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Cette semaine aux États-Unis : l’emploi face à la baisse de la demande et de l’offre de travailleurs

Il est probable que le marché de l’emploi se soit encore affaibli en août. Nous pensons que les données continueront de signaler une baisse de la demande cyclique et de l’offre structurelle de travailleurs. Ces tendances confortent notre estimation d’un gain modéré, mais non gelé, de 64 000 emplois en août, et tout comme le mois dernier, les révisions continueront d’alimenter la volatilité. Nous prévoyons une hausse du taux de chômage à 4,2 %.

Dans l’ensemble, nous prévoyons toujours que le taux de chômage se rapprochera de 4,6 % au premier trimestre de 2026 et que la faiblesse cyclique du marché du travail incitera la Réserve fédérale à entamer des baisses de taux (notre scénario de base prévoit que la première baisse aura lieu en décembre). À la lumière des données historiques, néanmoins, un sommet du taux de chômage à 4,6 % supposerait une capacité excédentaire très limitée sur le marché de l’emploi aux États-Unis, reflétant la contradiction entre un ralentissement économique et un plancher structurel au-dessous duquel le marché de l’emploi ne peut pas s’affaisser.

Pour bien comprendre les répercussions, nous scruterons ce prochain rapport sur l’emploi dans le secteur non agricole sous quatre angles :

  • L’économie américaine a besoin de moins d’emplois, car la population active continue de diminuer sous l’effet de la vague de départs à la retraite et du ralentissement de l’immigration. À l’heure actuelle, nous estimons que le seuil d’équilibre de la croissance de l’emploi se situe à 100 000 emplois environ. Autrement dit, ce gain suffirait à maintenir le taux de chômage à un niveau stable tout en évitant une accumulation de capacités excédentaires. Il est peu probable que cette barre soit atteinte en août, où le taux de chômage pourrait légèrement grimper à 4,3 %. Si nos prévisions sont justes, le mois d’août marquera le quatrième mois consécutif d’une croissance de l’emploi inférieure au seuil d’équilibre, ce qui signifie un ralentissement cyclique du marché de l’emploi qui mérite d’être surveillé. 

  • La croissance de l’emploi demeure axée sur les secteurs non cycliques, particulièrement les soins de santé et les services sociaux qui ont généré 80 % de la croissance de l’emploi en moyenne au cours des six derniers mois. En effet, la demande structurelle attribuable au vieillissement de la population (paradoxalement, l’accélération des départs à la retraite freine l’offre) masque un affaiblissement cyclique plus profond. Par conséquent, il sera important de faire la distinction entre ces deux composantes dans la prochaine publication (et dans les rapports suivants) (voir graphique).

  • Les secteurs sensibles au commerce international perdent des emplois. Le ralentissement observé dans les derniers rapports a essentiellement touché la manufacture, le commerce de gros et les services professionnels et aux entreprises (où le travail temporaire représente une part importante de l’emploi et est souvent utilisé pour pourvoir des postes de remplacement dans le secteur manufacturier). Comme nous l’avons vu dans notre Cadre de transmission : Répercussions des droits de douane sur l’économie américaine, les importateurs ont le choix entre répercuter les coûts liés aux droits de douane sur les consommateurs ou les « absorber » en réduisant d’autres coûts comme la main-d’œuvre. Le premier choix se reflète dans les données sur l’inflation, et la deuxième solution se traduit par des pertes d’emplois dans les secteurs tributaires du commerce international.

  • La croissance des salaires ralentit, mais demeure en territoire légèrement positif. Le déclin constant des taux de participation à la population active est un facteur qui devrait soutenir la croissance des salaires (l’un des meilleurs moteurs de l’inflation des services à moyen terme). Nous prévoyons une augmentation de 0,3 % d’un mois sur l’autre en août, ce qui porterait la croissance de la rémunération horaire moyenne à 3,7 % sur 12 mois. Bien que ce taux marque une modération par rapport aux sommets précédents, il demeure supérieur à la moyenne d’avant la pandémie, et nous pensons que la tendance persistera. Les données sur le revenu personnel de juillet ont également montré une accélération des salaires, avec notamment une mesure distincte des salaires et des traitements en hausse de 0,6 % sur un mois (5,3 % sur 12 mois). 



La prochaine semaine sera également marquée par la publication des demandes d’assurance-chômage hebdomadaires et par les résultats de l’enquête JOLTS. Par conséquent, une grande partie de l’attention sera portée sur le volet d’assouplissement du mandat de la Réserve fédérale. Notre plus grande préoccupation concerne toujours l’inflation, mais les chiffres de l’IPP de l’IPC n’arriveront que la semaine suivante. 

  • Nous estimons que les demandes d’assurance-chômage initiales se montreront relativement stables à 231 000 la semaine prochaine, avec une hausse des demandes continues, ce qui indiquerait que le marché de l’emploi s’essouffle, mais ne s’effondre pas.  

  • La balance commerciale penchera sans doute vers un élargissement du déficit (à 77,6 G$), étant donné le bond des importations de fournitures industrielles constaté dans les données avancées de la balance commerciale des biens du Bureau du recensement. Les données sur les biens nous ont déjà enseigné que les distorsions sont plus prononcées dans le contexte actuel, et nous continuerons à surveiller ce point. 

  • Enquête sur les offres d’emploi et le roulement de la main-d’œuvre (enquête JOLTS). Il s’agit d’un indicateur tardif dont le taux de réponse est en déclin, mais il donne des indications sur la dynamique de faible embauche/faibles mises à pied et sur le nombre toujours élevé de postes vacants aux États-Unis (ce qui laisse penser, encore une fois, que les véritables problèmes se jouent du côté de l’offre dans le marché de l’emploi américain). Néanmoins, le marché de l’emploi connaît un vrai ralentissement. Nous anticipons 7 225 000 postes vacants en juillet, soit un recul de près de 3 % par rapport au mois précédent.  

  • Le rapport d’ADP attendu jeudi sera au centre de l’attention, en attendant la publication du rapport sur les emplois non agricoles. Soulignons que l’échantillon d’ADP diffère de celui de l’emploi dans le secteur non agricole, car il contient uniquement des sociétés fermées avec un accent sur les grandes entreprises. Par conséquent, le rapport d’ADP et celui de l’emploi dans le secteur non agricole présentent souvent des différences de direction et d’ampleur.  

  • La semaine débutera par les résultats de l’indice PMI de l’industrie manufacturière de l’ISM (PMI) mardi. Au cours des derniers mois, nous avons constaté une détérioration notable de la confiance des sociétés, lesquelles évoquent le poids des droits de douane et un sentiment d’incertitude qui devrait persister cette semaine. Il est important de noter que nous surveillons l’épuisement des stocks, car ce facteur pourrait grandement influer sur le moment où les pressions sur les prix (ou les mises à pied) liées aux droits de douane se feront sentir.


À propos des auteurs

Frances Donald est l’économiste en chef de RBC et supervise une équipe de professionnels de premier plan, qui fournissent des analyses et des informations économiques pour informer les clients de RBC dans le monde entier. Frances est une experte clé sur les questions économiques et est très recherchée par les clients, les dirigeants gouvernementaux, les décideurs et les médias aux États-Unis et le Canada.

Carrie Freestone fait partie du groupe d’analyse macroéconomique et est responsable d’examiner les principales tendances économiques, notamment les dépenses de consommation, les marchés du travail, le PIB et l’inflation.


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