L’indice des prix à la consommation (IPC) au Canada s’est raffermi en avril, compte non tenu des modifications fiscales
Par Nathan Janzen et Abbey Xu
Résumé :
Le taux d’inflation global s’est établi à 1,7 % en avril (contre 2,3 % en mars) en raison du retrait de la taxe carbone des produits énergétiques.
Les mesures prises en tenant compte de ce changement fiscal (notamment les mesures d’inflation de la Banque du Canada (BdC), les moyennes médiane et tronquée) ont dépassé les prévisions. Si les droits de douane ont eu un impact direct sur les prix des véhicules automobiles et l’épicerie et ont stimulé leur hausse, la progression plus généralisée des mesures de base pourrait, elle, être imputable aux services fournis à l’échelle nationale (loyers résidentiels, repas dans les restaurants et voyages organisés) plutôt qu’aux produits importés.
Les droits de douane de représailles du Canada devraient, selon nous, avoir une incidence limitée sur les prix à la consommation (voir Enjeu sous la loupe ici pour en savoir plus) et l’inflation devrait se maintenir à la cible de 2 % fixée par la Banque du Canada ou près de celle-ci d’ici le début de l’année prochaine en raison de l’effet baissier entraîné par le retrait de la taxe sur le carbone des produits énergétiques.
La Banque du Canada devrait toutefois se concentrer plus sur la progression des mesures de base des prix qu’elle privilégie et qui ne devraient pas subir les effets des changements fiscaux. Celles-ci montraient déjà des signes d’accélération les mois précédant l’imposition des droits de douane et ont généralement progressé pour atteindre des taux (d’une année sur l’autre) supérieurs à la fourchette cible de 1 % à 3 % de la banque centrale en avril pour la première fois depuis juin 2024.
Un ralentissement de la croissance économique finira par inciter la BdC, qui n’a procédé à aucune baisse en avril, à ramener le taux du financement à un jour (actuellement de 2,75 %) à 2,25 % cet été. La banque centrale devra toutefois trouver un équilibre entre ces perspectives de croissance pessimistes et les pressions inflationnistes, et en tenant compte de la récente hausse surprise de l’inflation, elle pourrait bien justifier ses prochaines baisses de taux par les ralentissements de croissance surprises de l’économie.
Les données :
-
L’IPC global au Canada s’est établi à 1,7 % d’une année sur l’autre en avril, comparativement à 2,3 % en mars. Ces chiffres sont dans une large mesure conformes à notre prévision de 1,6 %. Certains éléments étaient toutefois préoccupants, l’inflation sous-jacente montrant des signes d’accélération en dehors de la réduction mécanique des prix provoquée par le retrait de la taxe carbone pour les consommateurs dans la plupart des provinces en avril.
-
Le ralentissement de la croissance de l’IPC d’une année sur l’autre en avril est principalement attribuable à la chute importante des prix de l’énergie (-12,7 % sur 12 mois), causée par l’élimination de la taxe carbone.
-
Les mesures de l’inflation « de base » privilégiées par la Banque du Canada, soit l’IPC-tronq et l’IPC-méd (qui ne tiennent pas compte de l’incidence des modifications fiscales), ont monté à 3,1 % et à 3,2 % respectivement en avril, ce qui est supérieur aux hausses mensuelles de 0,4 % habituellement enregistrées. C’est la première fois que ces mesures dépassent le seuil de 3 % d’une année sur l’autre depuis le premier semestre de 2024.
-
L’augmentation des prix des véhicules et des aliments pourrait traduire les premiers effets des droits de douane, et la hausse générale inattendue des mesures de base à la hausse des prix des services.
-
Les prix dans les restaurants ont encore augmenté de 3,6 %. Ce gain s’ajoute à celui de 3,2 % enregistré le mois précédent, les prix ayant été rajustés après la fin du congé de TPS/TVH.
-
Les voyages organisés ont créé une surprise en augmentant de 6,7 % d’une année sur l’autre. Cette augmentation compense largement le recul de 4,7 % observé en mars.
-
L’inflation de l’énergie a ralenti en mars en raison de la baisse des prix de l’essence qui a procuré un certain soulagement aux consommateurs et compensé les hausses enregistrées ailleurs dans le panier.
-
L’inflation liée au logement a continué de ralentir. Les charges d’intérêts hypothécaires ont continué de fléchir, mais elles demeurent élevées. Parallèlement, les loyers ont rebondi en avril, compensant partiellement les progrès réalisés à la fin de 2024.
-
L’évolution des mesures générales de l’inflation en avril a généré des craintes, mais heureusement elle ne semble pas s’être trop généralisée. Environ 48 % des éléments du panier de l’IPC ont enregistré un taux d’inflation de plus de 3 % (en données annualisées sur trois mois), ce qui est légèrement inférieur au taux de 51 % enregistré en mars et à celui d’environ 40 % enregistré les deux trimestres précédents.
See previous versions:
See the archived editions of the RBC Canadian Inflation Watch here.
Par Abbey Xu
En résumé :
-
Les mesures de base privilégiées par la Banque du Canada (l’IPC-méd et LIPC-tronq) ont étonnamment progressé. Elles ont affiché de légères hausses sur une base annualisée de trois mois, mais sont restées dans la fourchette cible de 1 % à 3 %. La croissance globale des prix s’est maintenue au milieu de la fourchette cible de la Banque du Canada, une part disproportionnée de cette croissance provenant de la hausse des taux sur les coûts d’intérêt hypothécaires.
-
La Banque du Canada a laissé entendre dans le compte rendu de sa dernière décision de politique monétaire (réduction de 50 pb du taux du financement à un jour en octobre) qu’il pourrait y avoir des risques à la hausse comme à la baisse à propos de l’inflation. La faiblesse persistante des marchés du travail, attestée par la diminution des offres d’emploi et la hausse du chômage, laissent penser que les prix diminueront globalement. La Banque du Canada fonde ses décisions sur les données et attendra la publication du prochain rapport sur le marché du travail avant de prendre sa décision concernant les taux d’intérêt en décembre. Notre scénario de base suppose une nouvelle réduction de 50 points de base du taux du financement à un jour par la Banque du Canada en décembre.
Les données :
-
L’inflation globale a progressé en octobre, sous l’effet du repli de la croissance des prix de l’énergie. L’IPC global s’est établi à 2 % en octobre (d’une année sur l’autre), restant remarquablement stable autour de la cible de 2 % pendant trois mois consécutifs.
-
Les prix de l’énergie sont toujours en baisse par rapport à l’an dernier. La baisse annuelle de 3,5 % reste cependant inférieure à celle de 8,3 % enregistrée en septembre.
-
Les coûts du logement ont continué d’être les éléments moteurs des pressions exercées sur les prix. Les charges d’intérêts hypothécaires ont bondi de 16,7 % d’une année sur l’autre en octobre (représentant 30 % de la croissance totale de l’IPC selon nos estimations), tandis que les prix de location des logements ont augmenté de 8,2 %.
-
Ces deux composantes du logement devraient croître plus lentement au cours des prochains mois. Les charges d’intérêts hypothécaires ont ralenti après les baisses de taux d’intérêt de la BdC et des signes montrent un ralentissement des loyers. Il est donc peu probable que la récente progression du prix des loyers se maintienne.
-
Les prix des denrées alimentaires ont augmenté plus rapidement en octobre (3 %, contre 2,8 % en septembre).
-
Hors alimentation et énergie, l’inflation a ralenti à 2,3 %, soit une légère baisse par rapport aux 2,4 % enregistrés en septembre.
-
Les mesures de base privilégiées de la BdC, soit l’IPC-tronq et l’IPC-méd, ont grimpé à 2,9 % et à 2,7 %, respectivement, en moyenne mobile annualisée sur trois mois. Ces deux mesures ont toutefois fléchi depuis le début de l’année.
-
La portée de l’inflation est restée restreinte en octobre. La part des composantes de l’IPC ayant enregistré une croissance annualisée des prix supérieure à 3 % au cours des trois derniers mois a augmenté, passant de 38 % en septembre à 41 %. Ce pourcentage reste toutefois bien en deçà de la moyenne annuelle de 67 % de 2022.
-
La croissance des prix des taxes foncières, annoncée annuellement en octobre, publiée chaque année en octobre, s’est accélérée cette année pour s’établir à 6 %, contre 5 % en octobre de l’année dernière, sous l’effet des augmentations de taxes mises en œuvre dans les grandes villes canadiennes en 2024.
Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Le lecteur est seul responsable de toute utilisation des renseignements contenus dans le présent document, et ni la Banque Royale du Canada (« RBC »), ni ses sociétés affiliées, ni leurs administrateurs, dirigeants, employés ou mandataires respectifs ne seront tenus responsables des dommages directs ou indirects découlant de l’utilisation du présent document par le lecteur. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses sociétés affiliées ne font pas la promotion, explicitement ou implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.
Le présent document peut contenir des déclarations prospectives – au sens de certaines lois sur les valeurs mobilières – qui font l’objet de la mise en garde de RBC concernant les déclarations prospectives. Les paramètres, données et autres renseignements ESG (y compris ceux liés au climat) contenus sur ce site Web sont ou peuvent être fondés sur des hypothèses, des estimations et des jugements. Les mises en garde relatives aux renseignements présentés sur ce Site Web sont exposées dans les sections « Mise en garde concernant les déclarations prospectives » et « Avis important concernant le présent rapport » de notre Rapport climatique le plus récent, accessible sur notre site d’information à l’adresse https://www.rbc.com/notre-impact/rapport-citoyennete-dentreprise-rendement/index.html. Sauf si la loi l’exige, ni RBC ni ses sociétés affiliées ne s’engagent à mettre à jour quelque renseignement que ce soit présenté dans le présent document.