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Le ralentissement de l’inflation pousse la Banque du Canada à baisser les taux

La baisse de taux de 25 points de base effectuée aujourd’hui par la Banque du Canada répond aux attentes du marché, mais pas aux nôtres. Cette décision marque le redémarrage du cycle d’assouplissement amorcé en juin 2024 et poursuivi jusqu’en mars 2025, qui était en pause depuis. 

Avant la réunion, les arguments en faveur d’un assouplissement étaient mitigés, et nous attendions presque un statu quo. Comme l’a indiqué la Banque du Canada, le ralentissement du marché de l’emploi, le fléchissement des échanges commerciaux nets au deuxième trimestre et les signes de ralentissement de l’inflation de base (bien que le taux d’inflation demeure au-dessus de la cible de 2 %) relevés depuis la réunion de la Banque du Canada en juillet ont suffi à faire pencher la balance en faveur d’une réduction des taux. 

Le taux du financement à un jour a été abaissé à 2,5 %, ce qui est plus près du bas de la fourchette neutre estimée par la banque centrale pour les taux d’intérêt, à savoir entre 2,25 % et 3,25 % (comparable au point neutre d’une voiture, c’est-à-dire ni accélération ni ralentissement de l’économie).

En prenant cette décision, la Banque du Canada a reconnu que la faiblesse économique était concentrée dans une poignée de secteurs sensibles aux échanges commerciaux, et que la capacité de la politique monétaire à compenser cet impact était limitée. Cependant, la situation a soulevé des inquiétudes quant aux dépenses nationales globales dans les prochains mois, alors que le marché de l’emploi et la croissance démographique sont en ralentissement. 

Les indications prospectives ont été explicitement modérées, et le gouverneur Macklem a réitéré que la banque centrale continuera de réagir aux données « sur un horizon plus court que d’habitude ». Cette décision laisse à la banque centrale une marge de manœuvre inhabituelle qui sera bien pratique pour prendre des décisions monétaires, compte tenu de la conjoncture économique volatile et incertaine. 

Nous pensons que la Banque du Canada poursuivra sa politique d’assouplissement, car aujourd’hui elle a clairement exprimé ses préoccupations à l’égard de l’économie. En outre, elle n’a pas pour habitude de réduire (ou relever) les taux d’intérêt à une seule reprise après avoir amorcé ou relancé un changement de politique monétaire. Mais rien n’est garanti si le marché du travail présente des signes évidents de reprise ou si les tensions inflationnistes se ravivent. 

Comme nous l’avons souligné, jusqu’à maintenant l’impact des droits de douane sur l’économie canadienne a principalement pesé sur une poignée de secteurs tributaires des échanges commerciaux, en particulier le secteur manufacturier. Cependant, l’incertitude provoquée par les droits de douane s’est étendue à toutes les entreprises, entraînant un ralentissement de la demande d’embauche et des coupes dans les intentions d’investissement. 

Par conséquent, les offres d’emploi ont diminué, l’emploi a chuté et la croissance des salaires a continué de se normaliser. Jusqu’à présent, la situation n’a pas d’incidence sur les dépenses des ménages. En fait, la consommation des ménages est la seule composante ayant surpris par sa vigueur au deuxième trimestre, et les données préliminaires du troisième trimestre indiquent que cette mesure fait toujours preuve de résilience. La Banque du Canada a toutefois exprimé ses préoccupations quant à cette trajectoire dans les mois à venir. 

L’investissement est l’autre secteur touché par l’incertitude commerciale générale, après une forte contraction au deuxième trimestre et des prévisions modérées pour le reste de l’année. Ce sera probablement vrai tant que les droits de douane persisteront, malgré l’intensification de la stimulation budgétaire et l’assouplissement de la politique monétaire. 

Enfin, l’activité sur le marché du logement reprend vie après son plongeon du printemps, et les reventes ont atteint en août leur niveau le plus élevé de l’année. Cette bonne nouvelle ne se traduit pas encore par un redressement des prix des logements, lesquels ont continué de chuter parallèlement à l’inflation du logement, ce qui donne à la Banque du Canada de potentielles motivations pour poursuivre les baisses de taux au besoin. Les prix des logements méritent toutefois une attention particulière, car ils pourraient faire obstacle à de futures baisses de taux. 

La Banque du Canada restera confrontée à des décisions délicates, car elle doit travailler avec des données économiques faussées ou décalées dans le temps pour se faire une idée de l’orientation de l’économie et de ce que cela signifie pour l’inflation.

À court terme, la prochaine décision sur les taux d’intérêt est prévue pour le 29 octobre, soit avant la publication du budget fédéral le 4 novembre. À l’occasion de cette réunion, la Banque du Canada publiera un nouveau Rapport sur la politique monétaire, ainsi que les projections économiques associées à son scénario de base ou une analyse de scénarios. 

D’ici là, nous attendons une autre série de données sur l’emploi et l’inflation (les deux en septembre), de même que l’enquête de la Banque du Canada sur les perspectives des entreprises au troisième trimestre. Toutes ces publications seront surveillées de près, étant donné que la banque centrale passe à la loupe les données économiques à court terme.

Les données préliminaires du troisième trimestre montrent déjà une embellie : la balance commerciale s’est améliorée en juillet, tout comme les ventes dans le secteur manufacturier et le gros, ce qui laisse supposer qu’un autre recul trimestriel du PIB est peu probable. À moins d’un revirement radical des tendances de l’emploi et de l’inflation de base en septembre, nous estimons qu’une nouvelle baisse des taux à la réunion d’octobre est très probable. 

Par la suite, les données sur les exportations et le marché de l’emploi demeureront en tête de liste des indicateurs clés pour la Banque du Canada. Bien que ces risques soient liés aux droits de douane spécifiques au Canada, ils seront également influencés par la croissance de l’économie américaine, laquelle a ralenti à cause des droits de douane infligés par les États-Unis aux économies mondiales selon les taux les plus hauts en près d’un siècle. 

Jusqu’à présent, la majeure partie des exportations canadiennes échappe aux droits de douane américains. Cependant, l’étroite intégration industrielle signifie qu’un ralentissement de l’économie américaine poserait également un risque pour les exportations en franchise de droits de douane, ce qui pourrait étendre et exacerber les difficultés déjà éprouvées par les producteurs et les fabricants canadiens et justifier d’autres mesures d’assouplissement de la part de la Banque du Canada.


À propos des auteur

Claire Fan est économiste principale à RBC. Elle se concentre sur les tendances macroéconomiques et est chargée d’établir des prévisions relatives au PIB, au marché du travail et à l’inflation pour le Canada et les États-Unis, en fonction des principaux indicateurs.


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