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Zone commerciale : Diplomatie liée au Dôme d’or

Dans le numéro de cette semaine : Les négociations en deux volets entre le Canada et les États-Unis, les trois thèmes récurrents de Donald Trump en matière de commerce et la façon dont les entreprises composent avec l’incertitude

Faits saillants

Cette semaine, Ottawa a accueilli des invités de marque, allant d’une brochette de sénateurs américains au roi Charles, sans compter la première session du Parlement depuis 161 jours.

  • Cinq sénateurs américains, dont un républicain, ont rencontré de hauts fonctionnaires canadiens pour renforcer les relations entre le Canada et les États-Unis. Un accord en deux volets est envisagé.

    • Premier volet : Retrait de l’article 232 (droits de douane sur l’acier, l’aluminium et l’automobile pour des raisons de sécurité nationale) en contrepartie d’une hausse des dépenses du Canada en matière de défense, d’où les pourparlers concernant le système de protection antimissile appelé « Dôme d’or ». Il existe un espoir que cela puisse se faire avant ou pendant le sommet du G7, mais le temps presse, car le sommet commencera dans deux semaines.

    • Deuxième volet : La renégociation générale de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) dans son ensemble. Nous nous attendons à ce qu’elle s’amorce cet été et se termine juste avant la date limite de l’examen de l’accord, soit le 1er juillet 2026.

  • L’accord en matière d’économie et de sécurité a été salué lors du discours du Trône, prononcé par le roi, tout comme les priorités de Mark Carney au chapitre de la diversification commerciale. Le programme législatif et les travaux qui se dérouleront durant la session d’été de la Chambre des communes seront probablement davantage axés sur le marché intérieur, notamment sur l’accélération de projets d’intérêt national et l’élimination des barrières fédérales au commerce intérieur. Les négociations entre le Canada et les États-Unis devraient se dérouler en arrière-plan, comme ce fut le cas lors de la rencontre du ministre Dominic LeBlanc avec Howard Lutnick, secrétaire américain au commerce, et Jamieson Greer, représentant américain au Commerce.

La semaine écoulée

  • Vingt-quatre heures après que le Tribunal de commerce international des États-Unis eut jugé que Donald Trump avait outrepassé ses pouvoirs au titre de l’International Emergency Economic Powers Act (IEEPA) en imposant des droits de douane, une cour d’appel fédérale les a rétablis, du moins temporairement.

  • L’atonie du marché de l’emploi en Chine pourrait s’aggraver sensiblement : ce pays pourrait perdre neuf millions d’emplois dans le secteur manufacturier en raison de la guerre commerciale.

  • Clear Seas estime que d’ici 2040, si tous les projets prévus se concrétisent, le trafic maritime sur la côte pacifique du Canada devrait augmenter de 60 %, grâce principalement aux projets de gaz naturel liquéfié (GNL).

  • Les plus grandes entreprises du Japon sont mises à mal, ce qui incite le gouvernement à mettre en œuvre un programme de 6,3 milliards de dollars américains pour protéger son économie.

  • La criminalité liée au commerce grimpe en flèche aux États-Unis, et il est difficile pour le gouvernement d’y mettre un frein.

  • L’Inde se montre intransigeante envers les États-Unis en ce qui concerne les principales marchandises (riz, blé, maïs) et les produits laitiers.

  • Une agence onusienne prévoit que l’instabilité causée par la guerre commerciale entraînera une baisse de sept millions d’emplois en 2025 par rapport aux prévisions initiales. De plus, la demande des consommateurs américains est liée à 84 millions d’emplois supplémentaires. Le Canada et le Mexique, avec 17,1 % des postes liés aux États-Unis, sont les pays les plus exposés.

Point de vue de Washington

À Washington, quelle est l’expression à la mode sur Wall Street cette semaine ? Il s’agit de TACO, l’acronyme de « Trump Always Chickens Out » (« Trump se dégonfle toujours »). Cette phrase témoigne du scepticisme grandissant quant à la détermination de la Maison-Blanche à maintenir les droits de douane face aux pressions du marché et aux mesures de représailles des partenaires commerciaux. En fait, la réalité est plus complexe. Pour justifier sa politique commerciale, l’administration s’appuie sur l’un ou l’autre des thèmes suivants :

  • Une tactique de négociation pour atteindre d’autres objectifs en matière de politique étrangère. La Maison-Blanche a recours à ce raisonnement lorsqu’elle met en place des droits de douane liés au fentanyl à l’égard du Canada et du Mexique, et l’utilise souvent comme prétexte pour justifier l’annulation ou le report de droits de douane : elle prétend alors avoir accompli sa mission, elle crie victoire et poursuit ses activités. Dans cette optique, les droits de douane sont de courte durée et souvent éliminés ou réduits à la suite de concessions mineures de la part du pays ciblé.

  • Un levier de sa politique industrielle. Les droits de douane visent à encourager les entreprises à rapatrier les chaînes logistiques et les chaînes de production, conformément à la promesse de M. Trump de redonner au secteur manufacturier américain son lustre d’antan au moyen de droits de douane sectoriels sur les automobiles, l’acier et l’aluminium. Selon ce raisonnement, les droits de douane visent avant tout à annoncer de nouvelles usines de production et d’autres investissements importants.

  • Un outil de production de recettes publiques. Même si le battage médiatique autour du service fiscal externe de M. Trump s’est apaisé (pour l’instant), ce thème a dominé la stratégie de politique commerciale de l’administration dans les semaines qui ont suivi son arrivée au pouvoir. Dans ce contexte, les pays étrangers ont peu d’arguments à proposer qui pourraient inciter le président à changer d’avis.

La difficulté consiste à discerner le thème sur lequel Trump s’appuie un jour donné. Interrogé cette semaine à propos de l’acronyme TACO, le président a parlé de « tactique de négociation ». Ce thème pourrait changer la semaine prochaine, alors que l’administration poursuivra sa bataille juridique concernant les droits imposés en vertu de l’IEEPA.

Trois questions

Par Andrew Skinner, vice-président, Financement du commerce international, RBC.

Q. : Comment les entreprises parviennent-elles à se diversifier, tant sur le plan de l’approvisionnement que des ventes ?
R. : Deux observations importantes : En avril, nous avons enregistré un nombre record de clients et de nouveaux utilisateurs potentiels de notre outil RBC Connexion Globale, qui fournit des ressources telles que les meilleurs pays où acheter et vendre, ainsi que d’autres renseignements sur le commerce. Ensuite, certains clients ont trouvé en Europe de meilleures occasions d’expansion des marges pour des produits qui étaient traditionnellement expédiés aux États-Unis. Par ailleurs, les importateurs assurent la résilience de l’offre en dénichant de nouveaux fournisseurs.

Q. : Qu’est-ce qui a changé ces derniers mois pour les entreprises qui ont poursuivi leurs activités auprès de leur clientèle aux États-Unis ?
R. : Le taux de conformité à l’ACEUM est passé de 33 % en février à 50 % en mars. D’après nos discussions avec les clients, nous nous attendons à ce que ce taux soit désormais beaucoup plus élevé, compte tenu de l’estimation selon laquelle 94 % des exportations canadiennes vers les États-Unis devraient être conformes. Les clients ont maximisé leur mode d’entreposage et leurs canaux de distribution aux États-Unis pour répondre à la demande à court terme et atténuer les répercussions des droits de douane. Ils revoient aussi régulièrement les délais d’expédition et les lieux de livraison afin de composer avec les droits de douane américains. Certains clients ont été en mesure de répercuter la hausse des droits de douane en l’absence d’autres sources d’approvisionnement et en cas de demande soutenue. D’autres interrompent les transactions le temps d’obtenir des précisions concernant les prix et la demande, surtout si elles ne sont pas en mesure de régler les droits de douane.

Q. : Que conseillez-vous aux entreprises qui doivent composer avec l’incertitude ?
R. : Nous encourageons les clients à passer en revue le cycle commercial de leurs principaux acheteurs et vendeurs – de la commande au paiement, les modalités du contrat et les documents disponibles – et à repérer les occasions de renégocier les modalités. L’objectif est de conserver des relations à long terme et d’éviter les perturbations au cours des périodes de pointe des ventes liées à la rentrée scolaire, au Vendredi fou et à Noël. Il existe toute une série de solutions visant à réduire le risque de non-paiement, à améliorer les flux de trésorerie et à assurer l’efficacité en termes de coûts et de rendement, alors que de nouveaux marchés, fournisseurs et acheteurs sont envisagés.

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