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Le gouvernement de l’Alberta a annoncé un excédent budgétaire pour un quatrième exercice consécutif en 2024-2025, qui s’élèvera à 367 millions de dollars.
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La croissance des dépenses (3,8 %) représente moins de la moitié de celle prévue au budget préélectoral de l’an dernier et devance de peu la croissance démographique de la province (3,7 %).
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Les recettes devraient diminuer pour une deuxième année d’affilée, pour s’établir à 74 milliards de dollars (-2,8 %).
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La province compte effectuer des dépôts dans le Heritage Savings Trust Fund (2 milliards de dollars en 2024-2025) et renouveler les mesures de prudence budgétaire adoptées l’an dernier pour lutter contre la volatilité des recettes.
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Le ratio de la dette nette au PIB baisse à 9,3 % pour 2024-2025, un niveau inférieur à celui de toute autre province. On s’attend à ce qu’il atteigne 7,7 % à l’exercice 2026-2027.
L’Alberta respecte les cibles budgétaires
Le Parti conservateur uni de l’Alberta respecte les cibles fixées dans le budget de l’an dernier et n’anticipe donc pas de déficit pour la période de planification. Le budget de 2024 prévoit plutôt des excédents de 367 millions de dollars pour l’exercice 2024-2025 et de 2,6 milliards de dollars pour l’exercice 2026-2027 (après déduction d’honoraires conditionnels de 2 milliards de dollars par an).
Le budget prévoit également un dépôt de 2 milliards de dollars dans l’Alberta Heritage Savings Trust Fund. La province poursuivra ainsi ses efforts visant à atténuer sa dépendance aux redevances tirées des ressources, qui constituent une source de revenus volatile. Cette somme devrait porter le fonds à 25 milliards de dollars, marquant un pas de plus vers l’objectif d’au moins 250 milliards de dollars d’ici 2050 fixé par la première ministre Danielle Smith.
La croissance des dépenses ralentira également étant donné le déclin attendu des recettes liées aux ressources, de sorte qu’un léger excédent pourra être dégagé.
Les hypothèses de croissance soutenue compensent en partie les mesures de prudence budgétaire
Les hypothèses de croissance économique du gouvernement neutralisent en partie les mesures de prudence budgétaire prévues au budget de cette année. Plus précisément, la province s’attend à une accélération de la croissance du PIB réel de 2,5 % à 2,9 % en 2024. Cette hypothèse diverge de nos prévisions (nous estimons que la croissance ralentira encore en 2024) et le taux prévu est plus de deux fois supérieur aux projections des principaux prévisionnistes du secteur privé (1,3 %).
Le gouvernement table également sur une croissance de l’emploi de 3 % en 2024. Là encore, ses prévisions dépassent les estimations consensuelles (+1,8 %) et la nôtre (2,3 %). Ces perspectives trop optimistes posent un risque pour les recettes provinciales de l’année à venir, car la croissance de l’emploi se répercute directement sur l’impôt sur le revenu des particuliers.
En revanche, le gouvernement de l’Alberta vise un prix de 74 $ US le baril pour le pétrole brut West Texas Intermediate, ce qui est plus prudent que les projections des principaux prévisionnistes du secteur privé. Cela devrait aider à contrebalancer le risque que les recettes soient moins élevées que le laissent entendre les perspectives sur l’emploi et le PIB.

Des dépenses conformes aux nouvelles cibles budgétaires
Alors que le budget préélectoral de 2023 faisait la part belle aux dépenses, celui de l’exercice 2024-2025 prévoit des coupures. Les soins de santé demeurent le poste le plus important (5,1 %) et l’un de ceux qui augmentent le plus rapidement. Des hausses substantielles sont prévues pour la rémunération et la formation des médecins (y compris le rachat de Dynalife), l’assurance médicaments et soins de santé complémentaires, et les soins communautaires, en particulier pour les personnes âgées.
L’éducation compte pour 412 millions de dollars (4,4 %) de l’augmentation. Plus de la moitié de ce financement additionnel est affectée à l’amélioration de la capacité des services à la petite enfance jusqu’à la 12e année et aux établissements postsecondaires.
Toutefois, le financement n’augmente pas pour tous les services. Le budget 2024-2025 prévoit des compressions de 351 millions de dollars qui toucheront notamment les services de sécurité publique et d’urgence (-15 %), les services à l’enfance et à la famille (-8,5 %) et les services sociaux et communautaires pour les aînés (-0,3 %), malgré une croissance démographique record et un contexte économique plus instable.
Par ailleurs, dans le cadre de l’initiative « L’Alberta vous appelle », le budget instaure une prime de 5 000 $, sous forme de crédit d’impôt remboursable unique, pour attirer les personnes qui exercent une profession admissible et qui emménagent en Alberta après la date de lancement du programme (avril 2024). Le programme, qui vise à combler la pénurie de main-d’œuvre essentielle dont souffre la province, devrait coûter 14 millions de dollars au cours des trois prochains exercices.
L’impôt sur le revenu des particuliers fait partie des quelques recettes qui augmenteront
Les redevances sur les ressources, qui constituent une source importante de revenus pour le gouvernement, devraient baisser de 11 % au cours du présent exercice (-2,1 milliards de dollars) en raison des perspectives plus ternes des marchés des marchandises. L’augmentation continue des recettes tirées de l’impôt sur le revenu des particuliers et des sociétés (2,4 %) devrait atténuer cette perte, mais la plupart des autres sources de revenus diminueront vraisemblablement. Par conséquent, la croissance totale des revenus restera négative pour l’exercice 2024-2025 (-2,8 %).
Le budget concrétise la promesse électorale de réduire l’impôt sur le revenu des particuliers en instaurant un taux d’imposition de 8 % sur la première tranche de 60 000 $. Cette mesure, qui devrait coûter quelque 1,4 milliard de dollars par an une fois qu’elle sera pleinement en vigueur en 2027, dépend de la capacité de la province à maintenir l’équilibre du budget.
Cela dit, les mesures fiscales ne comprennent pas uniquement des réductions. En plus de rétablir la taxe sur l’essence, le gouvernement de l’Alberta imposera une nouvelle taxe sur les véhicules électriques, dont elle dévoilera les détails dans le courant de l’année. Cette taxe de 200 $ par an s’appliquera à compter de janvier 2025, afin de compenser les dommages que les véhicules électriques causent aux routes provinciales, en raison de leur lourdeur. Elle devrait générer des recettes d’un million de dollars en 2024-2025 et de 8 millions de dollars en 2026-2027.
La province a également annoncé un nouveau droit d’enregistrement des titres fonciers de 5 $ par tranche de 5 000 $ de la valeur des transferts de propriété et des enregistrements hypothécaires. Cette mesure vise à remplacer les frais variables actuels applicables par transaction. Elle devrait entrer en vigueur au printemps 2024 et générer des recettes supplémentaires de 45 millions de dollars et de 91 millions de dollars, respectivement, au cours des exercices 2024-2025 et 2025-2026.

Investissements dans les infrastructures et les services de santé
Le plan d’immobilisation de l’Alberta prévoit un investissement de 25 milliards de dollars sur trois ans, dont 8,3 milliards de dollars pour l’exercice 2024-2025. Des sommes sont notamment affectées aux infrastructures municipales (7,2 milliards de dollars sur trois ans), à l’entretien et au renouvellement des immobilisations (3,7 milliards de dollars sur trois ans) et aux services de santé (3,6 milliards de dollars sur trois ans). La majorité de ces investissements visent à accroître la capacité pour faire face à la croissance démographique soutenue de la province.
L’Alberta demeure la province dont le fardeau de la dette est le plus bas.
Le budget de 2024 renouvelle le plan de l’an dernier visant à abaisser graduellement le ratio de la dette nette au PIB de la province, afin d’atteindre 7,7 % du PIB au cours de l’exercice 2026-2027. L’allégement du fardeau de la dette aura pour effet d’éviter que le coût du service de la dette augmente beaucoup plus rapidement que par le passé et de maintenir la position de l’Alberta en tant que province ayant le fardeau de la dette le plus faible au pays.
Bien que nous nous réjouissions généralement des restrictions budgétaires, surtout en période de taux d’intérêt élevés, la province doit accroître la capacité de ses services pour répondre aux besoins de sa population grandissante et garantir à tous un accès rapide aux soins médicaux et à l’éducation, entre autres. Ces services sont particulièrement importants en période de ralentissement de la croissance économique, lorsque les particuliers et les entreprises ont tendance à éprouver des difficultés. Investir dans le fonds souverain de l’Alberta constitue une excellente tactique pour lutter contre la volatilité des recettes tirées des ressources, mais idéalement, il faudrait aussi diversifier les sources des recettes.
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