Issue #11
➔ EL’édition du Jour de la Terre met l’accent sur les difficultés énergétiques du Canada et de la Colombie-Britannique
➔ L’acier vert est à nos portes
➔ Véhicules électriques : liberté ou obstacle?
Sujets chauds
➔ Notre énergie, notre planète. C’est le thème autour duquel gravite le Jour de la Terre cette année, célébré aujourd’hui, alors que nous voyons notre capacité à prendre soin de la planète diminuer légèrement. Ce numéro s’efforce cependant de célébrer les petites victoires dans un (très) long parcours vers la guérison de la planète. Malgré l’abolition et l’assouplissement de plusieurs politiques mondiales ambitieuses au chapitre du climat, il y a matière à se réjouir à certains égards. La capacité accrue en énergie renouvelable, avec en tête l’énergie solaire et éolienne, a atteint un nouveau sommet à l’échelle mondiale en 2024, dans un contexte où l’énergie renouvelable représentait plus de 92 % de l’expansion énergétique totale. La International Renewable Energy Agency (IRENA) prédit néanmoins que nous ne parviendrons pas à atteindre l’objectif collectif établi en 2023 visant à tripler la capacité installée d’énergie renouvelable d’ici 2030.
➔ C’est à Sault-Sainte-Marie, en Ontario, qu’une révolution de l’énergie verte canadienne se prépare. La société Algoma Steel, établie dans le nord de l’Ontario, se prépare à lancer ce mois-ci son four à arc électrique. Cette innovation permettra de réduire le coke ou l’énergie au charbon et de diminuer les émissions annuelles de l’organisation de 70 %. Ce serait un exploit pour n’importe quel secteur, mais c’est une véritable prouesse pour une industrie considérée comme l’une des plus difficiles à décarboner.
➔ Le premier petit réacteur modulaire canadien a obtenu le feu vert ce mois-ci. Le petit réacteur modulaire (PRM) installé à la centrale nucléaire de Darlington, en Ontario – le premier au sein d’une nation du G7 – a été autorisé par la Commission canadienne de sûreté nucléaire. Le développeur, Ontario Power Generation, attend maintenant l’accord de la province. L’histoire connaît toutefois un rebondissement sur le plan commercial. En effet, le réacteur BWRX-300 a été construit par GE-Hitachi Nuclear Energy, une société située en Caroline du Nord, de sorte que le Canada dépend de la chaîne d’approvisionnement américaine à un moment où les liens entre les deux pays sont tendus.
➔ Le climat est relégué aux oubliettes des enjeux électoraux. Lors des élections fédérales de 2021, environ 24 % des Canadiens estimaient que le climat était un enjeu important. Tandis qu’ils commencent à se rendre aux urnes dans la dernière ligne droite avant le jour des élections du 28 avril, un peu moins de 4 % sont d’accord avec cet énoncé. Comme l’on pouvait s’y attendre, les relations entre les États-Unis et le Canada figuraient en tête de liste dans le sondage non partisan de la Boussole électorale mené auprès de 161 000 Canadiens, suivies de l’économie, de l’abordabilité, de la justice sociale et des soins de santé. L’environnement n’a pas réussi à se tailler une place parmi les cinq principaux enjeux. De plus, les changements climatiques n’ont pratiquement pas été mentionnés lors des débats télévisés des chefs de partis (cliquez ici pour lire la publication LinkedIn de John Stackhouse).
Jour de la Terre : Une super-énergie propre
Comme le thème du Jour de la Terre est axé cette année sur l’objectif de tripler l’énergie renouvelable d’ici 2030, le Canada peut souligner quelques victoires dans le secteur de l’électricité, particulièrement le fait d’être déjà conforme à l’Accord de Paris. L’Alberta n’a plus recours au charbon six ans plus tôt que prévu, tandis que les émissions absolues liées au secteur de l’électricité ont diminué d’environ 10 % par rapport à 2023.
Trois graphiques illustrent pourquoi l’électricité incarne parfaitement les progrès du Canadien au chapitre du climat :

Nous ne devons cependant pas tomber dans la complaisance. Voici trois défis critiques que les décideurs politiques canadiens – et le nouveau gouvernement fédéral – devront bientôt relever.
➔ Assurer l’équilibre entre l’abordabilité et les objectifs d’énergie propre. Le coût de construction élevé des barrages hydroélectriques et des centrales nucléaires empêchera les services publics de maintenir des factures d’électricité abordables.
➔ Assurer l’expansion des réseaux électriques propres. Le Canada doit plus que doubler sa capacité électrique d’ici 2050 tout en veillant à ce qu’elle reste propre si nous souhaitons attirer les investissements nécessaires pour bâtir des centres de données, des chaînes d’approvisionnement automobiles et d’autres installations de fabrication lourde).
➔ Veiller au respect des droits des Autochtones. Les projets énergétiques, qui sont investis d’un nouveau sentiment d’urgence, ne peuvent être mis en œuvre qu’avec l’adhésion, le consentement et la participation financière des Premières Nations. Le Canada présente une feuille de route inégale dans ce dossier, qui doit être corrigée si nous voulons accélérer le déploiement des projets.
Sujets chauds
Toujours sur le thème de l’énergie, les projets de gaz naturel liquéfié (GNL) de Colombie-Britannique doivent maintenant seulement être prêts pour zéro émission nette. C’est la distinction que le gouvernement de Colombie-Britannique a faite dans une nouvelle lettre à l’intention de l’organisme de réglementation en matière d’environnement, largement considérée comme un assouplissement des règles environnementales de la province. Ou serait-ce plutôt une approche réaliste des enjeux climatiques ? Les territoires doivent se livrer à un exercice délicat alors qu’ils propulsent de nouveaux projets dans un monde frappé par les droits de douane sans pour autant abandonner leurs engagements en matière d’environnement.
BC Hydro, le service public provincial, a augmenté sa production, sans réussir à suivre le rythme de la demande accrue, qui devrait croître de 15 % d’ici 2030. Un peu plus de 90 % du réseau de la Colombie-Britannique n’émet aucune émission, mais cette proportion pourrait diminuer avec l’énergie au gaz naturel.
Voici comment la province met les bouchées doubles pour réaliser ses objectifs économiques et climatiques :
➔ Le plan d’immobilisations sur 10 ans (2024-2025 à 2033-2034) de BC Hydro comprend près de 36 milliards de dollars en investissements dans la collectivité et dans l’infrastructure régionale, une augmentation de 50 % par rapport à son plan précédent.
➔ La quatrième unité d’alimentation hydroélectrique du Site C a été mise en service ce mois-ci, et sera suivie de deux autres d’ici l’automne. Une fois pleinement opérationnel, le projet du nord-est de la province peut alimenter près de 500 000 foyers, augmentant l’offre d’électricité de BC Hydro de 8 %. Étant donné les attentes visant à doubler ou à tripler l’approvisionnement du Canada d’ici 2050, nous avons besoin d’augmentations similaires tous les deux ou trois ans, selon les estimations de Shaz Merwat, responsable principal, Politique énergétique. « La politique voulant que les projets doivent être « prêts » ajoute probablement une certaine ambiguïté, mais il est bon de constater que les perspectives quant à la nécessité de bâtir sont en train de changer », ajoute-t-il.
➔ En février, la Colombie-Britannique a signé des contrats pour neuf projets éoliens et un projet solaire, qui totalisent 4 830 gigawattheures (GWh). Tous les projets sont détenus majoritairement par des Premières Nations.
➔ La Colombie-Britannique est en voie d’électrifier le nord de la province, une initiative essentielle pour plusieurs projets énergétiques d’envergure, y compris le projet de GNL Ksi Lsims actuellement assujetti à un examen réglementaire. Le projet d’exportation de gaz ayant reçu l’appui des Autochtones se dispute maintenant les marchés asiatiques avec un développement de GNL d’Alaska qui gagne du terrain. Le Canada doit agir rapidement.
➔ Le projet North Cost Transmission Line (NCTL)) est un élément essentiel du réseau d’énergie propre du nord de la Colombie-Britannique. Le gouvernement accélère l’émission de permis afin d’augmenter le rythme de construction du NCTL et d’autres lignes de transport à haut voltage majeures.
➔ Le gouvernement de la Colombie-Britannique n’exclut pas d’approuver de nouveaux barrages hydroélectriques dans la province.
➔ Enfin, nous surveillons les développements liés au plafond d’émissions de gaz à effet de serre pour les services publics de gaz naturel prévu dans le document Roadmap to 2030 de CleanBC.
Quatre obstacles en vue pour les véhicules électriques
John Stackhouse
Les véhicules électriques pourraient tout aussi bien figurer parmi les victimes de la guerre commerciale qu’en sortir gagnants. Il est encore trop tôt pour le dire.
La plus récente évaluation trimestrielle de BloombergNEF (BNEF) prévoit une volte-face dans certains marchés et une accélération dans d’autres, notamment en Chine. Le Canada fait partie des marchés qui se situent à un tournant.
Les véhicules électriques, y compris les véhicules hybrides rechargeables, ont représenté un cinquième des ventes de véhicules l’an dernier, ce qui correspond à 17,2 millions de nouveaux véhicules sur la route, une augmentation de 24 % en un an. Cette croissance provient principalement de Chine, où près de la moitié des nouveaux véhicules vendus sont électriques, une proportion qui est appelée à augmenter cette année en raison d’un incitatif de mise à la ferraille offert aux propriétaires de voiture.
Ailleurs, les véhicules électriques sont confrontés à de nouveaux défis, y compris la guerre des marques dans laquelle se trouve Tesla. Les ventes européennes ont commencé à plafonner en 2024, tandis qu’elles ont affiché une croissance modérée aux États-Unis. Par ailleurs, ces chiffres datent d’avant le jour de la libération (2 avril) et la décision de Donald Trump d’imposer des droits de douane de 25 % sur les véhicules et les pièces automobiles importées. La dernière chose dont les producteurs de véhicules électriques ont besoin est une hausse des coûts. D’autres changements politiques, comme l’assouplissement des normes européennes sur les carburants et la fin de la taxe carbone pour les consommateurs au Canada, peuvent plomber davantage les ventes de véhicules électriques alors que l’aspect économique des moteurs conventionnels leur fait regagner du terrain par rapport aux batteries.
Les ventes canadiennes de véhicules électriques au cours de la dernière année ont représenté quelque 15 % des ventes de véhicules de tourisme. BNEF s’attend à ce que les ventes de véhicules électriques au Canada augmentent de 20 % cette année, dans un contexte de diminution des mesures de soutien.
Si les ventes de véhicules électriques ralentissent, ce sera en raison de quatre obstacles qui surviendront au cours des prochains mois :
➔ 1. Subventions. Les gouvernements aux prises avec des difficultés budgétaires tenteront de réduire les dépenses dans certains secteurs afin de financer des mesures économiques destinées aux entreprises et aux travailleurs touchés par la guerre commerciale. L’administration Trump a dans sa ligne de mire des mesures généreuses introduites pendant le mandat de Joe Biden. De plus, de nombreux gouvernements retirent leurs propres parcs automobiles des programmes liés aux véhicules électriques.
➔ 2. Droits de douane. Les États-Unis appliquent un éventail de droits de douane et de restrictions commerciales sur les batteries et leurs composantes, tandis que la Chine restreint également les exportations de minéraux critiques. Les droits de douane sur les batteries devraient atteindre 115 % cette année et 132 % l’année suivante. On s’attend à ce que le gouvernement Trump continue d’explorer les mesures antidumping à l’encontre des producteurs de composantes de batteries chinoises, bien qu’un certain nombre de fabricants américains, dont Tesla, en dépendent.
➔ 3. Croissance économique. Si la guerre commerciale continue de freiner la croissance économique, les consommateurs achèteront moins de véhicules, électriques ou non, et les gammes de véhicules électriques plus dispendieuses seront particulièrement touchées.
➔ 4. Taux d’intérêt. Si les droits de douane alimentent l’inflation et maintiennent les taux d’intérêt à un niveau plus élevé, les voitures seront les premiers biens de consommation à voir leurs ventes reculer. Les véhicules électriques pourraient être les plus touchés, dans un contexte où les gens conserveront leur voiture pendant un an ou deux de plus qu’ils le font habituellement.
Créé par Yadullah Hussain, Directeur de rédaction, RBC Institut d’action climatique.
le bulletin Bouleversements climatiques ne pourrait pas exister sans la collaboration de John Stackhouse, Myha Truong-Regan, Sarah Pendrith, Farhad Panahov, Lisa Ashton, Shaz Merwat, Vivan Sorab, Caprice Biasoni et Frances Dawson.
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Bulletin d’information sur le climat
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