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La Fed continue d’attendre et de voir

Comme prévu, la Fed a maintenu ses taux d’intérêt inchangés lors de sa réunion de mai. Bien que son message n’ait guère changé, sa déclaration a été légèrement modifiée, soulignant l’incertitude croissante qui entoure ses deux mandats : les risques d’inflation s’intensifient suite à la mise en œuvre de droits de douane [plus élevés que prévu] et les risques de chômage augmentent alors que l’économie montre des signes de ralentissement. La Fed a néanmoins exprimé sa confiance en sa politique actuelle, dans l’attente des effets des mesures commerciales sur l’économie au cours des prochains mois.

« […] comme nous l’avons indiqué dans notre communiqué, nous avons estimé que les risques d’une hausse du chômage et de l’inflation ont augmenté, par rapport à mars bien sûr… Je pense qu’il existe une grande incertitude, par exemple, quant à l’issue des politiques douanières et, lorsqu’elles seront définitivement adoptées, leurs répercussions sur l’économie, la croissance et l’emploi… En fin de compte, nous estimons que notre taux directeur est bien adapté dans l’attente d’une plus grande clarté sur les droits de douane et, à terme, sur leurs répercussions sur l’économie. »

La Fed a exprimé une grande incertitude, car la politique commerciale n’est toujours pas claire

Il est intéressant de noter que M. Powell reste très évasif quant à savoir quel aspect du double mandat aura le plus de poids. Si ces deux aspects sont effectivement en tension, la Fed examinera dans quelle mesure ils s’écartent de leurs objectifs respectifs et dans quel délai ces écarts pourront être comblés. Pour l’instant, la Fed n’a toutefois donné aucune indication sur la teneur ni la date de sa prochaine décision, car elle continue de surveiller les données économiques. Les signaux contradictoires que nous observons dans les dernières données objectives constituent un défi de taille : les révisions à la baisse des chiffres de l’emploi pour février et mars suggèrent un ralentissement du marché du travail, mais le taux de chômage s’est maintenu à 4,2 %. La croissance du PIB global a été négative (principalement en raison des opérations en avance sur le marché liées aux droits de douane), mais la vigueur des achats finaux intérieurs du secteur privé a laissé entrevoir une résilience des consommateurs américains. Pour l’instant, la Fed continuera d’attendre et de voir comment l’économie évoluera pendant les négociations commerciales, comme l’a déclaré M. Powell : « Nous ne savons pas vraiment quelle sera la bonne réponse à ces données tant que nous n’en aurons pas davantage. »

Cependant, la confiance actuelle de la Fed présente un risque qu’elle prenne du retard

Malgré les incertitudes importantes évoquées par le président Jerome Powell concernant le calendrier, la portée, l’ampleur et la persistance des effets des droits de douane, il a continué d’affirmer que la Fed était « […] bien placée pour attendre davantage de clarté avant de procéder à des ajustements ». Même si cette position peut sembler raisonnable à court terme, nous anticipons que les effets des droits de douane commenceront bientôt à se refléter dans les données sur l’inflation, tandis que la détérioration de la croissance et la faiblesse du marché du travail s’ensuivront avec un certain décalage. Une patience excessive pourrait entraver les progrès de la Fed vers ses objectifs. M. Powell a lui-même reconnu qu’une inflation plus élevée et des risques de hausse du chômage pourraient compromettre le scénario d’un atterrissage en douceur. Si le FOMC tarde trop à réagir, il risque de nuire aux progrès accomplis pour revenir aux objectifs fixés. Nous craignons donc que l’approche actuelle de M. Powell, qui consiste à attendre et voir, n’entraîne des risques plus importants à long terme si l’inflation ou le chômage augmentent plus rapidement que prévu.

« Regardez l’état de l’économie. Le marché du travail est solide. L’inflation est faible. Nous pouvons nous permettre d’être patients et d’attendre que les choses se précisent. À ce stade, il n’y a pas de coût réel à notre attente. »

Ce que nous surveillons dans les prochains mois

Pour l’instant, nous continuons de surveiller les drapeaux jaunes apparus à la suite des annonces douanières d’avril, notamment la hausse des anticipations inflationnistes, la morosité des données sur la confiance des consommateurs et l’endettement croissant des ménages, aggravé par le poids des prêts étudiants. Selon nos dernières prévisions, qui tablent sur le maintien des droits de douane élevés, l’économie devrait évoluer vers un scénario de stagflation : nous anticipons une inflation de base supérieure à 4,0 % et un taux de chômage pouvant atteindre 4,8 % d’ici la fin de l’année. La question sera de savoir quel mandat la Fed choisira de remplir. Selon M. Powell, « c’est une question très difficile. Il peut arriver qu’un objectif soit très éloigné, qu’une variable soit très éloignée de son objectif, beaucoup plus éloignée que l’autre, et dans ce cas, il faut se concentrer sur celle-ci. » Nous supposons que ce sera le mandat relatif à l’emploi, car nous prévoyons que la Fed entamera un cycle de baisse des taux d’ici septembre.



Mike Reid est premier économiste, États-Unis, à RBC. Il est chargé d’établir les perspectives économiques de RBC pour les États-Unis, de commenter les indicateurs macroéconomiques et de rédiger des analyses concernant le contexte économique.

Carrie Freestone fait partie du groupe d’analyse macroéconomique et est responsable d’examiner les principales tendances économiques, notamment les dépenses de consommation, les marchés du travail, le PIB et l’inflation.

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