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Conséquences des catastrophes naturelles coûteuses et fréquentes sur l’économie canadienne

Les feux de forêt qui continuent de faire rage au Canada perturbent l’activité économique et détruisent des infrastructures dans certaines régions du pays. Ces catastrophes naturelles ne sont plus inhabituelles : elles sont de plus en plus fréquentes et imposent un fardeau financier de plus en plus lourd.

En 2024, le Bureau d’assurance du Canada a fait état d’un montant record de 8,5 milliards de dollars de sinistres assurés découlant d’événements majeurs, notamment la queue de l’ouragan Debby au Québec, une violente tempête de grêle à Calgary et les feux de forêt à Jasper.

Selon les données1, sept des dix années au cours desquelles le total des sinistres assurés a été le plus haut sont comprises dans la dernière décennie, ce qui témoigne d’une tendance à la hausse persistante. En 2016, 29 catastrophes se sont produites, la plus dévastatrice ayant été le feu de forêt à Fort McMurray, qui a causé à lui seul des dommages totalisant environ 4 milliards de dollars.

Le coût annuel moyen des catastrophes naturelles a bondi à 1,5 milliard de dollars entre 2009 et 2019, comparativement à seulement 600 millions de dollars au cours de la décennie précédente. Cette augmentation témoigne clairement de l’aggravation du risque économique.


Les travaux massifs de reconstruction réalisés au lendemain d’une catastrophe tendent à dynamiser l’économie.

La reconstruction des infrastructures, des maisons et des entreprises endommagées peut temporairement entraîner une hausse du produit intérieur brut et une baisse du chômage. Cette évolution transparaît constamment dans les données mensuelles sur le PIB. Les catastrophes naturelles perturbent considérablement l’économie, mais sont suivies d’un rebond rapide découlant du redémarrage de l’activité et du début de la reconstruction. . 

Toutefois, ce rebond à court terme de l’économie peut être trompeur. En général, la reprise découle en partie de la reconstruction d’actifs perdus plutôt que d’investissements dans de nouveaux actifs. La réorientation des ressources vers la reconstruction signifie que moins de ressources de production peuvent être employées pour des investissements à des fins comme la mise à niveau technologique ou l’accroissement du stock de capital.

Il est également essentiel de noter que même si la reconstruction embellit les données actuelles sur l’emploi, le remplacement de biens perdus a généralement moins d’incidence sur la croissance future de la productivité que les ressources utilisées pour de nouveaux investissements. Par conséquent, les fonds destinés à la reprise représentent des occasions perdues d’investir dans l’innovation ou la recherche et le développement, qui sont des facteurs essentiels à une croissance économique durable.

Pour comprendre ce que signifie ce coût d’opportunité, mentionnons que les dommages totaux de cinq milliards de dollars subis en 2016, y compris ceux qui résultent des feux de forêt de Fort McMurray et qui constituent la majeure partie de ce montant, équivalaient à environ 14 % des dépenses en recherche et développement du pays pendant cette année et ont détourné des ressources qui auraient été consacrées à la productivité future et à l’innovation.


Les répercussions des catastrophes naturelles fréquentes sont loin de se limiter à la réparation immédiate des dégâts.

Par exemple, le secteur pétrolier de l’Alberta a connu d’importantes perturbations en raison des feux de forêt, qui ont entraîné la fermeture imprévue d’installations de production vitales. Ces fermetures nuisent aux économies locales, mais ont aussi des répercussions sur les marchés pétroliers mondiaux2 en réduisant l’offre et en rendant les prix instables.

Les indemnités d’assurance ont aussi augmenté de concert avec la hausse des primes en raison de l’accroissement du nombre de catastrophes.  Les primes d’assurance habitation ont augmenté en moyenne de 5 % par an au cours des deux dernières décennies, soit plus du double du taux d’inflation moyen de 2 %. Cette pression sur les prix est exacerbée par la montée en flèche des sinistres assurés dus à de fortes intempéries, lesquels ont plus que doublé, passant de 3,6 milliards de dollars en 2022 à 8,5 milliards de dollars en 2024. La hausse des primes impose un fardeau financier de plus en plus lourd aux ménages et aux entreprises.


Les catastrophes naturelles continueront de poser des défis de plus en plus fréquents pour l’économie canadienne, et la façon dont nous y faisons face aura de vastes répercussions sur la productivité et le niveau de vie. Il est nécessaire de mettre l’accent non seulement sur les efforts de reconstruction, mais aussi sur la résilience à long terme.

Les investissements proactifs dans l’atténuation des risques, comme l’amélioration des pratiques d’aménagement des forêts3, peuvent permettre de réduire considérablement les coûts et la gravité des sinistres à venir. Ces stratégies de prévention sont plus rentables que les activités de reprise après sinistre. De plus, elles contribuent à stabiliser les primes d’assurance et à protéger les économies locales contre des chocs répétés.

En outre, la diversification des économies régionales, en particulier dans les régions fortement tributaires de l’extraction des ressources ou du tourisme, peut atténuer l’incidence des catastrophes naturelles et amoindrir les vulnérabilités régionales.

En affectant les ressources à des infrastructures résistantes, à des politiques axées sur l’innovation et à des mesures dynamiques de prévention des catastrophes, le Canada peut créer un environnement économique solide qui sera moins sensible à la nature cyclique de la reconstruction d’actifs détruits, et plus centré sur les investissements dans de nouveaux moteurs de croissance.

  1. Les statistiques sont tirées du document Canada’s Top 10 Highest Insured Severe-Weather Loss Years on Record publié par le Bureau d’assurance du Canada↩︎
  2. Source : Oil holds gains as Alberta wildfires offset OPEC+ output hikeFinancial Post, consulté le 3 juin 2025  ↩︎
  3. Source : « Economic Impact of Los Angeles Wild Fires: Prevention Is Better Than Cure », PreventionWeb. Accessible à PreventionWeb  ↩︎

Abbey Xu est économiste à RBC. En tant que membre du groupe d’analyse macroéconomique, elle se spécialise dans les modèles de prévisions macroéconomiques, et présente des analyses et des mises à jour opportunes sur les tendances économiques.

Nathan Janzen est économiste en chef adjoint. Il dirige le groupe d’analyse macroéconomique. Il s’intéresse principalement à la situation macroéconomique du Canada et des États-Unis, qu’il analyse et pour laquelle il formule des prévisions.

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