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Bouleversements climatiques : La menace de l’hypertrucage énergivore de l’intelligence artificielle

➔ Contrer l’inquiétude et le découragement

➔ Le règne du charbon s’éternise

➔ Coup de frein mondial sur les énergies renouvelables

Sujets chauds

Reprendre espoir en s’informant. Ottawa entend investir 14,4 millions de dollars dans 17 projets visant à expliquer les enjeux environnementaux auprès des jeunes. L’organisme BC Parks Foundation recevra par exemple 1,8 million de dollars pour parler du déclin de la biodiversité ou des programmes qui combinent climatologie et savoir autochtone traditionnel. Toute aide est la bienvenue, car une étude récente montre que, face aux changements climatiques, les jeunes Canadiens se laissent gagner par l’inquiétude et le découragement.

Le recyclage valorisant du CO2, ou comment résoudre le problème des émissions des cimenteries. Une jeune entreprise de Calgary, Carbon Upcycling, vient de faire une percée en réalisant la première installation canadienne de captage et d’utilisation du CO2 chez un partenaire, la cimenterie Ash Grove de Mississauga. Dès 2026, ce projet de 10 millions de dollars permettra de capter le dioxyde de carbone émis par les fours de l’usine et de le convertir, ainsi que d’autres produits secondaires, en matériaux cimentaires faiblement carbonés. La capacité de l’installation sera de 30 000 tonnes par an. Le financement est assuré par divers programmes fédéraux et par la société de capital-risque CRH Ventures, à des fins de promotion de l’économie circulaire dans l’industrie lourde (lire aussi notre étude de cas consacrée en 2024 à Carbon Upcycling).

Traité de l’ONU sur le plastique : les discussions piétinent. Le marathon de 10 jours consacré à la pollution par le plastique se termine aujourd’hui sans que les 179 pays participants soient parvenus à s’entendre. L’enjeu est pourtant de taille : pailles, tasses et agitateurs, sacs de transport et microbilles contenues dans les produits à usage unique encombrent les océans et mettent en danger les milieux marins. Plus de 2 000 délégués planchent sur les 32 clauses (au bas mot) de la déclaration provisoire mais, selon certains, même la définition de « pollution par le plastique » ne fait pas consensus.

Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a été récemment la cible d’une vidéo générée par l’IA qui le présentait comme faisant la promotion des cryptomonnaies. L’intelligence artificielle peut être une menace sur le plan social, mais aussi en matière climatique.

D’après des données extrapolées d’une étude du MIT, certains modèles peuvent nécessiter en effet jusqu’à 20,4 millions de joules pour produire une vidéo de 30 secondes ; c’est ce que consomme un véhicule électrique sur 18 kilomètres. Huit millions d’hypertrucages pourraient être mis en ligne cette année. Leur nombre double tous les six mois, selon Open Fox, une société d’experts-conseils qui s’adresse aux services chargés de l’application de la loi. Ajoutez à cela les millions de vidéos absurdes, trompeuses ou quasi malveillantes concoctées par IA et qui encombrent Internet (on y dépeint même les pays comme des créatures monstrueuses…). Regarder une vidéo de 30 secondes par jour pendant un mois reviendrait à augmenter de 40 % la facture d’électricité d’un appartement pour personne seule, d’après Shaz Merwat, responsable principal, Politique énergétique, qui s’est penché en 2024 sur les besoins en électricité de l’IA.

L’intelligence artificielle exerce déjà une énorme pression sur les réseaux électriques :

➔ Dans les pays développés, les centres de données compteront d’ici 2030 pour 20 % de la croissance de la demande en électricité, d’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

➔ Les émissions de GES des centres de données pourraient passer de 180 Mt (millions de tonnes) aujourd’hui à 300 Mt en 2035, selon l’évaluation de base de l’AIE, qui prévoit même 500 Mt si le développement n’est pas freiné, soit environ 2,5 fois les émissions du secteur pétrogazier canadien.

➔ Aux États-Unis – le pays qui projette de construire le plus grand nombre de centrales au gaz (avant même la Chine) –, 20 % des nouvelles installations seront couplées à des centres de données.

➔ Étant donné la multiplication exponentielle des requêtes entourant les images et les vidéos, il est hautement probable qu’une tarification progressive se mettra en place pour les gros utilisateurs de données, tout comme pour ceux qui emploient massivement l’IA, précise Shaz Merwat.

À l’Université d’Oxford, Felippa Amanta, auteure d’une étude sur les hypertrucages, va plus loin : « Au-delà de la consommation d’énergie qu’ils impliquent, les hypertrucages vont avoir des effets bien plus marqués sur l’information diffusée autour des changements climatiques et sur l’émotion qu’ils suscitent. »

Le graphique qui suit témoigne de la résilience des combustibles fossiles. La demande en charbon a battu un nouveau record l’année dernière, tout comme la consommation de charbon par les centrales électriques. Le commerce de marchandises à forte empreinte carbone a aussi battu des records en 2024. Le charbon est le combustible fossile le plus fortement carboné ; il entraîne des émissions en moyenne 50 % plus élevées que celles qui découlent du gaz naturel.

Voici pourquoi le charbon risque de ne pas être détrôné avant quelque temps :

  • La Chine compte pour 56 % de la demande mondiale, mais l’Inde et les États-Unis sont censés augmenter leur production..

  • Les États-Unis se repenchent sur plusieurs règlements qui visaient à limiter l’emploi du charbon comme source d’électricité. Sous prétexte de renforcer la sécurité énergétique du pays, M. Trump a par ailleurs aboli, par décret présidentiel, les cibles antiémissions « inatteignables » imposées aux centrales au charbon

  • TL’AIE prévoit que la consommation mondiale de charbon va plafonner en 2026 tout en augmentant de 5 % dans les nations en forte croissance de l’Asie du Sud-Est.

  • L’AIE s’attend toutefois à ce que les centrales électriques au charbon cèdent la place en 2025 à celles qui utilisent des sources d’énergie renouvelables.

Ballard face aux interrogations que suscite l’hydrogène. L’entreprise de Vancouver qui mise sur l’hydrogène depuis 1979 a procédé à un deuxième remaniement majeur en moins d’un an, ce qui témoigne des difficultés que connaît le secteur des piles à combustible, après des années d’engouement. Sous la direction de son nouveau PDG, Marty Neese, Ballard va se concentrer sur les domaines où ses produits suscitent l’intérêt (autobus urbains et alimentations de secours fixes, notamment). L’objectif de réduction de 30 % des charges d’exploitation en 2026 semble indiquer que l’hydrogène se taille sa place moins vite que ne le prévoyaient le marché… ou les stratèges de Ballard.

Coup de frein mondial sur les énergies renouvelables. Au cours des six derniers mois, la congestion des réseaux a réduit de près de 40 % la capacité écossaise de production d’énergie éolienne. C’est le cas le plus récent de ces blocages de plus en plus nombreux qui ralentissent le développement des unités de production d’énergie renouvelable et abordable. Pour chaque dollar investi dans les sources renouvelables, 60 cents seulement sont consacrés aux réseaux et au stockage d’énergie. Le ratio devrait être de 100 %, selon l’ONU, qui remarque qu’il y a actuellement trois fois plus d’installations en attente de raccordement que l’an dernier.

Le solaire et l’éolien en perte de vitesse. En raison de la guerre que livre l’administration américaine aux énergies renouvelables, des projets totalisant 22 milliards $ US ont été suspendus au cours des six premiers mois, selon l’organisme E2. Cela représente 16 500 emplois perdus. Dans la foulée du projet de loi Big Beautiful Bill qui entraînerait le retrait accéléré des crédits accordés aux producteurs d’énergie faiblement carbonée, un nouveau décret fédéral va imposer des examens plus sévères aux projets solaires et éoliens, sous prétexte de préserver « la beauté des paysages naturels de notre grand pays ». Un écho à une certaine directive promulguée par l’Alberta en 2024 ?

Créé par Yadullah Hussain, Directeur de rédaction, RBC Institut d’action climatique.

Le bulletin Bouleversements climatiques ne pourrait pas exister sans la collaboration dJohn StackhouseSarah PendrithJordan Brennan, John Intini, Farhad PanahovLisa AshtonShaz MerwatVivan SorabCaprice Biasoni et Lavanya Kaleeswaran.

Avez-vous des commentaires, des félicitations ou, euh, des critiques à faire ? Écrivez-moi à (mailto:yadullahhussain@rbc.com).

Bulletin d’information sur le climat

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