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Bouleversements climatiques : Construire, construire, construire, mais aussi savoir patienter

➔ La mise en service d’un projet de stockage par batterie et l’approbation d’un projet de petit réacteur modulaire (PRM) témoignent de la capacité du Canada à concrétiser ses projets

➔ Au sein du cabinet de Mark Carney : le médiateur, l’initiée et le sceptique

➔ General Fusion a besoin de fonds

Sujets chauds

➔ Les sociétés canadiennes de technologie climatique ont levé 468 millions $ au premier trimestre, un chiffre en hausse par rapport au montant dérisoire de 39 millions $ récolté à la même période l’an dernier. C’est donc un début d’année positif, après le ralentissement des investissements observé entre le deuxième et le quatrième trimestre de 2024. Ce sont des contrats conclus dans le domaine de l’entreposage d’énergie et de l’énergie propre qui ont apporté l’essentiel des fonds recueillis au premier trimestre de 2025. Si l’augmentation globale du financement des technologies climatiques est encourageante, il sera néanmoins indispensable d’investir davantage dans l’innovation industrielle – au-delà des 36 millions $ enregistrés à ce jour cette année avec un contrat unique – pour réussir à décarboner les secteurs qui produisent le plus d’émissions.

➔ Le Canada aura besoin de plus de capitaux étrangers pour réaliser ses ambitions dans le secteur des matières premières. Selon les travaux menés par Cynthia Leach, Shaz Merwat et Vivan Sorab de RBC, plus de 100 projets miniers représentant 107 milliards $ se trouveront à différents stades de développement au Canada au cours des dix prochaines années. Étant donné qu’Ottawa empêche la Chine d’investir dans le secteur minier, les sociétés minières canadiennes devraient se tourner vers différents pays, les États-Unis et les pays européens par exemple, et vers des institutions, comme les fonds souverains du Moyen-Orient, pour s’imposer comme des géants du secteur des matières premières. Lisez le rapport complet ici. Vous pouvez également regarder la vidéo dans laquelle les analystes de RBC discutent des ressources minérales.

➔ Après moult discussions, le nucléaire monte enfin en puissance. Aux États-Unis, un nouveau décret vise à accélérer les commandes de nouvelles centrales sur les 18 prochains mois, afin de quadrupler la production d’énergie nucléaire en 25 ans. La Belgique renonce à sa loi prévoyant la sortie progressive du nucléaire, et certains États membres de l’UE – l’Allemagne, le Danemark et l’Italie – revoient leur position sur le sujet. L’Ontario a également décidé en mai de la construction d’un réacteur modulaire. Pour sa part, le Nouveau-Brunswick reporte la construction de son petit réacteur modulaire (PRM), car ses deux partenaires n’ont pas réussi à réunir les capitaux et à embaucher les ouvriers nécessaires. Les ambitions sont bel et bien là, mais il faut désormais trouver l’argent et le personnel pour les réaliser.

INFRASTRUCTURES

Construire, construire, construire, mais aussi savoir patienter

De grandes ambitions en butte aux réalités du terrain. Malgré un nouveau départ, la volonté du Canada de développer de nouveaux projets dans le domaine des énergies propres et classiques se heurte à des obstacles bien connus, comme la rigidité des règles environnementales et le refus des Autochtones. Ce sont là des considérations essentielles qui ne devraient toutefois pas primer sur l’intérêt national.

Les provinces qui ont adopté de nouvelles lois à la hâte sont priées d’attendre.

  • Le projet de loi 5 de l’Ontario, qui devrait être adopté, confère aux autorités le pouvoir d’attribuer des projets à des « promoteurs fiables » dans les zones économiques spéciales. Selon l’Association canadienne des libertés civiles, il s’agit d’une « évolution inquiétante » qui permet au gouvernement de supprimer de manière unilatérale les dispositifs juridiques qui protègent les collectivités vulnérables et certains peuples autochtones.

  • Inquiètes de l’intensification des activités minières, les Premières Nations du Cercle de feu, en Ontario, demandent le retrait du projet de loi. Selon la Wildlands League, dans le Cercle de feu, le nombre de titres miniers a augmenté de 67 % depuis 2022, pour s’établir un peu au-dessous de 43 000 sur un territoire équivalent à 14 fois la superficie de Toronto.

  • En Colombie-Britannique, qui espère devenir un pôle majeur pour la production de GNL et de matières premières, le gouvernement a adopté de justesse (le président de l’Assemblée a dû départager les voix) la loi sur les projets d’infrastructure (Infrastructure Projects Act), qui vise à accélérer les projets, malgré l’opposition de l’assemblée des Premières Nations de la Colombie-Britannique, des municipalités et des organismes environnementaux.

  • Le chef régional Scott McLeod de la Nation Anishinabek a déclaré qu’un plan national visant à faire progresser des projets sans concertation pourrait déclencher un nouveau mouvement « Idle no more » (Jamais plus l’inaction).

Quels sont les risques que le gouvernement fédéral rencontre des difficultés similaires alors qu’il lance une nouvelle série de grands projets ? Le NPD et le Bloc Québécois se préparent déjà à livrer bataille, mais pour l’instant, les partisans du « construire absolument » ont le vent en poupe.

John Stackhouse, de RBC, qui s’est rendu récemment au Québec et en Colombie-Britannique, constate un changement des points de vue à l’égard du développement des ressources et des exportations de pétrole et de gaz. (Lisez le compte rendu complet de John sur le Québec et la Colombie-Britannique ici.)

Alors que le premier ministre Mark Carney et les premiers ministres élaborent une stratégie et préparent un projet de loi « d’intérêt national », ils doivent tenir compte de différents facteurs :

  • Il sera indispensable d’obtenir le consentement des peuples autochtones et cela prendra du temps, surtout compte tenu de l’engagement de la Colombie-Britannique en faveur de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. La déclaration des premiers ministres, publiée après leur rencontre, reconnaît l’importance de ces enjeux.

  • La première ministre Danielle Smith demande le retrait de neuf politiques fédérales « terribles », comme le projet de plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier et l’interdiction des pétroliers sur la côte nord de la Colombie-Britannique, qui ont selon elle découragé les investissements. Comment les décideurs politiques parviendront-ils à trouver un équilibre entre leurs engagements économiques et environnementaux ?

  • La tarification du carbone produit par le secteur industriel reste un sujet de discorde, car elle rend les exportations de gaz canadien moins concurrentielles, mais contribue à l’avancée des objectifs climatiques du pays.

  • Autre proposition intéressante : la priorité donnée par les premiers ministres à la décarbonation des oléoducs et gazoducs, qui nécessiterait de recourir à la technologie de capture du carbone.

  • La construction de réseaux électriques plus propres et plus abordables financièrement pour parvenir à la carboneutralité d’ici à 2050 pourrait également stimuler l’activité dans plusieurs secteurs, notamment l’acier, le bois d’œuvre et l’aluminium, qui ont été durement touchés par les droits de douane américains.

Tendances, technologie et science

Le lait que vous achetez est-il écologique ? Lorsqu’ils achètent du lait, les consommateurs ne peuvent pas satisfaire en même temps aux critères de nutrition, de faibles émissions et de préservation de l’eau. Selon une étude réalisée par le World Resources Institute, les produits laitiers classiques émettent le plus d’émissions et entraînent la plus grande consommation d’eau, mais sont aussi les plus nutritifs. Le lait d’amande est le plus décevant : sa production nécessite quasiment autant d’eau que le lait de vache, mais il n’est en fait pas très bon pour la santé. Le lait de pois, moins connu, se révèle finalement le mieux placé.

Au Canada, les technologies propres restent une affaire d’hommes. En 2023, les femmes étaient payées 17 % de moins que les hommes dans le secteur des produits de l’environnement et des technologies propres (ETP), un écart salarial plus prononcé d’après Statistique Canada que celui observé dans l’ensemble de l’économie canadienne, qui ressort à 12,8 %. Les femmes employées dans ce secteur étaient pourtant près de deux fois plus susceptibles (41,6 %) que les hommes (24,6 %) d’être titulaires d’un diplôme ou d’un grade universitaires. Sept postes sur dix étaient occupés par des hommes dans un secteur qui représentait 1,7 % des emplois au Canada en 2023.

Chaque minute, l’équivalent d’un camion poubelle rempli de plastique se retrouve dans l’océan. Le documentaire Océan de David Attenborough (actuellement en salles et sur les plateformes de vidéos en ligne) relate cette catastrophe. « Nous avons la possibilité de protéger notre climat, notre alimentation, nos maisons », déclare David Attenborough, le célèbre biologiste de 99 ans. Les océans absorbent 30 % des émissions de CO2 issues des activités humaines, mais seulement 2,4 % sont protégés, alors que le monde entier s’est engagé à en protéger 30 % d’ici à 2030. Les Nations Unies, qui organisent une conférence sur les océans la semaine prochaine à Nice, en France, relèvent que, sur les 17 objectifs de développement durable, celui qui porte sur « la vie aquatique » reçoit le moins de financement.

L’institut à l’œuvre

  • En Colombie-Britannique, John Stackhouse a participé à une réunion entre les chambres de commerce du Grand Vancouver et de Calgary pour discuter du rôle du Canada dans les exportations mondiales de gaz naturel.

  • Myha Truong-Regan a récemment assisté à la conférence Walrus Talks, Power Economy: Using Electricity to Change Cities, Homes, and Industry, au cours de laquelle des leaders avisés et des professionnels du climat ont expliqué pourquoi l’avenir est et doit être électrique.

  • Lors du forum sur l’énergie des Premières Nations de la Saskatchewan qui s’est tenu la semaine dernière, Varun Srivatsan s’est exprimé sur le financement par actions et l’importance des capacités, des capitaux et du consentement pour le développement des ressources.

Liste de lectures de l’équipe

  • Fantasyland, How America Went Haywire, A 500-Year History, de Kurt Andersen. Lisez l’avis de John ici.

  • Hotshot: A Life On Fire, de River Selby, sur les feux incontrôlés et la politique fédérale américaine de lutte contre les incendies, l’utilisation des terres des peuples autochtones et l’histoire de l’écologie.

  • Is A River Alive? de Robert Macfarlane, s’intéresse à l’histoire de cours d’eau en Équateur, en Inde et au Canada.

  • Who is governmentThe Untold Story of Public Service, de Michael Lewis, explore la complexité de la bureaucratie américaine.

Créé par Yadullah Hussain, Directeur de rédaction, RBC Institut d’action climatique.

le bulletin Bouleversements climatiques ne pourrait pas exister sans la collaboration de John StackhouseMyha Truong-ReganSarah PendrithFarhad PanahovLisa AshtonShaz MerwatVivan SorabCaprice Biasoni et Frances Dawson.

Avez-vous des commentaires, des félicitations ou, euh, des critiques à faire ? Écrivez-moi à (mailto:yadullahhussain@rbc.com).

Bulletin d’information sur le climat

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