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Le point d’équilibre de l’emploi diminue aux États-Unis
  • Nous estimons que le point d’équilibre de l’emploi se situe maintenant autour de 40 000 postes par mois pour 2025, un niveau nettement inférieur à notre estimation de 100 000 pour 2024. Cette révision reflète une politique d’immigration plus restrictive et une importante vague de départs à la retraite. Dans les faits, la création d’emplois peut ralentir considérablement aux États-Unis, bien que le taux de chômage demeure stable et que le marché du travail n’a jamais été aussi tendu.

  • Au cours des prochaines années, si la politique d’immigration reste stricte, nous pourrions en arriver au point où des suppressions d’emplois se produisent mois après mois (croissance négative de l’emploi), sans que le taux de chômage augmente.

  • Bien que les facteurs structuraux aient entraîné une baisse du point d’équilibre de l’emploi, nous observons quand même un affaiblissement cyclique du marché du travail et nous nous attendons à ce que le taux de chômage monte à 4,5 % d’ici la fin de l’année. Malgré tout, le marché du travail n’a jamais été aussi tendu, ce qui limitera le déclin de la croissance des salaires et empêchera les faiblesses cycliques de nuire trop fortement aux dépenses de consommation, tout en contribuant à éviter une récession de l’économie américaine.

Le contexte actuel du marché américain du travail n’a rien de statique. Compte tenu de la faible croissance de l’emploi dans les secteurs cycliques, il est évident que le marché du travail a atteint un tournant. Parallèlement, le vieillissement de la population stimule la demande de main-d’œuvre dans le secteur des soins de santé (non tributaire des cycles), qui représente maintenant la majeure partie des emplois créés. Cela dit, les gains importants du secteur des soins de santé éclipsent le manque de vigueur observé dans les secteurs tributaires des échanges commerciaux, comme le commerce de gros, le commerce de détail et la fabrication. De plus, une vague record de départs à la retraite conjuguée au resserrement des politiques d’immigration a entraîné une contraction de la population active. Le point à retenir est que l’économie américaine doit créer moins d’emplois puisque la main-d’œuvre est moins nombreuse. 

 Dans ce contexte, il est devenu plus difficile de dire quand les données sur l’emploi non agricole sont satisfaisantes. C’est à cet égard que le concept de point d’équilibre est essentiel. Le point d’équilibre de l’emploi correspond au nombre d’emplois qui doivent être créés chaque mois aux États-Unis pour que le taux de chômage reste stable. Si le nombre d’emplois créés y est inférieur, le taux de chômage augmentera. À l’inverse, s’il est plus élevé, le taux de chômage diminuera. En ayant une estimation du point d’équilibre, nous pouvons déterminer si le rapport mensuel sur l’emploi non agricole est « bon » ou « mauvais ». 

Mais à l’instar du taux neutre dont parle la Réserve fédérale, le point d’équilibre de l’emploi n’est pas facile à définir et évolue au fil du temps. En fait, avant la révision préliminaire des valeurs de référence publiée début septembre, nous avions supposé que le point d’équilibre était d’environ 100 000 postes. À présent, nous estimons qu’il est sans doute nettement inférieur à cela. Les révisions, qui sont fondées sur les données plus fiables (mais décalées) du recensement trimestriel de l’emploi et des salaires, permettent d’avoir une meilleure idée des embauches mensuelles. Avant ces révisions, la plupart des économistes avaient l’impression que les gains mensuels moyens d’environ 100 000 postes relevés au premier semestre étaient suffisants pour maintenir le taux de chômage à 4,2 %. Or, les révisions montrent que la croissance de l’emploi aux États-Unis est tombée bien en deçà de ce niveau (moyenne sur 3 mois d’environ 30 000). Comme le taux de chômage n’a pas changé malgré ces révisions, le point d’équilibre à court terme est probablement beaucoup plus bas que nous le pensions auparavant. Selon nos propres calculs, le point d’équilibre actuel (à court terme) de l’emploi se situe vraisemblablement à 40 000. Ce nombre est inférieur au point d’équilibre à long terme estimé par la Réserve fédérale de San Francisco, qui le situe dans une fourchette de 70 000 à 100 000 $ pour 2024.



Le point d’équilibre à court terme est actuellement inférieur au point d’équilibre à long terme, et ce, pour plusieurs raisons :

1)    Le raz-de-marée démographique que représentent les départs à la retraite des baby-boomers entraîne une diminution de la population en âge de travailler (et, par conséquent, de la main-d’œuvre). 

2)     La politique d’immigration restrictive limite la capacité à neutraliser le vieillissement de la population.

  • Dans de nombreux pays, l’immigration a permis de freiner ce vieillissement. Le tour de vis donné à cet égard au début de 2025 exacerbe la diminution de la population active attribuable aux départs à la retraite.

  • Si la politique d’immigration reste stricte, nous pourrions en arriver au point où les États-Unis enregistrent des suppressions d’emplois mois après mois (croissance négative de l’emploi), sans que le taux de chômage augmente. En fait, le taux de chômage n’augmentera pas tant que la diminution du nombre de personnes employées reste moins rapide que celle de la population active.

3)     Le taux d’inscription aux universités est élevé, de sorte qu’un grand nombre de jeunes n’ont toujours pas intégré la population active.

  • Une baisse des inscriptions aux universités pourrait se traduire par une hausse de la population active (quoique cela ne changerait probablement pas le taux de participation des personnes d’âge mûr, puisque les étudiants ont généralement moins de 25 ans). Le point d’équilibre serait alors plus élevé. À l’inverse, si les étudiants sont plus nombreux, la main-d’œuvre disponible baisse, de même que le point d’équilibre, étant donné que les étudiants à temps plein ne peuvent pas travailler à temps plein.


Dans un contexte où l’offre de main-d’œuvre est limitée et où le point d’équilibre de l’emploi est peu élevé, et même si nous nous attendons à ce que la création d’emplois continue de ralentir aux États-Unis, il faut analyser les données mensuelles sur l’emploi non agricole sous un nouvel angle.

Dans un contexte où l’offre de main-d’œuvre est limitée et où le point d’équilibre de l’emploi est peu élevé, et même si nous nous attendons à ce que la création d’emplois continue de ralentir aux États-Unis, il faut analyser les données mensuelles sur l’emploi non agricole sous un nouvel angle.

Par conséquent :

Si la création d’emplois non agricoles est inférieure à 50 000 par mois, ce sera moins grave que lors des cycles précédents. Comme nous prévoyons que la faiblesse se généralisera dans les secteurs qui dépendent des échanges commerciaux et qu’elle entraînera probablement une baisse de la demande globale par la suite, les données sur l’emploi non agricole pourraient ne pas être très bonnes dans les mois à venir. Il importe toutefois de tenir compte du contexte. Comme le point d’équilibre a baissé, le nombre d’emplois qui devraient être créés chaque mois diminue.


On ne peut donc plus utiliser l’emploi non agricole à titre d’indicateur cyclique, comme on le faisait auparavant.
Étant donné que le point d’équilibre actuel reste incertain (car les niveaux réels d’immigration ne sont pas connus) et que l’emploi est de moins en moins cyclique, la croissance de l’emploi n’est pas, à elle seule, un indicateur des revirements du marché du travail. Nous devons plutôt faire abstraction de la croissance non cyclique de l’emploi pour prendre en compte les gains dans les secteurs cycliques. 

La croissance des salaires s’accélérera. Dans un marché du travail qui demeure structurellement tendu, malgré une baisse des gains de l’emploi non agricole, la croissance des salaires restera soutenue, puisque les entreprises se font concurrence face à une offre restreinte de main-d’œuvre. La croissance des salaires devrait continuer de surpasser celle observée lors des pénuries de main-d’œuvre d’avant la pandémie, étant donné que les départs à la retraite atteindront bientôt un sommet. 




À propos des auteurs

Mike Reid est économiste principal, États-Unis, à RBC. Il est chargé d’établir les perspectives économiques de RBC pour les États-Unis, de commenter les indicateurs macroéconomiques et de rédiger des analyses concernant le contexte économique.

Carrie Freestone fait partie du groupe d’analyse macroéconomique et est responsable d’examiner les principales tendances économiques, notamment les dépenses de consommation, les marchés du travail, le PIB et l’inflation.


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