Nous sommes tellement habitués au cinéma que nous pensons rarement à sa nouveauté. Cette industrie artistique qui possède actuellement 80,000 théâtres dans le monde entier, fréquentés par 12,200,000,000 de spectateurs par an, offrait ses représentations dans des salles de rencontre il y a 40 ans. Les hommes d’affaires au faite de leur carrière ont vu les débuts du film dans leur jeunesse.
Le cinéma est arrivé au bon moment. Aucun autre intermédiaire n’aurait pu capter les événements éphémères de ces années de lumière et de pénombre. Rien n’aurait si bien pu servir à l’amusement en masse d’une civilisation en train de doubler sa civilisation et de dépeupler les campagnes pour construire de grands centres industriels. Il est devenu le moyen le plus plastique de communiquer des renseignements exacts, un puissant réseau pour la transmission des nouvelles et des idées, et un précieux adjoint de l’éducation.
L’industrie du film est une grande entreprise économique, aussi bien sous le rapport de l’importance de la production, du coût, de la distribution et de l’utilité que sous celui de l’universalité du film et de la place de plus en plus grande qu’il prend dans la vie.
Au début
Tout cela a commencé vers 1889. Edison avait inventé son phonographe en 1887, et dix ans plus tard il chercha à ajouter des vues à son phonographe. En 1888 il inventa une sorte de film, et l’année suivante il fabriqua le panorama kinétoscope. On mettait un cent dans le trou et par la petite vitre on voyait un spectacle animé qui durait un quart de minute. Les lecteurs que ce sujet intéresse peuvent comparer les goûts des spectateurs des premières vues animées avec celles du public d’aujourd’hui. Les recettes de la première journée du panorama furent :, vaisseaux de guerre des États-Unis, 25 cents ; Rip Van Winkle de Joseph Jefferson, 43 cents ; Danseuse de ballet, $1.05 et Jeune fille escaladant un pommier, $3.65.
En 1903, quand la nouveauté des danses et des combats de boxe du panorama s’était émoussée, les théâtres lancèrent les films d’un rouleau. Le premier de ces mélodrames de 10 minutes fut Le train dévalisé. Pendant les dix années suivantes les producteurs s’appliquèrent principalement à trouver un endroit sensationnel pour faire périr le bandit, généralement une haute falaise. La carrière de Charles Chaplin donne une idée du progrès météorique de l’entreprise à partir de 1915. Il laissa le vaudeville cette année-là pour figurer dans les arlequinades de Keystone à $150 par semaine. En 1915 il signa un contrat pour 12 comédies par an à $10,000 par semaine plus une prime de $150,000.
Puis vinrent les effets sonores
Edison avait d’abord cherché à mettre des vues dans son phonographe, mais à partir de 1920 on s’aperçut que c’était attaquer le problème du mauvais bout. Les « parleurs » d’Edison qui synchronisaient un phonographe à un film, ne furent pas longtemps populaires. Le public va au cinéma pour voir un film, et non pas pour écouter de la musique ou un dialogue dont le film est un accessoire. Beaucoup de grandes pièces de Shakespeare, par exemple, ne feraient pas de bons films, parce qu’elles sont écrites pour créer l’intérêt par leurs mots. Kathleen M. Greenwood, du National Film Board, a résumé cette nécessité d’une manière concise dans un article de Public Affairs l’an dernier :. « La musique des films doit être traitée comme un facteur subordonné et discret que dominent l’action et les exigences de l’image visuelle. » On pourrait ajouter également, le dialogue et les effets sonores.
Les difficultés du Canada
L’industrie du film au Canada a rencontré des problèmes difficiles. Il y a de nombreux risques financiers, à part les influences extérieures. Du moment que c’est un art, la vue animée est en butte à la critique des artistes, des moralistes et des écrivains… et, comme l’artiste, elle est négligée sous le rapport de l’aide financière.
Le compte de la production des films amusants au Canada figure au passif du grand-livre. Très peu de la vingtaine des films amusants tournés au moyen de capitaux canadiens ont payé leurs frais. L’un d’eux fit si peu d’argent qu’il fut même impossible de payer les ouvreuses, dit Hugh Kemp dans un article de Maclean. Un autre perdit environ cinq cent mille dollars.
Si un film tourné au Canada pouvait payer ses frais au moyen de sa location à des théâtres au Canada il y aurait quelque espoir d’établir chez nous une industrie permanente de production, dit H. C. Plummer en rendant compte d’un interview avec un producteur de film dans un article de Canadian Business. Mais comparez un instant ces chiffres : (1) les meilleurs films de Hollywood font leur maximum au Canada quand leur location rapporte $200,000 de recettes brutes. Un film moyen rapporte un montant brut de $25,000 ou moins. (2) Pour faire un film, il faut au moins des centaines de mille dollars et souvent des millions. En supposant qu’un film vous coûte $250,000 vous ne pouvez pas en tirer assez au Canada, même s’il vous rapportait autant que le meilleur film de Hollywood, pour payer ses frais de production. L’article ajoute : « Le Canada doit compter entièrement sur l’exportation pour faire marcher l’industrie du film. »
Clientèle des cinémas au Canada
Le Bureau fédéral de la statistique publie des chiffres intéressants dans sa brochure Cinémas, projectionnistes et distributeurs au Canada, 1946. Les recettes de 1,477 cinémas au Canada se chiffrent à $75 millions, sur lesquels les gouvernements ont prélevé $15,000,000 en taxes. Les admissions ont augmente de 6 pour cent sur 1945. Si chaque théâtre avait été plein à chaque représentation, ils auraient eu 606 millions de spectateurs, de sorte qu’ils n’ont fait usage que de 37.6 pour cent de leur capacité. Le public a dépensé au cinéma $6.15 par tête en 1946, c’est-à-dire 38 cents de plus qu’en 1945, $1.14 de plus qu’en 1942 et deux fois plus qu’en 1938. Le tableau suivant donne un aperçu significatif et intéressant :.
Dépense par tête | |||||
Nombre de cinémas | Admissions payantes | Recettes (moins taxes) | 1938 | 1946 | |
CANADA | 1,477 | 227,538,798 | $59,888,972 | $3.02 | $6.15 |
Ontario | 420 | 96,996,280 | 25,684,210 | 4.07 | 7.56 |
Québec | 250 | 47,133,384 | 12,732,391 | 2.17 | 4.73 |
Col-Br. | 149 | 24,747,416 | 6,586,898 | 4.81 | 8.10 |
Alberta | 156 | 13,317,734 | 3,626,140 | 2.53 | 5.88 |
Manitoba | 137 | 14,152,362 | 3,433,687 | 3.20 | 5.88 |
Nouvelle-Écosse | 71 | 12,382,913 | 2,953,633 | 2.47 | 6.44 |
Saskatchewan | 240 | 10,639,915 | 2,889,343 | 1.45 | 4.39 |
Nouv-Brunswick | 44 | 7,341,407 | 1,588,866 | 1.95 | 4.79 |
Île du Pr-Édouard | 10 | 827,387 | 223,804 | 1.20 | 3.17 |
La Production traîne
La production des films au Canada n’a pas marché de pair avec la demande. Cela n’a rien d’étonnant. Nous avons une population de 12 millions ½, ce qui fait beaucoup de gens à amuser, mais très peu pour faire marcher une industrie qui demande de gros capitaux et de gros débouchés.
Mais, malgré ces fâcheux auspices, le Canada fait de longs films. Le 21 janvier de cette année nous avons eu la première de Whispering City en anglais et sous le titre de La Forterese en français, par la Quebec Production Corporation dans un studio de St-Hyacinthe, Québec. Deux autres, Le Père Chopin, par Renaissance Films, Montréal, et Bush Pilot par Dominion Productions, Toronto, ont été tournés au cours des deux dernières années.
Le Canada possède une mise en scène incomparable pour la création d’une industrie du film sur une grande échelle, dit M. l’abbé A. Vachet, directeur de Renaissance Film Distribution, Inc. C’est un pays qui abonde en matériel pour toutes sortes d’aventures émouvantes sur terre et sur mer, émaillées d’incidents romanesques et historiques. Il faut prendre soin de préserver un haut calibre d’imagination, de style et de production tout en se rapprochant le plus possible de la réalité. Une certaine mesure de romantisme et de brutalité ne nuit pas, tant que la justice triomphe et que l’action ne comporte pas la gendarmerie à cheval en grande tenue à la poursuite de bandits dans les environs du cercle arctique, ou des bûcherons parcourant la rue Sainte-Catherine en raquettes et en chantant Alouette.
L’histoire est en vogue
Les films historiques, qui sont en vogue en ce moment, servent une fin utile dans l’éducation. Les faits historiques soigneusement triés sont souvent plus étranges et plus artistiques et frappent plus vivement l’attention que les romans modernes.
Mais les films historiques pour le public ou les écoles doivent être intéressants. Il ne suffit pas de s’en tenir aux formules rigides. L’histoire demande un sentiment de réalité, et en faisant un film il faut d’abord s’efforcer d’être dans le vrai et de continuer de là à marcher dans le beau. Les faits dénaturés sont une grave menace pour le bien-être public, une sorte de trahison, à cette époque où la démocratie a par-dessus tout besoin d’être bien informée.
Usages sociaux des films
Cela soulève la question de l’effet des films sur les spectateurs. Le film exerce une si grande influence sur les esprits qu’il doit être bien guidé si l’on veut que la nation demeure moralement saine. Il peut aider ou entraver les meilleurs efforts de l’Église et de l’école. Les gens vont au cinéma pour voir des spectacles émouvants, et par ce fait les films ont une grande influence sur le caractère.
Les bons films peuvent avoir de nombreux usages sociaux. Les films d’actualité et les films documentaires peuvent ouvrir les étroites fenêtres d’un district éloigné sur le monde entier. Ils peuvent, en montrant l’unité essentielle de l’humanité, faire ressortir la stupidité de l’intolérance de race. Les films fidèles à la vérité, qui reproduisent les événements et les coutumes, amusent en enseignant et nous permettent de nous juger nous-mêmes et de comprendre les autres.
Quand nous tissons des faits intéressants dans la trame de l’histoire maritime, comme le fait magnifiquement T. R. Raddall dans son livre The Wedding Gift ; ou dans la philosophie fondamentale de Québec, comme dans Habitant Merchant de Le Rossignol ; ou dans les luttes, les défaites et les triomphes de la vie comme dans la première partie de The Grapes of Wrath de John Steinbeck aux États-Unis ; ou dans les audacieuses aventures de conquête des Rocheuses et de colonisation de la côte du Pacifique – quand nous faisons cela, nous amusons non seulement les gens mais nous stimulons et instruisons les esprits.
Films documentaires
Et maintenant, après un coup d’oeil rapide sur les vastes aspects de la production et de la projection des films, nous arrivons aux particularités des films éducatifs et industriels. Personne ne peut se lancer dans la production des films d’information sans avoir une bonne idée des progrès et de la popularité des films amusants, parce que tous les films de grande valeur éducative représentent un ensemble judicieux de réalité et de roman.
Prenons d’abord les films « documentaires ». Ce sont les grands journaux de l’écran, ayant pour objet d’aider les gens à se comprendre les uns les autres. Le film documentaire est créateur, parce qu’il analyse et interprète la société. Il raconte une histoire dont les héros sont les acteurs. On l’a appelé « la reproduction créative de l’actualité. »
Le film documentaire est solidement établi dans plusieurs pays, notamment au Canada, en Grande-Bretagne,, aux États-Unis et en Russie. C’est le moyen pratique à la disposition des pays à faible population de prendre part à la production des films et d’apporter leur contribution au domaine du cinéma.
Films d’information
Les films d’actualité paraissent n’avoir qu’une importance temporaire ; mais il y a un autre aspect à considérer. Que ne donnerions-nous pas aujourd’hui pour voir sur l’écran Napoléon et Wellington dirigeant la bataille de Waterloo du sommet de leur colline ? Ou Maisonneuve débarquant à Hochelaga, aujourd’hui Montréal, et l’accueil des Indiens ? Ou MacKenzie arrivant sur la côte du Pacifique en train de peindre sur le rocher : Alexander MacKenzie du Canada par voie de terre le 22 juillet 1793 » ? Les films d’actualité sont des dossiers d’histoire en marche même s’ils ne sont qu’un intermède pour les spectateurs.
Les films d’actualité ont donné naissance aux films d’information. Comme bons exemples, citons les films du temps de guerre qui donnaient des renseignements et des conseils aux gens qui luttaient pour la vie – comment se défendre contre les bombes incendiaires, comment économiser les vivres et comment aider l’effort de guerre et combattre l’inflation en achetant des obligations.
Le Canada distribue des films d’information spécialement destinés à attirer les touristes américains. Il y en a deux en circulation, Rocky Mountain Trout, et You’ll Take the High Road qui contient des vues superbes le long de la route de Banff à Jasper.
Les producteurs de films d’information ne doivent pas perdre de vue que le principal objet des vues animées est de plaire. Les spectateurs diffèrent énormément sous le rapport de l’instruction, des intérêts et de l’émotivité. Un film dont le niveau intellectuel est celui d’un journal érudit ne fera pas long feu. Les premiers films d’information assommaient les spectateurs par de longues vues de travaux d’ingénieurs, accompagnées d’explications prosaïques et de musique en sourdine mal appropriée au sujet.
Le film d’information envisagé par le commerce et l’industrie doit faire appel aux sentiments humains : l’information risque d’être mal reçue si elle n’éveille pas les émotions. Le meilleur film d’information est celui dans lequel un habile raconteur, intéressé aux affaires humaines, essaie de tirer au clair le chaos de son sujet ou de démêler les complications de la vie humaine. Il n’y a pas autant de différence que croient les hommes d’affaires entre le banal et le dramatique, et le fait le plus banal, si l’auteur et le producteur ont les moyens nécessaires à leur disposition, peut être rendu assez passionnant pour intéresser l’auditoire le plus difficile.
Tout en donnant des informations, le film « instructif » a des limites et des différences. D’ordinaire, le film instructif est montré à des groupes de personnes réunies, volontairement ou non, pour leur enseigner quelque chose qui se rapporte à leur travail. C’est un manuel visuel. On a découvert pendant la guerre que les films accéléraient la formation des ouvriers ou augmentaient en moyenne leur habileté de 35 pour cent et amélioraient leur mémoire de 53 pour cent.
Films industriels
Que cette nouvelle capacité d’enseigner rapidement ait été adaptée aux opérations de temps de paix, il n’y a rien d’étonnant, et la production du film industriel est devenue une partie importante des affaires canadiennes. Il a également agrandi son champ d’action.
Les films industriels peuvent donner aux employés et au public une vue générale des opérations de la compagnie, et mettre en relief les relations entre les employés et la compagnie, de façon à inspirer la fierté de famille et l’esprit de corps si nécessaires aux bonnes relations industrielles. Quelques usines ont des films pour enseigner aux surveillants et aux contremaîtres la manière de traiter les ouvriers, et montrer la nécessité de maintenir une haute production par heure et par ouvrier si l’on veut que l’entremise réussisse et que la prospérité règne dans le pays.
Il faut se rappeler, comme nous l’avons souvent répété, que les films qui veulent plaire au public doivent être bons, bons dans le sens que lui donne le public. Ils doivent faire appel aux émotions, avoir de l’action et une valeur générale d’amusement. Leur production est l’affaire d’hommes et de femmes habitués à évaluer les désirs et les réactions du public, et à faire des films qui combinent deux conditions assurément difficiles : donner au public ce qu’il désire et lui faire accepter ce qu’on veut lui inculquer.
Le film dans l’éducation
Edison, qui est généralement appelé l’inventeur du film, pensait que la plus grande contribution de son invention serait dans le domaine de l’éducation. Il n’est pas facile d’en juger aujourd’hui. Les statistiques sont éparpillées et incomplètes, et la philosophie des films éducatifs est difficile à estimer.
Les films employés dans l’enseignement font plus qu’instruire. Ils inspirent parfois la même stimulation intellectuelle et spirituelle que les oeuvres d’art. Ils transportent l’esprit des élèves au delà des leçons et les préparent à apprécier les choses qu’il est sa nécessaire de comprendre dans un monde où règnent le désordre et le manque de confort.
S’ils ne faisaient qu’éveiller l’intérêt, les films éducatifs seraient utiles. Ils présentent, sous leur meilleure forme, des leçons avec un effet aussi profond que durable.
Les professeurs ont toujours trouvé nécessaire d’expliquer leurs leçons, au moyen d’un tableau noir, de cartes, de diagrammes, de modèles et de dessins, parce que les exemples font mieux comprendre le sujet. Les vues animées n’ont aucun rival sous ce rapport. L’élève peut voir et suivre des événements qui sont arrivés il y a plusieurs siècles, à des milliers de milles de distance ou dans des endroits inaccessibles. Au moyen du film tourné en vitesse ou au ralenti, des appareils de téléphotographie ou de microphotographie, le film révèle clairement tous les détails de la vie. Il permet aux élèves de voir pousser un arbre, ou d’observer la division d’une cellule : dans un cas très lentement et dans l’autre excessivement vite. Il prend une petite figurine de Bouddha et en la plaçant dans un tabernacle sur une montagne du Tibet où elle appartient, en révèle la signification ; il montre le rapport entre les mineurs de la vallée de la Ruhr et ceux du pays de Galles, de la Nouvelle-Écosse et de l’Alberta ; il suit la fabrication des bas de nylon depuis le laboratoire du chimiste jusqu’à l’atelier.
Il n’y a pas à nier que le film occupe une grande place dans l’éducation et qu’il mérite l’attention de tous les éducateurs. Mais les professeurs ont besoin d’un plus grand et meilleur choix de films. Les « à peu près » ne suffisent pas. Si un film n’est pas adapté à la leçon, un bon professeur ne s’en sert pas quand même.
Programmes collectifs
Il a été démontré que la popularité de la présentation visuelle est capable de surmonter la répugnance que les adultes ont à s’instruire. Les gens qui n’aiment pas lire les biographies ou l’histoire en absorbent de grandes doses avec plaisir au cinéma. Les écoles qui ont des appareils cinématographiques possèdent un excellent moyen d’attirer les adultes aux cours du soir et de mettre ainsi en pratique l’idée de garder les écoles éclairées.
Il n’y a qu’un pas de là à des programmes collectifs de films d’éducation et d’information. Les clubs de service, les associations de parents et d’instituteurs, les centres communaux et tous ceux qui cherchent à organiser des réunions de voisins pour discuter amicalement des questions importantes, trouvent que les films y aident beaucoup. La société collective du film, ou peut-être un comité du film du club de la ville, trouvera un grand nombre d’organismes désireux de l’aider en lui prêtant des films pour rien ou en les lui vendant ou les lui louant à très bon marché.
Le nombre et la capacité des cinémathèques ont beaucoup augmenté. En 1939, quand la Commission nationale du cinématographe a été créée, il n’y avait que 15 cinémathèques au Canada ; en mars 1947, d’après le Bureau fédéral de la statistique, il y en avait 156, avec un auditoire de 2,481,000 personnes. Il y avait 195 centres dans lesquels des sociétés locales avaient formé des commissions ou des comités pour organiser un service de cinématographie dans la ville. La Commission nationale du cinématographe qui ne fait pas de location elle-même, distribue ses films par l’intermédiaire de l’Office national du film, les bibliothèques publiques, les universités, les ministères de l’Instruction publique et les commissions locales du film.
Office national du film
Il ne faut pas confondre l’Office national du film, qui est une association sans but lucratif ayant pour but d’encourager l’étude, l’estime et l’emploi du film comme facteur éducatif et culturel dans la vie du Dominion, avec la Commission nationale du cinématographe qui est une agence du gouvernement. L’Office, dont le bureau est à Ottawa, a été un des premiers dans l’emploi de l’aide visuelle en éducation. Depuis sa création en 1935 il a collaboré étroitement avec les ministères provinciaux de l’Instruction publique, les commissions scolaires, les universités, les bibliothèques publiques, les groupes locaux et les entreprises industrielles.
Par l’intermédiaire de ses membres consultatifs, l’Office fournit de précieux conseils aux entreprises qui ont l’intention de faire des films industriels. Sa cinémathèque de 3,000 films sert de point de départ naturel à tous les projets. Il a un système coopératif pour prêter des films de 16mm. aux cinémathèques régionales, entreprend la distribution nationale de films produits par les gouvernements qui font partie des Nations Unies et de films industriels.
Des succursales de l’Office ont été établies dans plusieurs villes, et leurs membres se réunissent régulièrement pour faire des films documentaires et internationaux. Les membres sont des compagnies industrielles ou commerciales, des services de gouvernements, des sociétés sans but lucratif qui ont besoin d’aide et de conseils, et des personnes qui veulent se tenir au courant des progrès dans le domaine cinématographique.
L’avenir du film
L’avenir du film dépend autant du bon emploi qu’on en fera que du calibre des producteurs. Il faut des écoles pour former les techniciens, des centres d’essai pour les amateurs, et il y a aussi de la place pour l’étude des films par ceux qui ont l’intention d’en faire usage. Ce serait là un facteur dans l’amélioration graduelle des normes de goût public et un moyen de mieux juger les progrès accomplis. Cela servirait également à créer au Canada, pour les film, culturels, éducatifs et d’information, un marché assez grand pour permettre l’expansion et le perfectionnement de l’industrie du film.