Il n’y a pas si longtemps, on passait pour un original quand on faisait un budget pour ses dépenses personnelles ou domestiques. Aujourd’hui, les gens trouvent agréable de tomber juste à la fin de la semaine ou de l’année.
Les entêtés qui persistent à dédaigner les budgets sont en vérité envieux, non seulement de la tranquillité d’esprit qu’un budget procure, mais de tous les plaisirs que la vie réserve à ceux qui savent s’y prendre à l’avance pour réaliser leurs désirs.
Un budget familial est un plan pour employer votre argent de la meilleure manière possible au bonheur de votre famille et au vôtre. Ce n’est pas une liste d’interdictions, mais un guide pour mieux jouir de la vie, un moyen d’obtenir ce qu’on désire. Il ne vous empêche pas d’aller au cinéma parce que cela fait un trou dans votre argent de poche. Au contraire, il vous aide parfois à faire des extravagances, du moment que vous savez ce que vous faites et que vous en avez pour votre argent même s’il faut un peu vous serrer la ceinture par la suite.
Personne ne peut vous dire en détail comment établir votre propre budget. Ce qui fait l’affaire des uns ne plaît pas aux autres. Les besoins de chacun sont différents. Par exemple, votre emploi comporte peut-être une pension et l’assurance de groupe, tandis que votre voisin est obligé de faire provision pour ses vieux jours, les frais de médecins et les primes d’assurance.
Il faut généralement choisir entre ceci et cela dans la vie. Nous sommes comme l’enfant qui serre une pièce de cinq sous dans sa main et qui colle son nez contre la vitrine d’un magasin ; il se demande quels sont les bonbons qui lui donneront le plus de plaisir pour ses cinq sous, ou s’il ne ferait pas mieux d’attendre d’en avoir cinq de plus pour acheter un plus gros ou meilleur paquet de bonbons.
C’est là en petit le problème de tous les adultes. En plus du côté pratique, il faut tenir compte du domaine spirituel et moral en faisant un choix. Dans son excellent livre « Miracle on 34th Street, », Valentine Davies fait dire à Doris : « On ne peut pas payer le loyer avec des intangibles. » et Fred répond, « Mais on ne peut pas vivre sans eux ».
Affaire de famille
Est-il vrai que ce sont les questions d’argent qui causent le plus grand nombre de querelles dans le ménage ? Un budget contribuera à faire régner la paix.
Si vous gagnez $3,000 par an entre 25 et 60 ans, vous toucherez en tout la jolie somme de $100,000. Si c’est votre mari qui gagne ce salaire, c’est vous qui serez chargée d’en dépenser près de $85,000. De toutes les façons, c’est une trop grosse responsabilité pour ne pas la partager.
Le succès d’un budget dépend de la collaboration de tous ceux auxquels il s’applique. Pepys relate avec tristesse dans son journal : « Ma femme et moi à son armoire, pour examiner ses comptes de ménage, et j’ai profité de l’occasion pour la gronder parce qu’elle avait acheté un mouchoir brodé sans me le dire. Cela nous a mis tous les deux en colère, sur quoi au lit en continuant de nous chamailler. » Le budget causait également des disputes entre Napoléon et Joséphine. Sir Walter Scott raconte dans son histoire de Napoléon que l’empereur de la moitié du monde était impuissant à empêcher Joséphine de dépenser sans compter. Et, longtemps avant cela, à Athènes, le célèbre orateur et homme d’État Périclès, ne réussit jamais à faire appliquer son système d’économie domestique dans son ménage. Ils se plaignaient, dit Plutarque, que « tout était ordonné et fixé d’avance et ramené à la plus grande exactitude… tout ce qui entrait ou sortait, toutes les dépenses et toutes les recettes, tout cela marchait en ordre et en mesure. »
Ces trois exemples servent de leçons. Pepys ne donnait pas d’argent de poche à sa femme ; Joséphine faisait porter ses achats à son compte sans demander le prix et Napoléon n’en savait rien jusqu’au reçu des factures ; Périclès essayait de diriger son ménage comme si c’était un état totalitaire.
Le mari et la femme sont des associés, et quand les enfants sont assez grands pour comprendre les questions d’argent, il est bon de les faire entrer dans l’affaire. Il s’agit de fixer clairement ce que chacun doit payer et de ne pas oublier que chaque part de responsabilité fait partie du plan de collaboration.
Un bon début
Il est probablement vrai que beaucoup, de gens se promettent d’établir un budget mais ils attendent pour cela que leur situation financière s’améliore et qu’ils n’aient plus de besoins pressants. Mais même quand vous avez des dettes qui vous paraissent lourdes, il y a moyen de mettre vos affaires en ordre, ne serait-ce que pour vous procurer la tranquillité d’esprit et vous permettre de mieux jouir de la vie.
Si vous empruntez, faites sagement usage du crédit que votre banque vous accorde. N’empruntez que le montant dont vous avez besoin et prenez des mesures pour le rembourser le plus tôt possible de manière à ne pas avoir trop d’intérêt à payer.
Achetez sagement
On peut dépenser aussi sagement qu’on épargne. Quel que soit votre salaire, vous pouvez rendre votre vie malheureuse en dépensant bêtement de même qu’en épargnant sans but. Il y a des gens qui disent, après avoir soigneusement étudié la question, qu’une famille qui achète sagement peut acheter de 10 à 20 pour cent de plus, et un article du New York Times en octobre, au milieu de l’alarme causée par la hausse des prix, déclare carrément que, si les consommateurs étaient bien renseignés, ils pourraient arrêter la hausse de l’indice du coût de le vie et même provoquer une baisse.
Vous serez surpris de trouver combien de belles et bonnes choses vous pouvez vous procurer si vous achetez et dépensez sagement, si vous choisissez avec soin, et si vous faites vos plans pour monter votre ménage en proportion avec votre revenu. Commencez par inscrire dans un « livre d’achats » tout ce que vous désirez acheter, meubles, linge, rideaux, assiettes, etc. Inscrivez d’abord les choses plus nécessaires ou celles qui vous donnent le plus de plaisir. Marquez en regard, quand vous les achetez, le nom du magasin et le prix. Cela vous sera utile plus tard quand il faudra les remplacer et vous servira en même temps d’inventaire.
Répartition du revenu
En donnant à cette section le titre de « Répartition du revenu » nous n’avions pas l’intention de vous indiquer la proportion à consacrer au logement, à la nourriture, aux vêtements, etc. Vous la trouverez plus loin, mais seulement à titre de renseignement. Les coutumes et les désirs de chaque lecteur du présent Bulletin diffèrent dans une très grande mesure et il serait impossible de proposer un budget qui fasse l’affaire de tous. Nous indiquerons seulement les grandes lignes et chacun de vous en remplira les détails à son gré.
Les importantes divisions des dépenses domestiques sont : le logement, la nourriture, les vêtements, les frais de maison et l’épargne. C’est à vous de décider combien affecter à chacune. Le tableau ci-dessous indique les grandes répartitions du revenu, en pourcentages, d’après différentes sources :
(1) | (2) | (3) | (4) | |
(voir notes) | ||||
Logement | 25 | 20 à 25 | 20 | 20 |
Nourriture | 40 | 25 à 40 | 35 | 40 |
Vêtements | 15 | 15 | 15 | 10 |
Frais de maison | 10 | 8 à 15 | 10 | 10 |
Épargne | 10 | 15 | 10 | 10 |
(Notes : (1) D. C. Maclean, dans le Financial Post du 5 avril 1947. Pour un ménage avec deux enfants. (2) Brochure du Canadian Welfare Council « Managing the Home on Small Income », 1938. L’épargne comprend les amusements, les cadeaux, la santé et l’éducation. (3) Budget publié par la First Wisconsin National Bank à l’intention de la femme d’affaires, et le No 4, de la même source, est pour les célibataires. Les autres 10 pour cent sont pour « autres dépenses, perfectionnement »)
Ces chiffres ont bon air et semblent s’accorder très bien dans la répartition de chaque dollar de revenu. Il serait bon, peut-être, d’y ajouter une autre division qu’on pourrait appeler « Imprévus » pour combler les vides et éviter les soucis à la maison aussi bien qu’au bureau. On y prendrait les $10 qu’on a prêtés à un ami et qu’il n’a jamais rendus ; les $5 qu’on met à un cadeau dans un moment d’enthousiasme quand il n’y a qu’un dollar dans la réserve à cet effet. On pourrait affecter à cette division 2½ ou 5 pour cent qu’on prendrait proportionnellement sur les autres.
Systèmes de budgets
Il est impossible, comme nous l’avons dit, d’établir un budget qui fasse l’affaire de tout le monde. On ne peut pas dire qu’un budget est bon ou mauvais, mais il n’y en a qu’un seul de bon ou de mauvais pour chaque personne, et quelques conseils pourront être utiles à cet égard.
D’abord il faut un peu de comptabilité, et je vois d’ici quelques lecteurs qui se disposent à sauter la fin de l’article. Mais ne vous effrayez pas. Vous n’aurez pas à étudier la finance ou vous perdre dans des statistiques, quoique les statistiques soient très intéressantes et instructives quand on devient familier avec elles. Toute la comptabilité dont vous avez besoin tient dans cet article.
Comme dans tous les métiers, il y a des « trucs » qui aident souvent à faire le budget ; par exemple, des gens divisent immédiatement le salaire en trois parties : (1) argent de poche (tramways, repas au dehors, cigarettes) ; (2) comptes à payer (loyer, lait, épicier) ; (3) montant représentant le douzième, le vingt-quatrième ou le cinquante-deuxième de ce qu’il faut pour les assurances, les impôts, les vêtements, les vacances, etc. Ils déposent cela à la banque et tirent dessus au fur et à mesure.
D’autres prennent des enveloppes marquées « lait, épicier, électricité, etc. » et y déposent le montant voulu chaque semaine ou chaque jour de paie. C’est là un très bon système sous beaucoup de rapports. Ce qui reste dans l’enveloppe va au compte d’épargne. Il est permis d’emprunter à une enveloppe pour en compléter une autre pourvu qu’on y aille lentement et qu’on en tienne compte.
Un livre de budget publié par la Y.W.C.A., d’un format commode pour aller dans la bourse, porte ces mots : « Tenez compte des dépenses de cette année et vous saurez comment employer le salaire de l’an prochain. » C’est un meilleur moyen que les enveloppes et cela ne donne pas beaucoup de travail.
Modèles de budget
Bien que les budgets des autres ne fassent pas exactement votre affaire, il est toujours intéressant de voir comment les autres se débrouillent. Nous avons en conséquence recueilli plusieurs budgets, non pas dans des livres, mais parmi des gens que nous connaissons. Les chiffres donnent la proportion du revenu total.
Ménage sans enfants. Le mari suit des cours universitaires, travaille en été. La femme a un emploi. Revenu, composé de subvention du gouvernement, salaire en été et salaire de la femme, $2,500. Frais de maison (36.52 pour cent) ; loyer 24 ; chauffage 2.6 ; éclairage, gaz et eau 3.8 ; buanderie 2 ; divers 4.12 ; nourriture : 17.2 ; vêtements : 12 ; amusements et dons : 14 ; dentiste : 2 ; impôt sur le revenu (ce montant n’est pas gros vu qu’une partie du revenu consiste en « subvention ») : 4.08 ; assurances : 7.8 ; divers (transport, pharmacien, etc.) 6.4. Ce ménage n’épargne pas et tire même sur ses économies en vendant des obligations pour dépenses comme vacances, jour de l’an, manteau d’hiver, etc. C’est là un cas typique, puisqu’il y a maintenant un grand nombre de jeunes ménages qui se tirent d’affaire pendant que le mari libéré du service militaire suit des cours pour se préparer à une meilleure carrière.
Femme célibataire. Loyer : 17 ; nourriture : 17 ; vêtements : 17 ; amusements et dons : 15 ; divers : 12 ; épargne : 11 ; téléphone et buanderie : 4 ; assurances : 4 ; docteur et dentiste : 3.
Femme célibataire. Nourriture : 23 ; loyer : 14 ; épargne : 11 ; vêtements : 10 ; amusements et dons : 10 ; impôt sur le revenu : 9 ; renouvellements (linge, etc.) : 4 ; assurance hospitalière et assurance-chômage : 4 ; buanderie et nettoyage : 4 ; repas au dehors : 3 ; tramways : 3 ; téléphone : 2 ; docteur, dentiste, opticien : 2 ; pharmacien : 1.
Ménage deux enfants. Logement : 36 ; nourriture : 20 ; vêtements : 9 ; frais de maison : 25 ; épargne : 10.
Comment établir un budget
Pour rendre vos calculs plus agréables, oubliez qu’un budget est un plan de dépenses ; imaginez-vous que vous calculez à l’avance quel sera votre revenu net… ce que vous aurez pour dépenser comme vous voudrez quand vous aurez payé tous vos frais.
Pour bien faire la chose il faut tenir compte de tout votre actif : placements, assurance-vie (valeur de rachat), biens mobiliers et immobiliers, argent en main et en banque. Vous trouverez cela agréable et utile. C’est bon à savoir en cas d’urgence, ça vous remonte quand vous êtes découragé, et c’est très commode quand vous désirez emprunter.
Ensuite, inscrivez votre revenu. Ne vous bercez pas d’illusions ; comptez le minimum que vous vous attendez à recevoir et basez votre budget sur cela. Ne vous attendez pas à l’inattendu comme des cadeaux du jour de l’an ou des gratifications. Si vous en recevez, tant mieux, c’est tout à vous sans entrer dans le budget et vous pouvez en faire ce que vous voulez.
Puis, déduisez votre impôt sur le revenu. Prenez cela philosophiquement et n’y pensez plus. Le reste est votre revenu disponible, ce que vous pouvez dépenser. À propos, il y a des gens qui ont de drôles d’idées sur les impôts. On ne peut pas s’attendre à recevoir pour rien les services que les municipalités, les provinces et le gouvernement fédéral nous fournissent. Ils nous les fournissent parce que nous les demandons. Cela coûterait beaucoup plus cher s’il fallait payer chaque fois que vous roulez sur une route, que vous envoyez votre enfant à l’école, que les pompiers accourent à votre appel. Les gouvernements fournissent des quantités de services dont chaque contribuable est un petit actionnaire.
Calculez le total des dépenses fixes pour l’année, c’est-à-dire loyer, impôts, intérêt, remboursements et autres montants que vous connaissez d’avance. Déduisez cela de votre revenu net, et le reste est le montant dont vous avez à établir le budget en détail. Décidez comment vous allez le répartir pour le mieux dans l’intérêt de votre famille. Vous pouvez vous servir si vous voulez des chiffres dans les exemples cités plus haut, mais il vaut mieux réfléchir au montant que vous avez l’habitude de consacrer à chaque division, et décider si vous devez l’augmenter ou le diminuer.
Chargez quelqu’un de tenir le budget car c’est le seul moyen de le garder à jour, mais ne manquez pas d’avoir des discussions périodiques à son sujet pour entretenir l’intérêt de toute la famille.
Compte de dépenses
Si vous n’avez pas de chiffres ou de vieux comptes que vous pouvez consulter, commencez votre budget tout de même en et même temps commencez à tenir compte de vos dépenses. Achetez un petit calepin et marquez une page pour chaque jour du mois. Inscrivez tout ce que vous dépensez, même le sou pour vous peser, sans vous occuper pour le moment de classifier les dépenses ou de les additionner chaque jour. C’est votre journal de caisse, mais ce n’est pas un budget.
À la fin du mois, prenez une soirée pour étudier vos comptes. Prenez chaque montant et classez-le sous une des principales rubriques que vous avez l’intention d’employer dans votre budget. Faites l’addition et calculez la proportion de chaque division par rapport à votre salaire mensuel.
Il importe peu à quelle époque vous commencez votre budget, mais la plupart des gens aiment faire partir une chose si importante d’une date spéciale. Le premier janvier est un bon moment à cause des bonnes résolutions d’économie qu’on vient juste de prendre après les fêtes. D’un autre côté, certaines personnes trouvent, ainsi que les maisons de commerce, que l’année civile ne convient pas à leurs calculs et peuvent trouver une année financière plus commode, par exemple à partir du jour de l’impôt sur le revenu. Mais l’important est d’avoir un budget annuel. Si votre chauffage coûte $120 par an, il vaut mieux compter $10 par mois, même si vous ne chauffez que six mois par an, au lieu de compter $20 par mois de novembre à avril. Il est également sage d’échelonner les grosses dépenses. Si vous aviez à payer votre prime d’assurance, votre impôt sur le revenu et la note du docteur le jour où vous vous disposez à partir en vacances, vous pouvez voir d’ici ce qui arriverait.
Il est parfois nécessaire de réviser le budget ou d’en préparer un pour des fins spéciales, par exemple quand les circonstances ont tellement changé que l’ancien budget est devenu impraticable. L’indice des aliments a augmenté de 17 pour cent entre décembre 1946 et septembre 1947, de sorte que le montant qui achetait $25 de vivres au commencement de l’année n’en achète plus que $20.75 vers la fin.
Pour que votre budget soit durable et pratique, faites-le simple. Vous y trouverez du plaisir, et un bon budget rend la vie plus agréable. C’est une question de faire ses plans à l’avance et non pas de tenir des livres. Il n’est pas nécessaire ou recommandable de se montrer sévère – sauf peut-être dans les cas comme celui de Joséphine et de Napoléon, et il est probable qu’ils auraient évité toutes ces scènes s’il s’était montré aussi ferme avec elle qu’avec ses généraux.
Il y a trois points importants à surveiller. (1) Ne vous y trompez pas, il faut que le budget s’équilibre. Si vous empruntez, même pour la meilleure raison du monde, indiquez l’emprunt à l’endroit où appartient l’argent. (2) Ne vous imaginez pas qu’une augmentation de salaire ou une somme que vous n’attendez pas vous permet de dépenser sans compter à l’avenir. Les augmentations de salaire paraissent plus grosses quand on les reçoit que quand on les dépense. (3) Ne prenez pas vos parents ou vos amis comme exemple. Les jeunes ménages oublient souvent que leurs parents avaient beaucoup plus d’argent qu’eux et ils essaient de se procurer tout le confort qu’ils avaient à la maison. Les voisins nous causent souvent des désagréments, non pas par leurs actions, mais parce que nous essayons de vivre sur le même pied qu’eux sans avoir les mêmes moyens.
Dépenses fortuites
Dans un excellent livre appelé « Income and Outgo », publié en 1936, Nigel Balchin dit : « C’est quand nous avons pris soin de nécessités aussi évidentes que la nourriture et les vêtements, que nous tombons dans le domaine réellement obscur des dépenses domestiques – le domaine dans lequel l’argent disparaît d’une façon inexplicable et inexpliquée. Le meilleur commentaire à cet égard est que la majorité des ménagères qui nous ont donné ce renseignement n’ont pas été capables de nous dire où va l’argent. »
Admettons franchement qu’un peu d’argent disparaît forcément sans qu’on sache où il va. En parcourant le compte de dépenses de sa femme, un mari trouva ici et là : « DSQ $1.50 » ou « DSQ $3 ». Il lui demanda ce que c’était et elle répondit : « Dieu sait quoi. »
N’oublions pas que ces montants de « DSQ » sortent de quelque part. Le but essentiel d’un budget est d’assurer une bonne répartition des dépenses de manière à en avoir pour votre argent et ne pas empiéter sur les montants destinés à d’autres fins. Prenez garde par conséquent si vous avez des « DSQ » dans vos comptes.
Ne vous découragez pas
Ne vous attendez pas à faire un budget idéal du premier coup. C’est un essai. L’année prochaine vous y trouverez plaisir car vous aurez des chiffres de comparaison. Ne prenez pas l’habitude de passer des heures à trouver une erreur de 23 sous (les erreurs sont toujours en chiffres impairs). Personne ne peut espérer tomber toujours juste et rien ne sert d’essayer. Einstein, qui est d’une jolie force en mathématiques, n’a jamais réussi à balancer son livre de banque. Pepys a eu une bonne surprise, une fois, mais il connaissait trop bien les budgets pour y croire : « En faisant mes comptes, dit-il, je me trouve riche de plus de £40, à quoi je ne m’attendais pas, mais j’ai peur d’avoir oublié quelque chose. »
Après avoir commencé à faire un budget, continuez. Il y a assez de gens qui s’en trouvent bien pour prouver que cela en vaut la peine.
Vous ferez un usage plus intelligent de votre revenu si vous faites un plan pour le dépenser : (1) vous serez sûr d’avoir les nécessités parce que vous les mettez en tête, donc pas de soucis à cet égard ; (2) vos achats seront faits plus sagement parce qu’ils seront prévus. Vous pourrez profiter des réductions saisonnières et vous aurez le temps de chercher ce que vous désirez ; (3) vos achats, par exemple les meubles ou les vêtements, seront mieux appareillés parce que vous aurez fait votre choix d’avance ; (4) vous découvrirez et vous arrêterez à temps le gaspillage ; (5) le budget vous permettra de mener un meilleur train de vie grâce à un plan d’ensemble et un programme systématique.
Et enfin, le budget bannira les soucis. Avez-vous des embarras financiers ? Est-ce que vous avez réellement un problème, ou bien vous vous tracassez sans savoir exactement pourquoi ? Un budget vous renseignera. Mais si vous êtes de ceux qui refusent de consulter un docteur parce que (1) il peut trouver quelque chose qui ne va pas et vous le dire, ou (2) découvrir au contraire que vous n’avez rien, ce qui vous priverait d’un sujet de conversation – alors un budget ne fait décidément pas voire affaire.
Demandez à votre succursale de La Banque Royale du Canada ou au siège social à Montréal « Le Budget familial simplifié » préparé à votre intention. Il vous indique la manière de préparer le budget qui convient à vos besoins et contient le nombre de pages voulues pour l’année.