La semaine prochaine, je me rends au Forum économique mondial, où l’humeur devrait être maussade et, je l’espère, un peu plus humble, compte tenu de l’ampleur des conflits dans le monde. C’est la neuvième fois que je me rends à Davos, et je n’ai pas souvenir qu’une telle anxiété se soit jamais fait sentir à l’échelle internationale.
Voici quelques questions et idées que j’espère pouvoir approfondir :
Le conflit à Gaza se transforme-t-il en guerre régionale?
Au moment où le Hamas a attaqué Israël le 7 octobre, le risque connu était le Hezbollah. Le front Houthi, au Yémen, est une nouvelle variable imprévisible, tout comme la perspective émergente de l’envoi de troupes américaines (et autres) au combat. Des vies et la paix régionale sont en jeu, bien sûr. Il en est de même pour 15 % du commerce mondial qui transite par la mer Rouge.
Les États-Unis souhaitent-ils s’engager dans un conflit?
Jake Sullivan, qui occupe au sein de l’administration de Joe Biden la place qu’occupait Henry Kissinger sous Richard Nixon, sera présent à Davos pour exposer sa vision de la sécurité américaine dans un monde fracturé. La présence de Jake Sullivan coïncidera avec les caucus de l’Iowa aux États-Unis, qui nous permettront de connaître la popularité de Donald Trump au sein du Parti républicain. Le gouvernement de Joe Biden se retrouve confronté à de nombreux foyers de tension mondiaux à gérer en période électorale, que ce soit pour tenter de rétablir la paix ou pour prendre une position plus combattive.
Qui va prendre la place de la Chine?
Au milieu des années 2010, Xi Jinping était le leader en vue (selon les normes de Davos), les États-Unis se retirant de certains enjeux et la Chine devenant la nouvelle superpuissance. Cependant, les Chinois se sont faits discrets à Davos depuis la pandémie et ont cédé beaucoup de terrain à d’autres puissances émergentes, en particulier l’Inde et l’Arabie saoudite. Les deux pays ont fait du Forum une priorité stratégique, avec leurs propres pavillons, leurs programmes et leur assurance affichée pour tenter d’influencer la pensée mondiale.
La démocratie est-elle menacée?
Plus de la moitié de la population mondiale se rend aux urnes cette année, ce qui fait de 2024 une année historique avec un nombre record d’élections en une seule année (64 pays). Cependant, de l’Argentine à l’Inde, les principes démocratiques continuent d’être mis à mal, et cela semble également être le cas aux États-Unis. Selon l’Eurasia Group, le risque le plus élevé est la guerre que se mènent les États-Unis à eux-mêmes. Donald Trump reste une figure centrale à Davos; il ne sera pas présent, mais la perspective de son retour à la Maison-Blanche amène de nombreux pays à ajuster stratégiquement leur engagement envers les idéaux démocratiques.
La vérité est-elle en danger?
La désinformation est l’un des sujets d’actualité phares de cette année. En fait, le rapport annuel sur les risques mondiaux du Forum mentionne qu’il s’agit du principal risque perçu par ses membres, avant les préoccupations économiques et climatiques.
Y aura-t-il une opposition à l’IA?
Le principal sujet à l’ordre du jour du Forum de Davos est l’intelligence artificielle et son impact sur la société, les métiers, les soins de santé, l’éducation et la planète. J’ai hâte de savoir ce que les dirigeants des gouvernements et les décideurs en pensent, et si l’enthousiasme suscité par ChatGPT en 2023 laisse place, en 2024, à des remords, notamment en raison de la menace que cette technologie pourrait représenter.
Les guerres culturelles touchent-elles à leur fin ou ne font-elles que commencer?
Les facteurs ESG ne figurent nulle part dans le programme officiel de Davos, mais les thèmes perpétuels de l’environnement (climat), des considérations sociales (inclusion) et de la gouvernance (équité) ont été habilement renommés. Le Forum, jadis considéré comme les Jeux Olympiques du wokisme d’entreprise, a essayé de donner la parole à des voix populistes (sans grand succès) et d’aborder les enjeux qui leur sont chers. Son slogan « Rendre le monde meilleur » a également été de moins en moins mis en avant.
La guerre contre l’inflation perd-elle en intensité?
Davos attire beaucoup d’investisseurs importants et de gestionnaires de fonds, c’est donc l’endroit idéal pour évaluer la courbe de rendement. J’espère me faire une idée de l’optimisme des personnes présentes à Davos concernant un assouplissement de la politique monétaire, sachant qu’elles ont souvent tort. Parmi ces personnes, l’avis des keynésiens sera également intéressant, car la dette publique s’accumule et empêche peut-être les taux de baisser davantage.
D’autres guerres commerciales sont-elles à prévoir?
Créé dans les années 1970, le Forum était une plate-forme visant à permettre aux partisans du libre-échange de faire entendre les voix libérales sur le plan économique dans le monde entier. Aujourd’hui, il est rempli de protectionnistes modérés. Il y a l’Europe avec ses nouveaux tarifs douaniers climatiques visant à limiter l’importation de produits comme l’acier en provenance de pays à fortes émissions, et bien sûr, les États-Unis qui, quel que soit leur président, ne cachent pas leur volonté de donner la priorité à leur pays.
Le Canada peut-il être un artisan de la paix dans un monde en guerre?
On voit moins de représentants du Canada à Davos depuis que Justin Trudeau l’a utilisé en 2016 pour annoncer « le retour du Canada ». Chrystia Freeland, vice-première ministre, sera présente en tant que membre du conseil d’administration du FEM et pour défendre l’Ukraine, entre autres enjeux. Elle sera également amenée à aborder de nombreux autres sujets, notamment Israël et l’inflation. Cependant, il pourrait être plus important de se poser la question du rôle que le Canada peut jouer dans un monde aussi tourmenté. Le rôle d’archétype du pacificateur du Canada pourrait être plus nécessaire que jamais, mais de manières très différentes.
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