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La province prévoit un déficit de 9,8 milliards de dollars, laissant derrière elle le plan de l’an dernier qui prévoyait un excédent (200 millions de dollars) en 2024-2025.
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Le retour à l’équilibre budgétaire a été repoussé à l’exercice 2026-2027, soit de deux ans.
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La croissance des recettes devrait fortement ralentir en 2024-2025 (0,6 %), les perspectives économiques de l’Ontario étant de plus en plus moroses.
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Le développement d’infrastructures demeure une priorité d’investissement.
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La province est en voie d’atteindre deux des trois cibles budgétaires qu’elle s’est elle-même fixées en 2024-2025.
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Le ratio de la dette nette au PIB est révisé à la hausse et devrait augmenter jusqu’à l’exercice 2025-2026.
Les progrès réalisés dans le budget de l’an dernier ont été anéantis
Le mot « équilibre » apparaît à plusieurs reprises dans le budget 2024 de l’Ontario, bien que les déficits abondent dans les registres comptables des deux prochains exercices. Ce mot tendance renvoie principalement à l’équilibre des priorités, comme le logement, le soutien aux infrastructures municipales et la réduction du coût de la vie, et non aux finances provinciales.
Le gouvernement de l’Ontario prévoit désormais le plus important déficit en dix ans, hors années de pandémie. Alors que le budget de l’an dernier prévoyait un excédent de 200 millions de dollars en 2024-2025, le déficit de 2024-2025 (9,8 milliards de dollars) devrait être plus de trois fois plus important que celui de 2023-2024 (3,1 milliards de dollars), et ce, même après la réduction du fonds de réserve pour éventualités. Le budget de 2024 dérive à peine un an après avoir fait miroiter un retour rapide à l’équilibre fiscal.
La croissance plus lente que prévu des recettes, en particulier celles provenant de l’impôt sur le revenu des particuliers, explique en grande partie le manque à gagner budgétaire. En fait, les recettes totales (206 milliards de dollars) devraient demeurer relativement inchangées par rapport à l’estimation des recettes pour 2023-2024, en raison des prévisions de ralentissement de la croissance économique.
En revanche, les dépenses totales devraient atteindre 215 milliards de dollars (3,5 %), ce qui creusera encore davantage l’écart entre les dépenses publiques et les recettes au cours de l’exercice à venir.
La province s’attend maintenant à ce que le ratio de la dette nette au PIB soit plus élevé en 2024-2025 que prévu précédemment. Le nouveau plan financier maintiendra également le fardeau de la dette sur une trajectoire plus élevée pendant la majeure partie de l’horizon financier, flirtant avec la limite supérieure (40 %) du ratio de la dette nette au PIB établie dans le budget de 2023.
Il semble y avoir « assez » d’argent pour tout financer
Les dépenses totales devraient désormais atteindre 215 milliards de dollars, soit une augmentation de 7,2 milliards de dollars (3,5 %) par rapport à l’estimation de 2023-2024. Plus de la moitié de cette augmentation (4,7 milliards de dollars) devrait être allouée à d’autres programmes (principalement axés sur les investissements dans les infrastructures). Une bonne partie de cette somme (1 milliard de dollars) contribuera à la mise en œuvre d’un accès à Internet haute vitesse dans toutes les collectivités de l’Ontario.
Une partie des 4,7 milliards de dollars alloués à d’autres programmes financera également le nouveau Programme pour l’infrastructure municipale et le logement de l’Ontario (à hauteur de 1,8 milliard de dollars sur trois ans), qui soutiendra des projets d’infrastructure de base, notamment des routes et des systèmes de distribution d’eau. D’après nous, cette nouvelle devrait être bien accueillie par les municipalités après l’entrée en vigueur l’an dernier des réductions imposées par le gouvernement sur les redevances d’aménagement résidentiel, lesquelles ont amputé les recettes municipales.
L’intérêt de la dette (1,1 milliard de dollars) et la santé (1 milliard de dollars) engloutiront 2,1 milliards de dollars supplémentaires en nouvelles dépenses, en raison des coûts d’intérêt et de l’augmentation du fardeau de la dette. La rémunération rétroactive versée aux travailleurs du secteur public, à la suite de l’annulation de la loi 124 jugée inconstitutionnelle, représentera une partie importante des nouvelles dépenses de santé.
Le financement des études postsecondaires est l’une des deux catégories où les dépenses baisseront en 2024-2025 (-400 millions de dollars). Cette baisse s’explique par le plafonnement du nombre d’étudiants étrangers annoncé récemment, qui devrait avoir une incidence sur les inscriptions d’étudiants étrangers en Ontario au cours du prochain exercice.
Rebond économique repoussé – les recettes en berne
L’Ontario s’attendait à ce que l’économie provinciale rebondisse cette année au moment de l’élaboration du budget de 2023, mais, à présent, peu d’indicateurs économiques corroborent cette prévision. Les prévisions de croissance pour 2024 ont depuis été révisées à la baisse pour tenir compte du contexte économique en déclin de la province et correspondent étroitement aux nôtres.
Les prévisions de recettes ont également été fortement révisées à la baisse par rapport aux niveaux de référence précédents, le creux cyclique étant désormais attendu pour l’exercice 2024-2025. À présent, les recettes ne devraient augmenter que légèrement pour atteindre 206 milliards de dollars (+0,6 % par rapport à l’estimation de 2023-2024). L’impôt sur le revenu des particuliers sera le principal frein à la croissance des recettes, le marché du travail de l’Ontario traversant une zone de turbulences.
Le gouvernement a apporté peu de changements à son régime fiscal malgré la frénésie de dépenses prévue. En fait, des réductions supplémentaires ont été décidées. Le gouvernement a l’intention de maintenir la réduction de la taxe sur l’essence de 5,7 cents par litre jusqu’à la fin de l’année civile, ce qui représentera un manque à gagner de 620 millions de dollars pour la province en 2024-2025. La suppression de la taxe de base sur le vin (à compter du 1er avril 2024) entraînera un manque à gagner supplémentaire de 8 millions de dollars au cours du prochain exercice.
Des investissements dans les transports
Le budget prévoit des investissements en capital de 103 milliards de dollars sur quatre ans, dont 26,2 milliards de dollars pour l’exercice 2024-2025. Les transports demeureront une priorité comme les années précédentes, accaparant plus de la moitié (56 %) des dépenses en capital prévues.
Les investissements dans les transports en commun (10,7 milliards de dollars) représenteront la majeure partie des dépenses en 2024-2025. Ces investissements soutiendront, entre autres initiatives, le renforcement du service de GO Transit et l’avancement des travaux sur la ligne Ontario.
À la limite de ses cibles budgétaires
Le gouvernement de l’Ontario maintient les trois cibles budgétaires établies dans le budget de 2023 (ratio de la dette nette au PIB inférieur à 40 %, ratio de la dette aux recettes inférieur à 200 % et ratio de l’intérêt de la dette aux recettes inférieur à 7,5 %). Toutefois, dans le dernier plan financier, l’une de ces cibles est déjà dépassée (ratio de la dette nette aux recettes) et la limite supérieure d’une autre est presque atteinte (ratio de la dette nette au PIB).
Nous espérons que le gouvernement de l’Ontario veillera à ce que ses plans financiers respectent les limites qu’il s’est lui-même imposées à l’avenir, d’autant qu’elles ne sont pas aussi strictes que celles des autres provinces.
Toujours proche du sommet du fardeau de la dette provinciale du Canada
Le budget de 2024 annule certains des progrès initiaux réalisés pour réduire le fardeau de la dette de la province. Selon le budget, le gouvernement s’attend désormais à ce que le ratio de la dette nette au PIB passe de 38 % en 2023-2024 selon les estimations à 39,2 % en 2024-2025, et à ce que cette hausse se poursuive jusqu’en 2025-2026.
La province s’est laissé peu de marge de manœuvre, puisqu’il est désormais prévu que le fardeau de la dette atteigne un sommet de 39,5 % en 2025-2026. Cette situation n’est pas idéale compte tenu des perspectives économiques incertaines et du risque qui pèse sur les recettes. Les versements salariaux découlant de l’annulation de la loi 124 pourraient accroître davantage les dépenses, ce qui augmentera le risque lié aux dépenses.
Les agences de notation ne verront peut-être pas le budget d’un bon œil, étant donné la régression par rapport aux lignes directrices financières de la province. Espérons que la situation économique se redresse rapidement pour que le budget de 2025 remette le gouvernement sur la bonne voie.
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