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Perspectives économiques du Canada : Le vent tourne alors que diminue la menace d’escalade des droits de douane

Perspectives canadiennes

Jusqu’à présent, l’année 2025 a été rude pour le Canada. Dans un contexte de choc commercial et d’incertitude persistante, les perspectives de croissance de l’économie sont beaucoup plus sombres que ce que la plupart des prévisionnistes prévoyaient il y a un an.

Le taux de chômage poursuit son ascension, la confiance des consommateurs s’est effondrée au printemps et l’investissement des entreprises demeure hésitant. Les marchés du logement ont vacillé dans plusieurs régions du pays, malgré les fortes réductions de taux d’intérêt réalisées par la Banque du Canada.


En même temps, les défis structurels propres au pays restent présents. Le manque de vigueur de l’investissement des entreprises continue d’aggraver le retard de productivité qui pénalise le pays depuis des décennies. En outre, la réduction de l’immigration signifie que le pays ne bénéficiera plus de l’expansion démographique dans la même mesure que ces dernières années.

Les risques de ralentissement sont manifestes, et ils dominent le discours économique canadien depuis des mois. Par ailleurs, le répit de 90 jours dans la mise en œuvre des droits de douane réciproques les plus sévères dont menacent les États-Unis, qui a été accordé en avril, devrait prendre fin début juillet.


Pourtant, même si la trajectoire économique du Canada demeure semée d’embûches, elle semble beaucoup moins périlleuse qu’il y a quelques mois, une réalité qui n’a pas encore imprégné l’esprit des Canadiens.

En effet, comparativement aux sombres perspectives du mois dernier, plusieurs points positifs pour l’économie méritent d’être soulignés. Tandis que les retombées commerciales sont devenues gérables, nous bénéficions d’une certaine souplesse en matière de politique monétaire, d’une bonne capacité budgétaire et d’avantages stratégiques dans le secteur des ressources.

À cet égard, cinq événements récents se sont avérés plus positifs que prévu.

1. La plupart des exportations canadiennes ont été exemptées de droits de douane américains plus sévères

Le Canada, qui était dans la ligne de mire de la politique commerciale des États-Unis en février et en mars, s’est vu attribuer en avril le taux de droits de douane le plus bas parmi tous les principaux partenaires commerciaux de ce pays.

Certains produits, dont l’acier et l’aluminium et le contenu non américain des véhicules automobiles finis, restent assujettis à des droits de douane américains importants. Toutefois, l’exemption générale accordée début mars aux importations américaines de produits canadiens visés par l’accord de libre-échange ACEUM constitue un excellent bouclier contre les droits de douane pour la plupart des exportations canadiennes.

Selon nos estimations, 86 % des exportations canadiennes vers les États-Unis l’an dernier seraient encore exonérées de droits de douane en vertu des règles actuelles. En avril, le Bureau de recensement des États-Unis a indiqué que près de 90 % des importations américaines en provenance du Canada demeuraient exemptées de droits de douane et que le taux effectif moyen des droits de douane sur les produits importés du Canada était de 2,3 %. Bien qu’en nette hausse par rapport à pratiquement zéro en janvier, ce taux reste le plus bas parmi tous les principaux partenaires commerciaux des États-Unis.



2. Les données objectives sur les dépenses ont mieux tenu le coup que les mesures subjectives de la confiance

Les sondages sur la confiance des consommateurs au Canada – que l’on qualifie parfois de données économiques « subjectives », parce qu’ils traduisent davantage l’humeur des ménages que leurs dépenses réelles – ont chuté à des creux records en mars, alors que les tensions commerciales avec les États-Unis s’intensifiaient. S’il s’agissait du seul indicateur dont nous disposions, il indiquerait clairement que l’économie se trouvait alors en récession.

En revanche, les données sur les dépenses réelles n’ont pas reflété l’ampleur de cette faiblesse. Certes, les données économiques n’ont pas toutes été solides : l’emploi a reculé dans les secteurs tributaires des échanges commerciaux, comme la fabrication et le transport. Les dépenses de consommation sont toutefois restées relativement robustes dans leur ensemble. Le taux de chômage a augmenté, mais les offres d’emploi affichées sur Indeed.com ont donné des signes de stabilisation en mai.

3. La Banque du Canada a de la marge de manœuvre pour réduire les taux au besoin

La Banque du Canada a commencé à réduire les taux d’intérêt bien avant bon nombre de ses pairs, et elle prévoit déjà un important assouplissement de 225 points de base de sa politique monétaire. Cette politique devrait voir son impact s’intensifier au fil du temps, à mesure que les baisses de taux se répercuteront dans l’économie.

Nous pensons que le cycle de réduction des taux de la banque centrale tire à sa fin et nous n’attendons pas de nouvelles réductions. Cela dit, tout dépendra de la croissance économique et de la stabilisation des marchés du travail. Si la Banque du Canada souhaitait ou devait intervenir, les données sur l’inflation lui donnent de la marge de manœuvre pour le faire.

La Banque du Canada s’est montrée préoccupée par l’inflation plus élevée que prévu en avril. Toutefois, fait important, cette hausse-surprise semble davantage attribuable à la résilience des dépenses de consommation, en particulier dans les services discrétionnaires non liés au logement, qu’à l’incidence des droits de douane.

En outre, nous pensons que les droits de douane de rétorsion imposés par le Canada auront une incidence limitée sur l’inflation, ce qui signifie que la politique monétaire du pays conservera suffisamment de souplesse pour assurer son rôle traditionnel de filet de sécurité pour l’économie. La banque centrale devra tenir compte du soutien additionnel qui pourrait émaner des dépenses publiques (voir ci-dessous), mais dans l’ensemble, elle dispose d’une marge de manœuvre suffisante pour réduire davantage les taux d’intérêt au cas où le besoin se ferait sentir.

4. Capacité budgétaire et avantages stratégiques

Le Canada dispose de deux sources de soutien budgétaire qui constituent des facteurs favorables méritant d’être suivis de près.

Premièrement, comme nous l’avons indiqué ici, le Canada conserve une bonne capacité de protection contre les chocs économiques, au besoin, quel que soit le contexte politique. La dette publique nette est encore relativement faible par rapport à celle d’autres économies avancées. C’est un peu moins vrai si nous comparons cette dette à celle des économies notées AAA, dont le nombre ne cesse de décliner, mais le gouvernement fédéral aussi bien que les gouvernements provinciaux se sont déclarés prêts à intervenir au besoin pour soutenir les secteurs frappés par la situation des échanges internationaux.

Cette marge de manœuvre budgétaire fournit à l’économie un important filet de sécurité qui ne doit pas être sous-estimé, surtout en comparaison avec les autres économies mondiales (dont les États-Unis). Cela marque une évolution par rapport au début de l’année, où le Canada semblait être le seul pays confronté à la nécessité d’amortir un choc commercial. Aujourd’hui, les autres pays sont engagés dans une expansion budgétaire qui aide à maintenir la situation budgétaire relative du Canada.

Le nouveau gouvernement fédéral du Canada n’a pas encore présenté son plan de dépenses officiel, mais plusieurs initiatives susceptibles de soutenir la croissance en 2025-2026 ont été amorcées. Des mesures visant à abaisser les barrières du commerce interprovincial pourraient porter des fruits à long terme, contribuant à soutenir l’investissement et la croissance de la productivité. Des reports d’impôt, des programmes de prêts et des mesures d’assurance-emploi ont été déployés pour aider les secteurs sensibles au commerce international à surmonter des perturbations à court terme. Et maintenant, les mesures annoncées en faveur de la défense pourraient fortement stimuler la croissance en 2026.

Deuxièmement, le choc commercial provoqué par les États-Unis a attiré l’attention du monde entier sur les besoins de l’économie mondiale à l’avenir, ainsi que sur les pays les mieux outillés et les mieux placés pour y répondre. Les secteurs canadiens des ressources – agriculture, énergie et minéraux critiques – sont de mieux en mieux placés pour répondre aux besoins de l’économie mondiale, particulièrement à un moment où le Canada cherche à accroître ses investissements dans l’IA et les données, ainsi que ses dépenses de défense. Le moment est bien venu pour le Canada d’investir dans son économie intérieure pour répondre à ses besoins, mais c’est peut-être aussi une occasion pour ses partenaires mondiaux de prendre conscience des occasions offertes par le pays.

5. Résilience de la croissance américaine et exceptionnalisme des États-Unis

Les exportateurs canadiens semblent relativement moins visés par des droits de douane spécifiques imposés par les États-Unis, mais ils restent dépendants du rendement de l’économie américaine, particulièrement dans le secteur manufacturier qui est fortement intégré.

Cette situation a généré un problème pour le Canada au lendemain du « jour de la libération », le 2 avril. Les droits de douane mondiaux généralisés imposés par les États-Unis à tous leurs partenaires commerciaux ont accru le risque d’une récession aux États-Unis et, par conséquent, au Canada. Cela dit, l’apaisement de la situation liée aux droits de douane américains laisse désormais entrevoir une croissance lente, mais résiliente, aux États-Unis, ce qui améliore en même temps les perspectives du Canada.

Cependant, la résilience des États-Unis semble principalement attribuable au déficit budgétaire exceptionnellement élevé du gouvernement et aux dépenses des ménages consacrées à des services comportant peu d’éléments en provenance directe du Canada.

Dans le secteur industriel américain, où les liens commerciaux sont beaucoup plus étroits, l’emploi manufacturier a diminué de 0,7 % sur 12 mois en mai. Par ailleurs, les données préliminaires sur les offres d’emploi montrent que la demande de main-d’œuvre continue de fléchir, alors que les droits de douane élevés imposés à la plupart des autres pays font augmenter les coûts et accentuent l’incertitude.

Malgré tout, nous ne prévoyons pas de récession aux États-Unis cette année, ce qui est une bonne nouvelle pour les exportateurs canadiens, dont la plupart peuvent encore accéder au marché américain en franchise de droits de douane.


Aperçu provincial

L’approche ciblée des États-Unis en matière de droits de douane sur les exportations canadiennes devrait avoir des répercussions variables sur les économies des provinces, avec une incidence particulièrement marquée dans les provinces du centre du Canada axées sur la manufacture. Si les droits de douane sur l’acier et l’aluminium demeurent élevés, ils accentueront les pressions actuelles, surtout en Ontario (où la croissance attendue est de 1,3 % cette année) et au Québec (1,3 %). Le Manitoba (1,2 %) et le Nouveau-Brunswick (1,2 %) devraient aussi rester à la traîne de la moyenne nationale, en raison de leur sensibilité au commerce international.

Nous pensons que les économies provinciales les plus dépendantes des ressources conserveront leur position de chef de file, avec Terre-Neuve (2,6 %), l’Alberta (2,4 %) et la Saskatchewan (2,2 %) toujours en tête du peloton, grâce à l’opérationnalisation des infrastructures énergétiques importantes – ce qui créera des occasions d’exportation au-delà des marchés américains traditionnels.

Par ailleurs, la diversification des exportations et la vigueur des ressources naturelles constituent un filet de protection pour l’économie de la Colombie-Britannique (1,2 %), mais il est probable que le recul de l’investissement dans les secteurs de la construction et de l’immobilier entrave l’accélération de la croissance cette année.

Les taux de croissance de l’Île-du-Prince-Édouard (1,7 %) et de la Nouvelle-Écosse (1,6 %) sont sur une voie de modération, mais demeurent supérieurs à la moyenne nationale, tandis que les importants investissements publics offrent une protection contre les tensions commerciales le ralentissement de la croissance démographique.

Real GDP growth

Source: Statistics Canada, RBC Economics


COLOMBIE-BRITANNIQUE – Le repli de la construction assombrit les perspectives

La croissance économique de la Colombie-Britannique devrait demeurer relativement stable par rapport à 2024. L’effondrement de l’activité immobilière et des investissements dans la construction suscite de vives inquiétudes qui s’ajoutent aux retombées des tensions commerciales. Nous avons donc légèrement abaissé notre prévision de croissance pour 2025 qui passe de 1,5 % à 1,2 %.

Les exportations ont commencé l’année 2025 en force, enregistrant une hausse temporaire en janvier, avant l’imposition anticipée des droits de douane américains. Elles ont toutefois chuté depuis, la demande au sud de la frontière ayant faibli face à l’adoption par le gouvernement américain d’une politique commerciale plus protectionniste. L’installation d’exportation de gaz naturel liquéfié à Kitimat, bientôt opérationnelle et stratégiquement située pour accroître les exportations vers l’Asie, pourrait aider à compenser les évolutions défavorables du commerce.

Les ventes au détail se sont elles aussi redressées : elles ont augmenté de 6,1 % sur 12 mois au premier trimestre (données désaisonnalisées). Notre suivi des dépenses des titulaires de cartes RBC indique une vigueur soutenue en avril et mai, les récentes baisses de taux libérant la demande accumulée. Les dépenses par habitant ont maintenant inversé leur tendance et dépassent celles de la plupart des autres provinces, marquant un tournant par rapport à ce qui avait été l’une des plus fortes baisses des dépenses à l’échelle nationale.

Les salaires continuent d’augmenter malgré la hausse du taux de chômage, qui approche d’un sommet cyclique, selon nous. Les pertes d’emplois se sont concentrées dans les secteurs des ressources naturelles, tributaires du commerce et ébranlés par l’évolution des politiques commerciales. En revanche, l’exploitation du terminal d’exportation de GNL à Kitimat, qui est presque achevé, et l’exonération des droits de douane en vertu de l’ACEUM sont avantageuses pour le secteur. La solide croissance des salaires, combinée à un rebond du tourisme intérieur, devrait soutenir le dynamisme des dépenses de consommation au cours des prochains mois.

Les dépenses accrues ne se traduisent toutefois pas par des investissements plus importants, notamment dans le logement. L’incertitude entourant les échanges commerciaux a fait dérailler la reprise du marché du logement : les reventes ont chuté de 12 % sur 12 mois, ce qui a largement annulé les gains réalisés à l’automne. 

L’activité immobilière morose a contribué aux difficultés dans le secteur de la construction. Les mises en chantier sont en baisse de 21 % cette année, car l’effondrement des prix et les coûts de construction élevés nuisent à la construction résidentielle.

La construction non résidentielle ne compense pas l’activité atone. L’achèvement d’importants projets de construction implique qu’une part importante des investissements ne sera pas renouvelée au cours des prochains trimestres. L’incertitude commerciale a aussi freiné l’émergence de nouveaux investissements, les intentions de dépenses en immobilisations demeurant relativement stables par rapport à l’an dernier (0,7 %).

Alberta – Favorisée par la vigueur de l’économie intérieure et les nouveaux marchés

L’économie de l’Alberta a commencé l’année 2025 en force, après avoir gagné 2,7 % en 2024 et maintenu un rythme soutenu dans la dernière partie de l’année.

La vigueur des secteurs des soins de santé, de la construction et de l’extraction de pétrole et de gaz procure une assise solide, et bien que l’élan de l’Alberta puisse légèrement s’essouffler, nous restons d’avis que la province figurera parmi les plus performantes de l’année avec une croissance du PIB réel de 2,4 % en 2025. Toutefois, l’accumulation des difficultés pourrait mettre à l’épreuve sa résilience au second semestre.

Malgré les tensions commerciales naissantes avec les États-Unis, les exportations albertaines axées sur l’énergie ont été largement épargnées. Les produits énergétiques, qui représentent 82 % des exportations vers les États-Unis, devraient en grande partie être conformes à l’ACEUM et être soumis à des droits de douane limités, voire nuls. Cela dit, les prix mondiaux du pétrole ont subi des pressions au cours des derniers mois et pourraient nuire à la rentabilité et aux investissements. Les prix du Western Canadian Select (WCS) ont chuté de 6 % cette année, alors que l’écart de prix entre le West Texas Intermediate et le WCS reste inférieur à ce qu’il était avant le projet d’expansion de Trans Mountain (TMX). Cette baisse des prix devrait peser sur les revenus, y compris ceux du gouvernement, en 2025. Toutefois, ce déclin, combiné à l’élimination de la taxe fédérale sur le carbone, renforce modestement le pouvoir d’achat des consommateurs.

L’oléoduc TMX s’avère un important débouché pour le pétrole brut, dont les expéditions ont augmenté au début du printemps. Les exportations vers l’Asie se sont également accélérées, ce qui favorise la diversification hors des États-Unis. Le forage est demeuré vigoureux au printemps, les installations de forage actives ayant augmenté de 8,1 % sur 12 mois en mai. La production pétrolière se poursuit à des niveaux records, même si les feux de forêt ce printemps ont incité certains producteurs à ralentir temporairement le rythme, ce qui présente des risques de production à court terme.


Des capacités excédentaires ont commencé à s’accumuler sur le marché du travail. La création d’emploi n’a pas suivi le rythme de croissance de la main-d’œuvre, ce qui s’est traduit par une hausse de 0,7 % du taux de chômage cette année, qui s’est établi à 7,4 % en mai. La croissance démographique ralentit par rapport aux taux exceptionnellement élevés de l’an dernier, mais elle demeure élevée à 3,9 % sur 12 mois. Compte tenu de la vigueur soutenue de l’afflux de population, malgré une modération, nous prévoyons que la pression à la hausse sur le chômage pourrait faire grimper le taux aux alentours de 7,2 % pour 2025.

Le marché du logement est en train de se rééquilibrer après avoir été considérablement tendu. Entre janvier et avril, les reventes de maisons ont chuté de 6,8 % d’une année sur l’autre, mais la construction résidentielle reste robuste – les mises en chantier ont augmenté de 24 % au cours de la même période. Selon nous, La tendance démographique, qui demeure favorable, soutiendra la demande sous-jacente et exercera une pression à la hausse modérée sur les prix des maisons, malgré l’arrivée d’une nouvelle offre sur le marché.

Le risque de baisse s’accentue toutefois. L’incertitude persistante entourant la politique commerciale et le recul des prix du pétrole pourraient freiner les investissements des entreprises. La récente décision de Dow de reporter la construction d’une usine pétrochimique à zéro émission nette de 11,6 milliards de dollars souligne la possible hésitation des grands investisseurs.

Saskatchewan – Stable malgré la tempête

L’économie de la Saskatchewan a connu une croissance étonnamment robuste de 3,4 % en 2024, stimulée par la forte production de potasse et d’autres minerais ainsi que par la vigueur de la construction.

Bien que l’on s’attende à ce que sa croissance ralentisse, elle est en voie de connaître une autre excellente année en 2025. Nous prévoyons une augmentation de 2,2 % du PIB réel, soit légèrement au-dessus de nos prévisions précédentes de 1,9 %. Les secteurs des ressources et de la construction restent dynamiques grâce à une base d’exportations diversifiée et à une exposition relativement faible aux droits de douane américains.

Le marché du travail demeure l’un des plus vigoureux au pays. La demande soutenue de travailleurs dans les secteurs de la construction et des ressources a fait baisser le taux de chômage à 4,2 % en mai, le niveau le plus bas au Canada. Ces tensions sur le marché du travail devraient continuer de favoriser les dépenses des ménages et les ventes au détail en 2025.


L’avantage de la Saskatchewan en matière d’accessibilité à la propriété et le marché du travail tendu ont favorisé la construction résidentielle. Les mises en chantier ont spectaculairement bondi de 83 % en avril par rapport à la même période l’an dernier. Les prix de référence des maisons ont continué de grimper à la faveur de la demande toujours solide.

Les perspectives pour les exportations demeurent comparativement favorables, malgré les tensions commerciales persistantes avec les États-Unis. Les principales exportations de la Saskatchewan – des produits énergétiques comme le pétrole et l’uranium, ainsi que la potasse et le canola – devraient largement être conformes à l’ACEUM. Sa participation relativement moindre au marché américain est aussi de bon augure. De même, les droits de douane imposés par la Chine sur certains produits agricoles ne devraient toucher qu’une partie plutôt modeste de ses exportations, soit environ 1,5 %.

Les prix de la potasse demeurent élevés, et de nouvelles initiatives en faveur du développement de l’énergie nucléaire aux États-Unis pourraient également profiter au secteur de l’uranium à long terme. Les États-Unis importent environ le quart de leur uranium du Canada, dont la totalité provient de la Saskatchewan. La production d’uranium a atteint un sommet record de 167 000 tonnes en 2024, en hausse de 28 % par rapport à 2023. La production d’uranium est en hausse de 2,7 % cette année par rapport au premier trimestre de l’année dernière, ce qui laisse entrevoir des gains modestes en début d’année en raison d’une hausse de la demande.

Les conditions agricoles sont plus contrastées. L’ensemencement (terminé à 97 %) dépasse légèrement la moyenne historique, mais les risques d’intensification des feux de forêt restent élevés, surtout dans les régions centrales touchées par El Niño, qui apporte des conditions climatiques chaudes et sèches. La croissance actuelle des cultures est globalement conforme aux normes saisonnières, mais nous restons prudents quant aux perspectives de rendement cet été.

Par ailleurs, les intentions de dépenses en immobilisations étaient fortes au début de 2025. La construction liée à d’importants projets comme la mine de potasse Jansen continue de stimuler l’emploi et l’économie en général. La production devrait commencer l’an prochain et demeurera l’un des principaux moteurs de l’économie en 2025.

Manitoba – Des pressions externes pèseront sur la croissance

L’économie du Manitoba a connu une croissance modeste de 1,1 % en 2024, et nous prévoyons qu’elle restera en deçà de la moyenne nationale en 2025 ; ses prévisions de croissance s’établissent maintenant à 1,2 %, soit un peu moins que nos prévisions antérieures de 1,4 %.

La province est confrontée à d’importants obstacles, notamment l’incertitude commerciale entourant les droits de douane américains et la possibilité de perturbations causées par les changements climatiques. Au printemps, les feux de forêt – dépassant déjà les données saisonnières habituelles – menacent des secteurs clés, notamment l’agriculture et les services publics, où la sécheresse pourrait entraver la production et la production d’électricité.

Les turbulences commerciales demeurent une grande source de vulnérabilité. Le secteur manufacturier est exposé aux droits de douane américains sur l’acier et certains produits automobiles. Parallèlement, le Manitoba exporte plus de la moitié de ses produits vers d’autres provinces, soit une proportion plus élevée que toute autre province, ce qui le rend particulièrement sensible aux ralentissements intérieurs. Comme l’Ontario, un partenaire commercial important, a lui aussi été touché par les droits de douane, les perspectives de commerce interprovincial se sont assombries. Par conséquent, ses importants secteurs du transport et de la fabrication, qui sont étroitement liés aux chaînes d’approvisionnement du centre du Canada, font face à des défis.

L’agriculture est confrontée à une incertitude croissante alors que la saison des feux de forêt progresse. Environ 116 incendies ont été signalés jusqu’à maintenant, soit bien plus que la moyenne saisonnière, et les risques liés à la production agricole augmentent. L’ensemencement a bien progressé, mais le temps sec pourrait freiner le rendement des cultures à l’approche de l’été.

Il existe toutefois d’importantes sources de résilience. Le Manitoba devrait profiter du plus vaste programme de dépenses en immobilisations jamais mis en œuvre par le gouvernement provincial, qui prévoit affecter 3,7 milliards de dollars aux infrastructures au cours des exercices 2025-2026. Cette mesure s’inscrit dans un plan quinquennal de 16,7 milliards de dollars, axé sur l’expansion des écoles, des hôpitaux et d’autres infrastructures publiques. Ces investissements devraient stimuler la construction et la croissance de l’emploi cette année.


Le budget a également introduit des mesures visant à renforcer la confiance des ménages et des entreprises dans un contexte d’incertitude externe croissante. Cela comprend un soutien financier aux secteurs touchés par les droits de douane, une réduction de la taxe pour la santé et les études postsecondaires et une augmentation de 100 $ du crédit d’impôt pour l’accessibilité à la propriété. Ces mesures de soutien budgétaire devraient apporter un certain soulagement aux consommateurs et aux employeurs cette année.

Par ailleurs, le marché du logement a été soutenu par l’avantage relatif de la province sur le plan de l’accessibilité et la forte croissance de sa population. Entre janvier et avril, les reventes de logements ont augmenté de 8,2 % sur 12 mois, et nous nous attendons à ce que cet élan favorise une croissance modeste des prix des maisons cette année.

ONTARIO – L’incertitude commerciale provoque un ralentissement

L’Ontario fait face à de forts vents contraires tandis que les mesures commerciales ont des répercussions disproportionnées sur son économie. Une nouvelle hausse des droits de douane sur l’acier et l’aluminium plombe le commerce et alimente l’incertitude des deux côtés de la frontière, ce qui entraîne des pertes d’emploi.

Après un premier trimestre plus encourageant que prévu, une contraction de courte durée pourrait survenir en milieu d’année. La correction qui a suivi le rendement solide du premier trimestre, attribuable en partie à l’accumulation de stocks avant l’imposition des droits de douane américains, devrait neutraliser la faiblesse subséquente. Par conséquent, nous maintenons généralement nos prévisions de croissance par rapport à notre estimation précédente. À 1,3 %, la croissance du PIB réel de l’Ontario sera, à notre avis, inférieure à celle de la plupart des autres provinces en 2025.

Le secteur de l’automobile, qui a toujours été le principal moteur du secteur manufacturier du pays, montre des signes de perturbation. La fermeture d’une semaine de l’usine de Stellantis à Windsor en mai et les interruptions prévues de la production dans les usines de General Motors jusqu’à l’automne mettent en évidence les vulnérabilités. Le report du projet de véhicules électriques de 15 milliards de dollars de Honda est peut-être plus inquiétant, et a été maintenu malgré les nouvelles exemptions pour les automobiles et les pièces conformes à l’ACEUM (couvrant environ 90 % du secteur).

L’optimisme suscité par des règles commerciales plus favorables à l’égard du secteur de l’automobile a toutefois été rapidement étouffé par la hausse des droits de douane imposés par les États-Unis sur l’acier et l’aluminium, qui sont passés de 25 % à 50 %. Le changement de politique commerciale continue d’influer sur l’activité des entreprises des deux côtés de la frontière. Les entreprises ont d’abord accumulé des biens dans les premières semaines de 2025 avant l’imposition des droits de douane. Toutefois, comme prévu, les exportations de l’Ontario ont considérablement diminué à cause de la hausse des coûts d’importation aux États-Unis. Le contexte actuel de la politique commerciale, caractérisé par des changements fréquents et imprévisibles, assombrit considérablement les perspectives pour les exportations manufacturières.

Nous avons observé des signes plus évidents de pertes d’emploi découlant du ralentissement de l’activité économique. Le mois d’avril a connu la plus forte baisse de l’emploi manufacturier depuis la pandémie, le secteur ayant perdu 33 000 employés (données désaisonnalisées). Les tendances baissières de l’emploi, surtout dans les secteurs de la fabrication et de la construction, ont contribué à une accélération notable du taux de chômage qui pourrait atteindre 8 % ce trimestre.


Les indicateurs des ménages montrent aussi des signes de fragilité. Les reventes de logements ont considérablement diminué au cours des derniers mois, ce qui a exercé des pressions à la baisse sur la valeur des propriétés. Les prêts en souffrance sont en hausse, les détenteurs de prêts hypothécaires et d’autres dettes ayant subi des pertes d’emplois. La part des prêts hypothécaires résidentiels en souffrance a augmenté de 0,2 % en mars, soit un bond considérable par rapport au creux record de 0,06 % atteint il y a trois ans.

Québec – Naviguer dans des eaux agitées

La guerre commerciale a rendu la conjoncture économique du Québec plus difficile pour les entreprises et les ménages. Les droits de douane imposés par les États-Unis à l’égard de certaines des principales exportations (p. ex., l’aluminium et l’aérospatiale) suscitent de vives inquiétudes pour les collectivités et les secteurs directement touchés.

Toutefois, la résilience des principaux secteurs, dont la construction résidentielle et les dépenses de consommation, nous porte à croire que l’ensemble de l’économie est sur la bonne voie pour maintenir la croissance de 1,3 % enregistrée l’an dernier.

Il faudra encore plusieurs mois pour mesurer pleinement les retombées de la guerre commerciale sur les différents secteurs. L’image dynamique du début de l’année a probablement été faussée par l’anticipation des droits de douane qui a entraîné une hausse de 15 % des exportations de marchandises (en valeur nominale) au premier trimestre. Le plongeon d’avril et les autres renversements attendus dans les mois à venir laissent entrevoir un contexte plus morose. Des changements similaires dans les importations de marchandises atténueront en partie l’impact négatif sur les échanges commerciaux nets.

L’économie intérieure affiche une meilleure stabilité. Jusqu’à présent, les constructeurs résidentiels maintiennent un rythme soutenu dans la foulée du rebond de l’an dernier. De janvier à avril, les mises en chantier (58 000 unités en moyenne, sur une base annualisée) se sont rapprochées de leur sommet d’avant la pandémie. Environ 80 % des unités construites dans les grands centres urbains ont été des logements destinés à la location, une solution qui contribue à remédier à la pénurie provoquée par la crise du logement. La forte augmentation des permis de construction (en hausse de 37 % en mars depuis le début de l’année) est de bon augure pour le maintien des mises en chantier à un niveau élevé cette année. La hausse des ventes de logements existants (en hausse de 15 % en cumul annuel en avril) constitue également une tendance positive.

Les consommateurs ne sont pas en reste. En avril, les ventes ont augmenté de 4 % pour l’année dans les magasins de détail, et de 5,6 % dans les restaurants et les bars. Selon notre suivi des opérations des titulaires de carte RBC, la croissance des dépenses de consommation s’est poursuivie en mai. Nous pensons que le boycottage des voyages aux États-Unis de la part des Canadiens profitera aux dépenses touristiques au Québec. Toutefois, le ralentissement du marché du travail (nous prévoyons que le taux de chômage du Québec passera de 5,4 % en 2024 à 6 % en 2025) et le ralentissement de la croissance démographique pèseront sur la croissance.

Les services publics devraient contribuer à la croissance cette année, après deux années de déclin. La production d’électricité a bondi de 15 % au cours des trois premiers mois de 2025, le niveau des réservoirs d’eau se redressant après les baisses causées par la sécheresse. La province produit plus de 92 % de son électricité au moyen de turbines hydroélectriques.

NOUVEAU-BRUNSWICK – Les révisions à la hausse ne masquent pas la faiblesse sous-jacente

L’économie du Nouveau-Brunswick s’est montrée plus résiliente que prévu en 2024, notre estimation initiale de la croissance (1,3 %) semblant désormais trop prudente.

La vigueur inattendue de la production agricole et de l’activité de construction laisse penser que la croissance du PIB réel s’est située plus près de 2 % l’an dernier. L’essor de la construction résidentielle au deuxième semestre de 2024 s’est poursuivi au début de 2025, ce qui nous a incités à revoir légèrement à la hausse notre prévision de croissance pour 2025, de 1 % à 1,2 %.

Cependant, l’année 2025 marque tout de même une décélération notable par rapport au rythme observé récemment. La forte dépendance vis-à-vis de la demande américaine, conjuguée à la diminution de la croissance démographique, a déjà commencé à peser sur l’activité économique, et nous prévoyons que ces tendances se poursuivront cette année.

Le Nouveau-Brunswick demeure la province canadienne la plus vulnérable aux tensions commerciales actuelles avec les États-Unis : 90 % de ses exportations sont destinées à ce pays. La majorité des exportations vers les États-Unis sont des produits énergétiques, actuellement exonérés des droits de douane américains en vertu de l’ACEUM. Malgré tout, les menaces d’imposition de droits de douane continuent de miner la confiance des entreprises.

Parallèlement, les litiges commerciaux persistants avec la Chine continuent de nuire au secteur de la pêche. Les droits de douane chinois de 25 % sur les produits de la mer sont maintenus, en représailles aux droits de douane canadiens de 100 % sur les véhicules électriques chinois et de 25 % sur l’acier et l’aluminium. Ensemble, ces tensions ont contribué à une baisse de 7,9 % des expéditions depuis le plus grand port de la province au cours des 20 premières semaines de l’année.


Les niveaux élevés d’investissement public figureront parmi les rares éléments favorables aux perspectives cette année, l’injection de 1,26 milliard de dollars en fonds d’immobilisations soutenant la progression des investissements dans la construction non résidentielle.

NOUVELLE-ÉCOSSE – Fléchissement prévu de la croissance malgré une année 2024 vigoureuse

L’économie de la Nouvelle-Écosse a surpassé les attentes en 2024, le PIB réel ayant progressé de 2,7 %. Les secteurs de la construction et de la fabrication ont été plus vigoureux que prévu, ce qui a contribué à stimuler la production globale.

Toutefois, nous ne pensons pas que ce taux de croissance se maintiendra en 2025. L’accroissement de la population a considérablement ralenti, ce qui freinera les dépenses des ménages. L’atténuation des facteurs positifs et l’évolution de la dynamique du commerce international devraient ramener la croissance économique de la Nouvelle-Écosse à 1,6 %, un taux conforme à la moyenne nationale après deux années consécutives de rendement relatif supérieur.

Les droits de douane américains ne devraient pas entraîner de conséquences directes notables en Nouvelle-Écosse. Les exportations vers les États-Unis ne représentent que 7 % du PIB, et la plupart des biens sont exonérés des droits de douane en vertu de l’ACEUM. La faiblesse des exportations a tout de même nui au secteur manufacturier. Au premier trimestre, les livraisons manufacturières de produits alimentaires sont déjà tombées à leur plus bas niveau en plus d’un an, en raison du recul de la demande imputable en partie aux droits de douane imposés par la Chine sur les produits de la mer canadiens. Comme les exportations internationales ne représentent que 16 % du PIB de la Nouvelle-Écosse (en moyenne entre 2021 et 2023), soit près de la moitié de la moyenne nationale de 30 %, l’incidence négative des évolutions défavorables du commerce devrait être relativement limitée.

Néanmoins, le gouvernement a compté encore davantage sur la politique budgétaire pour soutenir la croissance. Il a présenté un plan de dépenses en immobilisations de 3,5 milliards de dollars pour 2025-2026, en hausse de 17 % par rapport au dernier exercice, parallèlement à des baisses d’impôt pour les entreprises et les ménages.

Les perturbations commerciales ne seront pas le seul enjeu cette année. La croissance démographique, qui est un catalyseur important des dépenses de consommation et de la demande de logements, diminue rapidement ; elle devrait ralentir de moitié environ cette année, après avoir atteint un sommet record de 3 % en 2023.

Le ralentissement de la croissance démographique pourrait déjà peser sur le marché du logement, car les reventes sont nettement inférieures à ce qu’elles étaient à l’automne. L’assouplissement des conditions de l’offre et de la demande a entraîné une stabilisation des prix, qui se rapprochent des niveaux d’il y a un an. L’ambitieux plan de dépenses en immobilisations devrait soutenir l’activité de construction, mais les signaux de baisse des prix risquent de tempérer la construction résidentielle. Par conséquent, les mises en chantier devraient se maintenir à environ 7 400 unités, limitant ainsi les retombées des dépenses en immobilisations du gouvernement.

ÎLE-DU-PRINCE-ÉDOUARD – Les investissements publics atténuent les obstacles à la croissance

Nous maintenons nos prévisions de croissance de 1,7 % pour l’Île-du-Prince-Édouard en 2025, malgré un rythme supérieur aux attentes en 2024.

L’an dernier, les investissements dans la construction ont grandement contribué à la croissance. Cette dynamique s’est poursuivie durant les premiers mois de 2025, grâce à d’importantes injections de fonds publics dans les infrastructures et à de nombreuses mises en chantier. Néanmoins, les tensions commerciales et le ralentissement de la croissance démographique devraient contrebalancer en partie cette vigueur.

L’Île-du-Prince-Édouard devra composer avec les défis liés aux tensions commerciales persistantes. Peu d’exportations sont directement visées par les droits de douane américains, puisqu’une part croissante d’entre elles répondent aux critères d’exemption de l’ACEUM, mais la province reste vulnérable aux droits de douane chinois sur les produits de la mer. La Chine est le deuxième marché en importance pour les homards de l’Île-du-Prince-Édouard, dont les prix ont déjà baissé. Les exportations internationales représentent près du quart de l’économie ; par conséquent, le ralentissement des activités commerciales pourrait peser lourdement sur la croissance du PIB au cours de l’année à venir si les droits de douane sont maintenus.

Les enjeux commerciaux surviennent alors que les investissements des entreprises ont déjà commencé à s’affaiblir. Avant même le début du conflit commercial, les dépenses en immobilisations du secteur privé avaient diminué de 1,3 % sur 12 mois, selon l’enquête de Statistique Canada sur les intentions de dépenses en immobilisations. Cette baisse reflète principalement un affaiblissement des investissements dans les secteurs de l’agriculture, de la foresterie, de la pêche et de la chasse, après une forte hausse en 2023 en raison des efforts de reconstruction liés à l’ouragan Fiona. La réduction des quotas de pêche et les frictions commerciales pourraient faire reculer les investissements des entreprises en deçà des attentes, déjà modestes.

Le ralentissement de la construction résidentielle posera un autre défi. L’Île-du-Prince-Édouard a connu le ralentissement le plus marqué de la croissance démographique parmi toutes les provinces : le taux de croissance est tombé à 1,7 % au premier trimestre de 2024, contre un sommet record de 4 % un peu plus d’un an auparavant. Nous croyons que cette tendance se poursuivra, alors que le gouvernement fédéral met en place des cibles plus strictes en matière d’immigration.

L’évolution des tendances démographiques pourrait également avoir déjà freiné les ventes au détail, dont la croissance s’établit à 1,7 % cette année, le taux le plus faible parmi toutes les provinces. Il est probable que cette situation persiste cette année. Nos données sur les dépenses des titulaires de cartes indiquent un repli persistant en mai, ce qui renforce notre opinion selon laquelle la consommation ne stimulera guère la croissance cette année.


La forte hausse de 21 % des dépenses en immobilisations du gouvernement, visant principalement les nouveaux établissements d’enseignement et de soins de santé, constituera un important facteur de croissance. Mais cela n’empêchera pas le taux de croissance de diminuer de près de moitié en 2025.

TERRE-NEUVE-ET-LABRADOR – La reprise de la production de ressources alimente la croissance

Nous avons revu à la hausse notre prévision de croissance pour Terre-Neuve-et-Labrador en 2025, la portant de 1,7 % à 2,6 %, principalement en raison d’une reprise de la production dans le secteur des ressources naturelles, qui représente le tiers du PIB.

Le ralentissement de la croissance démographique et du secteur de la construction contrebalancera en partie cette vigueur, tandis que les tensions commerciales posent des risques de baisse.

Le secteur pétrolier a commencé l’année en force, la production ayant déjà augmenté de 13 %. Cette hausse s’explique à la fois par la reprise des activités de la plateforme de forage en mer SeaRose dans le champ White Rose en mars, ainsi que par la récente remise en service du navire Terra Nova. La majeure partie du pétrole brut est exportée aux États-Unis aux fins de raffinage, mais la politique commerciale actuelle l’exonère de droits de douane. La diversification des échanges commerciaux a aussi entraîné une réorientation des destinations d’exportation au cours des derniers mois, alors que l’incertitude freinait les exportations d’énergie vers les États-Unis. Depuis, la production a été redirigée vers le nord de l’Europe, en particulier vers les Pays-Bas et l’Allemagne.


Dans le secteur des mines, les expéditions devraient également connaître une croissance substantielle. On s’attend à ce que la production de nickel et d’or augmente considérablement, compte tenu de l’entrée en activité des mines Valentine et Hammerdown cette année. L’achèvement récent de l’expansion de la mine de Voisey Bay permettra aussi d’accroître la production de nickel, la capacité devant progressivement atteindre 45 000 tonnes par an (hausse de 22 %).

Le marché de l’emploi, qui compte presque 250 000 travailleurs, a atteint un sommet historique en mai. Grâce à des gains élevés, le taux de chômage est demeuré près de ses creux historiques, passant sous la barre des 10 % récemment.

Le secteur du tourisme offre aussi un potentiel de croissance. La baisse d’intérêt pour les voyages aux États-Unis a incité les Canadiens à choisir des destinations au pays. Le rétablissement des vols directs vers l’Europe depuis 2019 pourrait attirer davantage de voyageurs internationaux, qui viendront s’ajouter à la demande intérieure.

L’amélioration des perspectives s’accompagne toutefois de défis. Le passage de la construction à l’exploitation d’importants projets miniers freinera l’investissement, et survient alors que peu de nouveaux projets sont prévus dans un contexte d’incertitudes commerciales. La construction résidentielle ne fera guère contrepoids au recul généralisé des investissements dans le secteur de la construction, puisque le fléchissement de l’expansion démographique entraîne une diminution de la construction de logements.


Tableaux détaillés des prévisions:


À propos des auteurs

Frances Donald est l’économiste en chef de RBC et supervise une équipe de professionnels de premier plan, qui fournissent des analyses et des informations économiques pour informer les clients de RBC dans le monde entier. Frances est une experte clé sur les questions économiques et est très recherchée par les clients, les dirigeants gouvernementaux, les décideurs et les médias aux États-Unis et le Canada.

Robert Hogue est membre du l’équipe Économique et leadership avisé RBC, se spécialisant dans l’analyse et les prévisions pour le marché de l’habitation canadien et les économies provinciales. Il compte parmi ses publications Tendances immobilières et accessibilité à la propriété, Perspectives provinciales et l’analyse des budgets provinciaux. Dans ses fonctions, il est fréquemment appelé à commenter l’évolution de la conjoncture économique auprès de la direction de RBC, de ses clients et des médias.

Nathan Janzen travaille à RBC depuis 2008, où il s’occupe principalement de la couverture des perspectives macroéconomiques du Canada et des États-Unis. Il est titulaire d’une maîtrise en économie de l’Université McMaster et d’un baccalauréat en économie de l’Université de Regina.

Rachel Battaglia est économiste à RBC. Elle est membre du groupe d’Analyse macroéconomique et régionale et fournit des analyses des perspectives macroéconomiques provinciales. Elle est titulaire d’un baccalauréat en économie (avec distinction) de l’Université Western Ontario et d’une maîtrise en sciences de l’Amsterdam School of Economics.

Claire Fan est économiste à RBC. Elle se concentre sur les tendances macroéconomiques et est chargée d’établir des prévisions relatives au PIB, au marché du travail et à l’inflation pour le Canada et les États-Unis, en fonction des principaux indicateurs.

Abbey Xu est économiste à RBC. Elle travaille sur les modèles macroéconomiques utilisés dans les processus de provision pour prêts douteux et de simulation de crise de la Banque. Elle est titulaire d’une maîtrise en économie d’entreprise et d’un baccalauréat en économie de l’Université Wilfrid Laurier.

Salim Zanzana est économiste à RBC. Il se concentre sur les questions macroéconomiques émergentes, allant des tendances du marché du travail aux changements dans la croissance structurelle à long terme du Canada et d’autres économies mondiales.

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