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Cette semaine aux États-Unis : Les droits de douane commenceront à peser sur les services

Après une semaine consacrée à la détérioration du marché de l’emploi – qui constitue une mauvaise nouvelle, mais selon nous, pas si terrible (lisez nos commentaires ici) – la semaine à venir portera sur l’autre volet du mandat de la Fed, encore plus problématique. En particulier, l’IPC d’août devrait montrer que l’inflation continue de s’accélérer. Nous continuons de composer avec des pressions inflationnistes dans les services et attendons maintenant d’autres pressions du côté des produits de base, étant donné que l’impact des droits de douane commencera à se matérialiser dans les données d’août. Dans ce contexte, nous avons une inflation de base qui se maintient à 3,1 % sur 12 mois. Il est probable que l’inflation globale se hissera à 3,0 %, car les pressions inflationnistes reflétées dans l’IPP des produits alimentaires en juillet devraient se répercuter dans les données de l’IPC ce mois-ci. Si nous ajoutons la tendance haussière du prix de l’essence après désaisonnalisation, notre cible globale du T4 pourrait être atteinte plus tôt que prévu. Ce contexte crée un risque de hausse pour notre prévision d’inflation globale au T4, au cas où les tendances haussières de l’IPP pousseraient l’inflation globale vers le haut conformément à nos prévisions. 

En ce qui concerne les prochains mois, nous attendons d’importantes retombées des droits de douane dans les données d’inflation de l’automne. Nous avons une inflation de base en hausse à 3,4 % d’ici la fin de l’année, en supposant une légère modération, mais avec une surchauffe sous-jacente de l’inflation des services qui devrait s’intensifier.

Nous surveillerons les données sur l’inflation sous deux angles :

1) Même sans tenir compte de la répercussion des droits de douane, nous avions peu de chances de voir l’inflation atteindre sa cible cette année, étant donné que notre scénario de hausse de l’inflation ne repose que partiellement sur des hypothèses relatives à l’incidence des droits de douane. 

L’inflation dans le secteur des services est toujours aussi élevée, ce qui s’avérera problématique, car les pressions liées aux droits de douane reflétées dans l’IPC et les pressions attribuables aux biens sont aggravées par les pressions qui existaient déjà dans les services. La contribution du logement à l’inflation s’accentuera au cours des prochains mois, car on s’attend à une augmentation des loyers équivalents pour les propriétaires de résidences principales. En général, les loyers équivalents sont en retard d’environ 22 mois sur la hausse des données sur les prix publiées par la National Association of Realtors, ce qui laisse supposer une montée des prix à l’automne. En outre, bien que nous ayons déjà profité d’une déflation sur les produits de base, ces effets se sont estompés.

2) Les droits de douane commenceront bientôt à peser sur les services, et leurs répercussions sur les produits de base commenceront sans doute à se manifester ce mois-ci. Notre prévision tient pour acquis que les pressions s’accentueront sur les secteurs sensibles aux échanges, notamment l’ameublement et les fournitures de maison, les pièces et équipements automobiles et les produits pour les loisirs. C’est ce que nous avons constaté dans les chiffres de l’IPP le mois dernier. Nous nous attendons à ce que l’indice PPI de base de ce mois-ci mette en évidence des pressions dans les secteurs du transport et de l’entreposage, qui sont sensibles aux échanges, ainsi que dans les services commerciaux, du fait que les producteurs transmettent les hausses de prix aux grossistes et aux détaillants de façon préventive et que les marges s’élargissent temporairement. Nous nous attendons à un autre gain confortable de l’IPP de base de 0,62 % d’un mois sur l’autre, ce qui ferait passer l’indice des prix à 3,9 % d’une année sur l’autre. 

Bien que tous les regards soient braqués sur l’IPC, nous surveillerons également les révisions de l’indice de référence BLS mardi. Il est toujours positif de prendre le temps de disséquer ces révisions annuelles – ce qu’elles signifient et ce qu’elles ne signifient pas. 

Nous nous attendons à d’importantes révisions à la baisse (de l’ordre de -500 000 à -900 000) des données sur l’emploi pour la période d’avril 2024 à mars 2025, car le Recensement trimestriel de l’emploi et des salaires fait ressortir des données sur l’emploi inférieures d’environ 20 % aux gains mensuels d’avril à décembre 2024. Dans l’hypothèse où cette différence aurait persisté entre janvier et mars, l’économie américaine aurait créé 540 000 emplois de moins que ce que suggèrent les données actuelles sur l’emploi pour la période d’avril 2024 à mars 2025. Vers la fin de 2024, cependant, la relation entre le Recensement trimestriel de l’emploi et des salaires et l’enquête Current Employment Survey (sur laquelle sont fondées les données mensuelles sur l’emploi) s’est encore amenuisée. En décembre, les estimations du Recensement trimestriel de l’emploi et des salaires étaient inférieures de plus de 40 % aux données sur l’emploi. Dans le pire des scénarios, les révisions à la baisse pourraient atteindre 885 000. Nous pensons que le scénario le plus probable est celui qui se base sur l’estimation plus prudente d’un repli d’environ 664 000 des emplois créés, ce qui représente une baisse des emplois créés de 55 000 par mois en moyenne. 

Ces révisions pourraient remettre en question le seuil d’équilibre de l’emploi. Nous avions précédemment estimé le seuil d’équilibre à 100 000 emplois environ. Autrement dit, si moins de 100 000 emplois étaient créés au cours d’un mois donné, le taux de chômage augmentait (comme nous l’avons constaté en août). Toutefois, en supposant que 540 000 emplois de moins ont été créés dans l’économie américaine au premier trimestre de cette année, ou même 664 000 de moins, cela implique entre 45 000 et 55 000 emplois de moins créés chaque mois, et un seuil d’équilibre correspondant à la moitié des chiffres que nous avions supposés précédemment (soit 50 000, comparativement au chiffre présumé de 100 000). Cette différence a des conséquences sur notre interprétation des dernières révisions mensuelles de l’emploi dans le secteur non agricole – en substance, les chiffres ne seraient pas aussi graves qu’ils ne paraissent à première vue. Cela dit, même si le seuil d’équilibre de l’emploi est révisé à la baisse, la croissance de l’emploi ressortira probablement inférieure au seuil d’équilibre pour trois des quatre derniers mois. Néanmoins, les gains de l’emploi au cours des derniers mois ont été principalement enregistrés dans le secteur non cyclique de la santé et des services sociaux, et même avec un seuil d’équilibre de 50 000 emplois non agricoles, nous constatons une érosion cyclique du marché de l’emploi. La discordance entre la faiblesse cyclique et les gains structurels rend de plus en plus difficile d’interpréter les chiffres mensuels de l’emploi dans le secteur non agricole, ce qui nous engage à porter une plus grande attention à la trajectoire du taux de chômage américain. 

Outre les révisions de l’inflation et des indices de référence, d’autres données importantes sont attendues la semaine prochaine.

  • Les demandes d’assurance-chômage initiales pourraient s’élever à 231 000, en léger repli pour la semaine du 6 septembre après une modeste hausse la semaine dernière. Les demandes continues semblent avoir plafonné cette semaine, mais leur trajectoire demeure préoccupante. En août, la proportion de demandeurs d’emploi qui sont sans emploi de longue date a atteint son niveau le plus élevé en trois ans. Et même si le taux de chômage a augmenté d’un dixième, le taux de chômage U6, qui tient compte des personnes aux limites de la population active et des personnes travaillant à temps partiel pour des raisons économiques, a connu une augmentation de deux dixièmes, nettement plus prononcée. Nous continuons de constater que les nouveaux diplômés et les nouveaux arrivants sont les plus durement touchés dans un marché du travail au point mort. 

  • Nous nous attendons à ce que les données sur le crédit à la consommation publiées lundi indiquent une augmentation de 22,1 milliards de dollars des crédits en cours, la hausse la plus prononcée provenant du crédit à la consommation non renouvelable, comme nous le constatons constamment depuis plusieurs mois.



À propos des auteurs

Frances Donald est l’économiste en chef de RBC et supervise une équipe de professionnels de premier plan, qui fournissent des analyses et des informations économiques pour informer les clients de RBC dans le monde entier. Frances est une experte clé sur les questions économiques et est très recherchée par les clients, les dirigeants gouvernementaux, les décideurs et les médias aux États-Unis et le Canada.

Carrie Freestone fait partie du groupe d’analyse macroéconomique et est responsable d’examiner les principales tendances économiques, notamment les dépenses de consommation, les marchés du travail, le PIB et l’inflation.


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