qui soutient l’artiste ou l’inventeur, c’est un idéal, un rêve, le sentiment d’une possibilité. La salle de bains moderne est loin de résoudre tous les problèmes de l’humanité, mais l’esprit d’entreprise auquel nous la devons fait espérer que nous finirons par vaincre nos autres difficultés matérielles.

Il se peut que le monde fasse aujourd’hui moins de cas des conceptions idéales, mais il n’en est pas moins vrai que rien ne dépasse l’idéal dont notre imagination est capable. Tant qu’il aura la faculté de concevoir de nouvelles idées dans le domaine des arts, de la plomberie, de la manufacture, de la distribution ou toute autre sphère intellectuelle ou pratique, même si son idéal n’est pas immédiatement réalisable, l’homme sera capable de créer.

Toute réalisation est d’abord une idée ; chaque succès visible est l’expression d’une pensée invisible. C’est par l’expression de leurs idées que les hommes satisfont leurs ambitions, et cela leur inspire d’autres idées et de nouvelles actions. S’arrêter d’agir, c’est mener une vie sans but et sans espoir.

Nous en trouvons un bon exemple dans le roman Lost Horizon de James Hilton. Quand les naufragés de l’air arrivent au col de la montagne, ils aperçoivent la merveilleuse vallée, avec le monastère blotti au versant de la Vallée de la Lune Bleue. Le héros de l’histoire, Conway, se dit qu’il est enfin arrivé à un endroit où cesse toute activité.

Mais il n’en est rien. Les lamas lui disent qu’ils s’occupent à recueillir les oeuvres artistiques et littéraires du monde. Le Grand Lama espère que lorsque les passions humaines se seront épuisées en luttes futiles, le monde retrouvera la culture perdue. Même Shangri-la est une histoire inachevée.

Quand une oeuvre d’art ou une maison de commerce respire la sincérité, elle attire infailliblement l’attention. L’auteur a fait preuve d’honnêteté et a laissé sur le papier ou dans cette grande entreprise le souvenir de son espoir et de son travail.

Inspiration

On parle beaucoup d’inspiration à propos des oeuvres d’art. L’inspiration n’est peut-être pas exactement de l’intuition. C’est plutôt la capacité de saisir et d’exprimer une idée soudaine, une idée qui vient tout d’un coup on ne sait pas d’où et qu’il faut disposer en ordre et exprimer en mots et actions.

Cette idée vient peut-être de loin, peut-être de l’inconscient. C’est peut-être une excellente idée, mais elle reste informe tant qu’elle n’a pas été convenablement exprimée d’une manière concrète.

Le procédé d’expression est souvent dur et pénible. Georges Sand dit que Chopin possédait un don miraculeux d’inspiration ; un air lui arrivait complet soudainement au piano ou chantait dans sa tête au cours d’une promenade, mais ensuite « commençait le plus désespérant travail que j’aie jamais vu. C’était une suite d’efforts, d’indécisions, et de tourments pour ressaisir quelques passages du thème entendu. Chopin passait des jours entiers enfermé dans sa chambre, à écrire, marcher de long en large, et à répéter et corriger cent fois la même barre. »

Le moyen d’éveiller l’inspiration consiste peut-être à réunir tous les renseignements possibles, à y ajouter ses propres idées, ses expériences et ses souvenirs, et a secouer le tout jusqu’à ce qu’on entende le « clic » qui vous fait dire comme Archimède : « Eurêka ! »

Le Dr Hatfield en dit ceci : « Il faut avoir un esprit possédant au plus haut degré l’aptitude pour une certaine idée générale. En suivant la voie de la méthode ordinaire, on arrive à un trou, un mauvais endroit. Le voyage est interrompu, et la faute est examinée sous tous ses aspects avec le plus minutieux intérêt. Et alors, du fond de l’inconscient surgit une suggestion, un aperçu d’une nouvelle forme. »

Quel est le meilleur moment de la vie pour l’activité créatrice ? Personne ne saurait dire si c’est la jeunesse ou l’âge mûr. À n’importe quel âge c’est le travail qui est le principal facteur. On ne crée jamais rien sans travail. Ce sont les heures supplémentaires qui comptent. Sept ou huit heures de travail régulier ne suffisent pas. Il faut suer et trimer.

Une chose est certaine : il faut saisir l’occasion au moment où elle se présente. Le rayon de soleil se pose seulement quelques instants sur cette branche, les feuilles ont un reflet argenté, peut-être pour la dernière fois cet été, le temps menace de changer demain, le soleil ne sera pas à la même place la semaine prochaine : pour le paysagiste cela signifie qu’il ne faut pas perdre un instant car il ne retrouvera plus jamais le même effet.

Il n’en est pas autrement dans les autres champs d’activité créatrice. Il y a parfois des semaines de monotonie et des journées de paresse et de découragement ; mais quand l’inventeur sent naître l’idée dans son cerveau, il faut qu’il soit capable de se mettre à la tâche et de la mener à bonne fin.

Qualités nécessaires

L’homme doué du génie créateur possède plusieurs qualités. Il apprécie le progrès en général et aime son métier ou sa profession. Cela ne veut pas dire qu’il passe son temps a inventer ou perfectionner, mais qu’il a foi dans ce qui constitue le progrès.

Il a une parfaite connaissance des données fondamentales dans le domaine où il se propose d’exercer ses talents, une éducation suffisante pour comprendre les principes, et l’imagination nécessaire pour voir les possibilités ignorées jusqu’ici.

Il s’applique à cultiver l’habitude de considérer son milieu et son travail d’une manière objective, pour être capable de juger impartialement le pour et le contre d’un problème. Dans tous les domaines excepté le sien (où il s’en repose à son propre jugement) il conserve son énergie en observant la coutume et en acceptant les décisions d’autres spécialistes.

L’élan créateur revêt trois aspects : l’idée d’un objet ou d’une méthode qui ferait mieux notre affaire que ce que nous avons ; l’imagination nécessaire pour en concevoir les moyens d’exécution ; et le travail. À cela, pour arriver à un résultat tangible, ajoutez la patience, la persistance et l’endurance.

Nous vivons dans un monde où il est heureusement encore possible d’aller loin avec une bonne idée habilement mise en pratique.