Dans plus de la moitié des 40 régions métropolitaines de recensement (RMR) du Canada, les loyers sont en baisse par rapport à l’an dernier.
Au premier trimestre, c’est à Vancouver qu’on a observé la plus forte baisse sur 12 mois des loyers pour les logements de deux chambres (-270 $), suivie de Kelowna (-230 $), Calgary (-170 $), Toronto (-160 $) et Halifax (-150 $).
Il s’agit d’un changement considérable par rapport à la période de reprise qui a suivi la pandémie, alors que la hausse rapide des salaires et l’afflux massif d’arrivées de l’étranger avaient galvanisé la demande de logements au Canada, y compris de logements locatifs. En fait, plus du tiers des RMR canadiennes ont fait état de hausses annuelles d’au moins 20 % des loyers, à un moment ou à un autre, au cours des trois dernières années.
Le ralentissement du marché s’est manifesté avant les tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis
La baisse des loyers, toutefois, n’est pas une nouvelle tendance au Canada. Notre analyse précédente mettait en lumière la façon dont les contraintes d’accessibilité, le ralentissement de la croissance démographique et l’augmentation de l’offre de logements à louer ont contribué à rééquilibrer la dynamique du marché locatif au cours des derniers trimestres.
Bien que nous nous attendions à une modération soutenue des loyers, l’intensification des tensions commerciales avec les États-Unis pourrait accentuer la tendance. Nous observons désormais des signes évidents d’affaiblissement du marché du travail dans les secteurs tributaires des échanges commerciaux, ce qui pourrait contribuer aux pressions à la baisse persistantes sur les loyers.

La faiblesse des marchés du travail et les changements démographiques font baisser les loyers
Le manque de vigueur du marché de la location est particulièrement marqué dans les régions où la croissance démographique a fortement ralenti. Les villes de la Colombie-Britannique et de l’Ontario, qui ont toujours été d’importantes destinations pour les résidents non permanents, ont été touchées de façon disproportionnée par la réduction de l’immigration, qui a contribué au fort ralentissement de la croissance démographique dans ces provinces. Cette situation a contribué à modérer la demande de logements, tandis que l’offre de logements à louer s’est accrue, ce qui a favorisé l’assouplissement des conditions sur le marché locatif comparativement aux autres régions.
Les loyers diminuent aussi dans les régions moins peuplées, surtout celles qui affichent une forte concentration d’étudiants. Par exemple, au cours de la dernière année, les loyers ont baissé de 130 $ et de 50 $, respectivement, à Kitchener-Cambridge-Waterloo et à Guelph, tandis qu’ils ont plafonné à London.
L’état du marché du travail local reste aussi un facteur important. La plupart des centres manufacturiers et des plaques tournantes commerciales du Canada (où la récente faiblesse du marché du travail se concentre) ont vu leurs loyers baisser ou stagner depuis un an, notamment à Hamilton (-40 $), Peterborough (-30 $), Oshawa (-20 $) et Windsor (0 $).
En revanche, Ottawa fait clairement figure d’exception, puisque le loyer moyen demandé a augmenté de 200 $ par rapport à l’an dernier. L’importante main-d’œuvre de la fonction publique de la ville, qui est relativement à l’abri des perturbations commerciales actuelles avec les États-Unis, a vraisemblablement contribué au maintien de la demande locative, malgré l’amélioration de l’accessibilité à la propriété et le ralentissement de la croissance démographique.
De nouvelles baisses de loyer en vue
Plusieurs facteurs laissent prévoir des baisses de loyer. La faiblesse persistante du marché du travail entravera probablement la hausse des salaires, tandis que le resserrement des cibles d’immigration continuera de freiner la croissance démographique et de limiter la formation de nouveaux ménages.
Le marché locatif de location est également influencé par l’amélioration de l’accessibilité à la propriété (bien que celle-ci reste difficile) et l’abaissement des taux d’intérêt, qui atténue les coûts de financement pour les propriétaires. La politique gouvernementale axée sur l’accroissement de l’offre de logements locatifs devrait contribuer à une stabilisation accrue du marché au fil du temps, et empêcher un retour aux conditions de marché extrêmes que nous avons connues durant la reprise postpandémique.
Mais, malgré ce ralentissement tendanciel, les loyers demeurent élevés comparativement aux niveaux d’avant la pandémie dans toutes les grandes villes, sauf à Toronto. Mais là encore, les loyers dépassent le seuil recommandé de 30 % pour les ménages à revenu moyen.
Rachel Battaglia est économiste à RBC. Elle est membre du groupe d’Analyse macroéconomique et régionale et fournit des analyses des perspectives macroéconomiques provinciales. Elle est titulaire d’un baccalauréat en économie (avec distinction) de l’Université Western Ontario et d’une maîtrise en sciences de l’Amsterdam School of Economics.
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