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Si quelqu’un réussit là où d’autres échouent, on peut en conclure qu’il possède des qualités que les autres n’ont pas.

L’homme qui ne connaît pas ses qualités est comme un gland qui ignorerait si sa destinée propre est d’être un chêne ou un chou.

Aussi chacun a-t-il intérêt à se demander quelles sont ses qualités particulières en tant que personne, en tant que travailleur, en tant que chef de famille ou en tant que citoyen.

Il y a chez tout être humain un désir de se distinguer des autres, qui le porte à espérer puis à croire que la nature l’a doté de certains talents qui lui sont propres. Tirer le plus grand parti possible de ces dons, c’est une fin comme telle à atteindre pour soi-même en même temps qu’un devoir à remplir envers sa famille et la société.

Cultiver ses qualités est une tâche qui exige de la patience, de la vigilance, de la sagacité et de la détermination. Ce n’est pas une nécessité seulement pour les jeunes, mais pour les gens de tout âge. N’existe-t-il pas d’exemples remarquables de personnes qui ont découvert et développé chez eux certains talents et certaines qualités à un âge avancé.

L’homme qui a de la maturité ne cesse jamais de clarifier ses idées, de modifier ses opinions, d’accroître ses possibilités, d’adapter son plan de vie à une société changeante. Cette faculté d’adaptation est à la fois souhaitable pour progresser et indispensable pour survivre.

Le changement est inévitable. Dans la première révolution industrielle, la machine a remplacé la force musculaire de l’homme ; dans la seconde, qui est actuellement en cours, la machine est en train de remplacer l’intelligence de l’homme dans l’exécution des tâches courantes. Mais il y a eu, d’autre part, trois révolutions dans les communications. La première, lorsque les hommes ont inventé l’écriture ; la seconde, lorsqu’ils ont inventé l’imprimerie ; la troisième – à laquelle nous assistons aujourd’hui – où l’avènement des grands moyens de diffusion met l’information et le savoir à la portée de tous.

Les changements opérés par ces révolutions sont particulièrement significatifs pour les jeunes gens. À leur sortie de l’école et de l’université, ils ont dépassé le stade des problèmes faciles et des choix simples de l’enfance. La vie leur apprend que ce n’est pas leur capacité de consommer qui dicte ce que la société doit leur offrir et qu’ils doivent se préparer à prendre leur part du fardeau de la production. Ils commencent à s’apercevoir qu’ils doivent ramer pour faire avancer le bateau, ce qui est plus prudent et plus sain que de le faire balancer. Leur bonheur tient à une condition, et cette condition est qu’ils sachent tirer le meilleur parti des possibilités qu’ils portent en eux.

La recherche de l’identité

La phase de transition d’une période historique est toujours difficile. Les jeunes Canadiens d’aujourd’hui sont nés dans une société évoluée. Ils n’ont pas besoin de mener une lutte ardue pour assurer leur survivance ; c’est pourquoi ils tentent par toutes sortes de moyens d’employer leur énergie à hâter le processus de l’évolution sociale.

Le monde leur semble rempli d’intransigeances surannées, mais, en voulant l’affranchir de son immobilisme, ils risquent de se lancer dans une entreprise où ils n’ont plus rien pour orienter leur action.

Les parents doivent comprendre l’immensité de la différence qui existe entre leur jeunesse et la vie des jeunes gens d’aujourd’hui. Il y a trente ans, les jeunes n’étaient pour ainsi dire pas mêlés aux affaires mondiales ; aujourd’hui, il n’est pas un désastre, pas une guerre, pas une révolution, pas une famine, pas une menace de pollution qui n’échappent à leurs yeux et à leurs oreilles. Ils se sentent personnellement engagés. La télévision, la radio et les journaux les accablent de l’affliction, de la tristesse, de la déception de tous les hommes de la terre. Les jeunes comme les vieux sont désemparés devant la complexité de la vie et la confusion qui règne partout dans le monde.

Il serait injuste de condamner avec trop de rigueur le passé qui nous a conduits à cet état de choses. Ce passé est riche de grandes réalisations, et aucun de nous ne serait parvenu à un tel degré d’avancement sans le concours de ceux qui nous ont précédés. Quiconque critique le monde actuel devrait avoir une idée claire de ce qui constitue, selon lui, un monde vraiment bon. Le bonheur et le contentement ne sauraient nous venir de ceux qui condamnent la société d’aujourd’hui sans offrir des moyens valables de l’améliorer.

Il n’y a aucun avantage ni aucun mérite à attiser le désordre comme tel, d’autant plus que cela peut dégénérer en actes inconsidérés de provocation pure et simple. Rappelons-nous le chant des sorcières dans Macbeth : « Le beau est laid, le laid est beau. » Pour elles, tout ce qui est bon était répugnant et tout ce qui est mal attrayant. Le brouillard, la tempête et l’air impur formaient l’ambiance la plus favorable à leur sinistre besogne.

Quels sont les buts positifs que nos qualités doivent nous aider à atteindre ? Les trois générations – celle qui a maintenant vieilli, celle qui a atteint la maturité et celle qui est dans son adolescence – désirent employer leurs qualités maîtresses pour trouver le bonheur, pouvoir travailler à quelque chose qui en vaut la peine, faire reconnaître leur dignité de personne humaine et préparer un avenir meilleur.

Toute personne vaut ce que valent les choses auxquelles elle s’intéresse. Comme le dit le grand empereur romain, Marc Aurèle : « La vie d’un homme est ce qu’en fait sa pensée. » Quelles que soient les valeurs que vous professiez et les qualités que vous possédiez, vous ne brillerez, dans votre travail comme dans les sports, que dans la mesure où vos succès en témoigneront.

L’attitude la plus pratique et la plus réaliste à adopter consiste à accorder une attention éclairée aux choses telles qu’elles sont et à s’appliquer à améliorer ses qualités. C’est faire preuve de réalisme que de chercher, avec les forces à notre disposition, à concilier ce qui est stratégiquement souhaitable avec ce qui est tactiquement possible. Cette attitude, que nous dicte le sens commun et le bon jugement, nous amènera à employer efficacement nos qualités à des efforts qui le méritent.

Le savoir est nécessaire

La clef qui permet d’utiliser ses qualités de façon réaliste, c’est le savoir acquis par la recherche, l’expérience et l’expérimentation. Le savoir est la seule base solide sur laquelle on peut organiser son action avec confiance. C’est la matière première qui sert à se former de justes opinions sur les choses.

La capacité de discerner si telle connaissance a plus d’importance que telle autre pour atteindre vos fins est une chose qui s’apprend. La belle ordonnance qui vous frappe dans une salle d’audience, un laboratoire, une salle d’opération ou un écrit est le résultat d’une longue accumulation de connaissances, dont on a contrôlé la valeur dans telles ou telles circonstances. C’est l’aboutissement de semaines et parfois de mois de travail pénible et souvent fastidieux.

L’acquisition de nouvelles connaissances fait partie de l’éducation permanente. Certaines personnes se disent qu’à un certain âge, mettons 18 ou 25 ans, elles considéreront leurs études comme terminées. Elles croient fermement qu’après avoir renoncé à apprendre, elles continueront quand même à avoir des idées neuves. Celui qui cesse d’étudier vers l’âge de vingt-cinq ans se verra dépasser, au bout de quelques années, par les nouveaux coureurs de la génération montante.

Quel que soit votre âge, appliquez vos connaissances, avec réflexion et intelligence, en fonction de ce que vous êtes déjà, et sachez profiter des services que vous offrent les universités, les spécialistes, les institutions religieuses, les entreprises commerciales et les organismes gouvernementaux pour accélérer votre perfectionnement.

Peut-être vos ressources sont-elles limitées, mais il n’est pas nécessaire que vos horizons le soient. Partout, dans les champs, dans les ateliers, dans les événements, il y a quelque chose à explorer, quelque chose d’intéressant à découvrir : beauté et vérité, poésie et science, et par-dessus tout la compréhension. La connaissance de ces réalités fondamentales permet de voir clair dans les choses compliquées auxquelles elles servent de base.

C’est grâce à l’ampleur de nos connaissances que se développe notre faculté de faire de bons choix. Il s’agit là, en vérité, de la plus authentique liberté de l’espèce humaine : la liberté de choisir. Mais on ne peut choisir ce dont on n’a jamais entendu parler.

Il n’est pas souhaitable de consacrer toute sa vie à une seule activité. Dans un monde en mutation rapide, la polyvalence est un atout inestimable. Une même panoplie de qualités peut servir à plusieurs fins. Léonard de Vinci était, selon les jours, peintre, sculpteur, musicien, homme de science, inventeur et ingénieur. Il utilisait les mêmes qualités de base dans chacune de ces activités.

Les éléments du succès

Il importe d’être enthousiaste. L’enthousiasme joint l’énergie à l’intérêt, et cet heureux alliage constitue la plus dynamique des qualités humaines. Même si l’on n’est pas enthousiaste par nature, on peut s’appliquer à le devenir avec un peu d’autosuggestion. Le seul fait de se convaincre qu’une tâche sera intéressante contribue à la rendre telle.

Il faut aussi avoir de l’ambition. Quel rôle voulez-vous jouer dans la société ? Que voulez-vous faire de vous ? Beaucoup, en ce dernier tiers de notre siècle mémorable, sont en proie à un sentiment de vide : ils demandent, sans savoir ce qu’ils veulent.

L’ambition procède de l’insatisfaction, mais il ne suffit pas d’être mécontent de ce que l’on a. Il faut avoir un but positif, déterminé, constructif et dynamique, dont la réalisation exigera la mise en jeu de toutes nos qualités maîtresses. Cela n’est pas du tout la même chose que le désir qu’éprouvait Sancho Pança de devenir le seigneur d’une certaine île si on voulait bien la lui offrir « sans trop d’ennuis ni de danger ».

L’ambition peut être un mauvais maître si on ne sait pas s’en servir. Personne ne se rend ridicule en se montrant tel qu’il est en réalité, mais c’est agir en insensé que d’affecter d’être ce que l’on n’est pas, de chercher à atteindre des sommets hors de sa portée ou de vouloir briller en tout. La pire chose à laquelle puisse conduire l’ambition démesurée est la constatation que l’on est incapable de la satisfaire.

Un autre élément nécessaire du succès est le courage. Il est vrai qu’on ne risque rien sans éprouver une certaine angoisse, mais celui qui ne risque rien est sûr de ne pas connaître ses possibilités. Il faut savoir entreprendre une tâche dont l’issue demeure incertaine. Les volontaires qui partirent dans de petits bateaux pour aller rescaper les soldats britanniques sur la plage de Dunkerque reçurent ce message : « En route et bonne chance – guidez-vous sur le bruit des canons ! »

La production créatrice

Même si l’on a de l’ambition, de l’enthousiasme et du courage, il n’en faut pas moins travailler. L’oisiveté est un état stérile, qui ne convient qu’à ceux qui ont renoncé à se révéler à la hauteur de la vie. Les espoirs d’amélioration de l’espèce humaine seraient vains s’il fallait s’en remettre aux gens qui bondissent de joie à la pensée qu’ils peuvent faire mentir la sentence prononcée contre Adam et cesser de travailler pour vivre de la charité des autres.

Le travail est plus qu’une activité individuelle ; c’est une activité sociale : il contribue, quelle que soit sa place dans l’échelle des salaires, à satisfaire les besoins de l’humanité. Il est aussi une activité génératrice de culture en ce sens qu’il suppose la foi en un avenir meilleur : l’oisiveté est réactionnaire, car son idéal se situe dans le passé, et elle est l’image d’un désir d’anéantissement.

L’homme qui a de l’ambition finira par avoir l’instinct du travail bien fait. Il se peut qu’un artiste, un technicien ou un homme d’affaires soit rempli de grandes idées et de nobles élans, mais si ses mains refusent d’obéir à l’impulsion de son esprit, ses bonnes intentions ne pourront jamais se transformer en réalités satisfaisantes. Lorsqu’il s’agit de juger un travail, que ce soit le vôtre ou celui d’un autre, fiez-vous à ce principe : le travail est mauvais s’il est de qualité médiocre ou s’il ne répond pas à son but.

Celui qui a de l’ambition se concentrera sur certains aspects de la vie et tentera de les améliorer. Il promènera un regard créateur sur les usages établis ; il recherchera de nouvelles applications ; il mettra en lumière ce qui est caché aux autres. Keats entendit le chant d’un rossignol, mais alors que d’autres y prêtaient une oreille distraite, il l’écouta de tout son coeur et écrivit son Ode à un rossignol.

L’action créatrice n’a pas la prétention de réaliser quelque chose à partir de rien. Elle consiste à révéler, à sélectionner, à remanier, à combiner et à synthétiser des faits, des idées, des dons et des talents qui existent déjà. Ainsi, a fait acte créateur, ce musicologue qui par ses recherches persistantes, de monastère en monastère, finit par retrouver une messe perdue de Haydn. Cette découverte lui fournit l’occasion d’enrichir le monde d’une oeuvre qui lui était inconnue.

Être créateur, c’est s’appliquer à construire plutôt qu’à démolir. C’est avoir la prudence d’élaborer les plans d’un meilleur bâtiment avant de raser l’ancien. Cela entraîne aussi l’obligation d’étudier la tâche à accomplir afin de se préparer à la bien exécuter, avec la compétence d’esprit et le tour de main voulus.

Connais-toi toi-même

Un bon examen de conscience est nécessaire pour développer nos qualités latentes et remédier à nos faiblesses. Les machines créées par la technique électronique ne se limitent pas à faire leur travail ; elles contrôlent aussi, en même temps, leurs mécanismes afin d’éliminer les possibilités d’erreur.

L’aphorisme grec « connais-toi toi-même » n’a pas pour but de rabattre notre fierté, mais de nous aider à comprendre notre valeur. Il est nécessaire d’avoir confiance en soi-même et en ses qualités pour réussir, mais comment croire à ce que l’on ne connaît pas ?

La connaissance de soi permet d’ordonner et de coordonner ses qualités. Faites un bilan méthodique de ce que vous savez déjà. Groupez ensuite les divers éléments selon leur importance respective. Déterminez les points auxquels vous voulez accorder une attention spéciale. Si vous ne faites pas ce travail préparatoire, vous dissiperez votre énergie dans une activité contraignante et indisciplinée.

L’auto-analyse vous aidera à utiliser tous vos moyens pour réaliser pleinement ce que vous pouvez devenir. Il suffit rarement d’une seule qualité pour réussir sa vie. L’homme d’affaires pratique que fut lord Beaverbrook dit quelque part : « L’homme qui réussira sera celui qui, à cause de la totalité de ses qualités, mérite de réussir. »

Apprenez à discerner ce qui est en jeu. Lorsque votre oeil brille à la vue d’un poste qui vous intéresse, vous devez vous poser une double question : le poste est-il à votre mesure et êtes-vous à la mesure du poste ? Vous écarterez ainsi le danger de gâcher votre temps et vos efforts à faire un travail qui ne vous convient pas.

Une chanson non chantée

Ce qui importe ensuite, c’est de se mettre à la tâche. L’ambition n’est vraiment utile que si elle est stimulée par l’activité. L’efficacité créatrice dépend tout autant de notre dynamisme que de nos connaissances et de nos talents. Deux vers du poète indien Tagore nous mettent en garde contre l’inertie et l’indécision : « La chanson que je suis venu chanter n’a pas été chantée … j’ai passé mes jours à tendre et à détendre les cordes de mon instrument. »

Personne ne peut tirer tout le parti possible de ses qualités en les mettant en congélation. On peut oublier ce qu’on a appris, et les connaissances frigorifiées n’ont pas la souplesse voulue pour faire face aux situations nouvelles et profiter des occasions qui s’offrent. Ne laissez pas dormir une bonne idée dans les cartons ou les dossiers. S’il vous est impossible de la mettre à exécution tout de suite, notez quinze jours plus loin dans votre agenda qu’il faudra alors reprendre cette idée et l’examiner de nouveau.

Une fois amorcé, le perfectionnement de vos qualités ne doit plus s’arrêter. Vous aurez à vaincre l’inertie humaine. L’incapacité de continuer de s’intéresser à une tâche jusqu’à ce qu’elle soit terminée est indubitablement un trait caractéristique de l’enfance, âge où seul l’instant qui compte réellement est l’instant présent. Il est important, si nous voulons vraiment profiter de nos qualités, que nous apprenions à avoir assez de discipline pour achever ce que nous commençons.

Ne craignez pas de perdre pied

Après avoir exécuté une partie de votre programme, il convient de passer sans tarder à une autre étape. Ne fournissez à personne l’occasion de dire que vous avez atteint votre sommet à une date antérieure.

Votre succès vous appartient comme la coupe qu’un autre joueur peut à tout moment venir vous disputer. Le célèbre philosophe et mathématicien Alfred North Whitehead, à qui l’on demandait quand il s’était pour la première fois senti à la hauteur de sa tâche, eut cette réponse : « Mais je ne me suis jamais senti à la hauteur de ma tâche ». Toute qualité est perfectible. Dès que vous êtes entièrement satisfait de votre travail, vous avez déjà un premier pas de fait dans la voie de la dégénérescence.

Si vous craignez toujours de perdre pied, vous n’apprendrez jamais à nager. Les hommes qui ont le mieux réussi ont, à un certain moment, été projetés au haut de l’échelle. À un tournant critique de leur vie, ils ont été forcés à faire plus qu’ils ne l’avaient prévu ou de s’adapter à une nouvelle situation, et, grâce à leurs qualités, ils se sont révélés capables de vaincre les difficultés. Abraham Lincoln essuya échec sur échec, mais il devint Président.

Si un plan échoue, le seul choix qui s’offre est de le remplacer par un autre. Il est toujours peu satisfaisant et moins profitable d’abandonner la partie. Cherchez autre chose. Si vous prenez un faux départ, passez l’éponge et recommencez. Si les moyens employés ne produisent pas le résultat désiré, essayez-en d’autres ou combinez-les autrement.

Personne ne doit se croire parfait ni se laisser décontenancer par le fait qu’il ne l’est pas. Les plus grands artistes eux-mêmes connaissent des moments où l’inspiration leur fait défaut. Il n’y a pas de honte à échouer dans ses efforts pour accomplir quelque chose. La seule infamie, c’est de ne pas rechercher en nous la qualité qui nous pousserait à tenter l’effort.

La noblesse de caractère

La noblesse de caractère d’un homme se juge par ce qu’il est lorsque personne ne l’observe. Beaucoup de prédicateurs et d’éducateurs mettent l’accent sur diverses qualités essentielles dans la vie : justice sociale, conscience professionnelle, culture, sens commun, optimisme, mais jamais un grand éducateur n’a méconnu la nécessité de la noblesse de caractère.

La pierre angulaire de la noblesse de caractère est la probité. Celui qui possède cette vertu ne se demande pas « Qu’est-ce que les gens vont dire ? », mais bien « Quelle opinion aurais-je de moi si je fais ceci ou si je ne fais pas cela ? » Il a des principes, qui sont des qualités d’ordre fondamental : lois et conceptions, idées directrices et données de base. Ce sont ces normes qui permettent à un homme de toujours jouer son rôle avec dignité, qu’il porte la salopette ou le smoking.

Les principes supposent le sens de l’honneur « mot suranné qui évoque l’idée du devoir, de la responsabilité et du respect des valeurs éternelles ». Cette citation n’est pas empruntée à une vieille barbe de philosophe idéaliste ; elle est du fils de Thomas Alva Edison, président de Edison Industries et éminent serviteur de son pays en temps de paix et en temps de guerre.

La noblesse de caractère implique le sens de l’humain, la faculté de sympathiser avec les autres et le désir de rendre service. La vertu de chevalerie n’est pas morte, et elle peut refleurir. Elle consiste à reconnaître le courage comme merveilleux, la fidélité comme admirable et la pitié comme faisant partie du code d’un gentilhomme. C’est une manière de vivre où les grands veillent sur les petits. Comme disent les Irlandais, « elle est le vestige d’une ancienne bienséance. »

La noblesse de caractère ne se résume pas à ce que l’on appelle souvent abusivement « avoir de la personnalité », mais elle a du charme, qualité dont la sobre séduction est plus puissante que la force et l’autorité.

En résumé

En faisant l’inventaire de vos qualités, vous êtes déjà en avance sur la foule innombrable de ceux qui ne songent jamais sérieusement aux talents dont ils disposent pour travailler. Nul ne peut s’attendre à donner son rendement optimum s’il n’a qu’une vague idée de ses qualités et doit, en conséquence, choisir ses moyens d’action à l’aveuglette. Le physicien nucléaire ne se sert pas d’un pic pour fisionner les atomes.

Personne ne peut vous garantir le succès dans l’emploi de vos qualités, mais vous pouvez le mériter. Ce que vous avez imaginé sur une grande échelle ne se réalisera peut-être que sur une petite échelle, eu égard à la clairvoyance dont vous ferez preuve dans l’appréciation de vos qualités et à l’ardeur de vos efforts.

Il faudrait pouvoir dire, à tout âge : « ma situation actuelle n’est qu’une esquisse du tableau que je dois finir. » Commencez votre journée, chaque matin, avec l’idée bien arrêtée d’accomplir quelque chose. Le comte Henri de Saint-Simon, soldat, économiste et philosophe que l’on ne saurait taxer de fainéantise, avait prescrit à son valet de lui rafraîchir la mémoire, chaque matin, en le saluant en ces termes : « Que Monsieur le Comte se rappelle qu’il a de grandes choses à faire. »

Celui qui a le souci de mettre ses qualités en valeur s’acquitte généralement bien de ses fonctions. « Chacun selon ses dons », comme le dit la sage maxime qu’aimait à répéter Socrate.