
Les révisions du recensement trimestriel de l’emploi et des salaires (QCEW) publiées ce matin pour la période d’avril 2024 à mars 2025 se situaient à la limite inférieure des attentes déjà négatives. Comme les estimations préliminaires pour mars sont en deçà de 911 000 emplois salariés des estimations actuelles, cela signifie que la croissance mensuelle des emplois a été inférieure d’environ 76 000 à la moyenne mensuelle de 150 000 emplois enregistrée durant la période.
Alors que les révisions du BLS sont publiées avec un décalage important, celles qui ont été annoncées ce matin indiquent un point de départ plus bas. Au cours des derniers mois, il est devenu extrêmement difficile de déterminer ce qui constitue des données peu encourageantes sur les emplois non agricoles, d’autant plus que les changements structurels ont masqué la faiblesse cyclique qui, en temps normal, envoie un signal d’alarme. De plus, des révisions mensuelles plus importantes qu’à l’habitude ont brouillé encore davantage le portrait de l’emploi. Dans ce qui suit, nous répondons à quelques questions clés sur les révisions du BLS de ce matin :
1. Quelle est l’importance des révisions du QCEW et pourquoi les données mensuelles sur l’emploi sont-elles révisées ?
Le BLS révise les références chaque année, qu’il publie avec un décalage de six mois. Les révisions de cinq trimestres sont publiées. Nous avons reçu ce matin les données du premier trimestre, mais nous nous attendons à une série de quatre révisions supplémentaires, la première étant prévue pour décembre.
Contrairement aux données mensuelles sur les emplois non agricoles, recueillies dans le cadre d’une enquête (Current Employment Statistics ou CES) menée auprès d’un échantillon de 121 000 entreprises et d’organismes gouvernementaux représentant 631 000 lieux de travail, le QCEW se fonde sur les données fiscales de l’assurance-emploi, qui couvrent plus de 95 % des emplois américains. Ultimement, les révisions du QCEW illustrent la croissance de l’emploi avec plus de précision, alors que les données du CES sont plus d’actualité.
2. Pourquoi constaterions-nous une diminution importante de la croissance mensuelle de l’emploi indiquée dans l’enquête CES ?
Habituellement, les révisions sont assez modestes (de 0,1 % environ, contre 0,6 % ce matin). Les révisions plus importantes surviennent souvent à un tournant du marché de l’emploi – le modèle naissances-décès utilisé pour établir les estimations mensuelles sur les emplois salariés surestime-t-il le nombre d’entreprises créées et sous-estime-t-il le nombre d’entreprises dissoutes ?
3. Ces révisions modifient-elles notre façon d’interpréter les récentes données mensuelles sur les emplois non agricoles et les révisions plus importantes que prévu ?
Les révisions de ce matin laissent entrevoir un point de départ plus faible que ce que nous avions prévu. Nos prévisions tablaient d’ailleurs sur un taux du seuil d’équilibre d’environ 100 000 emplois, ce qui signifie que quelque 100 000 emplois auraient été nécessaires pour que le taux de chômage se stabilise aux États-Unis (un nombre d’emplois inférieur débouchant sur une hausse du taux de chômage).
Comme les révisions du QCEW portent exclusivement sur la croissance de l’emploi et non sur le taux de chômage, cela signifie que le seuil d’équilibre est probablement nettement inférieur à nos prévisions initiales, surtout si l’on tient compte de la politique d’immigration plus stricte.
Une croissance moyenne de 29 000 emplois au cours des trois derniers mois est vraisemblablement plus encourageant qu’il n’y paraît, compte tenu du seuil d’équilibre plus bas. Néanmoins, les 22 000 emplois annoncés dans le rapport sur l’emploi d’août sont sans aucun doute en deçà du nouveau seuil d’équilibre. En outre, si l’on fait abstraction des secteurs non cycliques, les secteurs cycliques des biens et des services ont perdu des emplois depuis avril.
4. Cette situation change-t-elle notre interprétation de l’état actuel du marché de l’emploi aux États-Unis ?
En un mot, non. Dans les faits, le marché de l’emploi aux États-Unis a presque certainement atteint un tournant cyclique, comme en témoignent la hausse des révisions mensuelles des emplois non agricoles, alors que les taux de réponse ont baissé, et la stagnation de la croissance de l’emploi dans les secteurs cycliques des biens et des services. Les économistes et les participants au marché ont cependant de plus en plus de mal à interpréter les données sur les emplois non agricoles dans le contexte d’importants changements structurels dans le marché de l’emploi.
À notre avis, il est tout à fait possible que nous nous trouvions dans un contexte de ralentissement cyclique, mais nous observons des changements structurels (hausse des départs à la retraite et immigration limitée) qui limiteront la faiblesse potentielle du marché de l’emploi ou lui permettront de se redresser plus rapidement.
Les révisions du QCEW publiées ce matin donnent à penser que l’écart entre la croissance mensuelle des emplois non agricoles et le seuil d’équilibre est plus mince. Pourtant, au cours des six derniers mois, la grande majorité des emplois ont été créés dans le secteur des soins de santé, qui n’est pas sensible aux cycles. En ce qui concerne les secteurs sensibles à la faiblesse cyclique, leur croissance a été minime et nous nous trouvons de toute évidence dans un contexte de deux marchés de l’emploi ; la paralysie liée à l’incertitude et l’exposition aux droits de douane ont limité l’embauche dans les secteurs sensibles aux fluctuations du cycle économique, tandis que les secteurs qui soutiennent la population vieillissante, comme les soins de santé, continuent d’embaucher.
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il est de plus en plus difficile d’interpréter les signaux du marché de l’emploi brouillés par cette croisée des chemins. À l’instar de la Fed, nous nous concentrerons sur la trajectoire (et l’ampleur) des fluctuations du taux de chômage, tandis que nous attendons de voir si les droits de douane entraîneront un choc pour l’emploi, un choc inflationniste ou une combinaison des deux (comme nous le soupçonnons).
À propos des auteur
Carrie Freestone fait partie du groupe d’analyse macroéconomique et est responsable d’examiner les principales tendances économiques, notamment les dépenses de consommation, les marchés du travail, le PIB et l’inflation.
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