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Budget du Québec 2025 : un déficit record et un retour conditionnel à l’équilibre dans un avenir lointain
  • Le déficit budgétaire du Québec empirera et devrait atteindre un montant record de 13,6 milliards de dollars en 2025-2026, après un déficit légèrement réduit en 2024-2025 (10,4 milliards de dollars).

  • Le déficit budgétaire du Québec empirera et devrait atteindre un montant record de 13,6 milliards de dollars en 2025-2026, après un déficit légèrement réduit en 2024-2025 (10,4 milliards de dollars).

  • La province augmente son fonds de réserve pour éventualités et annonce un soutien de 5,4 milliards de dollars à l’innovation et à la revitalisation économique sur cinq ans, en partie pour se prémunir contre les chocs commerciaux.

  • Un examen des dépenses publiques a permis d’identifier des économies s’élevant à 3 milliards de dollars d’ici à l’exercice 2029-2030, en soutenant une réduction des dépenses corrigées de l’inflation au cours de la période de planification.

  • La province assouplit ses objectifs de réduction en repoussant celle-ci dans un avenir plus lointain alors que l’endettement s’accélère.



Le budget du Québec 2025 met l’accent sur la stimulation de la création de richesse et de l’innovation – des priorités à court et long termes, renforcées par la période actuelle de turbulences commerciales. Contrairement aux budgets précédents du gouvernement de la Coalition Avenir Québec, cette édition a privilégié des soutiens plus ciblés, notamment pour les entreprises, les soins de santé et l’éducation.

Malgré cette limitation du champ, le déficit québécois devrait atteindre 13,6 milliards de dollars en 2025-2026, soit le plus important déficit de son histoire (en valeur nominale). Ce déficit plus important reflète principalement l’augmentation des dotations au fonds de réserve pour éventualités et le report au 1er janvier 2026 des modifications du taux d’inclusion des gains en capital, une mesure à laquelle le gouvernement fédéral vient de renoncer.

Ce déficit accru fait suite à un déficit légèrement moindre de 10,4 milliards de dollars en 2024-2025. L’activité économique plus forte que prévu a permis d’augmenter les recettes au-delà des projections initiales, sans recourir au fonds de réserve pour éventualités.

Comme promis – et conformément aux exigences de la loi provinciale – le budget 2025 prévoit un plan de retour à l’équilibre d’ici 2029-2030. La réalisation de cet objectif repose en grande partie sur l’augmentation des transferts fédéraux et l’amélioration de l’assiette des revenus du Québec en renforçant le potentiel économique. Ces conditions peuvent s’avérer difficiles au vu du climat macroéconomique actuel. Quoi qu’il en soit, ce plan est toujours incomplet : un déficit de 2,5 milliards de dollars devrait persister au cours de l’exercice final.

Une croissance des recettes atténuée par les conditions économiques

La croissance des recettes devrait être faible en 2025-2026 (faible augmentation de 0,7 %). Les perturbations commerciales devraient freiner les exportations et le dynamisme économique général. Les hypothèses économiques de base du Québec sont conformes aux nôtres et supposent que les droits de douane imposés par les États-Unis seront en vigueur pendant environ deux ans et avoisineront en moyenne 10 %.

Un scénario de baisse prévoyant des droits de douane généralisés de 25 % est fourni à titre indicatif. Il se traduit par une contraction de 0,1 % du PIB en 2025 et un déficit plus important de 14,8 milliards de dollars en 2025-2026. Ce résultat reste toutefois limité grâce au fonds de réserve pour éventualités de 2 milliards de dollars que la province a mis de côté pour l’exercice.



Mesures de dépenses ciblées pour les entreprises, les soins de santé et l’éducation

Le budget 2025 témoigne d’un effort accru de maîtrise des dépenses. Les dépenses totales devraient augmenter de 2,5 milliards de dollars (1,5 %) au cours de l’exercice 2025-2026, ce qui représente une légère baisse après rajustement en fonction de l’inflation. Néanmoins, les dépenses d’un montant de 166 milliards de dollars restent bien supérieures aux recettes prévues, et contribuent ainsi à l’ampleur du déficit budgétaire.

Les nouvelles mesures de dépenses sont axées sur la stimulation de la création de richesse, le renforcement des soins de santé et l’amélioration de l’éducation (coûts associés respectifs de 5,4 milliards de dollars, 3,9 milliards de dollars et 1,1 milliard de dollars sur cinq ans). Ce montant comprend 4,1 milliards de dollars d’aide transitoire aux entreprises touchées par les droits de douane américains.

Le gouvernement prévoit également d’améliorer le Plan québécois des infrastructures (PQI) en lui attribuant 11 milliards de dollars (7 %). Les investissements en infrastructures s’établiront ainsi au total à 164 milliards de dollars sur dix ans. Ces fonds viseront à améliorer les soins de santé, l’éducation et les transports.

Le budget 2025 prévoit un montant élevé de 12,3 milliards de dollars de mesures supplémentaires sur cinq ans. Quoi qu’il en soit, puisque l’examen des dépenses publiques entamé l’année dernière a permis de dégager des économies de 3 milliards de dollars d’ici à l’exercice 2029-2030, l’impact net sur le résultat net du budget au cours de la période de planification budgétaire devrait s’élever à 9,3 milliards de dollars.

Les tensions persistantes exercées sur les revendications salariales du secteur public font peser un risque important sur les dépenses prévues, car les futurs accords pourraient dépasser les projections actuelles. De nouveaux retards ou l’annulation des modifications du taux d’inclusion des gains en capital constituent une incertitude supplémentaire pour les perspectives budgétaires.



La situation de l’endettement se détériore

Le budget 2025 indique une certaine détérioration de l’endettement de la province en ce qui concerne la majeure partie du plan budgétaire. Et ce, malgré une croissance plus forte que prévu en 2024 qui a amélioré la situation à court terme. On s’attend maintenant à ce que le fardeau de la dette du Québec atteigne 38,7 % en 2025-2026 et continue d’augmenter pour culminer à 41,9 % en 2027-2028. Ce niveau est à peine inférieur à celui de 43,1 % enregistré pendant la pandémie, lorsque les plans de relance et la faible croissance économique ont augmenté le fardeau de la dette.

L’endettement québécois relativement élevé reste une vulnérabilité, car il limite la marge de manœuvre budgétaire de la province pour répondre à des chocs inattendus, y compris les tensions commerciales actuelles avec les États-Unis.

La détérioration de la situation financière provinciale pourrait également susciter l’attention des agences de notation, qui ont émis des mises en garde contre le budget de l’année dernière. Un abaissement de la notation rendrait le service de la dette plus coûteux pour le Québec, un poste qui devrait déjà absorber des dépenses de près de 10 milliards de dollars en 2025-2026.



Rachel Battaglia est économiste à RBC. Elle est membre du groupe d’Analyse macroéconomique et régionale, et fournit des analyses sur les perspectives macroéconomiques provinciales ainsi que des commentaires sur le budget.

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