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Le simple fait de vivre sur la terre pose de nombreux problèmes à la race humaine et nos problèmes se compliquent à mesure que nous vivons plus longtemps et que nous devenons plus nombreux. Nous sommes comme des locataires qui n’ont pas le choix de déménager ailleurs, et à ce titre, il convient de mettre notre maison en ordre et de nous entendre avec nos voisins.

Seule la génération maintenant arrivée à l’âge mûr s’est quelque peu préoccupée de ses relations avec les peuples d’un autre continent. Avant ces derniers quarante ans, les gens n’avaient qu’une vague idée des pays au delà de la mer. Nous ne sommes pas encore habitués à nous sentir solidaires des autres pays, et en conséquence nous ne songeons guère qu’à des palliatifs quand la nouvelle d’un évènement extérieur nous force à l’action.

Nous sommes inévitablement liés au sort des autres nations. Chacun de nous subira l’effet des événements qui se préparent en Europe. Les efforts pour activer le relèvement économique, la lutte pour améliorer les conditions sociales, et les tentatives de la Russie pour dominer le continent, tout cela intéresse le sort des Canadiens.

Il serait facile de faire une liste des sujets de mécontentement dans le monde et de décrire notre impuissance à leur égard. Mais il vaut beaucoup mieux examiner pourquoi le monde est dans un si piteux état et de chercher un moyen de restaurer l’ordre mondial, de retrouver la foi dans notre destinée, et croire de nouveau à la vérité, la liberté, la justice et la tolérance.

Mais il faut éviter en cela la tentation de proposer des remèdes faciles à avaler. Beaucoup de gens qui font venir le vétérinaire quand leur chat est malade se croient parfaitement capables de guérir les maux dont souffre le monde. En réalité, les prescriptions abondent au point de nous faire perdre la tête. Un soldat américain, pour citer un exemple, a renoncé à sa qualité de citoyen des États-Unis pour prouver qu’il était citoyen du monde entier. Nous ne voyons pas bien comment cela pourrait aider à créer un réel internationalisme.

Il ne faut pas non plus compter sur les doctrines égalitaires. Inutile de croire qu’il est possible d’abaisser ou de relever le niveau de l’humanité pour nous rendre tous « égaux ». Notre croissance est inégale en tant qu’individus aussi bien que nations. Nous nous sommes adaptés de diverses manières à différentes conditions d’existence. La vache est un animal de boucherie au Canada, mais c’est un animal sacré dans d’autres pays.

Les Torontoniens dans leurs maisons en pierre, briques ou charpente de bois ; les Esquimaux dans leur igloos ; les Arabes dans leurs demeures avec cour intérieure, ont tous adopté différents moyens pour se protéger des intempéries. L’avion, le train, l’automobile, le pousse-pousse, le chameau, le cheval et la charrette ne sont que des variations des moyens de transport.

De même que les hommes ont trouvé différentes méthodes de surmonter les difficultés physiques, ils sont arrivés à résoudre de plusieurs façons leurs problèmes moraux et spirituels. Dans certaines civilisations, par exemple, un homme est jugé par l’argent qu’il gagne ; dans d’autres, par les actes qu’il accomplit gratuitement pour rendre service à ses semblables.

Il ne serait pas bon que nous ayons tous les mêmes idées, les mêmes goûts, les mêmes aspirations. À tout aimer au même degré on finit par être blasé par tout. Heureusement, nous avons tous nos goûts et nos préférences.

Mais ce que nous ne devons pas oublier est que tout en conservant la diversité qui nous caractérise en tant qu’individus et nations, nous avons besoin de l’unité qui nous procurera un milieu international dans lequel nous pourrons vivre dans la sécurité et le confort.

Qu’est-ce qu’une nation ?

Les nations les plus avancées sous le rapport politique sont celles où l’État est une collectivité de citoyens, une association pour le bien commun.

Pour être un état indépendant à ce sens démocratique, il n’est toutefois pas nécessaire d’avoir toujours une politique et des opinions différentes de celles de tous les autres états. C’est faire preuve d’immaturité que d’être désagréable et contrariant pour faire montre d’indépendance.

Aucune nation ne peut continuer longtemps à accepter les avantages de son association avec les autres nations sans en accepter également quelques responsabilités. Nous autres Canadiens, nous jouissons d’avantages comme nation indépendante, comme État de l’Amérique du Nord, comme membre du Commonwealth et comme une des Nations Unies. Nos intérêts et nos obligations s’étendent à toutes les parties du monde.

Nos meilleurs penseurs estiment que nous pouvons conserver tout ce qui est essentiel à la liberté de notre existence nationale et participer en même temps aux affaires internationales. Il faut être bon patriote avant d’être bon internationaliste, parce que seuls les hommes fidèles à leurs devoirs sociaux et nationaux sont capables de remplir fidèlement leurs obligations internationales. Marc-Aurèle a exprimé cette idée dans ses Pensées par ces mots : « Ma ville et mon pays, en tant que Marc-Aurèle, c’est Rome ; mais en tant qu’homme, c’est le monde entier. »

Tous ceux qui pensent comme lui sont découragés par les menaces continuelles à la paix. Le citoyen intelligent, le représentant des clubs de service, des groupes religieux, des syndicats ouvriers, des sociétés domestiques et scolaires, etc., ne désire pas voir le nationalisme se répandre. Il sait que ce sont les ambitions nationalistes qui font naître les guerres. Et il sait qu’une guerre, même lointaine, peut devenir une guerre mondiale, dans laquelle il sera engouffré.

Quelques personnes, même au Canada, songent à rester neutres en cas de guerre. À ces gens-là, M. Saint-Laurent a dit dans un discours : « Même si 12,999,999 des 13,000,000 de Canadiens dans notre pays voulaient rester neutres, ce serait impossible. » Comme la Belgique dans les deux dernières guerres, notre situation géographique nous entraînera certainement dans le conflit.

Que faut-il faire ?

Alors, que pouvons-nous faire ?

Il faut étudier la géographie. Non pas la géographie des noms de capitales, fleuves, montagnes, caps, etc., mais la géographie des peuples et de leurs attaches à leur sol. Nous avons besoin de comprendre les gens des autres pays et d’apprendre en quoi ils diffèrent de nous.

Nos écoles peuvent beaucoup faire pour nous aider à nous comprendre les uns les autres. Elles peuvent servir de pont entre les nations. Mais quelques pays ont un long trajet à faire avant d arriver à un point de rencontre. En Égypte, 85 pour cent des gens au-dessus de 10 ans ne savent ni lire ni écrire ; dans l’Inde, 91 pour cent.

Il faut également tenir compte du milieu familial. Les bons effets de l’école seront perdus si les parents infectent l’esprit de leurs enfants des préjudices qui rendent tant de personnes incapables d’apprécier les qualités de quiconque n’appartient pas a leur classe, leur milieu, leur parti politique ou leur pays.

Ce qu’il faut faire

Chacun de nous a beaucoup de moyens à sa disposition pour arriver à penser internationalement. Les meilleurs et les plus intéressants consistent à lire intelligemment, non pas seulement les descriptions des paysages de pays étrangers, mais des coutumes des habitants, de la manière dont ils vivent et de leur culture.

La correspondance entre écoles, d’école à école ou d’écolier à écolier, offre un moyen naturel de s’instruire. Les instituteurs devront veiller à n’en pas faire seulement un thème en langue étrangère ; les lettres doivent contenir des nouvelles et des renseignements sur la vie des enfants.

On pourrait créer un « Musée de collaboration humaine », avec de nombreuses succursales. Les objets exposés dans ses vitrines montreraient que les progrès scientifiques et techniques de notre époque dépendent de la collaboration mondiale. On y verrait que les résultats d’une expérience faite par un Écossais permettent a un Français de formuler une théorie dont l’application est élaborée en Angleterre et mise en pratique au Canada.

La place du Canada dans le monde

Le Canada est un pays d’avenir. Qui peut prédire quel rôle il jouera un jour dans l’histoire du monde ? Aujourd’hui, c est un pays neuf et vierge, une sorte de Terre promise pour tous ceux qui sont las des luttes et des intrigues des vieux pays.

Le Canada est principalement fier de la manière dont ses fils conservent leur individualité tout en assumant leur part de responsabilité. Un nouveau film, préparé par les chemins de fer Nationaux du Canada et intitulé « L’héritage canadien » dit à bon droit : « Le Canada n’est pas un creuset ». Nous ne versons pas les gens des autres pays dans le même moule.

Nous encourageons ceux qui viennent s’établir chez nous à pratiquer ici leurs arts et leurs talents, de manière à faire du Canada le meilleur pays au monde pour vivre une vie saine, variée et heureuse. La façon de faire preuve de loyauté envers une institution, que ce soit la famille, la collectivité, la nation ou toute la race humaine, n’est pas simplement de jouir de ses avantages mais de contribuer à son bien-être.

Nous sommes fiers, naturellement de nos vastes richesses naturelles. Elles nous fournissent en abondance les matières premières que nous façonnons selon la mesure de nos divers talents et de notre esprit d’invention. Mais nous ne pouvons pas exister sans le reste du monde.

Nous sommes arrivés à un point important dans notre histoire comme nation indépendante. Pour conserver notre prospérité intérieure il faut, bon gré mal gré, que nous fassions partie du réseau international.

Nous avions raison de croire, jusqu’à ces dernières années, que notre éloignement nous préservait des soucis et des malheurs du vieux monde.

Mais notre éloignement n’existe plus. Nous ne sommes pas des ermites. Nous sommes à la fois un pays de l’Atlantique, de l’Amérique du Nord et du Pacifique. On pourrait même dire : et du Pôle nord. Un de nos anciens premiers ministres a dit : « D’autres pays ont trop d’histoire, nous avons trop de géographie. »

Nos plus proches relations

Quoi que l’avenir nous réserve, on peut vraiment dire que si on arrive jamais à découvrir une formule pratique de régime mondial, ce sera dans un laboratoire d’essais politiques du genre du Commonwealth britannique. Le succès du Commonwealth est un bon augure de la possibilité d’un régime mondial fondé sur la liberté et la bonne foi internationale.

Voyez la manière dont le Commonwealth a résolu les problèmes de petits groupes vivant sur un pied d’égalité avec les gros. Il respecte les associations politiques naturelles ; il tolère soigneusement des systèmes sociaux et des moeurs qui diffèrent profondément ; il trouve l’individualisme tout naturel.

C’est en réalité cette attitude envers les nations et les individus du Commonwealth qui en font l’unité. C’est le sentiment d’avoir besoin les uns des autres qui cimente toutes les parties du Commonwealth.

Dans un monde où tant de pays vivent dans la crainte continuelle d’un gros voisin, le Canada a de la chance d’avoir à ses frontières une puissante nation qui partage nos idées de liberté. Nos droits à l’égard des États-Unis sont mieux protégés qu’ils ne pourraient l’être par la force des armes, parce qu’un règlement par la force signifie soumission à la volonté du plus fort, tandis que nos accords sont basés sur la loi ou sont le résultat d’arbitrage ou d’entretiens amicaux.

Aux yeux des Européens, accoutumés comme ils le sont aux perplexités de la politique internationale, la politique extérieure du Canada paraît excessivement simple. On peut dire sans crainte que si l’opinion publique de toutes les nations exerçait la même mesure de contrôle sur la politique extérieure qu’au Canada, aux États-Unis ou en Angleterre, nous serions plus près d’établir une paix permanente sur la terre.

Cet intérêt de la part du public exige la nécessité d’expliquer les événements et les difficultés au plus grand nombre de gens. Nous avons agrandi le champ de nos connaissances depuis quelques années. Nous sommes mieux en mesure qu’auparavant de choisir notre voie. Mais les problèmes se compliquent de plus en plus et il faut que nos connaissances et notre compréhension des affaires marchent de pair avec eux.

Nous avons un grand nombre de moyens de nous renseigner et de combattre l’idée mystérieuse et sinistre qu’on se faisait autrefois des affaires extérieures. Il y a entre autres la Canadian Association for Adult Education et l’Association des Nations Unies. Il y a des articles dans tous les journaux et magazines, et le magazine Affaires Extérieures donne chaque mois un compte rendu intéressant des affaires du Canada et de sa politique extérieure. Nos diplomates prennent plus souvent la parole, et les discours de l’hon. L. B. Pearson, secrétaire d’État aux Affaires extérieures, sur la situation internationale, sont des modèles de clarté et de simplicité.

L’idée d’un seul monde

Au delà des intérêts nationaux et régionaux luit l’espoir d’une collaboration internationale pour le bien de tous les peuples. Le monde des êtres humains est un seul monde, parce que tous les êtres humains sont semblables par nature, quel que soit leur pays de naissance ou l’endroit ou ils vivent.

Le monde ne peut pas être uni par une constitution ou une charte, si grandiose qu’elle soit. Il ne pourra l’être que lorsque les hommes et les femmes insisteront pour que les gouvernements remplissent leurs obligations internationales.

Il existe de bonnes raisons matérielles pour que tous les peuples de la terre se fassent entendre.

Nous avons besoin de collaboration économique entre tous les pays, parce que l’unité naturelle d’activité économique n’est plus la famille, le village ou l’État, mais toute l’humanité.

Le commerce entre les nations est essentiel pour que tout marche bien dans le monde. Si tout le commerce et les moyens de transport s’arrêtaient, même pour un mois seulement, des millions de personnes mourraient de faim.

Les nations qui produisent en abondance ont besoin de nouveaux débouchés. Nous ne pouvons pas forcer nos gens à manger tout notre excédent de blé, pommes de terre, poisson, viande, bacon et beurre ; à utiliser toute notre production de bois à pulpe et de papier, d’aluminium et de nickel, de fourrures et d’or. Le Canada a été forcé de créer une économie qui dépend du monde extérieur. Le montant du salaire de chacun de nous dépend des affaires que nous faisons avec l’étranger.

Nous importons des marchandises de 110 pays et en exportons à 122. Pour 1949, le chiffre de nos importations est de $2,761 millions, et celui de nos exportations $2,993 millions. La disparition de ce commerce, ou une sérieuse interruption, aurait de désastreux effets sur chaque famille de travailleur au Canada.

C’est pourquoi le président de la Banque Royale du Canada a dit cette année à l’assemblée des actionnaires : « En vérité, la prospérité intérieure du Canada dépend de la façon dont nous arriverons à résoudre le problème complique du commerce extérieur. Et, en fin de compte, notre prospérité intérieure et l’avenir du commerce international même dépendent de la façon dont toutes les nations finiront par s’entendre pour revenir à un commerce multilatéral libre de restrictions de change, de pactes bilatéraux et de tout le bataclan de contrôle administratif. »

Il y a beaucoup à faire

En vue de la logique inéluctable de ceux qui préconisent la collaboration internationale, que devons-nous faire ?

Il est facile de dire que si toutes les nations étaient aussi raisonnables que les deux démocraties de l’Amérique du Nord, elles pourraient facilement arriver à s’entendre. Mais nous ne pouvons pas imposer la démocratie aux étrangers, et c’est à peine si le quart de la population du globe jouit d’un gouvernement démocratique. Il y a des pays peuplés de millions d’habitants ignorants, illettrés, et opposés au droit de vote.

Le plus dur de la tâche à accomplir par ceux qui sentent la nécessité d’une entente internationale consiste à faire comprendre à assez de gens, dans tous les pays, qu’il ne s’agit pas de créer une sorte d’état suprême, mais un organisme international, pour sauver l’humanité.

Le meilleur moyen d’y arriver est d’y aller comme nous le faisons tous les jours à la maison ou dans nos affaires : un peu chaque jour selon nos moyens. Tous les efforts individuels ou collectifs pour arriver à un accord international finiront par porter des fruits.

Des organismes internationaux comme les églises, les syndicats ouvriers, les associations d’hommes d’affaires, les clubs de service, les sociétés coopératives et agricoles, les organismes féminins, ainsi que des sociétés professionnelles, scientifiques, humanitaires et autres font déjà beaucoup dans cette voie. Nous devons une dette de reconnaissance à ces gens qui ont l’intelligence et la vision de discerner les intérêts qu’ils ont en commun.

Officiellement, comme de juste, ce sont les Nations Unies qui sont notre espoir. Le monde, effrayé de son ombre, souhaite ardemment une sécurité par laquelle tous les États auront en commun le souci de la paix et du bien-être de chacun.

Les Nations Unies ne jouent pas encore un rôle entièrement efficace mais que ceux qui ne sont pas satisfaits trouvent quelque chose de mieux. À défaut de collaboration au moyen d’un organisme de ce genre, il n’y a pas d’autre choix que l’anarchie, dans laquelle chaque nation cherche à assurer sa sécurité par la force des armes ou par des alliances, jusqu’au moment où elles sont toutes avalées par la plus puissante.

Il a fallu longtemps pour forger les premiers outils de pierre, et les Nations Unies, qui sont un outil de paix, sont depuis peu de temps à l’oeuvre. Elles font un on travail, mais leur rôle ne sera réellement efficace que lorsque quelque événement imprévu en aura fait comprendre au monde entier la nécessité et la valeur.

Peut-être que dans ce cas, comme en toutes choses, ce sont les petits qui devraient mettre la machine en train. Si un assez grand nombre de particuliers répétaient sans cesse aux représentants des Nations Unies : « Dépêchez-vous de vous unir », peut-être que cela aiderait.

Peut-être également faudrait-il déployer en lettres de feu dans chaque ville et village, sur toutes les tribunes législatives et sur tous les pupitres des instituteurs la première phrase de la Charte : NOUS, PEUPLES DES NATIONS UNIES, SOMMES RÉSOLUS à préserver les générations futures du fléau de la guerre.

Nécessité d’un idéal

Nous sommes tous enclins à être exaspérés par notre impuissance en face de la situation actuelle du monde. Les déclarations de foi des hommes ne concordent pas avec leurs actions ; nous ne pouvons pas comprendre les désaccords et les veto. Il semble parfois que les peuples de la terre ne peuvent manquer de se détruire. Nous avons l’impression d’habiter un monde qui tourne de plus en plus lentement autour d’un soleil mourant.

La crise actuelle n’est pas tant le résultat de la lutte entre nationalités que de celle entre les hommes. Nous ne sommes pas victimes d’une implacable destinée, mais de notre ignorance des principes élémentaires de collaboration.

Nous sommes, peut-être trop près du sol, et avant que nous soyons convaincus du besoin de paix et de collaboration, peut-être faudra-t-il que nous soyons soulevés de terre, comme Antée par Hercule.

En résumé

Nous n’aurons qu’une vague idée du monde nouveau tant que nous ne l’observerons pas avec des idées nouvelles de connaissances géographiques, de réalités économiques et de vision spirituelle.

Nos anciennes civilisations ne sont pas mortes parce que c’était leur destin, mais parce que leurs propres peuples les ont laissé mourir volontairement ou par apathie. Nous, dans le monde occidental, avons encore en nous un peu d’étincelle créatrice, et si Dieu nous donne la grâce de la transformer en flamme, rien sur la terre ne pourra nous empêcher d’établir quelque jour le genre de société humaine dans laquelle tous les hommes trouveront bon de vivre.

Mais ne nous attendons pas à des miracles. Nos améliorations sociales, comme nos progrès personnels, viennent en petites doses. Nous ne pouvons guère dire : « Je vais faire de moi un autre, homme. » Nous pouvons dire seulement : « .Je vais me corriger de cette mauvaise habitude et adopter celle-ci qui est meilleure. » De même, dans cette société mondiale, le progrès consistera de tout petits pas en avant.

Nous ne pouvons pas rester plus longtemps indifférents à ce qui se passe dans le monde, mais point n’est besoin de ne rien faire et de nous tordre les mains avec désespoir. Si nous regardons autour de nous, nous pouvons voir dans les yeux des gens bien intentionnés la conviction qu’avec de la bonne volonté, de la résolution et du travail, nous arriverons certainement à notre but.

Prenons comme devise les mots de Marc-Aurèle adaptés à notre époque : « En tant qu’individu, mon pays est le Canada ; mais en tant qu’homme, je suis citoyen du monde entier. »