Numéro #12
➔ Le projet de capture du carbone et les obligations de transition, deux priorités pour Mark Carney
➔ Le successeur de Warren Buffett à la tête d’un véritable empire énergétique
➔ Des vedettes des technologies propres en difficulté et un prix de la fiction climatique
Sujet chauds
➔ Les politiques canadiennes en matière de véhicules électriques nuisent aux agriculteurs. Dans une lettre adressée à trois ministres fédéraux, les représentants du secteur agricole de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) soulignent que les droits de douane appliqués par Ottawa aux véhicules électriques chinois ont eu comme « conséquence inattendue » l’imposition de droits de douane par Beijing, notamment sur le canola, les homards et les pois. Les 62 milliards de dollars de subventions accordés par le Canada aux constructeurs de véhicules électriques ne se sont pas non plus traduits par une envolée des investissements, car les entreprises concernées ont suspendu leurs projets au Canada, a précisé la FCEI. Les signataires plaident pour qu’une partie des fonds soit réorientée vers les petites entreprises.
➔ L’énergie verte a-t-elle déclenché des pannes d’électricité dans la péninsule ibérique ? Selon certains, les ressources « non contrôlables » (les installations solaires ou éoliennes, qui ne peuvent pas être commandées ou programmées à la demande) sont responsables des pannes survenues. Or les réseaux alimentés par des combustibles fossiles peuvent s’effondrer aussi, comme en Italie en 2003. L’intermittence de la production entraîne cependant son lot de problèmes. Alors que les causes exactes de la panne restent obscures, l’opérateur de réseau espagnol REE avait prévenu en février que la dépendance aux énergies renouvelables pourrait conduire à une instabilité du réseau, notamment si le gouvernement fermait ses centrales nucléaires d’ici 2027. La réponse pourrait-elle simplement consister à maintenir la diversification du bouquet énergétique ?
➔ Le successeur de Warren Buffett à la tête d’un véritable empire énergétique. L’« Oracle d’Omaha » a choisi Greg Abel, originaire d’Edmonton, pour lui succéder à la tête de Berkshire Hathaway. En sa qualité de président des activités de la compagnie dans le domaine de l’énergie et dans d’autres secteurs non liés à l’assurance, M. Abel dirige un conglomérat qui figure parmi les plus grands exploitants d’énergie éolienne et solaire aux États-Unis, sans parler des services publics d’électricité et des gazoducs. Berkshire Hathaway exploite certaines des centrales au charbon les plus polluantes aux États-Unis, mais ce type de centrale ne compte plus que pour 22 % de sa production d’électricité, contre 71 % en 2005.
➔ L’Ontario accélère l’exploitation des minéraux critiques. Les nouvelles règles proposées encourageront l’investissement dans les chaînes logistiques locales. En réduisant la dépendance à l’égard des importations, elles doperont la création d’emplois, stimuleront la croissance économique et feront de l’Ontario l’un des chefs de file de l’économie verte. Les nouvelles règles donneront également à la province des pouvoirs étendus pour protéger ses actifs stratégiques contre les « acteurs et régimes étrangers hostiles ». Cette décision intervient alors que les États-Unis tentent frénétiquement de sécuriser l’accès aux minerais critiques, notamment en concluant un accord avec l’Ukraine, en rationalisant les chaînes logistiques et en accélérant l’exploitation minière en eaux profondes.
POLITIQUE CLIMATIQUE
Les corridors énergétiques de Mark Carney
L’économie et le commerce sont en tête des priorités du nouveau gouvernement fédéral, mais les enjeux climatiques se fraient leur chemin. Les « corridors énergétiques », notamment, sont considérés comme moteurs possibles d’une croissance dopée par les investissements.
Voici quelques dossiers de premier plan auxquels entend s’atteler le gouvernement.
➔ Lancement d’un grand projet de capture du carbone en Alberta Comment faire décoller un projet de capture et de stockage du carbone soutenu par l’Alliance nouvelles voies, un consortium réunissant des producteurs des sables bitumineux ? Le premier ministre du Canada, Mark Carney, a déclaré la semaine dernière à Edmonton qu’il attendait avec impatience le lancement du projet..
➔ Renforcement de la politique industrielle en matière de carbone. Les conservateurs voulaient abroger la tarification fédérale du carbone pour les émissions industrielles, mais cette dernière est maintenue pour l’instant. L’an dernier, Myha Truong-Regan, responsable de la recherche sur le climat à l’Institut d’action climatique RBC, a co-écrit un article sur le rôle central que jouent les marchés du carbone industriel pour accélérer la transition énergétique du Canada.
➔ Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières. Le mécanisme figurait dans le programme électoral des libéraux. Il pourrait être la version canadienne d’une « taxe climatique ». S’il est mis en œuvre, il accroîtrait la compétitivité des entreprises canadiennes vertueuses face à leurs rivales étrangères grandes émettrices de GES. L’imposition d’un tel mécanisme au Canada serait probablement saluée par les Européens mais se heurterait à une forte résistance et à des représailles de la part des États-Unis – entre autres partenaires commerciaux.
➔ Contrats sur différence pour le carbone. Mark Carney est favorable à l’extension de l’initiative mais son gouvernement doit d’abord gérer de nombreuses priorités financières.
➔ Diffusion de l’information sur les risques climatiques. L’idée a été lancée sur la plateforme électorale juste au moment où les commissions provinciales en valeurs mobilières du Canada suspendaient leurs travaux visant à rendre obligatoire la communication, par les sociétés ouvertes, d’informations touchant au climat.
➔ Obligations de transition. Dans leur programme électoral, les libéraux proposent de financer des projets industriels et agricoles « propres » grâce à des obligations, pour un montant annuel de 10 milliards de dollars.
➔ Plafonnement des émissions du secteur pétrogazier. Des ajustements sont possibles, Mark Carney ayant suggéré qu’il travaillerait avec le secteur et les provinces sur « des moyens spécifiques pour obtenir ces réductions, qui ne seraient pas […] des plafonds prédéfinis ni des restrictions prédéfinies, avec un calendrier prédéfini ».
➔ Pour plus de détails, voir l’article de John Stackhouse sur les options dont dispose Mark Carney sous la présidence de Donald Trump.
Tendances climatiques, technologie et science
➔ Nouvelle sortie de route pour Li-Cycle. Les problèmes s’accumulent pour la société torontoise : après l’échec du rachat par la société minière suisse Glencore, le chef de la direction tire sa révérence.
➔ Le Québec ne sauvera pas Lion Electric Co. Aucun sauveur n’a encore volé au secours du fabricant d’autobus et de camions électriques, qui souffre des retards dans les programmes de subventions et d’incitations canadiens ou américains ainsi que des perturbations des chaînes logistiques.
➔ La Néo-écossaise Planetary Technologies remporte le prix XPrize (valeur : 1 M$ US). L’entreprise technologique spécialisée dans la capture du CO2 des océans était en lice avec 1 300 concurrents dans le cadre d’un concours doté de 100 millions de dollars américains et soutenu par Elon Musk. Mati Carbon, une entreprise américano-indo-africaine, a remporté le prix principal (50 M$) pour sa technologie d’élimination du carbone.
➔ LSérie Les innovateurs RBC. Avec Mike Kelland (Planetary Technologies), Jim Mann (UNDO), qui a remporté un prix XPrize de 5 M$ US, et David Keith (scientifique pionnier du climat et cofondateur de Carbon Engineering), John Stackhouse et Sonia Sennik discutent de la course à l’innovation visant à mettre en œuvre à grande échelle les technologies d’élimination du carbone.
➔ Le Nunavut se réjouit du recours à l’énergie solaire. Grâce à la mise en service de 2 500 panneaux solaires, une minuscule collectivité du cercle arctique pourra bientôt se passer de génératrices diesel, du moins en été.
➔ Prix de la fiction climatique. La rencontre entre un garçon et une fille sur fond de changements climatiques et l’amour à l’ère des feux de forêt sont deux des thèmes abordés dans les cinq romans sélectionnés pour le tout premier prix de la fiction climatique, d’un montant de 10 000 livres sterling. Le lauréat sera désigné lors du Hay Festival, qui se tiendra au Pays de Galles d’ici la fin du mois.
L’institut à l’œuvre
➔ Un grand nombre des principaux dirigeants autochtones du Canada se sont réunis à l’occasion de la 8e conférence annuelle de la First Nations Major Projects Coalition, parrainée par RBC, afin de déterminer comment mieux mobiliser des capitaux pour des projets menés en partenariat avec des autochtones. RBC a également publié un rapport baptisé Bâtir ensemble et a organisé une table ronde privée avec 30 dirigeants autochtones et chefs de la direction sur le renforcement de la résilience économique du Canada et sur le rôle central des partenariats noués avec les Autochtones et de l’inclusion de ces derniers.
➔ Le Sommet ontarien sur l’alimentation a rassemblé des chefs de file de la chaîne d’approvisionnement alimentaire de toute la province. John Stackhouse et Lisa Ashton, de Leadership avisé RBC, ont prononcé l’allocution d’ouverture, consacrée aux relations commerciales canado-américaines et à leur impact sur l’agriculture et l’alimentation ; les orateurs ont souligné les principales conclusions de notre dernier rapport de recherche, L’alimentation d’abord.
Créé par Yadullah Hussain, Directeur de rédaction, RBC Institut d’action climatique.
Le bulletin Bouleversements climatiques ne pourrait pas exister sans la collaboration de John Stackhouse, Sarah Pendrith, Jordan Brennan, John Intini, Farhad Panahov, Lisa Ashton, Shaz Merwat, Vivan Sorab, Caprice Biasoni et Lavanya Kaleeswaran.
Avez-vous des commentaires, des félicitations ou, euh, des critiques à faire ? Écrivez-moi à (mailto:yadullahhussain@rbc.com).
Bulletin d’information sur le climat
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