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À l’approche du nouvel an nos yeux se reportent instinctivement en arrière. Dans notre désir de nous dédommager des mécomptes du passé et d’effacer le souvenir de nos erreurs, nous nous livrons sans frein à quelques brefs moments de gaieté. Puis, nous nous tournons résolument vers l’avenir.

Le présent Bulletin nous souhaite à tous d’aborder 1950 les yeux portés en avant, au lieu d’y entrer à reculons en contemplant ce que nous avons accompli dans le passé.

Nous sommes enclins (il faut bien avouer que nous avons l’esprit paresseux) à suivre les précédents, à faire comme on a toujours fait.

Mais beaucoup de nos ancêtres ont décidé d’en faire autrement et c’est pourquoi notre existence est meilleure qu’il y a 40 ou 4,000 ans. C’est pourquoi nous avons des outils et des machines qui rendent le travail plus facile, des livres pour nous instruire avec moins d’efforts, des bateaux à vapeur, des automobiles et des avions pour voyager plus rapidement et des machines pour calculer ce que tout cela nous coûte et nous rapporte.

Le malheur est que nous suivons souvent des précédents sans nous en apercevoir. Nous contractons facilement des habitudes ; quand un problème a été résolu, nous en acceptons paresseusement la solution que nous nous efforçons d’adapter à de nouveaux problèmes. Nous nous laissons aveugler par la perspective d’économiser du temps, du travail et de la réflexion en suivant toujours la même routine. Nous éprouvons un sentiment de sécurité quand nous pouvons nous appuyer sur un précédent.

Sentiers battus

Rien n’est plus étonnant que la révérence que nous accordons aux précédents bien établis. La circulation est encombrée dans la plupart de nos villes parce que nous suivons des sentiers battus par les vaches il y a des centaines d’années.

À force de respecter les précédents et de faire les choses de la même manière nous perdons peu à peu notre intérêt. La vie devient monotone. Nous perdons notre esprit d’aventure. Nous ne voulons plus entendre que les choses que nous avons toujours entendues et notre faculté de réflexion s’émousse. Nous nous rendons vieux prématurément.

Mais, heureusement pour la race humaine, il y a une petite minorité qui refuse d’abandonner la tâche d aller de l’avant. Ces gens-là ne sont pas exactement populaires, parce qu’ils troublent la torpeur de la masse.

La vérité est que, comme l’a si bien dit A.N. Whitehead dans son livre Adventures of Ideas : « La perfection ne peut pas demeurer immobile. Le progrès ou la décadence sont les deux seuls choix offerts à l’humanité. »

L’idée que nous pouvons baser nos décisions sur les exemples de civilisations primitives est l’ennemie du vrai progrès. Ceux qui essayent de s’appuyer sur un antique précédent font preuve d’autant de bon sens que celui qui montrerait une brique comme échantillon en essayant de vendre sa maison.

Nous sommes les maîtres de notre destin

L’Europe moderne avait pris comme modèle la culture et la civilisation des Grecs et des Romains à leur apogée. Les peuples de l’Ouest s’en sont bien trouvés, mais le monde a fait des progrès depuis. Les nouvelles connaissances et les nouvelles technologies ont apporté des changements.

Avouons également que les Grecs eux-mêmes n’étaient pas retardataires. Ils étaient, pour leur époque, notoirement imaginatifs, aventureux, avides de nouveauté. Ce n’étaient pas des imitateurs. Pourquoi supposer que le progrès s’est arrêté avec eux, ou à une autre époque de l’histoire ?

Raisonnons donc nos problèmes actuels dans notre propre milieu, à la lumière de nos connaissances et des conditions actuelles. Tenons compte, naturellement, des cas historiques qui paraissent similaires, mais comme points d’appui seulement et pas comme lois.

Shakespeare fait dire à Brutus par Cassius dans Jules César : « Il y a des occasions où les hommes sont maîtres de leur destin : Si notre condition est basse, la faute n’en est pas à nos étoiles, mais à nous-mêmes. » Chacun de nous peut devenir maître de son destin s’il est capable de s’adapter intelligemment à son milieu et de tourner les circonstances à son avantage.

Nous ne voulons pas dire par là qu’il faut être un arriviste pour réussir dans la vie et qu’il est donné à tout le monde de devenir un bon homme d’affaires. Mais nous avons plus de chances d’arriver à quelque chose en adoptant cette attitude qu’en imitant ceux qui tournent en ridicule tous les efforts et les espoirs que leur nature les rend incapables de partager. La satire, dit Whitehead, est la dernière lueur d’originalité dans une époque menacée par la banalité et l’ennui. La fraîcheur a disparu ; l’amertume demeure.

Ne méprisons pas l’histoire

Cet article n’a aucune intention de suggérer qu’il faut tourner le dos à l’histoire et nous livrer à une sorte d’amnésie collective.

L’usage des précédents peut devenir un piège et un handicap, mais – et ce mais est important – il ne faut pas les ignorer. Employons-les seulement pour nous aider à avancer, non pas pour entraver notre chemin.

Il y a des choses fondamentales qui existeront toujours : la religion, les mathématiques, et des notions abstraites comme l’affection, quoique ces dernières puissent différer en intensité et en mode de démonstration selon les âges, les nations et les individus.

Les jeunes feraient bien de se demander ce qu’ils seraient s’ils avaient passé par les mêmes épreuves que leurs parents – les vicissitudes économiques, les dangers, les douleurs et les émotions des guerres, leur anxiété au sujet de leurs enfants. Cela ne saurait faire autrement que leur donner matière à réflexion.

Les adultes trouveront avantage à un autre exercice. Qu’ils s’imaginent avoir été élevés de manière à faire partie de la jeunesse d’aujourd’hui avec ses nouvelles idées d’amusement et de vitesse. Cela les fera réfléchir également et les disposera à être plus tolérants.

C’est notre devoir d’apprendre comment ont agi ceux qui nous ont précédés dans la route que nous devons tous suivre et de profiter de leur expérience. Les vieux d’aujourd’hui se plaignent non sans raison que les jeunes n’ont pas lu le compte rendu de la dernière assemblée ; les jeunes répondent qu’ils vont la conduire à leur guise. Tous deux ont raison. Dans le brouhaha des discussions et le vacarme des machines à imprimer, c’est à nous de prendre nos décisions et de nous servir des précédents seulement quand ils sont utiles et à propos.

Dans nos projets d’avenir, dans nos affaires ou notre carrière de médecin, instituteur, avocat ou prêtre, quel que soit notre métier, la sûreté de notre jugement et la qualité de notre travail dépendent de la largeur de nos connaissances. Plus nous sommes capables de faire des comparaisons, mieux nous sommes en mesure de nous faire entendre avec savoir et autorité.

C’est ce qui fait l’importance de l’histoire, parce que l’histoire est la base des connaissances. Non pas l’histoire des batailles ou de la généalogie des rois, mais celle des événements et des idées qui ont laissé leur marque sur le courant de la vie humaine. L’histoire n’est pas un précédent à suivre, mais un flambeau pour illuminer le présent.

L’union du passé et du présent

Le Canada préservera sa vigueur tant qu’il encouragera le contact entre son histoire et son présent et combinera avec cette sagesse le courage de s’aventurer au delà des précautions du passé. Faute de quoi, ce sera la décadence.

L’union du passé et du présent est illustrée en quelque sorte par le film en couleurs qui a remporté le premier prix au Canada en 1948. Le « Loon’s Necklace » prend dans le Musée national du Canada les masques des anciens Indiens de la côte du Pacifique, les soumet à un procédé de photographie en couleurs, et produit sur les Canadiens de 1949 le même effet que les masques originaux sur les Indiens de cette ancienne époque.

Nous parlons d’années successives et de générations successives comme si elles étaient entièrement à part. Mais mil neuf cent quarante-neuf est aussi bien lié a mil neuf cent cinquante que le quarante-neuvième pied d’une corde au cinquantième.

Quelle philosophie peut-on tirer de cette discussion sur l’union du passé et du présent ? « Philosophie » est un mot employé trop peu souvent dans les affaires. Un philosophe n’est pas nécessairement un homme sage, mais un homme qui aime la sagesse. La philosophie ne refuse pas d’acquérir des connaissances, et elle cherche à arriver au principe et au sens des choses. Et ce sont là sûrement des qualités utiles à l’homme d’affaires. Elles n’appartiennent pas à celui qui est toujours sûr d’avoir raison, mais elles éclairent la vie de celui qui a appris à douter des axiomes qu’il chérissait et a se demander s’il est sage d’être l’esclave d’anciens précédents.

Il y a plus d’un point de vue. Prenons par exemple la soie et la farine. Mélangées, elles forment une poudre grise. L’oeil humain n’aperçoit que du gris, excepté avec un microscope. Mais si vous mettez dans le mélange un insecte pas plus gros qu’un grain de suie ou de farine, au lieu de voir une poudre grise, il voit un tas de gros blocs noirs et blancs. De notre point de vue, l’idée de gros blocs est absurde ; mais pour lui il n’y a pas de « poudre grise. »

C’est notre devoir, dans les affaires ou dans nos relations avec nos voisins, de voir le point de vue des autres. Ceux qui sont vraiment sages sont prêts abandonner leurs idées sur un point en litige quand ils reçoivent la preuve qu’ils ont tort.

Un meilleur moyen

Si nous sommes d’accord que les précédents sont utiles pour servir de base, tant que nous n’en devenons pas esclaves, il est temps de suggérer que le Nouvel An est une bonne occasion pour se demander : « Ne pourrais-je pas trouver un meilleur moyen de faire ceci ou cela ? » Ne jugeons pas nos actions, notre vie ou notre avenir par la manière dont nous avons fait face à nos malheurs et à nos problèmes jusqu’ici, mais essuyons de trouver un nouveau moyen, en choisissant ce que le passé nous offre d’utile et en cherchant à faire de mieux en mieux.

Ce qu’il y a de plus important à ce moment-là est de faire des châteaux en Espagne, d’essayer de nouveaux moyens. Si nous construisons nos châteaux pour 1950 en tenant compte des réalités de notre milieu, il sera très facile d’y ajouter les fondements.

Même si notre présent semble brisé, nous pouvons en utiliser des fragments pour nos nouveaux plans. Et les plans sont importants. Le Dr Ewen Cameron nous rappelle que ce sont les plans des contes de fées au sujet de voyages extraordinaires, d’inventions et découvertes, que nous mettons à exécution et que nous réalisons quand nous sommes devenus grands. Peut-être pas tout-à-fait comme nous les avons imaginés dans nos contes de fées. Christophe Colomb partit à la découverte d’une nouvelle route pour la Chine ; il découvrit l’Amérique à la place.

Nous désirons tous être capables de nous exprimer. Il est impossible de s’exprimer si on est obligé d’employer certains moyens simplement parce qu’ils sont conformes aux précédents. Nous avons besoin au contraire de donner libre frein à notre imagination et cela commence souvent par des idées informes.

La plus honteuse pauvreté chez un être humain, et le plus grand handicap d’un homme d’affaires, est la pauvreté d’imagination. Aucun homme sans imagination n’a jamais réussi dans les affaires ou dans aucune autre activité humaine. C’est l’imagination qui fait correctement usage du passé, pour rappeler les sensations, les émotions, les faits et les aventures, et pour les appliquer au présent et les combiner en une variété infinie pour les adapter à l’avenir – ou même, pour créer l’avenir.

L’Oiseau Bleu de Maeterlinck contient une charmante allégorie. Un petit visiteur au royaume de l’Avenir se trouve au milieu de tous les enfants qui ne sont pas encore nés. Il voit une fouie d’enfants endormis et demande à son guide : « Est-ce qu’ils ne font rien ? » Le guide répond : « Ils sont en train de penser. » « À quoi ? » demande le visiteur. « Ils ne savent pas encore ; mais ils doivent tous apporter quelque chose sur la terre ; nous ne pouvons partir d’ici les mains vides. »

Voilà une excellente idée pour les Canadiens qui entrent dans une Nouvelle Année : ne pas arriver les mains vides. Guidés par ce que nous savons, nous pouvons arriver à la recherche de ce que nous ignorons. Nous pouvons ajouter des connaissances à celles que nous avons déjà à mesure que nous les découvrons. Nous pouvons travailler à rendre la vie au Canada encore meilleure et plus belle.

Ne nous ménageons pas les éloges

Les Canadiens sont pleins d’indulgence pour les étrangers qui aspirent aux honneurs, mais ils sont trop sévères pour leurs propres concitoyens. Et les critiques, comme le dit Alex Waugh dans son livre Hot Countries, « ne sont jamais heureux tant qu’ils n’ont pas prouvé qu’ils avaient raison. »

Il est possible de retarder le développement du génie canadien par ce qu’on pourrait appeler une disposition naturelle à désapprouver ce qui est à la fois imaginatif et canadien. En voici deux exemples.

Après avoir loué le film cité plus haut, The Loon’s Necklace, pour son « excellente présentation d’une vieille légende indienne », un magazine canadien publié sous la direction d’un comité auquel appartient la National Gallery of Canada, se met à le démolir en attirant l’attention sur « quelques passages qui contiennent des effets de paysages naturels d’un style réellement trop maniéré. »

La page suivante est encore plus exaspérante. Le premier essai de film animé utilisant des marionnettes et des poupées de papier (ce qui est un grand pas, même si le résultat n’était que médiocre) est assommé par la critique « qu’il y avait trop de trucs n’ayant aucun rapport avec le sujet pour mériter d’être appelé entièrement excellent. » Et voilà qu’un film « complètement canadien sous le rapport de l’atmosphère, des sciences, des acteurs et du fonds » est trouvé pécher sous le rapport de l’action et « contenir des passages ennuyeux. »

Ces exemples sont tirés du domaine artistique parce que les artistes, les poètes et les écrivains ont de la difficulté à percer au Canada. Faut-il s’en étonner, quand leurs efforts – réellement remarquables dans un pays aussi jeune que le nôtre – sont reçus avec tant de tiédeur et si peu d’éloges par comparaison avec les autres pays ? C’est ridicule, mais cela est ainsi.

Comme l’a dit le directeur général de la Banque Royale du Canada dans son discours annuel au début de l’année : « J’oserais même dire que nous autres, Canadiens, devrions avoir une plus haute opinion que nous sommes enclins de le faire, de nous-mêmes et de ce dont nous sommes capables. » Et, pourrait-on ajouter, nous pourrions louer plus hautement les succès des Canadiens ou même leurs efforts.

Il faut de l’audace

Outre l’imagination pour réussir dans nos entreprises de la nouvelle année, il nous faut de l’audace. L’homme n’aurait jamais réussi à marcher debout s’il n’en avait fait l’effort.

Le cours des événements a changé maintes et maintes fois de direction quand les hommes sont testés fermes comme des rocs, fidèles à leurs idéals et leurs ambitions. Et à propos de rocs, vous vous rappelez probablement la scène dans The Lady of the Lake de Walter Scott, où au coup de sifflet du proscrit, un Écossais sortit de chaque buisson avec une pique ou l’épée au poing. Le roi, vêtu comme un simple chevalier, s’adossa à un gros roc et leur lança ce défi : « Venez tous tant que vous êtes. Je ne bougerai pas plus que ce rocher. »

Ce sont là les qualités nécessaires pour aborder le Nouvel An dans un esprit de conquête : esprit d’indépendance, action, principes, courage en face de forces écrasantes et (ce qui ne fait pas de mal du point de vue psychologique) un peu de fanfaronnade.

L’an passé

Nous ne faisons jamais rien pour la dernière fois sans un peu de regret, même quand quelque chose de meilleur nous attend. L’employé qui prend sa retraite, comme il a le coeur serré quand il range ses crayons et ferme son tiroir !

La fin de l’année nous fait cet effet. Pour nous c’est la retraite. L’année est finie, avec toutes les chances que nous avions de bien faire, les heures gaspillées sans profit, les grands projets que nous avons négligés et ceux que nous avons laissés inachevés.

Ce que nous allons faire a réellement plus d’importance que ce que nous avons négligé de faire. Il y a naturellement des gens qui trouvent toujours du plaisir à redire. S’ils ont eu à se plaindre des dernières vingt, trente ou cinquante années, ils seraient irrités que tout aille bien en 1950. Cet article n’est pas pour eux.

Nous avons foi dans la simplicité. Nous croyons fermement que les hommes et les femmes mèneront une vie plus saine, du point de vue physique, intellectuel et spirituel, s’ils abordent le Nouvel An avec espoir, comme les enfants qui tendent leurs petites mains pour recevoir les cadeaux de leurs parents.

H. G. Wells a écrit ces mots mémorables : « L’homme vit dans une aube éternelle. » Notre passé n’a pas d’autre mission que de nous préparer pour le présent et l’avenir. Ne lui permettons pas, ni à ses précédents, de détourner en ce moment un atome d’énergie que nous pourrions consacrer au progrès.

Résolutions

La partie de notre être qui engendre et encourage les espoirs et les craintes est encore enfantine et elle obéit mieux aux procédés dramatiques. C’est pourquoi c’est une bonne idée de faire des résolutions.

En voici quelques-unes qui paraîtront étranges et nouvelles. À quoi sert de faire de petites résolutions comme cesser de fumer, de boire, de conduire trop vite, de se coucher tard, et un tas de choses qui sont une simple question de bon sens ? Occupons-nous à la place des réalités de l’esprit et de la philosophie de la vie.

Après avoir balayé dans le feu, avec tous les honneurs nécessaires, les débris de nos anciennes erreurs, prenons comme première résolution de ne penser qu’à des choses qui en valent la peine. Un de nos amis a pour presse-papiers trois petits singes, un avec les mains sur les yeux, celui du milieu avec les doigts dans les oreilles et l’autre la main sur la bouche. Cela, dit-on, nous rappelle qu’il ne faut pas voir, entendre ou dire du mal des gens.

En faisant nos plans, considérons les facteurs dont tient compte l’architecte pour construire un édifice : emplacement, but, milieu, coût. En appliquant les quatre points, nos plans ont des chances de réussir si nous les mettons à exécution, ou bien nous apercevrons les dangers avant de nous engager. Il suffit d’un peu d’imagination pour appliquer les mesures de jugement de l’architecte à nos divers projets.

Prenons la résolution de choisir nos précédents et de les adapter à nos besoins sans nous soucier des précédents surannés dont s’encombrent les esprits routiniers. Il y a toujours un meilleur moyen de faire les choses et celui qui prend l’habitude de faire pour le mieux y trouve plaisir.

Pratiquons l’art d’oser ; de remporter la victoire avec plaisir et de perdre avec un sourire. Nous avons besoin d’une qualité commune à tous les grands hommes, même les plus aventureux : l’art de nous gouverner, de gouverner notre esprit, dont nous avons parlé dans un article il y a quelques mois.

Laissez de la place dans vos plans pour les besoins spirituels. Le temps consacré à la méditation est toujours bien employé. Vous aurez l’esprit cent fois plus tranquille si vous réfléchissez avant d’agir. Il n’y a pas de meilleur exercice que de vous demander si vous pensez réellement et si le but que vous vous proposez est le meilleur auquel vous puissiez aspirer. Par-dessus tout, prenez la résolution « de ne pas devenir blasé et de conserver votre pouvoir de réfléchir. »

Le Nouvel An

L’avenir est aussi mystérieux qu’une lettre que vous n’avez pas encore ouverte, mais après tout, le passé l’est également. Le poète aviateur Saint-Exupéry a dit : « Quelle mystérieuse ascension ! D’une petite bulle de lave, de la pulpe imprécise d’une étoile, d’une cellule vivante miraculeusement fertilisée, nous sommes sortis et peu à peu nous sommes arrivés à composer des cantates et à calculer le poids des nébuleuses. »

Étant donné ce que nous avons accompli, nous ne saurions être effrayés de l’avenir. Nous pouvons l’aborder dans la croyance que notre époque nous dirige vers une nouvelle civilisation qui apportera de nouveaux bienfaits matériels et spirituels à l’humanité. En nous tenant en contact avec ce qui est éternel, en apportant un peu de ce qui est divin dans ce monde troublé, nous faisons notre part pour chasser la cruauté et les conflits qui nous entourent.

Aucun de nous ne saurait avoir l’audace de prédire le montant de succès que l’avenir nous réserve. Ceux qui écrivent des articles comme celui-ci devraient avoir une clé spéciale à leur machine à écrire. Quand nous ne savons quoi prédire, nous pourrions taper cette clé et cela ferait des signes que les lecteurs déchiffreraient à leur guise. Ceci est un bon endroit pour s’en servir.

En fin de compte, le moyen de réussir au cours du Nouvel An a été exprimé aussi clairement que possible par un enfant. À quelqu’un qui lui demandait comment il apprenait à patiner, il répondit : « En me ramassant chaque fois que je tombe. »