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Bouleversements climatiques : Paver la voie à la compétitivité du marché du carbone au Canada

➔ Semaine du climat de New York : oubliez un instant la marche arrière des États-Unis

➔ Énergie éolienne : la Nouvelle-Écosse voit grand

➔ Notre rapport Unearthing Value souligne le rôle du capital naturel dans les plans de croissance

La semaine du climat de New York a lieu contre vents et marées. Dans le cadre de l’événement annuel en cours cette semaine à New York, plus de 1 000 séances vont s’y tenir, portant sur l’Arctique, la mode durable, les minéraux critiques et autres grands enjeux. L’événement a pour toile de fond les multiples volte-face opérées par Washington en ce qui a trait aux énergies propres. Le nombre record de sujets abordés et de participants (on en attend plus de 100 000) semblent indiquer que l’engouement pour la transition énergétique n’a pas nécessairement faibli pour autant.

Le projet Wind West de la Nouvelle-Écosse a le vent en poupe. D’une puissance de 5 000 MW, les installations qui seraient construites au coût de 60 milliards de dollars pourraient faire des provinces de l’Atlantique un pôle majeur en matière d’énergie non polluante. Ottawa, qui estime que la proposition a sa place parmi les grands projets d’intérêt national, est en train d’examiner dans quelle mesure l’appétit des investisseurs pourrait stimuler la production d’énergie renouvelable sur la côte Est. Toutefois, comme l’admettent les auteurs du plan stratégique, « ce ne sera pas facile », compte tenu des enjeux réglementaires et de la compétitivité des coûts. La Nouvelle-Écosse recherche le soutien du gouvernement fédéral, qui prendrait la forme de crédits d’impôt pour investissement et de prêts à faible taux d’intérêt accordés par la Banque de l’infrastructure du Canada. La province souhaite aussi que la nation micmaque achète des titres de participation. Les différentes mesures de soutien pourraient avoir pour effet de réduire les coûts du projet à 170 $/MWh – les Néo-Écossais, l’année dernière, payaient leur électricité 51,86 $/MWh.

L’Australie se présente comme un chef de file du stockage du CO2. Aux antipodes du Canada, la grande île mise sur son sous-sol pour devenir un acteur majeur du stockage du CO2 dans la région Asie-Pacifique. Dans son tout nouveau plan pour la carboneutralité dévoilé la semaine dernière, l’Australie s’engage en effet à réduire, d’ici dix ans, ses émissions d’au moins 62 % par rapport à 2005. En mettant l’accent sur le captage du CO2, investissements à l’appui, le pays cherche à compenser les émissions liées à sa production de gaz naturel et à son secteur minier.

Quand, à propos de la stratégie qu’il compte mettre en œuvre, Mark Carney parle de « compétitivité carbone », il se livre à une intéressante association de mots. Sous Justin Trudeau, il était plutôt question de réduction des émissions en général et de plafonnement de celles du secteur pétrogazier en particulier. Les mots que choisit son successeur traduisent une perspective bien différente : comment concilier la croissance de l’économie et les politiques de réduction des émissions, de stockage du CO2 ou de production faiblement carbonée ?

Dans ce contexte de réalignement politique, nous nous posons cinq grandes questions :

  • Que va devenir le système de tarification du CO2 émis par les industriels ? Le gel prévu par l’Alberta pour le prix de sa taxe carbone en 2026 et le retrait de la Saskatchewan constituent un défi aux règles fédérales. Mark Carney va devoir expliquer comment son gouvernement pourra soutenir les investissements en faveur des technologies propres sans s’aliéner les provinces.

  • Comment gérer l’ajustement du prix du carbone à la frontière ? Le Canada envisage d’appliquer des droits de douane visant à protéger son industrie contre les importations de biens produits à moindre coût par des installations plus polluantes mais, compte tenu des tensions commerciales avec Washington, cela risque de froisser notre voisin. Comme notre économiste Farhad Panahov l’écrivait récemment dans un rapport, « Des écarts importants entre la tarification carbone du Canada et celle de ses partenaires commerciaux peuvent nuire à la compétitivité du pays en période de bouleversements structurels d’envergure mondiale. » L’approche du gouvernement fédéral est-elle d’ailleurs réaliste ? Les « ajustements carbone à la frontière » pourraient-ils ne s’appliquer qu’à la Chine et à d’autres partenaires commerciaux non membres de l’OTAN ?

  • Que va-t-il advenir du plafonnement des émissions du secteur pétrogazier ? Va-t-il être maintenu, supprimé ou revu ? La décision prise sera d’une importance vitale pour le secteur énergétique canadien.

  • Comment relancer le financement des technologies propres ? Il existe déjà un certain nombre de crédits d’impôt pour investissement. Que peut faire encore Ottawa pour stimuler un financement en perte de vitesse ?

  • Pouvons-nous encore atteindre les objectifs de l’Accord de Paris ? Le gouvernement Carney dit maintenir son engagement à l’égard des objectifs qu’il s’est fixés pour 2030. Or l’Institut climatique du Canada estime que le pays ne se dirige pas dans la bonne direction. Que peut faire Mark Carney – ancien envoyé spécial de l’ONU pour le financement de l’action climatique – pour corriger le tir ?

Mise en service d’une nouvelle thermopompe intelligente au Canada. Le modèle Air de la jeune entreprise Jetson de Vancouver peut être raccordé aux conduits existants et fonctionne jusqu’à -30 °C. Un module recourant à l’IA analyse les conditions météorologiques, la consommation de l’immeuble et la qualité de l’air intérieur pour ajuster les paramètres ; l’occupant utilise ainsi moins d’électricité et fait des économies. Le PDG de Jetson, Stephen Lake, dirigeait auparavant une autre jeune pousse, North, ce fabricant de lunettes intelligentes que Google a acheté en 2022. Il explique que le logiciel qu’utilise la nouvelle thermopompe permettra d’importants gains d’efficacité. Cela pourrait fortement contribuer à la réduction des émissions – au Canada, le chauffage compte pour 13 % des émissions de GES liées à la consommation d’énergie.

➔ Une entreprise enfantée par le laboratoire de l’Université McGill a recueilli 3,5 M$ auprès d’investisseurs intéressés par son projet pilote de fabrication de dispositifs de stockage d’énergie fonctionnant au fer. Une fois au point, un tel équipement pourrait réduire de beaucoup la consommation de carburants fossiles (diesel et autres) dans l’industrie lourde.

➔ Les membres de l’Union européenne n’ont pas réussi à s’entendre sur un plan climatique contraignant avant l’Assemblée générale de l’ONU prévue cette semaine. Ils se sont contentés d’une déclaration d’intention selon laquelle leurs émissions diminueraient de 72,5 % d’ici 2035.

➔ Robert Redford, décédé la semaine dernière, n’était pas seulement une icône d’Hollywood, mais aussi un militant qui avait le don de parler de changements climatiques. On lui doit le Sundance Film Festival, qui a fait connaître plusieurs films consacrés à l’environnement. L’acteur avait aussi mis sur pied le Redford Centre ; sur les 60 films traitant d’action ou d’inaction en matière de climat dont cette entité à but non lucratif a soutenu la production, 11 ont été inscrits aux programmes des plateformes de diffusion en continu.

Nature

Environ la moitié du PIB mondial (soit plus de 78 000 milliards de dollars) dépend dans une grande mesure ou modérément de la nature. Or les pays ne comptabilisent son apport qu’une fois la ressource (poisson, céréales, bois d’œuvre…) extraite ; les services écosystémiques sont très peu pris en compte. Dans notre rapport, Lisa Ashton, directrice générale, Politique agricole, explique comment le recours au « capital naturel » peut tout à fait s’inscrire dans les stratégies de croissance.

Voici quelques-uns des constats du rapport :

  • En tant que moteur économique, le capital naturel est encore sous-utilisé. Au cours des vingt-cinq dernières années, le PIB des secteurs qui dépendent de la nature au Canada (foresterie, agriculture, mines, pêche…) a enregistré une croissance d’une année sur l’autre inférieure de 0,3 % au reste de l’économie. Une tendance similaire a été observée aux États-Unis et au Royaume-Uni.

  • Ignorer la nature, c’est compromettre la prospérité. Alimentation, tourisme, bâtiment… : plus de la moitié de l’économie mondiale (soit environ 78 000 milliards de dollars) dépend de la nature. Au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni, où l’on cherche à relancer l’économie, les ressources naturelles s’épuisent. Or la croissance à long terme repose en grande partie sur elles.

  • Une possibilité qui se présente rarement nous est actuellement offerte de mettre à profit le capital naturel pour continuer à bâtir nos nations. Les pays qui inventorient et font fructifier leur capital naturel se donnent la possibilité de générer davantage de croissance et d’attirer des investisseurs étrangers que ce secteur intéresse. La mobilisation des acteurs financiers qui s’ensuit entraîne une hausse de la demande. Les besoins sont chiffrés à 580 000 milliards de dollars d’ici 2030 et à près de 940 000 milliards d’ici 2050.

  • La montée en puissance dépend des capitaux privés. En matière de capital naturel, le financement est assuré à 82 % par les gouvernements (222 000 milliards de dollars). Le secteur privé attend en effet de leur part des signaux plus clairs et veut avoir l’assurance que ses investissements produiront les effets attendus.

  • Sur les marchés financiers et environnementaux, la nature occupe une place croissante mais demeure sous-représentée. La nature ne constitue qu’un petit segment de la finance durable. En 2025, les crédits carbone auxquels elle donnait lieu représentaient 13 % de ceux offerts sur les marchés volontaires du carbone, alors que leur part dans la création annuelle de nouveaux crédits pourrait être de 50 %.

  • L’intégration des politiques, l’IA et (tiens donc !) des mesures comptables permettraient de mieux faire figurer la nature dans les bilans et les plans de croissance. Au Canada, ces trois approches vont justement subir un test : la mise en œuvre de la stratégie nationale en matière de minéraux critiques et le lancement de grands projets miniersvont être l’occasion d’intégrer les valeurs autochtones et les bases de connaissances aux cadres de comptabilisation du capital naturel.

  • Lisa Ashton présente aujourd’hui son rapport, Unearthing Value, consacré à l’économie du milieu naturel. Aux côtés de Nature United, elle animera aussi un groupe de discussion dans le cadre de la Semaine du climat de New York.

  • Cette semaine, notre équipe a accueilli une délégation de représentants du Congrès et d’agents d’ambassade avec lesquels elle discutera des possibilités de coopération accrue entre les États-Unis et le Canada sur la question des minéraux critiques.

Créé par Yadullah Hussain, Directeur de rédaction, RBC Institut d’action climatique.

Le bulletin Bouleversements climatiques ne pourrait pas exister sans la collaboration dJohn StackhouseSarah PendrithJordan Brennan, John Intini, Farhad PanahovLisa AshtonShaz MerwatVivan SorabCaprice Biasoni et Lavanya Kaleeswaran.

Avez-vous des commentaires, des félicitations ou, euh, des critiques à faire ? Écrivez-moi à (mailto:yadullahhussain@rbc.com).

Bulletin d’information sur le climat

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