Dans le numéro de cette semaine : M. Carney choisit les membres de sa principale équipe chargée du commerce et de la sécurité ; les signaux commerciaux du voyage de Trump au Moyen-Orient ; et ce à quoi il faut s’attendre dans le cadre des négociations entre les États-Unis et la Chine
À NOTER
Par John Stackhous
J’étais à Ottawa cette semaine pour un événement appelé le B7, un rassemblement de chefs d’entreprise des pays membres du G7, dont les gouvernements se réuniront en Alberta dans quelques semaines.
Quelle était la question qui divisait le plus ? Le commerce
-
L’ambiance était très pessimiste. Malgré la hausse des marchés en mai, on a l’impression que le monde démocratique, c’est-à-dire le monde du libre-échange, est de plus en plus divisé. Comme l’a déclaré un conférencier, « le commerce suit la géopolitique ».
-
L’Europe se replie sur elle-même et se concentre sur sa propre sécurité économique. Préparez-vous à davantage de politiques industrielles et d’investissements publics, ce qui ne favorisera pas le commerce.
-
Le Canada se trouve à la croisée des chemins : il doit réduire ses échanges commerciaux avec les États-Unis et accroître ses échanges avec d’autres marchés, alors même qu’il devient plus difficile de faire affaire avec ces derniers.
-
Une nouvelle ère de « multilatéralisme » prend forme, au cours de laquelle les négociations constantes et soutenues seront la norme.
-
Certains conférenciers américains ont exhorté les Canadiens à regarder au-delà des attaques de M. Trump, affirmant que le pays était en train de changer d’état d’esprit.
-
Mais pour l’instant, du moins, les États-Unis cherchent à jouer du coude, à l’américaine.
-
Le nouvel ambassadeur Pete Hoekstra présentera la semaine prochaine son premier rapport d’importance au président des États-Unis et soulignera les mesures « scandaleuses » prises par le Canada, comme le retrait des marques d’alcool américaines et l’interdiction de s’approvisionner auprès d’entreprises américaines.
-
On peut s’attendre à des échanges médiatiques entre M. Hoekstra, un ancien membre du Congrès du Michigan au franc-parler, et Doug Ford, le premier ministre de l’Ontario, qui n’a pas non plus la langue dans sa poche.
-
La nouvelle ministre de l’Industrie, Mélanie Joly, pourrait être amenée à compléter le groupe, alors que ces trois personnes s’efforceront d’éviter que le secteur automobile canado-américain ne subisse d’autres dommages.
-
Une suggestion : qu’ils se rencontrent sur le pont Gordie-Howe, en hommage à ce hockeyeur qui se servait de ses coudes comme personne pour parvenir à ses fins.
Comment les choses se présentent-elles en ce qui concerne le dossier Canada-États-Unis, qui est d’une importance capitale ?
M. Carney a clairement indiqué qu’il était le patron et qu’il dirigerait les relations entre le Canada et les États-Unis. Cela dit, son équipe jouera un rôle majeur dans la conclusion d’un nouvel accord économique et de sécurité.
Cinq principaux négociateurs : En choisissant les membres de sa principale équipe de négociation, composée de Dominic LeBlanc, Anita Anand, David McGuinty, François Philippe-Champagne et Gary Anandasangaree, M. Carney a opté pour des ministres chevronnés qui, collectivement, possèdent une influence et des relations considérables à Washington. On peut s’attendre à ce que Mélanie Joly, ministre de l’Industrie, se joigne à ce groupe, en raison de sa vaste expérience dans ce dossier, et du fait qu’elle mènera les négociations nationales avec des secteurs critiques, comme l’acier, l’aluminium et l’automobile. Plus discrètement, Lisa Jorgenson, récemment nommée par M. Carney au poste de conseillère principale pour les relations canado-américaines, apportera son expérience acquise dans les domaines de la sécurité publique et de la justice et fournira des conseils ainsi qu’une coordination en coulisses entre les différents niveaux politiques et bureaucratiques.
Remaniement du comité : Le comité Canada-États-Unis de M. Trudeau n’existe plus. Le groupe de travail « Un Canada sûr et souverain » est entré en fonction. Présidé par M. McGuinty et Mme Anand, ce nouveau groupe comprend quelques éléments remarquables. Maninder Sidhu, ministre du Commerce international, est chargé de diversifier les échanges commerciaux du Canada en diminuant la part des États-Unis, une promesse clé de M. Carney. Et Rebecca Chartrand, ministre des Affaires du Nord et de l’Arctique, représente un clin d’œil à l’importance de la sécurité dans l’Arctique, l’un des trois volets du pacte économique et de sécurité.
Remaniement diplomatique et bureaucratique : Les mandats de quelques ambassadeurs de premier plan (Kirsten Hillman à Washington, Ralph Goodale à Londres et Stéphane Dion à Paris) devraient bientôt prendre fin. M. Carney privilégiera probablement un mélange d’expérience, de relations et de poids politique, en particulier pour pourvoir le poste à Washington, car il ne sera pas facile de remplacer Mme Hillman, très respectée à Ottawa et à Washington. En ce qui concerne le secteur public, les bras droits de M. Carney au Bureau du Conseil privé seront le greffier John Hannaford et la sous-greffière Christiane Fox, qui possèdent tous deux une grande expérience des dossiers relatifs à la sécurité nationale, à l’énergie et au commerce. Un remaniement en profondeur de la fonction publique pourrait être envisagé, le premier ministre cherchant à obtenir des résultats à court terme.
La semaine en chiffres
7
Nombre de poursuites intentées contre Trump et son administration pour contester l’état d’« urgence » invoqué pour imposer des droits de douane en vertu de l‘International Economic Emergency Powers Act. Le Tribunal de commerce international des États-Unis (U.S. Court of International Trade) a tenu une première audience en début de semaine.
150
Nombre de pays qui, selon Trump, souhaitent négocier une entente. Faute de temps pour les rencontrer tous, son administration enverra dans les prochaines semaines des lettres à une liste de dirigeants pour leur dire simplement « ce qu’ils devront payer pour faire des affaires aux États-Unis ».
1 000
Produits marqués comme étant touchés par les droits de douane chez Loblaw. La chaîne d’épiceries prévoit que ce nombre atteindra 6 000 dans deux mois. Par ailleurs, Walmart, dont les bénéfices ont reculé au premier trimestre, a annoncé qu’il allait hausser ses prix aux États-Unis à cause des droits de douane.
60 millions
Nombre d’iPhones qu’Apple prévoit produire en Inde pour le marché américain. Lors de son voyage au Moyen-Orient, Donald Trump a critiqué le chef de la direction d’Apple (« J’ai eu un petit problème avec Tim Cook ») concernant la fabrication d’iPhones en Inde alors qu’il s’est engagé à investir 500 G$ US aux États-Unis.
Perspectives de Washington
Les détails du voyage de Donald Trump au Moyen-Orient donnent un aperçu de la manière dont les négociations commerciales en cours et à venir, y compris avec le Canada, pourraient se dérouler.
-
D’importantes dépenses pour les produits de défense américains : L’Arabie saoudite (142 G$ US) et le Qatar (3 G$ US) ont signé des contrats d’achat et d’approvisionnement de matériel de défense qui vont de la modernisation générale des systèmes d’information aux nouvelles capacités de défense aérienne et antimissile. Cette question revêt une importance particulière pour le Canada, étant donné que la Maison-Blanche a souvent critiqué les dépenses de défense du Canada. M. Trump pourrait utiliser l’accord entre les États-Unis et le Canada pour inciter ce dernier à atteindre plus rapidement la cible de 2 % des dépenses de défense au moyen d’accords avec des entreprises de défense américaines.
-
N’oublions pas les grandes sociétés technologies : M. Trump a annoncé un investissement de 20 milliards de dollars d’une entreprise saoudienne dans des centres de données d’IA et des infrastructures énergétiques connexes aux États-Unis. Pour sa part, le Qatar a promis 1 milliard de dollars pour une coentreprise de technologie quantique entre la société américaine Quantinuum et la société qatarie Al Rabban Capital. Les centres de données sont intéressants dans le contexte américano-canadien en raison du potentiel du Canada à devenir un partenaire solide (terrains disponibles, capacités en matière d’énergie renouvelable, températures plus fraîches).
3 questions… sur les négociations entre les États-Unis et la Chine
Avec Jasmine Duan, première stratégiste, Placements, RBC Gestion de patrimoine, à Hong Kong
Q. : Comment pensez-vous que les marchés et les économies asiatiques réagiront et se comporteront au cours de la fenêtre de négociation de 90 jours ?
R. : Nous observerons probablement un mélange d’optimisme et de volatilité. Les marchés pourraient chercher à obtenir des précisions sur l’accord, ce qui pourrait entraîner de la volatilité à court terme.
Q. : Quels sont les signaux que les investisseurs rechercheront ?
R. : Les investisseurs seront attentifs aux conditions finalisées entre les deux parties ainsi qu’aux concessions ou incitatifs offerts par chacune d’entre elles. Il serait bon que les négociations se concentrent sur des questions liées au commerce, telles que l’accès aux marchés et l’achat de marchandises, et non sur des sujets nationaux tels que le fentanyl ou la politique.
Le présent article vise à offrir des renseignements généraux seulement et n’a pas pour objet de fournir des conseils juridiques ou financiers, ni d’autres conseils professionnels. Le lecteur est seul responsable de toute utilisation des renseignements contenus dans le présent document, et ni la Banque Royale du Canada (« RBC »), ni ses sociétés affiliées, ni leurs administrateurs, dirigeants, employés ou mandataires respectifs ne seront tenus responsables des dommages directs ou indirects découlant de l’utilisation du présent document par le lecteur. Veuillez consulter un conseiller professionnel en ce qui concerne votre situation particulière. Les renseignements présentés sont réputés être factuels et à jour, mais nous ne garantissons pas leur exactitude et ils ne doivent pas être considérés comme une analyse exhaustive des sujets abordés. Les opinions exprimées reflètent le jugement des auteurs à la date de publication et peuvent changer. La Banque Royale du Canada et ses sociétés affiliées ne font pas la promotion, explicitement ou implicitement, des conseils, des avis, des renseignements, des produits ou des services de tiers.
Le présent document peut contenir des déclarations prospectives – au sens de certaines lois sur les valeurs mobilières – qui font l’objet de la mise en garde de RBC concernant les déclarations prospectives. Les paramètres, données et autres renseignements ESG (y compris ceux liés au climat) contenus sur ce site Web sont ou peuvent être fondés sur des hypothèses, des estimations et des jugements. Les mises en garde relatives aux renseignements présentés sur ce Site Web sont exposées dans les sections « Mise en garde concernant les déclarations prospectives » et « Avis important concernant le présent rapport » de notre Rapport climatique le plus récent, accessible sur notre site d’information à l’adresse https://www.rbc.com/notre-impact/rapport-citoyennete-dentreprise-rendement/index.html. Sauf si la loi l’exige, ni RBC ni ses sociétés affiliées ne s’engagent à mettre à jour quelque renseignement que ce soit présenté dans le présent document.