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Les jeunes qui quittent l’école ou l’université cette année arrivent à la ligne de départ dans un monde troublé.

De nouveaux alignements internationaux et l’instabilité des balances politiques assombrissent les espoirs de paix. Les fluctuations de l’économie retentissent sur le pouvoir d’achat de chaque famille. Le malaise industriel se caractérise par un chômage largement répandu. L’augmentation rapide de la population mondiale épuise les ressources alimentaires. Et à tous ces problèmes majeurs viennent s’ajouter les multiples désagréments de l’encombrement de la circulation, de la rareté des logements, des divisions raciales et religieuses et de l’apparente perversité des hommes.

Pourtant, il se trouve partout des gens qui vivent dans l’espoir, sinon dans l’expectative optimiste, d’un avenir meilleur. L’insatisfaction devant l’état actuel des choses s’accompagne du désir et de la volonté de les améliorer.

Pour les jeunes comme pour leurs aînés, dont les classes sont terminées depuis longtemps, il ne peut y avoir de plus grande entreprise que celle de s’adapter à des conditions changeantes et de réussir en dépit des circonstances ou en les mettant à contribution.

Si on les examine avec attention, on s’aperçoit que les sciences de l’économie, de la sociologie et de la morale se composent des tentatives faites pour établir un équilibre satisfaisant entre des fins désirables à atteindre et le prix qu’il faut y mettre.

On ne peut pas faire ce qu’on veut d’une chose ou d’une situation ; on ne peut faire que ce qu’il est possible d’en faire. Il est possible d’en modeler l’évolution jusqu’à un certain point, mais pas en faisant abstraction de ses antécédents.

Il y a un plaisir subtil à tirer profit avec sagesse des choses et des idées anciennes. Nous ne pouvons pas éviter de commettre les mêmes erreurs que les générations précédentes à moins de savoir ce qu’elles ont été et comment elles se sont produites. Rechercher les réponses qu’ont données nos pères à des problèmes comme les nôtres ne peut que nous aider à en aborder la solution avec autant d’intelligence qu’eux et à ne pas répéter les erreurs qu’ils ont faites.

Totems et tabous

Les peuples primitifs réglaient leur vie au moyen de totems et de tabous. Le totem, le drapeau ou l’emblème tribal est l’objet du respect et le symbole des principes et des institutions d’un groupe d’êtres humains associés les uns aux autres par des obligations communes. Les choses et les pratiques taboues étaient interdites en tant que malséantes ou inacceptables dans la société.

Certaines choses ont encore un caractère totémique. Les hommes et les femmes qui entrent dans les affaires, une profession ou un art adoptent dans une certaine mesure les manières de faire que l’on attend d’eux dans la carrière qu’ils ont choisie ; c’est une condition nécessaire pour réussir.

Il n’y a aucun déshonneur à accorder son appui à des institutions dont on n’approuve pas entièrement les buts ou les méthodes, si elles sont vénérables, belles et utiles. Que l’opinion qu’on s’en fait soit juste ou fausse, il importe de conserver sa lucidité d’esprit afin de ne pas être injuste.

Beaucoup ne peuvent trouver leur contentement dans les vieilles conventions et les vieilles croyances sans pourtant avoir assez d’instruction pour entreprendre d’en forger des nouvelles de caractère pratique. Par contre, leur imagination n’hésite pas à inventer des formes idéales et abracadabrantes de conditions de travail, de gouvernement, d’enseignement et de société. Ainsi naissent d’étranges et inconcevables illusions. D’où la nécessité d’asseoir les excursions de son esprit sur des faits réunis par un examen objectif.

Les générations antérieures n’ayant pas réussi à faire régner l’harmonie dans les affaires humaines, deux choix s’offrent aux hommes et aux femmes de notre temps : accepter la situation telle qu’elle est en désespoir de cause ou reconnaître que certains graviront les hauteurs de l’amélioration et faire en sorte qu’ils marchent dans la bonne direction.

Nous ne changerons pas notre milieu en manifestant contre lui, mais seulement en nous adaptant de façon intelligente aux conditions qu’il impose et en faisant quelque chose de positif pour le rendre meilleur.

L’injustice se retrouve chez toutes les générations. Il ne s’agit pas de l’excuser ni de dire qu’elle doit exister, mais de reconnaître que la situation actuelle n’est pas unique. Le souvenir de l’inflation des années 20 et de la crise économique des années 30 reste gravé dans la mémoire des gens âgés. Mais les jeunes, élevés dans une abondance et une sécurité relatives, n’ont pas de pareilles réminiscences auxquelles comparer leurs désagréments, somme toute assez minimes, des derniers mois.

Membre de la société

Quelle devrait être, dans les circonstances actuelles, l’attitude d’un jeune homme ou d’une jeune fille face à la vie ?

L’homme n’est pas un individu qui vit isolé ; il est partie intégrante d’une association, membre de la race humaine. N’exigeons pas que ceux qui nous entourent soient formés d’après un modèle plus parfait que ce que nous pouvons ou voulons imiter. Respectez et chérissez l’amitié et le privilège de rendre service. Darwin écrit dans la Lignée humaine : « Les instincts sociaux conduisent naturellement à la Règle d’or, et celle-ci est la base de la moralité. »

Les convenances sont une question d’intérêt public. Si grand que soit notre savoir, il doit être agrémenté de bonnes manières. Libre à vous de vous révolter contre les conventions de la société, mais ces conventions sont le lubrifiant qui permet aux êtres humains de vivre ensemble.

La courtoisie n’est pas une invention fantaisiste des générations passées, mais l’expression d’une loi dont l’observation est indispensable à la cohabitation des humains sur une planète populeuse. Elle est requise dans toutes les classes et dans toutes les activités de la vie. Si l’amour filial est passé de mode dans certains milieux, le devoir de la courtoisie demeure ; c’est le moins que les enfants puissent rendre aux parents qui les ont élevés.

Il y a de la noblesse dans le désir de bien faire jusque dans les plus petites choses où les sentiments des autres sont en jeu. « Quel dommage, disait Talleyrand, après avoir entendu une diatribe de Napoléon, qu’un si grand homme soit si malappris. »

Ce qu’il faut rechercher

C’est une ambition légitime chez les femmes et les hommes de tout âge d’essayer de hausser leur niveau d’existence tout en jouissant d’un mode de vie adapté à leur système de valeurs personnel. Si les gens ne tiennent pas compte de ce qui est bien, mais uniquement de ce qui est agréable, en quoi sont-ils supérieurs aux animaux les plus stupides ?

Il est important pour tout le monde, et en particulier pour les jeunes, de choisir la bonne route à suivre. De « justes aspirations », tel est le deuxième précepte de la Voie octuple de Bouddha le Sage.

Le choix d’un but engendre dans l’esprit l’unité de pensée et d’action et nous aide à conserver notre sens de l’orientation. Il est ennuyeux de passer sa vie comme si on avait, à la place du cerveau, un appareil de radar pour nous dire à tout instant ce que les autres attendent de nous. C’est en pensant par nous-mêmes dans la bonne direction que nous vient la sagesse.

Des êtres humains intelligents ne sauraient se satisfaire de plaisirs d’ordre animal. Les joies de l’intelligence passent en premier lieu. Nous lisons dans la Philosophie de l’humanisme, de Corliss Lamont, que « l’individu atteint à la vie bien vécue en alliant harmonieusement ses satisfactions personnelles et son perfectionnement continuel à un travail profitable et à d’autres activités qui contribuent au bien-être de la collectivité. » Les personnes de cette trempe cherchent à faire en sorte que leur passage laisse des traces.

Saisissez-vous ou pénétrez-vous de l’idée maîtresse de votre valeur pour la société et mettez-vous à l’oeuvre. Il y a bien peu de choses que l’on ne peut faire avec de bons instruments, de bons matériaux, de la détermination et un idéal. Les instruments qui servent à améliorer la vie sont l’instruction et l’art de l’utiliser ; les matériaux sont les événements de l’existence quotidienne ; la détermination, la réalisation personnelle du désir que l’on a ; l’idéal, une vision de ce qui pourrait être.

Quel que soit le but que vous ayez en vue, efforcez-vous en le poursuivant de contribuer au progrès des sciences, des arts, des mours et de l’éducation. Réfléchir à la contribution que l’on veut apporter et tracer la voie que l’on se propose de suivre, c’est accroître sa joie de vivre et partant s’épanouir.

Cherchez-vous la célébrité ? Par quoi serez-vous célèbre ? Sachez distinguer entre la notabilité et la notoriété. L’ambition névrotique procède de la faiblesse et de l’insécurité et tire sa satisfaction des acclamations de la foule. Ainsi que l’apprend à ses dépens Willy Loman dans la Mort d’un commis voyageur, d’Arthur Miller, la popularité est un soutien fragile comme une toile d’araignée devant les réalités de la vie.

Ne vous laissez pas détourner de votre route par la mollesse, le souci de vous-même ou l’ostentation. Le narcissisme, amour excessif de soi, est le plus tragique de tous les complexes. L’ambition saine est tournée vers l’extérieur. Elle cherche à savoir ce qu’elle peut faire, et non pas ce qui fera retentir les trompettes de la renommée.

Bien équilibrée, l’ambition est source de stabilité. Celui qu’elle anime n’est pas uniquement un faisceau d’actes et de croyances isolés : il a de l’unité. L’homme doué de stabilité émotive refuse de se laisser démonter par l’échec ou étourdir par l’espoir du succès. On peut compter sur lui. Il a de la force de caractère.

Le stade de la maturité

La maturité de jugement n’est pas une question d’âge, mais d’application des connaissances aux situations concrètes. Des annonces nous exhortent chaque jour à paraître jeunes, à être jeunes, à agir en jeunes et à rester jeunes. Elles représentent en fait la plus grande campagne jamais entreprise pour freiner le développement de l’être humain.

Loin de marquer le départ d’un retour exaltant à l’adolescence, l’accession à la maturité est le moment de discipliner nos impulsions fortuites, de cesser d’être des étudiants. La maturité est un stade qui permet aux jeunes comme aux moins jeunes de réagir devant les événements de la vie de façon plus pratique que ne le feraient les enfants. Elle suppose une plus grande somme de compréhension, de maîtrise et de discipline personnelle.

Un retard de la maturité se révèle chez ceux qui conservent l’habitude de s’appuyer sur leurs parents ou le gouvernement alors qu’ils devraient assumer leurs responsabilités. Au lieu de compter sur les autres pour pourvoir à ses besoins, calmer ses craintes et lui servir de refuge, l’homme qui a de la maturité a atteint une étape de la vie où il se sent poussé à devenir une personne capable de se soutenir et d’être utile à sa famille, à ses amis et à la société.

La nécessité du savoir

Ce serait une grave erreur de croire que vous êtes une exception à la règle générale et que vous pouvez vous dispenser d’une foule de détails que les autres ont besoin d’apprendre. Les questions « Que vais-je faire dans ces circonstances ? » et « Comment vais-je m’y prendre ? » ne sauraient attendre que vous ayez acquis de l’expérience. Il faut y répondre en puisant dans votre réserve de connaissances sur les principes et les méthodes.

Si vous tenez à avoir une vie d’une certaine envergure, vous continuerez à apprendre. Une preuve que vous avez grandi, que vous n’êtes plus un enfant, c’est que vous ne considérez plus l’étude ou l’instruction comme un travail. Cesser de s’instruire c’est fixer un terme à son progrès personnel et limiter son niveau de réussite.

Il y a un livre qui nous indique soixante-cinq règles pour connaître le succès dans ses études. Bornons-nous à en signaler quatre. 1° Déterminer le domaine que l’on veut étudier ; 2° Choisir les ouvrages ou les cours qui répondent à notre objectif ; 3° Établir un programme et fixer des dates, compte tenu des obstacles et des contretemps ; 4° Démarrer.

Apprenez à aimer l’exploration intellectuelle. Étudiez jusqu’à la limite de vos facultés et forcez même un peu votre talent. La découverte de nouvelles connaissances provoque une joie immédiate et est la source d’un plaisir durable. Et l’on échappe ainsi à la médiocrité.

Les limites de l’expérience

Certaines personnes sont obsédées par l’idée que tout dans le monde ne peut se faire que par elles. Elles pensent que l’unique moyen d’apprendre un itinéraire est de le parcourir, en supportant tous les ennuis, en enlevant chaque obstacle, en accomplissant tout soi-même.

Il existe un meilleur moyen : se demander « De quel livre puis-je détacher une page ? » Prenez un raccourci pour vous instruire ; profitez de l’expérience et des préceptes des autres, qui ont suivi avant vous le chemin ardu de la science, en y apportant naturellement les adaptations qu’exige un milieu différent.

Tout en évitant de demander conseil sur des questions qu’il vous appartient de décider par vous-même, vous éprouverez parfois une certaine perplexité, dont l’avis d’un ami éclairé ou d’un sage associé vous délivrera facilement.

Ce sont ordinairement les faibles qui ne prennent pas conseil, les petits esprits, qui craignent d’avouer leur incompétence en consultant les autres. Au contraire, c’est se montrer bien avisé que de demander un avis. Socrate avait un démon qui le mettait en garde contre certaines lignes de conduite et lui en proposait d’autres, et le trône de plus d’un roi comportait une ouverture minuscule près de l’oreille du souverain, par laquelle on pouvait lui souffler des conseils.

Lorsque vous vous cognez la tête contre un incident nouveau, prenez le temps de vous représenter ce qui s’est passé et de vous demander pourquoi la chose est arrivée. Sans doute faut-il être un tantinet stoïque, avoir l’esprit au-dessus des petites tracasseries de la vie ; mais il importe quelquefois de réfléchir aux événements en vue de les corriger, tout en se soumettant sans se plaindre aux nécessités inéluctables.

Sir William Osler, médecin d’origine canadienne qui devint professeur royal à l’université d’Oxford, conseillait à de nouveaux diplômés d’apprendre à conserver « leur sang-froid et leur présence d’esprit en toutes circonstances, leur calme dans les tempêtes, leur lucidité de jugement dans les moments de grand péril. »

L’expérience qui compte vraiment ne s’acquiert pas du jour au lendemain. Certaines personnes marchent à régime accéléré. Elles veulent l’avancement et le prestige sans s’astreindre aux centaines d’heures de travail requises pour apprendre à faire leur métier.

Nous vivons à une époque où l’on se lance dans tout jusqu’au cou ; mais l’enthousiasme ne doit pas nous faire perdre pied. Il nous faut d’année en année mesurer nos forces d’après la distance qu’il nous reste à parcourir plutôt que d’après celle que nous avons déjà franchie.

Nous avons, à chaque pas, des choix à faire. La faculté de choisir est le couronnement de la vie humaine. Nous pouvons choisir entre le bien-être immédiat et la satisfaction de notre désir de poursuivre notre route. Le choix mérite toujours réflexion. L’ignorance, l’obsession et la paresse en limitent l’étendue et la sagesse.

Pour faire des progrès

Quiconque aspire à la tranquillité d’esprit doit apprendre à renoncer à bien des choses éphémères et opter pour celles qui durent.

En abordant un nouveau champ d’activité comme l’université, les affaires, le commerce ou les professions libérales, il arrive qu’on se sente un peu dépaysé. Avant d’en passer le seuil, livrez-vous à l’opération mentale ci-après. Pensez aux avantages que vous offre votre nouvelle situation. Prenez la résolution de faire les premiers pas pour gagner la bienveillance de la nouvelle équipe où vous entrez. Adoptez une hygiène de vie dont vous vous êtes bien trouvé auparavant. N’ayez pas une trop haute idée de vous-même.

Tenez compte de vos habitudes personnelles, de vos goûts et de vos ambitions, des exigences de la carrière ou du métier que vous avez choisi et de l’intensité de votre désir de faire le nécessaire pour y satisfaire.

Sachez à quelle vocation vous prédispose votre nature et surtout ce que vous voulez être : sinon vous serez comme un jeune plant qui ignore si sa destinée est d’être un chêne ou un chou.

Il est presque impossible d’atteindre à une saine indépendance sans être franchement réaliste vis-à-vis de soi-même. Ce n’est qu’en vous connaissant bien, ainsi que votre potentiel et votre force de volonté de le développer, que vous pourrez faire tout ce dont vous êtes capable.

Soyez prêt à faire face au changement et aux problèmes qu’il pose. L’état physiologique et psychologique d’un homme est différent à chaque âge. Ce phénomène fait partie du processus normal du développement.

Avoir des difficultés ne signifie pas se laisser écraser par elles. L’ombre que jette un problème sur notre vie est souvent transparente ou seulement passagère. Ce que recherche un esprit sain, ce n’est pas à se faire dégager de la responsabilité de conduire sa vie, mais la ténacité et la détermination de réussir malgré les contraintes des circonstances.

Il serait peu sage, à quelque moment que ce soit de votre carrière, de compter sur la chance. Une bonne manière d’aborder la vie est de croire que la chance ne vous fera jamais défaut si vous êtes prêt à vous passer d’elle.

Une vedette lance-torpilles s’éloignait en trombe des côtes anglaises pour aller secourir les troupes britanniques et françaises retranchées à Dunkerque. Le signaleur installé à terre lui transmit son message de « Bonne chance ». « Merci, répondit le capitaine. En fait, nous comptons sur la science. »

Faites de votre mieux

Certaines personnes ont une vie bien remplie et débordante d’honneurs mérités ; d’autres connaissent une existence vide, dont le néant ne sera jamais comblé parce qu’ils n’auront rien tenté pour s’aider. Il y a peut-être une certaine sérénité, mais peu d’intérêt dans la vie d’un homme dont le principal but est d’éviter la réflexion, le travail et l’effort.

Les diplômés de cette année auront bientôt l’occasion d’essayer leurs ailes, utilisées jusqu’ici pour le seul vol théorique, dans l’air vivifiant de la réalité. Cette épreuve exigera chez eux une bonne base de connaissances et d’aptitudes ainsi qu’un généreux effort d’intelligence.

Ce qui importe surtout pour leur réussite, c’est qu’ils terminent leurs études scolaires avec la conviction qu’ils peuvent, à partir de cette base, contribuer par leur pensée originale et féconde au progrès de leur profession, de leur métier ou de leur entreprise. Dans tous les milieux, les employeurs sont à la recherche de jeunes gens de cette qualité : bien éduqués, intelligents et assez dynamiques pour prendre une part du fardeau.

Pour qui aspire à l’excellence, la condition fondamentale est de pouvoir déployer une énergie soutenue et bien canalisée. L’ambition ne consiste pas seulement à tendre la main pour recevoir : elle doit être positive, réfléchie, énergique, créatrice et décidée.

Un artiste de renom à qui l’on demandait comment atteindre à la fois la perfection du dessin et l’éclat du coloris répondit : « Sachez ce que vous avez à faire et faites-le. »

Votre avenir n’est pas un roman à laisser sur un rayon avec l’idée de le lire plus tard. Il exige que vous regardiez le monde en face, dans son état actuel et dans son devenir. Vous y verrez se profiler des choses auxquelles vous ne pouvez rien. Mais la plupart du temps nos actes d’aujourd’hui peuvent exercer une profonde influence sur notre participation à la grande entreprise humaine.

Cherchez une place libre et déployez-y vos talents. Choisissez un endroit où vous pourrez utiliser au mieux vos qualités particulières. Trouvez une base ferme où poser les pieds, un point d’appui solide, et le levier de vos aptitudes personnelles lèvera tous les obstacles éventuels.

Les misères de la vie sont dues en grande partie à nos efforts pour maîtriser ce qui est immaîtrisable. On pourrait paraphraser ainsi le message d’Épictète, philosophe stoïcien du 1er siècle : l’environnement d’un être humain renferme deux séries de facteurs, ceux qui sont soumis à son pouvoir et ceux qui échappent à son action. L’homme sage et heureux est celui qui s’applique à régler ce qui dépend de lui et à refuser de se soucier du reste.

Qu’il vous soit encore impossible de comprendre parfaitement l’univers où vous entrez dans la course, cela ne doit pas vous surprendre outre mesure si vous songez qu’il fallut huit années d’entraînement continuel à Roger Bannister avant de battre le record du mille en quatre minutes.

« À quoi pense-t-on en attendant le signal, accroupi sur la ligne de départ ? », demandait récemment Laurier Lapierre, à la télévision, à la Torontoise Myrtle Cook, gagnante de la médaille d’or des 100 yards aux Olympiades de 1928. « Vous vous dites simplement : cours aussi vite que possible », répondit-elle.